23 Avril 2019
Ce soir passait sur les antennes de Guadeloupe première et aussi en Martinique, une émission sur un événement qui ne fut pas seulement antillais, mais qui culmina en Martinique (un seul témoin fut guadeloupéen), et en Guadeloupe : le voyage d'une statue de la vierge Marie dans nos îles, en 1948, au sortir de la guerre 39/45.
Je me souviens de cet événement (j'avais 6 ans en 1948), pour y avoir participé en pèlerin avec mes parents à plusieurs reprises. Et mon jeune âge alors, ne m'a pas rendu insensible à l'intense piété populaire qui s'y manifesta, et dont je me souviens très bien ainsi que des foules énormes qui se déplaçaient derrière la statue de la vierge, ; de quoi faire pâlir de jalousie les carnavaleux d'aujourd'hui, dans une ambiance, et des finalités évidemment tout autres.
L'émission axée principalement sur la Martinique a dû prendre sa source dans la parution il y a une quinzaine d'années d'un roman de l'écrivain martiniquais Raphael Confiant, qui occupe une bonne part de la dernière partie d'émission, cherchant à populariser l'idée que le fameux pèlerinage n'aurait eu lieu sous l'influence de l'Eglise catholique et des Békés, que pour faire de l'argent et entretenir le peuple dans l'obscurantisme .
Or si telle était l'intention des metteurs en scène, il faut avouer qu'elle a fait Pschitt ! Monsieur Confiant, arborant l'éternel sourire supérieur (et entendu) des gens de sa caste chez nous (chez nooouus, chez nooous!) les deux mains constamment élevées à hauteur du menton, pour avoir l'air de qui détient toutes les données d'un problème dont il possède la solution, devra se remettre en question s'il veut à l'avenir convaincre les antillais, et les Martiniquais notamment.
Car l'émission donne la parole à bien d'autres personnes, de tous les milieux de l'île, qui même si le temps a passé, gardent des souvenirs précis, émerveillés quoique non dépourvu d'esprit critique pour l'événement du grand retour.
Le soupçon du détournement d'argent par l'Eglise et une famille békée ne tient pas la route aujourd'hui plus qu'hier.
Et puisqu'il est question d'argent, de piété, certains pourraient en revanche se poser des questions au sujet de la nouvelle piété, fort coûteuse, qui se manifeste au cours de nos carnavals (voir photo ci-dessous).
Le Scrutateur.