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11 Mai 2014
Christian Combaz, dans cet article d'Atlantico, ne fait pas ( heureusement ) de psychanalyse au sens strict du terme. Il en utilise, un peu, et adroitement, en bon français quelques tournures polémiques qui donnent à son analyse ce mordant, cette alacrité qui manquent toujours aux disciples du Diafoirus de Vienne ( S. Freüd ).
Qui passe au scalpel de monsieur Christian ? Les pseudos princes qui nous gouvernent, et d'abord le « premier » d'entre eux ( si j'ose dire ), celui, qui est le fils bien digne de cette époque de décadence turpide qui nous cerne de toutes parts, laquelle promeut un drag-queen en premier héraut de la « diversité », et de la tolérance ( cette tolérance à propos de laquelle, un grand poète disait qu'il ne la supportait pas et qu'il y avait des maisons pour ça ! ). Un premier, donc, dans la hiérarchie des incubes, ou des succubes, qui a substitué une ridicule mobylette au glorieux Bucéphale : le p'tit père François lui-même. C'est un signe des temps, et Pétrone, dans son célèbre Satyricon, au temps néroniens de la décadence de Rome, nous en brossa plus d'un portrait , savoureux ou lugubre, selon les goûts.
Mais la dialectique subtile de Combaz n'épargne personne, et Nicolas Sarkozy lui-même n'échappe pas totalement à l'hallali des ombres.
Quoique, comme dirait Raymond Devos.
Mais ….place au massacre.
LS.
L'obsession contemporaine pour les origines familiales de nos dirigeants politiques, outre son côté people, peut expliquer bien des choses sur la crise d'autorité qui sévit actuellement à l’Élysée et dans ses méandres ministériels.
La méthode qui consiste à fouiller la jeunesse des personnages publics à la recherche des clés de leur comportement nous vient du freudisme, des lecteurs de Jean Paul Sartre, de la Gauche en général, c'est pourquoi elle passe aujourd'hui pour légitime puisque les gens de gauche, dans leur narcissisme, sont arrivés à sanctifier tout ce qui les concernait : leurs enfants mal élevés, leur rejet des institutions, leur dédain du mariage, leur dégoût de la police et leur méfiance à l'égard de la religion. La grille de lecture psychiatrique est encore plus légitime lorsqu'on se penche sur le contexte familial des gens qui exercent aujourd'hui le pouvoir. Leur goût de l'exercer, ou leur paralysie devant son exercice, entretiennent un rapport avec la façon dont ils l'ont subi.
Même si l'on reste dans le ton léger qui convient à la chronique, on s'aperçoit vite que la question est loin d'être anecdotique. Les gens de gauche, désormais arbitres des élégances dans la vie publique, du Conseil d'Etat aux conseils d'Université, sont issus d'une France où l'image du père était encore très forte. Pour la plupart ils en ont souffert, ils le disent, ils l'écrivent depuis vingt ans, ils en remplissent les scénarios et les pièces de théâtre . D'ailleurs au lieu d'élever François Mitterrand au statut de père de la Nation, ils ont choisi de l'appeler Tonton, ce qui en disait déjà long sur leur rapport à l'autorité. L'oncle est celui qui tempère l'image paternelle d'une touche cool-cool-sympa et la Mitterrandie fut un grand film de Claude Sautet où Yves Montand tenait le même rôle qu'à l'écran. Vingt ans après, les soupçons se confirment. Il est gênant de s'apercevoir que le pays est gouverné par des gens qui n'ont pas encore, à près de soixante ans, réglé leurs rapports avec l'image du père, donc de l'autorité.
Penchons nous d'abord, avec la déférence ironique d'un valet de Molière, sur l'ex-couple François Hollande-Ségolène Royal, et observons chez l'un et l'autre, la même pénible tendance à pratiquer la pêche au chalut démocratique à coups de consultations stériles, de conciliations de courants, de débats participatifs, le tout afin de retarder l'heure des décisions qui leur incombent parce qu'elles leur rappelleraient trop l'image du père.
De quoi François Hollande a t-il souffert ? D'une autorité qui tapait du poing sur la table. D'où cette tendance désastreuse à louvoyer entre le oui et le non, le chaud et le froid au sein de la même phrase, ce qui ne l'empêche pas, comme tous les enfants en rébellion contre le père, de l'imiter finalement par inadvertance. Quand il y a décision, car il y a tout de même décision à la tête de l'Etat, c'est toujours tardif, honteux, verbeux, maladroit, calculateur. Il s'agit dans un premier temps de surmonter la crainte de coller à l'image de l'autorité, et dans un deuxième, quand plus personne ne fait attention de le faire avec un sentiment de revanche assez sournois, comme ces enfants de militaires qui coiffent le képi devant la glace en imitant les colères de leur père. La normalité, à laquelle François Hollande faisait systématiquement allusion pendant sa campagne, n'est pas l'autre nom de son humilité. Il faudrait déjà prouver qu'elle existe. Elle est plutôt le synonyme de sa crainte de gouverner.
Dans le cas de son ex-concubine, un vrai psychiatre ne manquerait pas d'interpréter la somme des boulettes commises comme une rafale d'actes manqués. Elle n'avait aucune envie d'obtenir ce qu'elle briguait, mais ne pouvait se passer de le briguer quand même, afin que toutes les caméras se tournent vers elle. Là était, probablement, toute son ambition. Pendant sa campagne, on a souvent pensé qu'elle aurait mieux fait de se consacrer au vrai cinéma et, quand on voit l'état du pays, on regrette que François Hollande ne l'ait pas fait non plus. Il aurait écrit des pièces de théâtre entre deux séances plénières à la Cour des Comptes. Le pays s'en serait trouvé mieux. Quant au théâtre, ce n'est pas certain.
Mais ne rêvons pas, et plongeons l'épuisette dans le bassin de droite. Curieusement nous tombons sur deux poissons d'une espèce voisine, des cousins qui portent les mêmes rayures, Nicolas Sarkozy et Manuel Valls. Leur besoin d'exercer le pouvoir puise aux mêmes origines. Des origines étrangères, tout d'abord. On a le droit de le dire, puisqu' ils nous l'ont rappelé l'un et l'autre. Ensuite ils ont curieusement, tous les deux, un père artiste-peintre, voué au monde des idées et des impressions, c'est à dire moins fait qu'un militaire pour donner, à ses enfants, les clés d'une autorité sur le réel. C'est par l'aventure sociale balzacienne qu'ils les trouveront - et d'ailleurs de la même façon : une affirmation de soi qui provient non de ce que l'on est, mais de ce que les autres pensent qu'il faut être. Les autres, ce sont d'abord les clubs, colloques, assemblées générales, conseils municipaux auxquels on participe dès dix-huit ans et demi, en saisissant le micro avant tout le monde. Puis, c'est rapidement l'océan de l'approbation générale qui tente ces navigateurs pressés.
Nicolas Sarkozy a tout de même consenti à ce que son père figure dans le tableau de famille médiatique, allant jusqu'à l'accueillir à l'Elysée devant les photographes, ce qui témoigne d'une assez grande sûreté de soi et d'un certain humour car, vu le personnage, il en fallait. On n'a assisté à aucune scène semblable de l'autre côté, j'entends du côté de Manuel Valls. Mais il n'est pas certain qu'on ait encore tout vu, même s'il est tout à fait possible qu'il n'y ait rien à voir.
En tout cas, dans la catégorie "pères qui ont engendré des enfants de gauche", on ne trouve rien dans les journaux sur les ascendants célèbres, d'autant que le Dr Hollande, qui porte le prénom très peu banlieusard de Gustave a longtemps milité à l'extrême droite, et que le lieutenant-colonel Royal, aujourd'hui disparu, n'en était pas très loin.
Pourquoi, dira t-on, se pencher sur ces choses-là et n'est-ce pas faire "du Closer" ? Vous observerez que je vous ai épargné les commentaires sur la vie amoureuse et la situation conjugale des intéressés, qui ne sont pourtant pas sans rapport avec le sujet. Quand on gouverne un pays malade, ce qui revient à soutenir sa famille au moment où elle vient d'hypothéquer sa maison et où deux de ses fils sont au chômage, il n'est pas indifférent de savoir quelle place occupe le portrait de l'ancêtre sur le buffet du salon et quel rapport entretiennent, avec le passé familial et la stature du père, ceux qui prétendent régenter les finances, la morale et le reste. Pourquoi ? Parce que gouverner, c'est ménager l'équilibre des forces, c'est intimider les meneurs, les agitateurs de quelque bord qu'ils soient. Quand on voit la conduite de François Hollande on est obligé de soupçonner, notamment dans son attitude à l'égard du Catholicisme, du mariage, de l'autorité, de la solennité en général, quelque chose d'incompatible avec la fonction, quelque chose comme un règlement de comptes permanent à sens unique. Dans une famille c'est extrêmement gênant. On déteste voir le beau-frère jouer les raisonneurs parce qu'il a fait de bonnes études et présenter une nouvelle maîtresse à sa mère toutes les trois semaines.
On me dira encore que la conduite de Nicolas Sarkozy n'était pas plus recommandable, eh bien justement si, même si ce n'est que par inadvertance. Elle avait la vertu d'épouser les institutions sans être offensée ni par les galons ni par les archevêques. Elle savait rétablir l'ordre des préséances, asseoir la présence et l'autorité de celui qui parle, ne fut-ce que par la crainte du bâton, certains préfets peuvent en témoigner.
Je parle ici de conduite, rappelons-le, et non de politique. La politique d'un homme peut être désastreuse, sans que sa conduite ne cesse d'inspirer crainte et confiance. Le problème est là. Le problème, en politique, est toujours là. Ceux qui nous gouvernent en ce moment n'inspirent ni crainte ni confiance, parce qu'au fond ils n'ont jamais éprouvé, véritablement, ni l'une ni l'autre. François Hollande expliquait il y a vingt ans aux caméras (on trouve encore la séquence sur Youtube) qu'il n'avait pas de soucis d'heures de bureau et qu'en gros, il n'avait plus rien à craindre, il était haut fonctionnaire inamovible et bien payé à vingt quatre ans. Il est vrai qu'à cette époque-là il disait aussi "nous, la Droite". Il ne dégageait pas, c'est le moins qu'on puisse dire, une impression de confiance, ne l'inspirait guère et pourtant il essayait, comme aujourd'hui, d'en donner l'illusion. Quand on analyse la conduite de quelqu'un qui gouverne ses semblables, il est donc toujours utile de regarder comment il l'a été, et, de façon corollaire, comment il sait se gouverner lui-même. Mais c'est un autre chapitre que nous aborderons un jour ou l'autre.
Christian Combaz.
( Christian Combaz est écrivain et polémiste.
Il est notamment l'auteur de Gens de campagnol (Flammarion, 2012)
La France mérite mieux que ça (Editions du Rocher, 2005) et Enfants sans foi ni loi (Editions du Rocher, 2002)
Retrouvez les écrits de Christian Combaz sur son blog : http://christiancombaz.fr/
( 1 ) Flamby, l'homme au casque noir. ( 2 ) Cette femme est un homme. Drag-queen, classé 1er à un concours de chant européen. Par delà sa personne humaine, digne de compassion, il est devenu le symbole d'une intelligentsia, dont Jack Lang fut un précurseur, et Pierre Bergé, "l'homme lige" en France.