29 Août 2013
(C'est-à-dire : Soutenez le terrorisme ! Continuez à acheter du pétrole saoudien ! )
LS.
PS : L'article du Télégraph est en anglais. Nous en proposons, après sa publication originale, la traduction en français par le moteur de traduction de Google.
( I ). Le point de vue de Philippe Migault, directeur de recherche à l’IRIS, spécialiste de la Russie
Comment comprendre la posture de Moscou sur la question syrienne notamment au travers des intérêts en jeu ?
D’abord il existe un élément diplomatique élémentaire qui réside dans la fidélité à ses alliés. Lorsque l’on possède un partenaire sur la scène internationale, il n’est pas question de le laisser
tomber et la Syrie a été un partenaire de longue date de l’Union Soviétique puis de la Russie. Moscou apporte donc son soutien à un vieil allié, ce qui ne signifie pas pour autant qu’il défende
mordicus le régime de Bachar Al-Assad. A ce titre, il est nécessaire de faire la différence entre la Syrie et Bachar Al-Assad, cette nuance est primordiale dans l’analyse.
Ensuite, et contrairement à ce qui a été avancé à de multiples reprises, la base navale de Tartous ne constitue absolument pas un intérêt stratégique pour la marine russe puisque il s’agit d’une
base navale modeste, ne pouvant accueillir de grands bateaux, et qui a toujours servi à ne faire que de l’entretien léger pour les navires ou du ravitaillement. Ce n’est donc pas un élément
décisionnel.
Concernant cette fois les contrats d’armement, ceux-ci n’ont pas d’influence sur la posture russe. La Syrie n’est pas le plus gros client de la Russie en la matière. De surcroit, il s’agit d’un
Etat à peine solvable et qui va l’être encore moins dans les années à venir. Ainsi, lorsque certains avancent que la disparition de l’Etat syrien engendrerait la perte de milliards de dollars
pour l’industrie de défense russe, c’est totalement faux. Bien au contraire même, puisque la disparition de l’Etat syrien pourrait être interprétée, en Iran, en Irak ou en Libye, de telle sorte
que justement il soit nécessaire de se protéger contre une intervention occidentale, et ce, au travers de l’acquisition de la dernière génération de matériel russe.
Quoiqu’il en soit, les véritables intérêts sont de deux ordres.
D’une part, un intérêt de sécurité. Ce dernier est simple : la distance entre la Syrie et le Caucase russe est environ égale à celle entre Paris et Nice, c’est-à-dire un saut de puce. Si
demain la Syrie bascule vers un Etat dominé par des fondamentalistes musulmans avec des milliers de combattants d’Al-Qaïda sur place, il sera alors possible d’assister à une migration de ces
miliciens vers le Caucase afin d’y relancer les combats avec ce qu’il reste des mouvements terroristes tchétchènes et ce, à quelques mois des JO de Sotchi. Il est donc hors de question de laisser
un foyer d’agitation wahhabite se développer en Syrie à un millier de kilomètres de Sotchi à vol d’oiseau.
D’autre part, un intérêt stratégique. Les Américains développent une politique au Moyen-Orient qui s’appuie sur un axe sunnite autour de régimes fondamentalistes musulmans qui sont le Qatar,
l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis. Cet axe sunnite cherche à imposer sa volonté dans la région, notamment en Syrie. Les Russes, quant à eux, tentent de défendre leurs intérêts au
Moyen-Orient en s‘appuyant sur un axe chiite (au sens large) qui regroupe l’Iran, l’Irak et les Alaouites de Syrie. Ayant de tout temps été martyrisés par les Sunnites, les Chiites n’ont aucun
intérêt à voir cet axe sunnite imposer sa domination au Moyen-Orient avec l’aide américaine. Ils recherchent donc l’appui de la Russie qui recherche le leur. Si Bachar al-Assad tombe, il y aura
alors perte d’un premier allié dans la région et l’étape suivante pourrait être la chute de l’Iran. Et si on imagine que s’installe en Iran un nouveau gouvernement, éventuellement pro-occidental,
perspective peu probable mais qu’il ne faut pas exclure à long terme, alors cela signifierait que tout le pétrole et le gaz d’Asie centrale, au lieu de transiter par le territoire russe ou de
ravitailler la Chine, pourrait transiter via le territoire iranien en direction du littoral de l’Océan indien et de Bandar Abbas, ce qui priverait la Russie d’une bonne partie de sa manne
pétrolière et gazière, tout en permettant, accessoirement, de détourner une partie des ressources qui sont destinées à la Chine.
Nous sommes donc, dans cette affaire, sur un échiquier extrêmement compliqué. Il y a des priorités à court terme, de nature sécuritaire et des enjeux stratégiques et économiques à long terme.
La Russie a mis en garde les Occidentaux contre toute intervention militaire sous peine de s’exposer à des conséquences extrêmement graves. Est-il possible d’envisager
une réponse armée de la part des Russes ? Quelles mesures de rétorsion pourraient adopter Moscou ?
Sur le registre militaire, les Russes n’ont pas pris le risque, à l’époque de l’URSS, de rentrer en affrontement direct avec les Américains lors de la crise de Cuba. La confrontation directe
entre les deux grandes puissances a toujours été évitée. Or la Russie n’a plus les mêmes moyens militaires qu’au temps de l’URSS, elle ne va donc certainement pas s’embarquer dans une aventure
militaire vis-à-vis des USA ou des Occidentaux. En revanche, à partir du moment où les Occidentaux vont agir au mépris du droit international, Moscou n’est plus tenu non plus à aucun engagement
vis-à-vis de ce dernier.
Concernant les mesures de rétorsion, il est donc envisageable, une fois que les frappes, théoriquement limitées, seront terminées, que les Russes concluent avec la Syrie une nouvelle série de
contrats d’armement et que ceux-ci portent sur du matériel beaucoup plus performant. Il est possible d’imaginer que les S300 qui devaient être livrés le soient, voire, pourquoi pas, que les
Russes livrent, à crédit, leur dernière génération de missiles, les S400. Ils pourraient accroître encore leur aide militaire au régime syrien.
Une riposte qui pourrait être cinglante pourrait aussi consister à mettre l’Iran à l’abri de toute frappe aérienne. Téhéran aussi voulait acheter des S-300 et se trouve en litige avec Moscou qui,
pour complaire aux Occidentaux, a annulé la vente. Dans la mesure où les concessions russes à Washington et à ses alliés, de toute évidence, n’empêchent pas la Maison Blanche de mener dans la
région une politique de force au mépris du droit, pourquoi la Russie hésiterait-elle encore à armer Téhéran ?
Ce qui n’est pas à exclure c’est que cette intervention occidentale en Syrie soit la meilleure chose qui puisse arriver pour l’industrie de défense russe : celle-ci dispose de ce qui se fait
de mieux en matière de défense anti-aérienne. Les frappes occidentales pourraient être un puissant ressort pour susciter de nouvelles ventes en Syrie et en Iran, voire en Libye et en Irak.
Quelles seraient les conséquences d’une intervention en Syrie sur les négociations sur le désarmement avec les Etats-Unis ?
Il n’est pas impossible que les Russes décident de se retirer de toutes les négociations sur la limitation des armes nucléaires (négociations avec les Etats-Unis sur le nombre de vecteurs et de
têtes nucléaires) et déclarent que le traité New Start est nul et non avenu, comme il est possible qu’ils cessent toute discussion sur le programme de bouclier antimissile américain en Europe.
Ils pourraient aussi accélérer l’élaboration d’une nouvelle génération de missiles balistiques intercontinentaux en cours de développement. Les efforts de Barack Obama en faveur d’un monde
dénucléarisé seraient donc annihilés. De surcroît il convient de rappeler que le Conseil européen se réunira en décembre 2013 sur le thème de la sécurité en Europe. Si les Russes, à ce moment-là,
ont rompu toutes les discussions, ce sommet sera vidé de son sens...
La Russie dispose donc d’un nombre non négligeable de moyens de rétorsion diplomatico-militaires.
( II ) THE TELEGRAPH ( voir plus bas la traduction en français de cet article ).
Saudis offer Russia secret oil deal if it drops Syria.
By Ambrose Evans-Pritchard
12:00PM BST 27 Aug 2013
The revelations come amid high tension in the Middle East, with US, British, and French warship poised for missile strikes in Syria. Iran has threatened to retaliate.
The strategic jitters pushed Brent crude prices to a five-month high of $112 a barrel. “We are only one incident away from a serious oil spike. The market is a lot tighter than people think,”
said Chris Skrebowski, editor of Petroleum Review.
Leaked transcripts of a closed-door meeting between Russia’s Vladimir Putin and Saudi Prince Bandar bin Sultan shed an extraordinary light on the hard-nosed Realpolitik of the two sides.
Prince Bandar, head of Saudi intelligence, allegedly confronted the Kremlin with a mix of inducements and threats in a bid to break the deadlock over Syria. “Let us examine how to put together a
unified Russian-Saudi strategy on the subject of oil. The aim is to agree on the price of oil and production quantities that keep the price stable in global oil markets,” he said at the four-hour
meeting with Mr Putin. They met at Mr Putin’s dacha outside Moscow three weeks ago.
“We understand Russia’s great interest in the oil and gas in the Mediterranean from Israel to Cyprus. And we understand the importance of the Russian gas pipeline to Europe. We are not interested
in competing with that. We can cooperate in this area,” he said, purporting to speak with the full backing of the US.
The talks appear to offer an alliance between the OPEC cartel and Russia, which together produce over 40m barrels a day of oil, 45pc of global output. Such a move would alter the strategic
landscape.
The details of the talks were first leaked to the Russian press. A more detailed version has since appeared in the Lebanese newspaper As-Safir, which has Hezbollah links and is hostile to the
Saudis
As-Safir said Prince Bandar pledged to safeguard Russia’s naval base in Syria if the Assad regime is toppled, but he also hinted at Chechen terrorist attacks on Russia’s Winter
Olympics in Sochi if there is no accord. “I can give you a guarantee to protect the Winter Olympics next year. The Chechen groups that threaten the security of the games are controlled by us,” he
allegedly said
Prince Bandar went on to say that Chechens operating in Syria were a pressure tool that could be switched on an off. “These groups do not scare us. We use them in the face of the Syrian
regime but they will have no role in Syria’s political future.”
President Putin has long been pushing for a global gas cartel, issuing the `Moscow Declaration’ last to month “defend suppliers and resist unfair pressure”. This would entail beefing up the Gas
Exporting Countries Forum (GECF), a talking shop.
Mr Skrebowski said it is unclear what the Saudis can really offer the Russians on gas, beyond using leverage over Qatar and others to cut output of liquefied natural gas (LGN). “The Qataris are
not going to obey Saudi orders,” he said.
Saudi Arabia could help boost oil prices by restricting its own supply. This would be a shot in the arm for Russia, which is near recession and relies on an oil price near $100 to fund the
budget.
But it would be a dangerous strategy for the Saudis if it pushed prices to levels that endangered the world’s fragile economic recovery. Crude oil stocks in the US have already fallen sharply
this year. Goldman Sachs said the “surplus cushion” in global stocks built up since 2008 has been completely eliminated.
Mr Skrebowski said trouble is brewing in a string of key supply states. “Libya is reverting to war lordism. Nigerian is drifting into a bandit state with steady loss of output. And Iraq is going
back to the sort of Sunni-Shia civil war we saw in 2006-2007,” he said.
The Putin-Bandar meeting was stormy, replete with warnings of a “dramatic turn” in Syria. Mr Putin was unmoved by the Saudi offer, though western pressure has escalated since then. “Our stance on
Assad will never change. We believe that the Syrian regime is the best speaker on behalf of the Syrian people, and not those liver eaters,” he said, referring to footage showing a Jihadist rebel
eating the heart and liver of a Syrian soldier.
Prince Bandar in turn warned that there can be “no escape from the military option” if Russia declines the olive branch. Events are unfolding exactly as he foretold.
Traduction en français de l'article du Télégraph.
( Je reproduis, brut de décoffrage, la traduction google. Elle manque d'élégance, c'est le moins. Mais dans l'ensemble elle m'a paru correcte. LS ).
Saoudiens offrent Russie contrat pétrolier secret si elle tombe en Syrie.
L'Arabie saoudite a secrètement offert Russie un accord de balayage pour contrôler le marché mondial du pétrole et de sauvegarder les contrats de gaz de la Russie , si le Kremlin s'éloigne du
régime Assad en Syrie.
Par Ambrose Evans- Pritchard
12:00 BST 27 août 2013
Les révélations interviennent alors haute tension au Moyen-Orient , avec les USA, la Colombie , et navire de guerre français en passe de frappes missiles en Syrie. L'Iran a menacé de se venger
.
La nervosité stratégiques poussés prix du Brent à un haut niveau en cinq mois de 112 dollars le baril. «Nous sommes un seul incident loin d'un pic pétrolier grave. Le marché est beaucoup plus
serré que les gens pensent », a déclaré Chris Skrebowski , rédacteur en chef de la Revue du pétrole .
Transcriptions fuite d'une réunion à huis clos entre Vladimir Poutine et le prince saoudien Bandar bin Sultan jettent une lumière extraordinaire sur la Realpolitik intransigeant des deux
côtés.
Le prince Bandar , chef du renseignement saoudiens , apparemment confronté le Kremlin avec un mélange d' incitations et menaces dans le but de sortir de l'impasse sur la Syrie . " Voyons comment
mettre sur pied une stratégie Russie - Arabie unifiée sur le sujet du pétrole . L'objectif est d' accord sur le prix des quantités de pétrole et de la production qui maintiennent la stabilité des
prix sur les marchés mondiaux du pétrole " , at-il dit lors de la réunion de quatre heures avec M. Poutine . Ils se sont rencontrés à la datcha de M. Poutine en dehors de Moscou il ya trois
semaines .
«Nous comprenons grand intérêt de la Russie dans le pétrole et le gaz dans le bassin méditerranéen d'Israël à Chypre. Et nous comprenons l'importance de la canalisation de gaz russe vers l'Europe
. Nous ne sommes pas intéressés à rivaliser avec ça. Nous pouvons coopérer dans ce domaine " , at-il dit , prétendant parler avec le plein appui des États-Unis .
Les discussions semblent offrir une alliance entre le cartel de l'OPEP et la Russie, qui produisent ensemble plus de barils de 40m par jour de pétrole , 45pc de la production mondiale . Une telle
initiative pourrait modifier le paysage stratégique .
Les détails des pourparlers ont d'abord été divulgué à la presse russe. Une version plus détaillée a depuis été publié dans le journal libanais As -Safir , qui a des liens du Hezbollah et est
hostile aux Saoudiens
As-Safir dit le prince Bandar s'est engagé à protéger la base navale de la Russie en Syrie si le régime d'Assad est renversé , mais il a également fait allusion à tchétchènes attaques terroristes
Jeux olympiques d'hiver de la Russie à Sotchi s'il n'y a pas accord . " Je peux vous donner une garantie pour protéger les Jeux olympiques d'hiver de l'année prochaine. Les groupes tchétchènes
qui menacent la sécurité des jeux sont contrôlés par nous ", il aurait dit:
Prince Bandar a poursuivi en disant que les Tchétchènes opérant en Syrie étaient un outil de pression qui pourraient être mis en marche un arrêt. «Ces groupes ne nous font pas peur . Nous les
utilisons dans le visage du régime syrien , mais ils n'auront pas de rôle dans l'avenir politique de la Syrie " .
Le président Poutine a longtemps fait pression pour un cartel mondial du gaz , l'émission de la Déclaration de Moscou ` ' dernier mois " défendre les fournisseurs et résister à la pression
injuste " . Cela impliquerait bouchères le gaz des pays exportateurs Forum ( FPEG ), un forum de discussion .
M. Skrebowski dit qu'il ne sait pas ce que les Saoudiens peuvent vraiment offrir les Russes sur le gaz, au-delà de l'utilisation du levier sur le Qatar et d'autres pour réduire la production de
gaz naturel liquéfié ( LGN ) . " Les Qataris ne vont pas obéir aux ordres saoudiens, " at-il dit .
Arabie Saoudite pourrait aider à stimuler les prix du pétrole en limitant sa propre alimentation . Ce serait un coup de fouet pour la Russie, qui est près de récession et repose sur un prix du
pétrole de près de 100 $ pour financer le budget .
Mais ce serait une stratégie dangereuse pour les Saoudiens si elle a poussé les prix à des niveaux qui mettent en danger fragile de la reprise économique dans le monde. Les stocks de pétrole brut
aux États-Unis ont déjà fortement baissé cette année. Goldman Sachs a déclaré que le «coussin surplus " des stocks mondiaux accumulés depuis 2008 a été complètement éliminé .
M. Skrebowski déclaré difficulté se prépare dans une chaîne d'approvisionnement des Etats clés. "La Libye est le retour à lordism guerre. Nigeria est à la dérive dans un état de bandit avec une
perte soutenue de la production . Et l'Irak va revenir à la sorte de Sunni- Shia guerre civile que nous avons vu en 2006-2007 " , at-il dit .
La rencontre Poutine - Bandar était orageux , regorge d' avertissements d'une « tournure dramatique » en Syrie . M. Poutine était insensible à l'offre saoudienne, si la pression occidentale s'est
intensifiée depuis lors . " Notre position sur Assad ne changera jamais. Nous croyons que le régime syrien est le meilleur orateur au nom du peuple syrien , et non ceux des mangeurs de foie " ,
at-il dit , se référant à des images montrant un rebelle djihadiste manger le cœur et le foie d'un soldat syrien.
Le prince Bandar , à son tour averti qu'il peut y avoir «aucune échappatoire à l'option militaire " si la Russie refuse le rameau d'olivier . Événements se déroulent exactement comme il l' avait
prédit .