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Le Scrutateur.

Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.

La chronique de Jean-Marie NOL : Le retour en force de la vie chère aux Antilles : une crise annoncée dès juin 2025 ?

La chronique de Jean-Marie NOL : Le retour en force de la vie chère aux Antilles : une crise annoncée dès juin 2025 ?

Dans le tumulte des remous économiques mondiaux, la fin annoncée du libre-échange résonne comme un séisme politique et commercial. Compte tenu de ce nouveau contexte une question cruciale se pose à savoir que signifierait ce changement de paradigme pour des petits territoires insulaires et fragiles comme la Guadeloupe et la Martinique ? L’heure n’est plus aux certitudes néolibérales des décennies passées, mais à une profonde remise en question des fondements mêmes de la mondialisation. Le libre-échange, tel que vanté depuis les années 1960, ne fait plus recette. Et ce désaveu pourrait bien coûter cher à ces régions ultramarines, si longtemps restées à la marge des grands débats économiques mondiaux. En effet les conséquences prévisibles ne sont pas négligeables pour la Guadeloupe et la Martinique avec le retour en force de l'inflation et la diminution envisagée des dotations de l'État aux collectivités locales avec les dommages collatéraux des Droits de douane .Le monde change à toute vitesse . Et avec lui, ses certitudes vacillent. Dans un contexte où le libre-échange perd sa légitimité et où les économies nationales redéfinissent leurs priorités, la Guadeloupe et la Martinique se trouvent une fois de plus au cœur d’un séisme économique mondial sans en être les initiateurs. Ces territoires ultramarins, périphériques par leur géographie mais centraux par les questions qu’ils posent à la République, voient se profiler un retour brutal de la vie chère, nourri par une conjonction de crises internationales et de choix politiques déstabilisants. Le mirage d’un monde connecté, fluide, régulé par le commerce mondial, semble appartenir au passé.

 

Depuis plus de soixante ans, le dogme du libre-échange a guidé les décisions économiques des grandes puissances, porté par une foi inébranlable en ses vertus : croissance, baisse des prix, partage des richesses avec les pays émergents . Mais les faits ont fini par trahir les promesses. La mondialisation, vantée pour sa capacité à enrichir les nations, a révélé ses failles : désindustrialisation, précarisation des classes moyennes, destruction des écosystèmes locaux. Et à mesure que ces effets délétères se sont imposés, les opinions publiques ont basculé dans la défiance. Cette méfiance s’est transformée en réaction politique avec le populisme . Le Brexit, la montée du protectionnisme, le retour des aides d’État en Allemagne et, surtout, la réélection de Donald Trump à la tête des États-Unis avec un programme économique ultranationaliste ont acté la fin d’une époque. Après quatre-vingts ans de réduction progressive des barrières commerciales, l’économie mondiale est en train de vivre un tournant historique. S’il ne revient pas sur ses décisions, Donald Trump aura fait passer en trois mois les droits de douane américains sur les importations du reste du monde de 2,5 % à 25 %, leur plus haut niveau depuis les années 1930. Donald Trump va-t-il mettre l'économie française à l'arrêt ? 

En tous cas , en taxant l’Europe de droits de douane quasi réciproques selon lui , Donald Trump  risque de provoquer une récession historique  en France.

Derrière cette décision américaine se joue bien plus qu’une bataille tarifaire : c’est toute l’architecture des relations commerciales transatlantiques qui vacille.Un climat d’incertitude s’installe, et avec lui le spectre d’un ralentissement généralisé dans un contexte économique déjà fragile.Le Premier ministre François Bayrou estime que les droits de douane américains représentent un risque « majeur » pour l'activité économique française. Le gouvernement prépare les Français au pire. Dans un entretien accordé au Parisien-Aujourd’hui en France, le Premier ministre François Bayrou dresse un tableau bien sombre des prochains mois. En cause ? La hausse des droits de douane décidée par le président américain, Donald Trump, qui peut coûter à la France « plus de 0,5 % du PIB ». « Le risque de pertes d’emplois est absolument majeur, comme celui d’un ralentissement économique, d’un arrêt des investissements », juge-t-il dans le journal Le Parisien. 

De quoi mettre à mal la croissance tricolore dans un contexte budgétaire plus que tendu.Le risque de récession apparaît à l'horizon et la trajectoire de réduction du déficit tricolore serait remise en cause.Le gouvernement pourra procéder à des coups de pouce ici et là pour tenter de soutenir les investissements, notamment avec la banque publique d’investissement. Il interviendra aussi, si besoin, en réactivant, de façon temporaire, des mesures d’activité partielle, pour éviter des plans sociaux et des licenciements, dans certains secteurs très spécifiques comme l’automobile.

En quelques semaines, le président américain a bouleversé l’ordre commercial mondial. En instaurant des droits de douane de 25 % sur l'Europe, parfois même au-delà de 100 % sur certains produits de Chine , Washington ne se contente pas de réorienter sa politique économique : elle inflige un choc frontal à l’Europe. La France est particulièrement exposée, ses entreprises vulnérables, son tissu productif mis à rude épreuve. François Bayrou, Premier ministre, ne cache pas son inquiétude : la récession menace, les pertes d’emploi s’annoncent massives, les investissements se figent. Le ministre de l’Économie, Éric Lombard, alerte quant à lui sur les 28 000 entreprises françaises déjà affectées, et les perspectives pour les mois à venir sont aussi sombres qu’imprévisibles. Et si l’économie hexagonale vacille, c’est tout l’édifice budgétaire qui s’effondre avec elle, fragilisant mécaniquement l'équilibre des dotations versées aux collectivités locales.

 

Dans ce tableau noir, les régions d’outre-mer occupent une position particulièrement vulnérable. La Guadeloupe et la Martinique, déjà confrontées à une vie chère chronique, voient ressurgir un spectre de spirale inflationniste qu’elles n’ont jamais véritablement éloigné. Ces îles dépendent largement des importations pour leur consommation quotidienne : denrées alimentaires, équipements, produits de première nécessité, carburants. Toute hausse des prix à l’international, aggravée par des barrières douanières ou des tensions logistiques, se répercute directement sur les ménages. Et dans une économie locale peu diversifiée, au tissu productif étroit, la capacité de résilience reste très limitée.

 

À cela s’ajoute un autre facteur aggravant : la baisse prévisible des dotations de l’État aux collectivités locales. Paris, contraint par une dette publique de plus de 3 200 milliards d’euros, est désormais en procédure de déficit excessif vis-à-vis de la Commission européenne. Le « quoi qu’il en coûte » appartient au passé, et les arbitrages budgétaires s’annoncent sévères. En première ligne de ces coupes : les territoires dits non-prioritaires, souvent trop éloignés des centres de pouvoir pour infléchir les choix. La Guadeloupe et la Martinique risquent donc de subir une double peine : hausse des prix et contraction des aides publiques.

 

La Banque centrale européenne elle-même s’inquiète : la guerre commerciale entre les États-Unis et le reste du monde pourrait relancer une spirale inflationniste. Les tarifs douaniers imposés aux entreprises européennes seront en partie répercutés sur les consommateurs des Antilles. Déjà, certains analystes estiment que l’inflation pourrait atteindre 4,3 % dès le prochain mois de juin . Une telle dynamique, dans un contexte de croissance ralentie, entraînerait une baisse de la consommation, une contraction de l’activité économique et, in fine, un appauvrissement généralisé. Pour les territoires ultramarins, cela pourrait signifier des prix toujours plus élevés dans les supermarchés, une pression supplémentaire intenable sur les classes moyennes et une marginalisation économique accentuée pour les publics les plus précaires.

 

Pourtant, cette crise pourrait aussi être l’occasion d’un sursaut. Car le libre-échange tel qu’il a été conçu n’a jamais réellement bénéficié à la Guadeloupe ni à la Martinique. Ces territoires ont été maintenus dans une dépendance structurelle : zones de consommation passive, plutôt que moteurs de production. Ils n’ont pas su – ou pas pu – développer un modèle endogène de développement. La fin de la mondialisation heureuse pourrait alors ouvrir une brèche, une opportunité pour repenser les priorités : localiser et développer certaines productions locales, valoriser les circuits courts, encourager les initiatives d'investissements locales, renforcer l’autonomie économique et énergétique. Mais cette transition nécessite un volontarisme politique sans faille, une vision à long terme, des investissements lourds, et un accompagnement structuré de l’État.

 

Reste que, dans l’immédiat, l’urgence domine. Le retour en force de la vie chère aux Antilles n’est plus une perspective abstraite : c’est une réalité qui s’installe, lentement mais sûrement. Dans un monde où les certitudes économiques s’effondrent, la fragilité des territoires insulaires se transforme en vulnérabilité critique. Comme le disait Jacques Prévert : « On reconnaît le bonheur au bruit qu’il fait quand il s’en va. » Pour la Guadeloupe et la Martinique, ce bruit est celui des étiquettes qui grimpent, des budgets familiaux qui s’effondrent, et des horizons économiques qui se referment. À moins, peut-être, d’un sursaut collectif pour mettre de côté l'idéologie politique stérile , et enfin se concentrer sur la réforme du modèle économique actuel.La fin du libre-échange, loin de représenter un simple épisode dans le feuilleton politique mondial, pourrait donc marquer un tournant décisif pour des territoires comme la Guadeloupe et la Martinique. Ces îles, longtemps dépendantes des flux extérieurs, sont aujourd’hui confrontées à une double urgence : celle de résister à la tempête économique mondiale, et celle de réinventer leur modèle de développement. À défaut, le recul de la mondialisation et la crise qui s'ensuit pourrait se traduire, non pas par une responsabilité locale retrouvée avec l'illusion de l'autonomie politique , mais par un appauvrissement insidieux et durable de leur classe moyenne.

 

 

 

Jean Marie Nol économiste 

 

 

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