9 Avril 2009
Et maintenant la gueule de bois.
(Après le carnaval LKP, orchestré pour les naïfs par les groupes Kiltirels Akiyo, et Voukoum, voici venu le temps de la déception et de la gueule de bois. Le Scrutateur).
TOUT ÇA POUR ÇA
LE PROTOCOLE DE FIN DE CONFLIT :
Le mouvement du LKP qui a bloqué la Guadeloupe du 20 janvier au 4 mars 2009 a produit
l’accord Bino et le protocole de fin de conflit du 4 Mars : C’est sur ces deux éléments qu’il faut
se baser pour mieux comprendre et définir ce mouvement sur lequel beaucoup de choses ont été
dites.
L’accord Bino, à part son préambule sur lequel il faudra revenir, définit que les entreprises
verseront 50 euros, l’Etat 100 euros (provisoirement), les collectivités 50 euros
(provisoirement).
L’accord du 4 Mars comporte 165 points alors que la plateforme déposée le 20/01 en
comportait 119 donc 46 point supplémentaires, pourquoi ?
Voici les rubriques traitées :
• Prestations sociales, minimas sociaux et salaires
• Baisse des prix produits de première nécessite
• Baisse des prix des carburants
• Baisse du prix de l’eau
• Logement
• Transport
• Education
• Formation professionnelle et emploi des jeunes
• Droits syndicaux
• Services publics
• Production : volet agricole et volet pêche
• Aménagement du territoire et infrastructure
• Culture
• Dispositions finales et diverses.
On aurait aimé imaginer qu’il s’agisse du projet de société que la Guadeloupe aurait fait pour
elle même ....
Pas du tout, ce sont les domaines dans lesquels la Guadeloupe exige qu’on fasse pour elle.
« fé sa ban mwen ! »
L’Etat (et ses administrations) est concerné 104 fois
Les collectivités locales et divers organismes locaux sont concernés 78 fois.
....88 fois, l’un ou l’autre est sollicité financièrement d’une manière ou d’une autre.
Chaque fois qu’elles sont citées, les entreprises ou les employeurs que sont les administrations,
le sont financièrement d’une manière ou d’une autre.
« ban mwen l’agent »
La situation que traduit ces documents illustre effectivement que ceux qui les ont promus sont
toujours dans le schéma de l’économie de plantation (préambule de l’accord Bino) où il y a un
« patron » plein de privilèges et de sous, et une masse de travailleurs opprimés.
Il est évident que les choses ont sensiblement changées au cours du XXè siècle, mais surtout,
les craquements qui annoncent, non pas des évolutions, mais des ruptures imminentes ne sont
absolument pas prises en compte.
Mais pourquoi faire compliqué quand on peu faire simple, même si c’est faux, c’est un
excellent levier.
Ainsi, sur 182 points (104+78), l’Etat, la Région, le Département sont d’accord pour modifier
immédiatement leur budgets, leur organisation, leurs projets, leurs tâches, leur politique.
Si tel est le cas, ce n’est pas un protocole de fin de conflit qu’ils auraient dû signer, mais leur
démission.
Ou bien notre organisation démocratique est incapable de correspondre aux attentes du peuple,
Ou bien on fait exprimer au peuple des attentes qui ne sont pas démocratiques.
Mais dans les deux cas il y a un problème fondamental.
A l’exception des 50 euros payés par les entreprises, les énormes budgets mobilisés pour
l’exécution de l’accord, sont des fonds publics, par définition budgétés, ce qui veut dire qu’ils
sont limités et déjà affectés.
Les sommes réaffectées hâtivement pour calmer le LKP vont entraîner des coupes sombres
dans les projets mûrement choisis et programmés en fonction de l’intérêt supérieur de la
communauté, ou augmenter les prélèvements.
On parle là de 25 millions pour le Conseil Général, environ 50 pour le conseil Régional, soit en
coût direct 75 millions sur les finances locales : une paille !
Si c’est la pression de la rue qui dicte la politique et les budgets, la pwofitacyon ce sont les élus
payés et qui ne servent à rien.
Résultant de l’accord Bino, on voit (pour la première fois à ma connaissance) l’argent public
faire irruption dans les salaires : Grève ou pas, les élus ont-ils le droit d’utiliser l’argent public
pour accorder (même sous forme de prime), ce qui est demandé par le LKP : une augmentation
de salaire ?
Outre ce financement anormal, voire illégal, il est évident que cet accord entraîne :
Un effet inflationniste immédiat
Un renforcement de la dépendance de l’économie à l’argent du contribuable
Un pallier de plus franchi dans l’économie virtuelle.
Une accentuation du clivage entre nos territoires et leurs voisins tant pour le niveau de
vie que pour l’assistanat.
Une attractivité des produits de métropole renforcée (coûts de production moins élevés)
On voit bien que cette mesure n’a donc qu’un seul effet : la démagogie.
... car les effets cités plus haut sont justement les axes contre lesquels le LKP dit se battre.
Sans oublier les milliers d’emplois et les banqueroutes que le blocage va laisser derrière lui.
UNE GRÈVE ?
Ainsi nommée par l’ensemble des acteurs, à commencer par le LKP, suivi par l’ensemble des
interlocuteurs.... pourquoi ?
Une grève c’est :
Un mouvement collectif pris à l'initiative de tout ou partie du personnel d'une entreprise, destiné en
général à contraindre l'employeur à la négociation des conditions de travail et de rémunération.
J’ai vu plutôt :
La sédition :
Trouble contre l'ordre public, contre l'autorité légale, qui est concerté, par des meneurs et qui n'est
pas l'action d'un rassemblement fortuit.
La subversion :
Action visant à saper les valeurs et l’ordre établi.
Un mouvement populiste :
Mouvement politique mené par un homme fort, fondé sur le recours au peuple, orienté vers la
dénonciation de ce qui menace le peuple en question, et appelant à un changement, à une
régénération.
Si, dès le début, ils avaient mis les bons mots sur les évènements, MM Lurel, Gillot, Desforges
et Jégo ne seraient pas tombés dans le piège du LKP et auraient évité de passer pour des
incapables.
Si on soigne une migraine alors qu’il s’agit d’une méningite, on se fait moins de soucis, mais
on décède.
Le populisme, c’est quoi ?
Un mouvement populiste voit généralement le jour quand on perçoit mal le projet commun,
quand les valeurs et les institutions en place s’essoufflent, et quand les égoïsmes sont exacerbés
dans une population qui se paupérise.
Dans ce contexte, un leader charismatique rencontre une attente sécuritaire (providentielle ?)
face à des menaces qu’il n’est pas difficile de cibler.
Le Leader charismatique est le pivot du système.
Tout repose sur son discours caractérisé par une grande violence symbolique, un nationalisme
radical, une opposition systématique entre le peuple, (la masse des travailleurs, est toujours
désigné comme un tout homogène, une communauté, paré de toutes les vertus et qui incarne les
vraies valeurs nationales) opposé aux ennemis chargés de tous les maux.
C'est une action sociale et politique abrupte et rapide, dont l’objectif est de
changer de régime politique, sans plan stratégique net ni idéologie structurée, mais parfaitement
rôdée à la manipulation des foules, à la controverse politique et idéologique, aux rapports de
forces.
Avec un langage simple, avec peu de termes techniques, facilement compréhensible par tous, il
développe une réthorique pleine de bon sens populaire, promet ce qui rassemble une frange
déstabilisée de la population, exacerbe une bi-polarisation de la Société (les bons contre les
mauvais) et fait l’éloge du peuple à travers sa culture, son histoire, ses blessures, son folklore,
ses martyres pour donner tout son poids à l’identité nationale à laquelle il promet de redonner
toute la place qu’elle n’a pas.
Après cette brève définition faut-il envoyer les sous-titres pour vous aider à faire le
rapprochement avec des personnes ou des faits ?....
En Amérique du Sud et en Afrique, les mouvements populistes qui sont arrivés au pouvoir n’ont
jamais engendré de démocratie, mais on a vu de solides dictatures durer. Durer très longtemps.
Seule la nationalisation des ressources vives du pays a permis de mettre en oeuvre les politiques
annoncées.
Sauf à nationaliser les dettes, comment peut-on se payer une telle aventure en
Guadeloupe ?
Cette brève analyse permet de comprendre que le blocage de Février n’est qu’une première
étape et que la suite est clairement balisée si l’on n’arrive pas à infléchir le cours des
évènements.
Dans le même temps, les évènements ont administré la preuve que la mouvance LKP avait sous
son contrôle :
Les administrations
La distribution des produits pétroliers
Le trafic portuaire
Le trafic aéro portuaire
L’électricité
Les transports terrestres personnes et marchandises.
La distribution des biens de consommation.
Les principaux médias
La santé
Les hordes de voyous
Des commandos de makoutes
... Désolé si le tableau est inquiétant, mais il vaut mieux avoir une vue objective du champ de
bataille et des forces en présence : il s’agit bien d’un rapport de forces !
*****
Au delà de l’évènement créé par le LKP, la seule question importante et urgentissime, c’est
l’indépendance de la Guadeloupe :
400 000 habitants
40% de fonctionnaires (25% en France 20% dans le reste de l’Europe)
30% de chômeurs., RMI et autres
Quand on importe 100 €, on n’exporte que 7€
95% de ce que l’on consomme est importé.
La France est encore plus en faillite aujourd’hui que quand Mr Fillon l’annonçait l’an dernier....
et la dette publique voisine avec le crime contre l’humanité à l’encontre des générations
futures.
Comment imaginer sereinement de continuer de dépendre à 70% du contribuable d’un Etat
malade et à 95% de compagnies de transport incontrôlables ?
Dans un tel contexte, le moindre faux pas entraînera famine et guerre civile.
Une révolution serait suicidaire.
Aussi, plutôt que de dresser les uns contre les autres, il faut courageusement réunir autour
d’une table toutes les compétences et dessiner le plan de la Guadeloupe de demain capable de
s’assumer autant qu’elle le peut.
Ça va changer : au lieu de demander des sous, il va falloir bosser ! (Oui, je sais : c'est dur à entendre!).... et en plus faire preuve d’imagination car la marge de manoeuvre est bien mince :
Quelles sont les ressources de la Guadeloupe ?
La canne échappe totalement à notre contrôle : le sucre est sous contrôle de Bruxelles, et son
prix doit baisser de 36% sur 8 ans. Nos unités sont gravement déficitaires alors que le prix n’a
pas fini de baisser.
La banane n’a aucune visibilité dans le cadre de l’OCM.
Le tourisme est sabré chaque fois qu’il semble rebondir. La crise internationale va-t-elle
préserver ce secteur ? Rien n’est moins sûr.
Toute activité de production se heurte à l’étroitesse du marché :
Face à une offre mondialisée, comment imaginer produire un quelconque bien de
consommation localement sans s’appuyer sur une protection douanière ou normative, et sans
bénéficier d’exonérations ou subventions quelconques ?
Les « nouvelles technologies » sont apparues comme une solution possible à un certain moment
mais on a vite vu que le « nomadisme » profitait à l’ensemble du monde et le marché est
actuellement dominé par des pays émergeants : sommes nous au niveau ?
C’est pourtant avec ce contexte compliqué qu’il faut trouver un moyen de conserver, autant que
faire se peut, le niveau de vie que nous connaissons, ce qui semble être l’option minimum.
Qui peut relever le défi ? le LKP ou les « pwofitasyoneurs » puisque le décors bi-pôlaire est
planté ?
Ni l’un ni l’autre.
Surtout pas l’un contre l’autre.
Peut-être l’un avec l’autre....
... Ce qui supposerait que l’une et l’autre des deux parties soient disposées à s’asseoir autour
d’une table pour construire.
Peut-on attendre d’un mouvement, subversif, séditieux, populiste, qu’il devienne un partenaire
valable pour construire quelque chose, avec qui que ce soit, qui ne lui est pas complètement
inféodé, surtout quand il se sent fort ?
On a bien vu tout au long des « négociations » le LKP esquiver ostentatoirement toutes les
mains tendues et brandir la menace jusqu’à l’absurde.
En refusant de participer aux Etats Généraux, (ça peut changer disent certains ?) le LKP
confirme son positionnement :
Pas besoin de se gratter la tête pour savoir quel avenir pour le pays : le schéma est tracé : c’est
une dictature populiste (choisir le modèle dans la liste...)
Pas besoin de savoir comment financer un quelconque développement puisqu’ils feront main
basse sur toutes les richesses disponibles au profit de « l’appareil», quel que soit le sort du
peuple qu’il dit défendre ou d’une économie qui sera confisquée.
Surtout ne pas s’impliquer dans un quelconque plan avec les institutions en place ou le camp
désigné comme responsable de tous les maux : ce serait se priver du pouvoir de briser à volonté
les tentatives de redressement qui déjà sont sur la route.
Face à cette posture simpliste mais terriblement efficace en terme de nocivité, la tâche de ceux
qui doivent reconstruire n’est pas facile.
De plus, pour reconstruire, il faut des bases solides : des fondations.
Au cours des évènements nous avons vu :
Entrave à la liberté de circulation
Entrave à la liberté de travailler,
Pressions sur les personnes
Intimidations physiques et morales
Exactions diverses et multiples
Pillages
Emeutes
Partialité des médias
Les discours incantatoires du Préfet n’ont eu aucun effet : le LKP a fait ce qu’il voulait quand il
voulait et l’a fait savoir. (Avec la complicité des opportunistes de toutes les périodes de crise, des lâches, et même de certains milieux ecclésiastiques pourris auxquels les chrétiens doivent faire entendre raison, par les seuls moyens que peuvent comprendre les « pè aristide », et qui sont d'un ordre très « matériel »).
La seule consolation est qu’il n’y a pas eu de morts ( à l'exception du syndicaliste Bino, pris au piège de ses propres principes) grace aux forces de l’ordre : c’est une attitude on ne peut plus minimaliste.
Comment aujourd’hui rétablir un fonctionnement conforme à l’Etat de droit que la constitution
garantit et que le Préfet est là pour faire respecter ?
Comment, dans ce contexte, élaborer un plan de relance et de développement réaliste ?
Avant d’écoper, il faut commencer par colmater les voies d’eau, non ?
Autrement dit, il revient à l’Etat d’apporter les garanties qu’il saura faire respecter : le respect de l’Etat de droit dans l’Ile et qu’il est en mesure de contenir les mouvement séditieux et subversifs, faute
de quoi, tout projet est voué à l’échec.
A moins qu’il ne se résigne :
A faire le jeu de ceux qui descendent dans la rue
A jouer le Père Noël indéfiniment aux frais du contribuable
A quitter la scène de la Guadeloupe parce que c’est plus facile et moins coûteux.
Les réactions enregistrées au cours du mois de Mars semblent montrer que tous les acteurs
contournent soigneusement le sujet central : Courage fuyons !