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12 Mars 2009
Un président "noir" en France? Yes! we can.
Pourrions-nous, en France, dans un avenir prévisible, avoir un Président de la République noir, ou métis?
La même question posée aux USA, dans les années 1950, eut paru farfelue, totalement irréaliste. Aujourd'hui cependant, le métis B. Obama est Président des USA. Il me semble que c'est le même
caractère utopiste qui s'attache à ma question du début.
Les Français d'origine blanche me paraissent pourtant plutôt moins racistes que ne l'étaient les blancs américains des années 1950.
Pour expliquer ce paradoxe, il faut prendre en compte ce que disait l'autre soir à la télévision Jacquy Dahomay, si je l'ai bien compris, quand il parlait du caractère "territorial" de
l'identité des noirs de France (c'est-à-dire de ceux qui vivent et s'imprègnent de la France, depuis le temps de l'esclavage; tout en apportant, à tous les Français, et en tout premier
lieu aux "békés", ou aux blancs créoles de la Guadeloupe et de la Réunion, des éléments de leurs cultures d'origine africaine). En effet, les anciens esclaves noirs des USA ont vécu, surtout dans
le Sud, mais en définitive sur tout le territoire de cette grande nation, au contact des blancs, en osmose avec eux. En France au contraire, la mer a séparé les communautés. Une
France des tropiques s'est développée, loin du reste du pays, loin de ce que nous appelons la métropole. Se sont créées, parallèlement à une volonté d'assimilation, des mentalités
différentes.
L'une, métropolitaine, pleine de "bonne volonté", de désir d'assimilation - au moins au plan des principes, ( "la France est peuplée de citoyens égaux en droit" ) mais une bonne volonté
un peu abstraite, fondée sur une vision éloignée, mêlée de paternalisme à la longue un peu vexant, voire humiliant.
L'autre, d'outre mer : fierté d'être Français, mais se heurtant à une certaine "arrogance" (inconsciente d'elle-même le plus souvent), à ce paternalisme protecteur (et souvent bon
enfant), mais dont le temps a passé avec la singulière évolution des populations de couleur due précisément à l'assimilation et à la départementalisation.
Nous voici, me semble-t-il, à ce moment de notre histoire, où cohabitent en nous, le vieux désir d'intégration complète à la civilisation de la grande nation française, et, en même
temps, la perception, plus ou moins justifiée, d'un sentiment de réticence (interprété comme du racisme), de la partie européenne de notre pays (encore majoritairement blanche).
Antillais de couleur, beaucoup estiment que le moment n'est plus au paternalisme pour la majorité européenne du pays, que nous sommes désormais des égaux, capables d'assumer toutes les
responsabililités, à tous les niveaux, non seulement dans nos régions d'outre mer, mais dans l'ensemble de la nation. Bref! que nous ne sommes plus "de grands enfants" comme a pu le dire
quelqu'un, en un propos des plus malheureux, dans une récente émission de télévision qui a fait quelque bruit.
D'où, sur la question de nos appartenances, notre ambiguité, notre ambivalence actuelle, présentes même chez les plus ardents patriotes français d'outre mer, et même chez de nombreux
"blancs créoles".
C'est un des thèmes, à mon avis, qui devraient être retenus, à l'occasion des Etats Généraux" à venir (dénomination qui ne me plait guère). Oui, "nous ne sommes plus des enfants". Comment
ajuster cette réalité, à une pratique politique et sociale qui ne s'y ajuste pas toujours.
C'est ici que se pose la question, à terme, sans qu'il y ait urgence, mais qui est dans la logique de notre évolution, cette question posée plus haut de la possibilité d'accession à la
présidence de la République française d'un citoyen de couleur.
Rien, au plan des principes, ne s'y oppose.
Restent les modalités d'accès dans un pays à majorité blanche.
Barrack Obama, et les Etats-Unis d'Amérique, viennent de prouver, que les évolutions les plus improbables étaient réalisables, dans un temps assez court.
Nos compatriotes de l'hexagone, commencent à se poser ce genre de question.
Il y a, évidemment, des évolutions de mentalité à envisager. Mais pas seulement du côté "métropolitain".
Car un antillais, ou un Réunionnais, qui voudrait se présenter à une élection présidentille, avec quelque chance de succès, devrait se mettre à la hauteur d'une si haute
ambition.
Il devrait d'abord se persuader, que ce n'est pas en "homme de couleur", ayant à "prouver" qu'un homme de couleur a de la valeur qu'il est candidat.
Il ne devrait pas se présenter en tant que quelqu'un qui aurait des comptes à régler, un ressentiment historique à satisfaire (l'esclavage, etc, etc, etc, etc, etc, etc.....!!!).
Il ne devrait pas se présenter en tant que représentant de je ne sais quel CRAN (Conseil Représentatif des Associations Noires, de France); car alors, "adieu! veaux, vaches, cochons,
couvées".
Il devrait se présenter à tous les Français, de toutes races, de toutes confessions religieuses, à tous ces citoyens d'une grande et vieille nation, millénaire, pour qui la Révolution
de 1789 n'est qu'un évènement récent.
Même alors, sa victoire ne serait pas un dû; son échec une manifestation de racisme blanc.
Car il faut, aussi, être à la hauteur d'une telle ambition.
Récemment, un français d'outre mer se présenta à l'élection suprême. Il avait de nombreuses qualités : l'intelligence, la culture, l'expérience du pouvoir à un haut niveau, du caractère. C'était
un blanc créole. C'était Raymond Barre. Il fut battu!
En ce qui me concerne, l'élection à la présidence de la République française d'un Français noir ne me choquerait en rien.
J'ai l'habitude de voter pour des hommes de couleur.
Et ce que je critique, ou apprécie en eux, ce n'est pas leur phénotype, ce sont leurs capacités, ou leurs fautes.
Pour l'Elysée, je voterais bien plus volontiers pour un Obama français que pour un Olivier Besancenot, ou une "bécasse" du genre de Ségolène.
Mais je ne m'imagine pas donnant mon suffrage à une personne débordant d'arrogance et de ressentiment anti français comme madame Taubira.
En attendant, chers amis, travaillons! Travaillons à modifier notre perception des choses et de nous mêmes! Travaillons à mieux maîtriser nos "humeurs". Travaillons à être bien avec
nous-même, à rejeter les idéologies perverses, qui tâchent à nous diviser, entre nous, et en nous, pour mieux nous manipuler, et nous asservir à leurs ambitions de pouvoir, et quelquefois à leurs
névroses.
Travaillons à mieux comprendre l'autre. Travaillons pour l'avenir, travaillons dans la longue durée.
Travaillons pour nos enfants, pour la Guadeloupe, pour la Martinique, pour la France.
Je suis persuadé que nous le pouvons.
Ansanm! ansanm!
Yes we can!
Edouard Boulogne.