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28 Mars 2017
TRIBUNE DE BRUNO BLANDIN
PRESIDENT DE L’UNION DES ENTREPRISES - MEDEF GUADELOUPE
J’ai tenu à exprimer les réactions qu’appellent de ma part la situation en Guyane.
Je le fais spontanément. Les médias si prompts à solliciter mes réactions sur des événements strictement hexagonaux ne m’ont rien demandé, comme si la solidarité Antillo-Guyannaise n’était pas une réalité géographique, historique et sociologique.
Nous sommes la même population d’un même espace, élément constitutif de l’ensemble français.
Je le fais à quatre titres :
- Guadeloupéen
- Domien
- Français
- Président de l’Union Des Entreprises de Guadeloupe
Je compatis et affirme ma solidarité avec la population de la Guyane dans toutes ses composantes, sans aucune exclusive.
Je vois dans ce mouvement l’expression d’une unité solidaire de compatriotes attachés à la Guyane, soucieux de son développement et du bien-être de sa population.
C’est un cri de souffrance mais aussi un chant d’espoir.
C’est la manifestation d’une exaspération devant : les promesses non tenues, la lenteur de la mise en œuvre des décisions, l’incompréhension des réalités de terrain, l’application tatillonne de réglementations, parfois ridicules, le plus souvent inadaptées aux réalités territoriales et qui bloquent tout développement.
C’est aussi une vision réaliste pour répondre aux légitimes attentes. Les revendications exprimées l’attestent. Elles constituent, pour l’essentiel, un vrai programme raisonné d’actions.
Nous sommes à la fin d’une époque et à l’aube d’une ère nouvelle.
Ce n’est plus le temps d’une gestion comptable au fil de l’eau de la quotidienneté.
C’est le temps de la responsabilité dans l’exercice de la gouvernance.
C’est celui de l’ambition et de l’audace.
Aujourd’hui, nous sommes comptables du bien-être et de la sécurité de nos concitoyens ; demain, pour nos enfants, de l’imagination créatrice d’un futur que nous devons mettre en œuvre sans délai.
La Guyane cumule tous les handicaps et les atouts de nos Outre-Mer !
- Une population en très forte croissance démographique avec les besoins induits en termes d’équipements (sanitaires, scolaires, de réseaux, de logements etc…)
- Un territoire encore sous-équipé en infrastructures de base et de réseaux
- Une insécurité non maîtrisée
- Un potentiel fiscal qui n’est pas et ne sera pas avant longtemps à la hauteur des enjeux.
- Une évolution en collectivité unique non accompagnée par l’Etat
- Une administration dotée d’une architecture très sophistiquée mais non d’une ressource humaine en adéquation avec cette architecture totalement inadaptée à la réalité
- Une complexité normative qui est celle du royaume d’Ubu Roi et paralyse tout développement endogène voulu par la bien-pensance hexagonale ou européenne
- Une désaffection d’une métropole qui réagit plus à l’événement qu’elle n’agit
- Enfin, un rayonnement régional sous-exploité de ces faits.
Et pourtant, les atouts sont réels et nombreux.
Pas seulement pour les guyanais mais pour la France :
- premier aéroport spatial,
- plus grande biodiversité,
- mitoyenneté avec le Mercosul,
- ressources minières, sylvicoles, halieutiques, pétrolifères,
- technologies et savoirs faires français sur les DFA
- une formidable jeunesse.
Quel gâchis !
Mais cette situation n’est pas propre à la Guyane.
Elle est l’exaspération de la situation qui caractérise l’ensemble de nos Outre-Mer, et dont nous, Ultramarins souffrons parce que nous sommes trop souvent les « Oubliés de la République ».
Pourtant, nous avons toujours répondu présents au premier appel lors des heures sombres de la République.
Nous faisons bien partie du présent. Nous existons !
Nous faisons résolument partie du futur, d’un futur que nous voulons bâtir pas contre mais avec tous, ensemble.
Alors vous qui nous gouvernez à Paris ou aspirez à le faire, n’oubliez pas la sentence du pasteur Martin Luther King « ce qui est fait pour nous, sans nous, est fait contre nous ».
Nous voulons être des co-bâtisseurs d’avenir.
Seuls, nous ne pouvons rien. Ensemble, nous pouvons tout.
Pour conclure, je veux m’adresser à mes collègues du Medef Guyane, aux autorités gouvernementales actuelles, aux candidats à la présidentielle.
Ø Chers collègues, nous sommes avec vous. Nous appartenons à la même organisation qui est une organisation nationale d’entreprises citoyennes, responsables et respectueuses de l’état de droit.
Elle est comme nous à vos côtés.
N’oubliez pas où conduisent les destins non maîtrisés. (Nous l’avons payé cher, il n’y a pas si longtemps).
Pensez à l’intérêt général.
Une fenêtre de tir ne doit pas être refermée dans la précipitation.
Ø Vous qui exercez la responsabilité gouvernementale pour un temps encore. Faites le jusqu’au bout.
Servir la France ne souffre aucune discontinuité, car l’intérêt général nous dépasse tous.
Au nom de la France, prenez les engagements que vous n’avez pas su ou pu concrétiser jusqu’ici.
Ayez de l’audace parce que vous le devez.
Ø A vous tous, candidats, qui ambitionnez légitimement de présider aux destinées de la France :
- N’oubliez pas que la France est une et indivisible et que nous partageons une communauté de destins
- La souveraineté ne vous appartiendra jamais. Elle appartient au Peuple de la République dont chacun des citoyens est égal devant la République
- Vous assurerez exclusivement son exercice sur l’ensemble du territoire terrestre et maritime, pas seulement sur l’hexagone, aux profits de tous les Français
- Vous soulignez toutes les insuffisances de la gouvernance actuelle de l’Etat. En Outre-mer, elle est défaillante dans le champ même des affaires régaliennes (cf l’insécurité et pas seulement)
- Or les Outre-Mer sont insuffisamment présents parfois quasiment absents dans vos programmes, ces derniers souvent trop techniques, sans vraie Vision.
Dispensez-nous des manœuvres éculées d’évitement des problèmes, telles qu’Etats généraux et autres consultations populaires.
Offrez à nos suffrages une vision d’Avenir, une ambition pour nos Outre-Mer.
Alors avec celui d’entre vous qui sera élu nous ferons le reste, ensemble.
Un politique est un bâtisseur d’Avenir pas un comptable d’un présent qui n’est qu’une contrainte non une ambition.
Bruno BLANDIN