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20 Février 2018
Il ne faut jamais préjuger de l'avenir. Laurent Vauquiez un jour, probablement me décevra, sur un point ou sur un autre. La politique est un art difficile, et quelle que soit l'intelligence et surtout la force de caractère, l'homme d'action est au centre d'un tel foyer de pressions venant des hommes, des lobbies, ou des circonstances qu'il est conduit parfois à des louvoiements, des esquives tactiques qui le conduisent à paraître se dédire ( le citoyen ordinaire parle alors, justement ou non, de « trahison » ).
Soixante ans après, le comportement de De Gaulle, face au problème algérien me laisse encore un goût d'amertume. L'abandon de l'Algérie en 1968, après avoir crié à Mostaganem « Vive l'Algérie française », cela reste dans la gorge comme une arrête de poisson pourri.
Or, aujourd'hui dans une France incertaine, attaquée de partout en Europe, et surtout de l'intérieur, notre pays est dirigé par une équipe hétéroclite, où le jeune Macron fait illusion du moins aux yeux de certains. Pour comprendre ce que je viens de dire, il faudrait revoir le film Le Président dont voici une scène représentative et bien adaptée : https://www.youtube.com/watch?v=o6pcBGpag2o .
Ces jours-ci, M. Vauquiez, dont j'ignore l'avenir, qui a certainement des défauts ( qui n'en a ? ) est l'objet d'attaques, sur un sujet pourtant futile, ( puisqu'il s'agit de la critique ironique, par lui, d'une majorité gouvernementale dont certains, non des moindres, est faite de transfuges d'une « droite », qui il y a tout juste un an « combattaient » M. Macron. Tels, parmi d'autres Edouard Philippe, MM Le Maire et Darmanin ) en termes d'une violence inouïe.
Il ne s'agit pas pour ces gens là, d'abattre un traître, un homme dangereux pour le pays, mais dangereux pour leurs carrières de caméléons.
Qu'allait faire M. Vauquiez face au déchaînement d'une presse quasi unanimement aux ordres d'affairistes internationaux ? Allait-il faire amende honorable ?
Il n'en a rien été. L'article du Figaro que voici m'informe qu'il n'en a rien été. Encore une fois j'ignore l'avenir, et si Vauquiez ne me décevra pas.
Ce jour, il fait montre de caractère. Je m'en félicite.
Sa tâche est de refaire une opposition de droite digne de ce nom, et tant pis pour les Pécresse, les Xavier Bertrand, les Juppé et allii s'ils préfèrent les bains de marigot aux voyages en altitude.
Après l'article du Figaro, je propose aussi un lien avec l'article, sur son site, de M. Bilger, qui cette fois encore énonce un jugement honorable sur la conduite de Vauquiez. ( LS ).
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LE SCAN POLITIQUE - Alors que les propos qu'il a tenus devant des étudiants de l'EM Lyon font polémique depuis quatre jours, le président des Républicains s'est justifié sur BFMTV ce mardi soir. Le Figaro fait le point.
Il ne s'est pas dérobé. Alors que ses propos polémiques, tenus devant des étudiants de l'École de Management de Lyon et révélés par TMC, n'en finissent pas de semer le trouble dans la classe politique, le président des Républicains, Laurent Wauquiez, est venu se défendre sur le plateau de BFMTV ce mardi soir. Il a répondu point par point aux différents extraits qui ont été publiés, et il a lourdement chargé ses détracteurs. Le Figaro revient sur les principaux points de son intervention.
«Ces méthodes journalistiques sont des méthodes de voyous et je pèse mes mots. C'est une manipulation, une embuscade. (...) C'est donc cela, maintenant, la déontologie journalistique? Enregistrer quelqu'un à son insu sans qu'il en soit alerté? (...) C'est pour cette raison que - et je le dis très simplement - j'ai décidé de porter plainte et de saisir le CSA. (...) Je veux que les choses soient claires: ces méthodes de voyous n'ont rien à voir avec ce que je crois être la déontologie du journalisme».
» La diffusion des enregistrements de Wauquiez est-elle illégale, comme l'affirme LR?
«Ce que j'ai dit devant les étudiants, (...) je le dis exactement de la même manière devant vous sur tous les sujets. (...) J'assume les propos qui ont été les miens. (Même si) je n'utilise évidemment pas les mêmes mots quand je suis dans une enceinte devant trente étudiants ou quand je suis sur ce plateau avec vous, c'est le même fond et les mêmes convictions. Je n'ai pas de double langage. (...) Dans les propos qui ont été retranscris, il n'y a pas la moindre once de mépris ou d'arrogance à l'égard des Français. (...) Je viens sur ce plateau, ici, pour montrer que je suis parfaitement capable d'assumer la totalité des propos que j'ai tenus.».
«C'était une rumeur. Je n'ai jamais sérieusement pensé que des ministres étaient écoutés. Ce passage, c'est le seul que je regrette vraiment. J'ai présenté mes excuses à Nicolas Sarkozy. Je ne l'ai pas fait seulement sur le plan politique mais au-delà, car j'ai une profonde estime pour la personne. Cela montre aussi que quand je fais des erreurs, je suis capable de les reconnaître».
» Wauquiez affirme que Sarkozy mettait ses ministres sur écoutes
«Je dis exactement la même chose depuis trois semaines. Je suis le seul dans la classe politique à dire avec constance qu'un ministre visé par une plainte d'une femme pour abus de faiblesse ne peut pas rester au gouvernement. Ce n'est pas une question de justice mais d'exemplarité. Je pense que tant que la vérité n'aura pas été établie, il aurait été plus digne de la part de Gérald Darmanin de se retirer». ● Les députés LREM qualifiés de «guignols»? «J'ai été très sobre...»
«Vous avez vu les propos tenus par un certain nombre de députés LREM? Il y a celle qui dit qu'elle (n'a plus assez d'argent et qu'elle doit manger) des pâtes, il y a celle qui organise des visites à l'Assemblée nationale avec son agence de voyage, il y a celle qui est malheureuse parce que son mari ne peut pas s'acheter (une Porsche)... Je pense qu'en utilisant le terme de “guignol” j'ai été très sobre...»
» La majorité demande des excuses à Wauquiez, Macron ne le trouve «pas inspirant»
«Si vous avez écouté l'extrait (sur Valérie Pécresse) avec loyauté, vous avez vu qu'il s'agit uniquement d'un trait d'humour et rien de plus. L'autre question, plus intéressante, est celle sur Alain Juppé. Sur votre plateau, je maintiens évidemment ce que j'ai dit. La question qui est posée est celle de la constance et de la crédibilité de la droite. La droite (doit), et je l'ai dit, lutter contre le gaspillage de l'argent public, et ne pas augmenter les impôts. Je m'en suis fait une religion, dans ma région (...) et dans ma ville. Je considère qu'Alain Juppé est une grande figure politique, qui a vécu et qui a porté dans des années importantes notre famille politique, et c'est pour cela que j'ai le plus grand respect pour lui. Il a transformé et révélé Bordeaux, et c'est tout à son honneur».
» Dans un nouvel enregistrement, Wauquiez critique Pécresse et Juppé
«Je demande aux Français: “est-ce que, ce qui vous gêne, c'est les propos que j'ai tenus ou ce que fait le président de la République et la baisse du pouvoir d'achat?” (...) La quasi-totalité des médias ont fait (de ces enregistrements) le principal sujet de reportage pendant quatre jours. Il n'était plus question de pouvoir achat, du prix de l'essence, des 80km/h, de la fermeture d'écoles en milieu rural... (…) Cette affaire est tellement précieuse pour mettre la poussière sous le tapis. (...) Permettez-moi de rappeler l'exemple du propos d'Emmanuel Macron à Mayotte sur les Comoriens. Si moi j'avais dit ça, que de polémique aurait-on vu? Moi, j'ai quatre jours de défouloir médiatique. Combien pour Emmanuel Macron? À peine une journée»
«Je pense qu'il y a un deux poids-deux mesures. Le système médiatique a ceux qu'il cible, et ceux qu'il protège. La droite a souvent fait l'objet de ces procès médiatiques: Nicolas Sarkozy a eu a les affronter, François Fillon les a subis, et aujourd'hui je ne suis pas dupe de ce qu'il se passe. J'en suis la cible, et si je suis venu sur ce plateau c'est pour dire que cela ne m'impressionne pas, que cela ne me fera pas reculer, et que ma détermination n'a jamais été aussi forte.
«Vous me connaissez un peu, mais je ne suis pas impressionné par les chiffons rouges. La droite a très longtemps connu le chiffon rouge du Front national, pour l'empêcher (d'aborder) les questions de sécurité ou d'immigration que brandissait le Front national. Maintenant, quand un politique parle trop fort, on l'accuse de “trumpisation”. Donald Trump n'est pas un modèle pour moi, mais en aucun cas je ne me laisserai impressionner par les chiffons rouges. Cela ne me fait pas bouger.».
( II ) Le jugement éclairé de M. Bilger sur « l'affaire Vauquiez » :
J'ai toujours détesté l’idee des boucs émissaires. Ces êtres commodes sur lesquels on crache - même si à juste raison parfois - pour faire oublier ses propres turpitudes.
Laurent Wauquiez (LW) en est devenu un, idéal, et il convient d'admettre qu'il y a mis du sien. On s'en donne à coeur joie pour le comparer à Trump et à Le Pen, ce qui est absurde.
La semaine dernière il a donné une conférence d'absolue liberté devant les étudiants de l'école de management de l'EM Lyon Business School. Elle n'était évidemment possible que si la confidentialité était respectée. Au demeurant LW devait s'abstenir de tout sujet politique (Le Point).
Durant son propos qui a été qualifié par les étudiants et la direction de spontané et de passionnant, il a dérivé sur trois seuls minuscules extraits polémiques sortis de leur contexte et en effet peu gratifiants pour Nicolas Sarkozy, Gérald Darmanin et Emmanuel Macron au sujet de la chute de François Fillon (L'Obs, Le Figaro).
Leur diffusion sur TMC dans Quotidien a créé le scandale.
Qui peut jeter la pierre à LW ?
En tout cas pas l'étudiant gougnafier sans honneur qui violant la morale et le règlement intérieur de son école a enregistré les échanges et les a livrés, sans doute contre paiement, au média concerné.
Pas davantage ce dernier qui en toute conscience de l'indécence de la manoeuvre a fait son beurre avec ces révélations résultant d'un montage vicié. Et qui continue à compte-gouttes sadique à jouir de sa transgression en rapportant que, selon LW, on serait en "dictature totale en France", ainsi que des critiques sur Juppé et Valérie Pécresse.
Le feuilleton médiatique va durer longtemps ainsi. On veut faire boire le Wauquiez jusqu'à la lie, jusqu'à l'hallali ! C'est donc cela, la conception de l'investigation en France? Une délation favorisée et exploitée ? Avec un total contentement de soi face à la crapulerie partisane organisée ?
LW auquel on reproche d'être cynique était pourtant bien naïf de considérer qu'avec l'hostilité qu'il inspire, l'éthique et la confidence seraient respectées. Il a encore des illusions apparemment sur la nature humaine et sur la rectitude médiatique.
Ce qui a permis de "laver plus blanc" et de le tourner en dérision a été son affirmation que pour une fois il allait parler "vrai" alors que dans son rôle officiel il ne proférait délibérément que "des merdes".
Je considère en effet, comme l'ont souligné Alexis Corbière et François de Rugy, que sa lourde faute est l'affichage ostensible d'un double discours au détriment d'une pensée qui s'exprimerait partout et toujours avec sincérité et liberté. L'idée qu'il y aurait une parole "politicienne" se condamnant presque au mensonge et une autre authentique réservée à des initiés qui auraient le droit d'échapper à la langue conventionnelle.
Alors que pour ma part je suis persuadé que cette approche est catastrophique qui dégrade la parole, la divise en noir et blanc et fait du politique un domaine à part qui n'aurait pas à cultiver les belles vertus ordinaires.
Qui peut jeter la pierre à LW ?
En tout cas pas les politiques de droite ou de gauche qui poussent des hauts cris, apparemment indignés face à ce qu'ils savent pratiquer mieux que personne.
En effet pas ces mondes politique et médiatique, toutes tendances confondues, qui, certes sur un mode moins abrupt que le sien et moins fièrement ambigu, fonctionnent en général, sur des registres divers, exactement comme lui-même en a donné l'exemple. Même avec mon expérience modeste où j'ai toujours proféré ce que je pensais - à mon détriment parfois - sans jamais distinguer les prudences du on et les sincérités du off, je peux garantir que la norme était d'user un double langage, les essayistes, les politiques et les journalistes se lâchant seulement quand l'émission était terminée. La vérité n'offrait jamais ses exigences à plein temps.
Je ne suis pas davantage rassuré par l'émotion répandue et les serments les yeux dans les yeux. Le mensonge en général s'accommode assez bien de ces artifices. La vérité est plus nue.
Je n'irai pas féliciter LW pour avoir si cyniquement révélé qu'il y avait les coulisses d'un côté et la scène de l'autre. Il a absurdement permis à ceux qui pratiquaient comme lui mais sans le dire de se pousser du col et de se parer d'une intégrité dont tout contredit la plénitude. L'opprobre sur lui laisse croire que les autres seraient purs. Le temps d'une honteuse diffusion, il prend tout sur son dos. Une accalmie pour la classe politique !
Qui peut jeter la pierre à LW ?
Il ne reste plus grand monde.
J'écarte l'hypothèse qui me semble farfelue d'un "dérapage" organisé par LW lui-même pour complaire au noyau dur de son camp et pour créer une unité forcée.
Je suis étonné par le fait suivant. LW s'est certes excusé auprès de Nicolas Sarkozy - sans que nous connaissions le détail de sa contrition - mais je relève cependant que personne ne s'est interrogé sur ce qui aurait dû être l'essentiel avant le lynchage de LW : ses révélations, supputations et dénonciations sont-elles exactes ou non ? Plausibles ou non ?
J'ose espérer que le souci de la vérité sera toujours plus important que la crainte du scandale né de son surgissement.
Qui peut jeter la pierre à LW ?
En définitive personne d'autre que lui.
(Sur BFMTV, Laurent Wauquiez reste sur la tonalité de mon billet : il se bat, ne s'excuse pas et maintient, sauf pour Nicolas Sarkozy - il ne peut pas faire autrement ! - tout ce qu'il a affirmé sur le ton vif et direct que permettait la rencontre. Il vise juste en dénonçant le deux poids deux mesures médiatique et l'entreprise de démolition qui visait à le déstabiliser, voire pire )