Il est vrai que dans un monde plus théocentré que celui d’aujourd’hui, la quête du bien - se conjuguant avec celle du salut - invitait une majorité à un mode de vie qui condamnait d’avance à la réprobation toute culture du sans-gêne, du mensonge et de la malhonnêteté, ce qui invitait les stakhanovistes du genre à la dissimulation plutôt qu’à l’arrogance. Certes, les associations de malfaiteurs existent depuis la nuit des temps. L’anthropocentrisme conquérant venu de la Renaissance, de la Réforme et de la Révolution a cependant conduit à un égocentrisme - individuel ou tribal - forcené qui a rebattu toutes les cartes puisque le concept de majorité est lié au son du clairon. Le verbe s’est fait cher, si l’on peut dire. Là où l’épée prend tout, où l’or achète tout, le loup mange tout, s’assurant que tout lui sera servi par ceux qui, craignant d’être mangés, nourriront le loup. Et ils sont si nombreux qu’ils finissent par constituer... la majorité. C’est pour cela que le loup s’assure le contrôle des médias et de l’académie. Ensuite, quand le loup sourit, personne ne s’aperçoit qu’il montre les dents. Eh oui, il y a comme une niquation dans la communication. Pique et Nique, malicieux petits lutins, sont en réalité d’affreux jojos.
Au-delà du concept positiviste majoritaire, ce qui est OFFICIELLEMENT, MÉDIATIQUEMENT et ACADÉMIQUEMENT nié, c’est toute la dynamique d’excellence - autrement dit de recherche du bien - dont les racines et les fruits étaient intimement solidaires des fondamentaux qui ont construit notre civilisation. Celle-ci est en train de mourir assassinée, parce que des puissances pour le moins suspectes dépensent beaucoup d’énergie à constituer des coalitions à des fins de majorité à partir d’inversions convergentes*, d’où la multiplication des mensonges et des villages Potemkine puisque c’est désormais le coup d’œil rapide qui préside à toutes les mises en scène sur le registre du commediante tragediante et... cupidité.
Pas de bol, ce sont les symboles qui captent toute l’attention d’une génération indifférente à la réalité. Les slogans n’ont même plus besoin de prendre de gants, ce serait faire offense à la bien-pensance : on nie, on nie, jusqu’à ce qu’on n’y voit plus que du feu. C’est alors que tout est sur le point d’être consumé.
* Tenez toujours divisés les méchants ;
La sûreté du reste de la terre
Dépend de là : semez entre eux la guerre,
Ou vous n'aurez avec eux nulle paix.
Ceci soit dit en passant ; je me tais.
La Fontaine, Les Vautours et les Pigeons (Fables, VII, 8)
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