2 Septembre 2016
Je ne suis pas un ardent partisan de François Fillon en tant que postulant à la magistrature suprême. Cependant lorsque l'ancien premier ministre de M. Sarkozy énonce une vérité flagrante sur la positivité de la colonisation française en Afrique ( notamment ), je ne vais pas le contredire.
Et quand toute une tourbe de ratés, et ses L-G TIN, des associations anti-françaises, avec évidemment les trotskytes de service, s'en prennent à lui, alors, sur ce point d'histoire, je ne pourrai me joindre à la horde vociférante.
C'est le retour d'une polémique qui date de 2005, en pleine campagne électorale. Voici l'article que je publiai alors, dans les tout débuts du Scrutateur.
LS.
L’adoption de la loi du 25 février 2005 « portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés », suscite ces jours-ci en métropole, et plus particulièrement en Guadeloupe et en Martinique, un concert de cris d’orfraies, un vacarme de sauterelles en chaleur, le spectacle de gesticulations délirantes, et, il faut le dire, déshonorantes pour leurs auteurs.
Que dit l’article 4 de cette loi pour provoquer un tel charivari ? « Les programmes de recherche universitaire accordent à l’histoire de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, la place qu’elle mérite.
Les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et accordent à l’histoire et aux sacrifices des combattants de l’armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit… ».
Voici l’objet du litige. Le législateur veut-il imposer l’instauration d’une « histoire officielle » en France, comme le prétendent ses adversaires ? L’observateur honnête ne le croit pas. Nous ne sommes pas aujourd’hui en France dans un régime totalitaire comme naguère dans l’ex URSS, ou dans l’actuelle Algérie du président Bouteflika. Tout au plus peut-on penser, que la formule « en particulier » aurait pu être omise.
Dans une université qui accomplirait strictement, honnêtement sa fonction de recherche scientifique, et pédagogique du vrai, cette formule eut été superflue. Il ne manque pas de bons esprits pour douter qu’il en soit exactement ainsi.
C’est ici qu’il faut plaider à décharge en faveur du législateur, qui signale des dysfonctionnements, des détournements d’histoire et de vérité, à des fins idéologiques.
Car, s’il n’y a pas en France, aujourd’hui, en droit, d’histoire officielle, force est de reconnaître, que de façon subtile, malhonnête, obreptice, une telle histoire existe, en France, de fait, et ceci depuis au moins 1945. Même quand c’est la « droite » qui exerce le pouvoir politique, se dresse en face d’elle le pouvoir culturel exercé sans partage par la gauche.
A-t-on oublié le propos de monsieur Michel Henry, ministre du temps libre dans le gouvernement Mauroy de 1981, « on ne peut pas être enseignant sans être de gauche » (sic) ; celui de monsieur Jack Lang : « en 1981 nous sommes passés des ténèbres à la lumière » ?
De 1945 à 1991 (chute l’URSS), on apprit à tous les écoliers français que les nazis, en 1940, avaient tué en masse 10000 officiers polonais, à Katyn, alors que c’était un forfait des communistes sur ordre personnel de Staline. Il fallut pour se résigner au vrai, (connu pourtant depuis belle lurette grâce à de véritables historiens) l’ouverture des archives du KGB, et les aveux de Gorbatchev.
Citons un dernier fait (puisqu’il faut nous limiter dans un article de journal, car il y en aurait mille autres) que rapporte le philosophe et journaliste Jean-François Revel dans son beau livre La connaissance inutile : en France, écrit-il « L’enseignement fait place à la prédication militante ; ainsi dans un livre du maître (c’est-à-dire destiné à guider le maître dans son enseignement), l’auteur (Vincent, éditions Bordas, 1980) donne aux professeurs les consignes suivantes : « on montrera qu’il existe dans le monde deux camps. L’un impérialiste, et antidémocratique (USA), l’autre anti impérialiste et démocratique (URSS), en précisant leurs buts : domination mondiale par écrasement du camp impérialiste (USA) ; lutte contre l’impérialisme et le fascisme, renforcement de la démocratie (URSS) ». Nous voilà fixés, commente Revel, les enseignants n’ont plus pour tâche d’enseigner, mais de renverser le capitalisme et de barrer la route à l’impérialisme. Et voici comment sont ceux qui prétendent nous donner des leçons d’objectivité historique. Certes, il y a des professeurs d’histoire consciencieux, (et courageux), plus nombreux qu’on ne le pense, qui font preuve d’originalité et d’honnêteté, mais on voit la réalité et le poids du lobby idéologique de gauche sur l’éducation nationale.
Oui, il y a l’histoire officielle enseignée dans les écoles, dans les médias, à travers les milles canaux dont dispose le politiquement, l’historiquement correct. Et cette histoire, truquée, tronquée, est une histoire de gauche. A travers elle, ses choix, ses omissions, ses effets zoom sur les seuls évènements dont elle veut qu’on connaisse, une idéologie politique sectaire tend à imposer à la France, à sa jeunesse, notamment dans l’outre-mer, sa vision manichéenne de l’histoire ? Une vision anti nationale, qui, si on l’adoptait, ferait de notre pays le symbole même du mal, le grand Satan à vaincre, la source de tous les crimes, et de toutes les monstruosités historiques.
C’est contre une telle vision, simplificatrice, mensongère, et démobilisatrice de toutes les énergies nécessaires à la nation, pour vivre et se développer dans le monde dangereux où nous vivons que le législateur a, maladroitement, -peut être-, mais timidement, -certes-, réagi. Et je lui donne raison, quitte à ce qu’il révise l’article de loi une fois rétabli un minimum d’équilibre dans les rapports de force idéologique dans l’université et dans la presse.
Une gauche amnésique.
Monsieur Hollande nous le dit, Aimé Césaire aussi, la France a été présente outre-mer, à la tête d’un vaste empire, dont la dernière période, celle surtout qui en question actuellement, s’est étendue de 1830 aux années 1960. Sa politique outre mer, résumée par un mot « le colonialisme » n’aurait été que pillages, massacres, humiliations. Prétendre le contraire, selon nos historiens militants, serait le propos d’une droite arrogante, et ambitieuse, désireuse de nier ses forfaits, d’imposer une histoire « officielle ».
MM Hollande et Césaire, leurs affidés, sont pour le moins (choisissons l’adjectif le plus indulgent) amnésiques.
Car de 1870 à 1930, au moins, la droite en France n’était pas très concernée par l’outre mer, plutôt préoccupée de revanche contre l’Allemagne, et de reconquête de l’Alsace-Lorraine. La gauche, elle, était ardemment colonisatrice. Par exemple (entre tant d’autres) c’est Jules Ferry qui décida la conquête du Tonkin et inaugura la constitution de ce qui fut l’Indochine française. Pour cette gauche il s’agissait d’exporter à travers le monde, les « principes immortels » de la Révolution française, et de la République.
A la même époque Karl Marx écrivait à propos de la colonisation des Indes par l’Angleterre : « Les communautés villageoises « idylliques » de l’Inde traditionnelle étaient plus pernicieuses qu’on ne pouvait le supposer car, depuis des temps immémoriaux, elles avaient été les cellules et la base du despotisme oriental, elles enfermaient l’être humain dans le cercle le plus étroit, faisaient de lui l’instrument inerte de la superstition, le réduisant en esclavage, sous le poids de coutumes traditionnelles, le privant de toute grandeur et de toute force historique. Nous ne devons pas oublier la barbarie, la persécution quotidienne et normale des plus indescriptibles cruautés… Nous ne devons pas oublier que cette existence végétative, sans dignité, sans dynamisme, avait pour compensation l’acceptation de l’assassinat rituel comme forme de dévotion religieuse… Nous ne devons pas oublier que ces petites communautés étaient pourries par des distinctions de caste et par l’esclavage ; qu’elles soumettaient l’homme aux circonstances extérieures au lieu de l’élever et de le rendre maître des circonstances; qu’elles poussaient à considérer un état social transitoire et contingent comme un destin naturel et inchangeable… Les arabes, les Tartares et les Mongols avaient successivement conquis l’Inde, mais ils s’étaient adaptés à ces coutumes, étant donné que la loi de l’histoire veut que les conquérants barbares soient conquis à leur tour par la civilisation supérieure des vaincus. Les Anglais furent les premiers conquérants de l’Inde qui lui aient été supérieurs, et, de ce fait, ils n’ont pu être contaminés par la civilisation hindoue ».
Donc Marx, père de la gauche européenne moderne, se félicite de la colonisation, et pas seulement de la colonisation anglaise. Et l’on ne peut nier, que l’on soit marxiste ou pas, (on sait que je ne le suis pas !) la pertinence de certains de ses propos.
Un peu de rigueur et d’honnêteté ne saurait nuire à nos pétitionnaires.
Le bilan : un tableau à double entrée.
En fait, pour qui réfléchit de sang froid, (et s’informe), la colonisation se présente avec un bilan à double entrée. Elle fut œuvre humaine, et donc imparfaite. Il y eut des injustices, de l’arrogance parfois à l’égard des indigènes de la part des colons qui venaient d’une civilisation en général plus avancée, notamment sur le plan technique. Il y eut des massacres, comme à Sétif, en Algérie, en 1945, (1500 morts, après une révolte fomentée par les séparatistes algériens, ou à Madagascar à la même époque). Il y eut l’esclavage aux Antilles jusqu’en 1848, (mais c’est la France qui après 1870 fit partout reculer l’esclavage en Afrique, et en Indochine ; en Afrique, où l’esclavage a été un fait depuis plus de 15 siècles, et qui fournit les négriers sur les côtes africaines, par millions, ce dont il faudrait ne jamais parler si l’on en croit le jeune Stéphane Pockrain qui, ses petits yeux écarquillés, plaidait en ce sens avec ardeur l’autre semaine à la télévision). Oui, partout où il y a l’homme il y a de l’hommerie. Mais il y eut aussi, la lutte contre les maladies endémiques, la lutte contre la faim, contre les coutumes parfois barbares, la création de routes de barrages, d’hôpitaux, la création de toutes pièces de certaines nations et Etats comme l’ Algérie, dont la France fit, d’une petite principauté, autour d’Alger, et de vastes zones désertiques, une province moderne à l’agriculture riche, avant qu’elle ne sombre après l’indépendance, dans la dictature d’un parti unique, la misère et la guerre civile.
Il y eut donc un passif à la colonisation, dont il est convenu, depuis 30 ans, que de ce passif seul on parlera. La loi du 25 février 2005 insiste pour que l’on parle aussi (c’est le sens du « en particulier ») de l’actif. Chacun pour des raisons complexes, donnera la priorité à l’un ou à l’autre. Mais il faut que le débat existe, qu’il ne soit pas occulté.
S’il doit ressortir quelque chose de bon à cette querelle, ce sera la prise de conscience par ceux qui attribuent un respect trop naïf à la chose imprimée, (« je l’ai lu dans un livre d’histoire » me disait l’autre jour dans un débat radiodiffusé, un auditeur), que l’histoire n’est pas une science exacte, qu’elle est comme disait Paul Valéry « le produit le plus dangereux que l’alchimie de l’intellect ait élaboré ». Pourquoi ? Parce que, poursuit toujours Valéry : elle « fait rêver, enivre les peuples, leur engendre de faux souvenirs, exagère leurs réflexes, entretient de vieilles plaies, les tourmente dans leur repos, les conduit au délire des grandeurs ou à celui de la persécution, et rend les nations amères, superbes, insupportables et vaines ».
Paroles de sage.
Edouard BOULOGNE.