15 Septembre 2015
J'ai de la considération pour le pape François, et même de l'admiration. J'en avais encore davantage pour ses deux prédécesseurs, Benoit XVI et Jean-Paul II. Mon propos est probablement perçu comme exprimant une certaine retenue à l'égard de ces trois personnalités ( comme d'ailleurs de toute autre, quelle qu'elle soit ) étant de ceux qui retiennent ce passage des Evangiles, où Saint Pierre, le premier des papes, eut cette faiblesse, un certain jeudi, pendant le jugement de son « maître » : « non, je ne connais pas cet homme ».
Ni, n'ai oublié, non plus cette parole du maître lui-même, déjà crucifié, humilié, bafoué de toutes part : « J'ai pitié de cette foule ». ( Misereor super turbam ).
Les chrétiens ne sont pas ce que croient trop souvent ( ou feignent de croire ) leurs détracteurs, des béni-oui-oui, des suiveurs naïfs et crédules. Il en est, en tout cas, qui réfléchissent et tentent de se déterminer, librement à agir, parfois contre des élans spasmodiques de sensibilité, voire de sensiblerie adolescente. A agir en fonction d'un idéal, auquel ils se soumettent, parce qu'il est la condition de la liberté authentique.
Certains évoqueront sur le contenu de mon affirmation soit un paradoxe ( pour les indulgents ), soit une contradiction infantile ( pour les acariâtres ).
Se soumettre pour être libre? Fi!
Et pourtant, c'est un philosophe, parmi les plus rationnels, et les plus justement réputés, Emmanuel Kant qui disait « Obéir à la loi qu'on s'est prescrite est liberté ».
Que l'on se rassure toutefois, je ne me propose nullement de développer les distinctions fameuses, mais qui demandent du temps pour être comprises, du temps et une certaine contention d'esprit, sur les différences entre les impératifs hypothétiques, et les impératifs catégoriques, ou sur le refus par le philosophe de Koenigsberg de toute hétéronomie en matière morale.
« Non! Tu ne disserteras pas » me conseille, sagement, mon ange-gardien, à la manière, un peu, du forgeron d'Astérix au barde Assurancetourix ( à la voix si...spéciale ) : « non, tu ne chanteras pas!!!!! ».
Je reviens donc à mes papes vénérés, mais de façon tempérée par la considération des Ecritures, et l'application d'un zeste de critique philosophique.
Epargnons Jean-Paul II, laissons Benoit vivre paisiblement sa retraite bien méritée, et parlons du pape François.
Ce jésuite donc, est issu d'un des ordres religieux intellectuels de l'Eglise, intellectuel et retors comme nous enseigne l'histoire de cet ordre, depuis le XVI ème siècle.
François a plu, dès son élection, aux journalistes, mais aussi, ce qui est plus sérieux, au peuple, au peuple de Dieu.
Son bon sourire, sans doute y est pour quelque chose, et aussi sa simplicité, notamment dans son mode de vie : son petit appartement, par exemple, de 50 mètres carrés. Anne Sinclair a aimé, Claire Chazal et NKM...aussi, comme chantait Fernandel.
Si vous humez un parfum léger d'ironie dans mon propos vous ne vous trompez pas, mais il s'adresse à ces dames, point à François que j'aime et admire.
Comment pourrait-il en être autrement? François, me semble-t-il ne renverse pas les tables de la loi; ni celle de Moïse, ni celle, complémentaire, de Jésus sur une plus modeste « montagne » et dans un registre supérieur pourtant.
Et précisément au caractère un peu rigoriste du Sinaï, il ajoute l'infinie bienveillance du Nazaréen, une bienveillance qu'il ne faudrait pas confondre avec le laxisme bobo qui dissout présentement ce qui reste de la civilisation chrétienne ( dont les intempérants détracteurs parlent en une presque parfaite ignorance de ce qu'elle fut, et davantage encore...de leur ignorance ).
Mais, toutefois, si j'avais l'honneur, et le bonheur, d'être un conseiller ( secret, pour ne pas le compromettre ) de notre pape, je lui dirais :
« Très saint Père, prenez garde! Prenez garde au monde, qui n'est pas bon, mais surtout prenez garde à vous. Pour être le premier des hiérarques, vous n'en êtes pas moins homme, comme disait un comédien de chez nous, en France, un certain Molière.
Prenez garde! Prenez garde aux vapeurs d'encens. Prenez garde encore plus à qui vous les adresse. Le cardinal Cisnéros, au XVI ème siècle, sous son habit de prince de l'Eglise, portait la bure, et dormait dans une pièce aux murs blanchis à la chaux, dix mètres carrés à peine, comme vous, mais en secret ( pour la foule. « J'ai pitié de cette foule », vous savez! ) pour éviter sans doute que n'en parlent les Charlie-Hebdo de son temps, qui n'avaient pas nécessairement la même conception de la seinteté que nous.
De nos jours, on va chez l'oculiste pour choisir ses lunettes. On n'éprouve pas le besoin, quand on est pape, comme vous, de le claironner au son des trompettes. Cisneros, sûrement et Benoit XVI aussi, comme bien des "Grands" de ce monde, et même des petits gros ( que je ne nommerai pas, par charité chrétienne ) feraient venir l'homme de l'art à domicile, non nécessairement pour singer M. Jourdain ce gras niais de bourgeois gentilhomme, mais pour gagner du temps dans leurs emplois du temps surchargés.
Vous souvenant, sans doute, de votre humble ascendance de petit Italien du sud de l'Italie, l'Italie pauvre, celle de la Calabre, vous êtes allé chez lui, dans son échoppe. Nulles trompettes, même celles de Radio Vatican, n'avaient appelé le ban et l'arrière ban du petit monde médiatique pour l'immortalisation de cette banalité.
Votre Sainteté, vous aviez oublié...Wikileaks!
Prenez garde! Après cela, vous voici en passe de n'être plus le bon pape François, mais "François le cool! " Et ce n'est pas bon pour la foule ( misereor super turbam ).
Ces jours-ci vous vous portez vaillamment au secours des « migrants », comme ils disent. Comment pourriez-vous faire autrement? Et nous, simples chrétiens de base, humiliés, méprisés, par la gente médiatique, et par les puissants ( de profundis : Psaume 130 : https://www.youtube.com/watch?v=ZoYxYfMto_0 ) comment ne pourrions-nous pas nous sentir interpelés, par ce phénomène... « complexe », hautement politisé par des gens qui n'ont que sympathie pour l'islam, et mépris pour ceux dont vous êtes le Pasteur.
UMais un homme comme vous, de votre niveau, ne peut pas ne pas avoir entendu parler de la science de la subversion qui coupe et sape tout ce qui tient encore debout dans notre occident aussi flatulent que flageolant, et notamment « l'Eglise, Une, Sainte, Catholique, et Apostolique ».
A quoi tend cette stratégie de la dissociation des groupes encore consistants, sinon en les dissociant, à les détruire en jouant, subtilement de leurs valeurs que l'on a studieusement étudiés, mais pour les détruire? Les calciner après avoir soulevé en nous, les chrétiens, de l'opposition, entre chrétiens certes, mais plus perfidement, à l'intérieur de chacun de nous l'obscurité sur nos devoirs les plus clairs, et le malaise au plus intime de nos consciences. Un écrivain français a bien isolé ce virus mortel dans un livre à lire La tyrannie de la pénitence, aux éditions Grasset. Cet écrivain s'appelle Pascal Bruckner. Il avait préalablement fait sa traversée du délire, en y échappant, plus chanceux en cela que le fameux Orphée.
Dans les milieux d'enseignants, pour citer un autre exemple, « les agents subversifs utiliseront des valeurs reconnues, telles que le « libre épanouissement de la personnalité des élèves, la nécessité d'exercer leur créativité, le danger d'une discipline étouffante, l'utilité de la liaison école-vie, etc. » pour dresser un sous-groupe d'enseignants contre le reste du groupe qui pondérerait ces valeurs par d'autres valeurs telles que « le besoin de sécurité chez les élèves, la nécessité de l'ordre, la primauté des enseignements de base nécessaires à la réflexion et à la créativité ultérieures, etc. » Dans chaque milieu à démoraliser, la dissociation des valeurs sera exaltée, pour promouvoir seulement celles qui servent les buts des agents subversifs. Elle suivra une ligne originale de clivage. L'intérêt de cette technique vient de ce que les membres loyaux du groupe ne peuvent pas ne pas reconnaître ces valeurs comme valeurs, puisque ce sont réellement les leurs; or la promotion pratique de ces valeurs perd le contrepoids d'autres valeurs, et la table entière se désorganise. Le groupe, dans son ensemble, éprouve « un malaise », signe de sa désorientation et de sa décomposition. ( p. 95 et 96 de l'édition Bordas, du livre La Subversion, de Roger Mucchielli, philosophe et grand neuro-psychiatre. );
Et c'est la même tactique que l'on applique ces jours-ci, dans toute l'Europe. De notre héritage chrétien nous avons intériorisé cette valeur d'accueil que l'on peut résumer en ce proverbe « Fais bon accueil à l'étranger, car toi aussi tu seras étranger ».
Mais, la vertu de prudence, énoncée par Aristote, reprise et développée par Saint Thomas d'Aquin » ne nous incite-t-elle pas à regarder, analyser, juger, à la recherche d'un juste milieu.
Accueillir l'étranger, oui, mais sans oublier le prochain, le plus proche, notre frère de sang, notre fils, notre fille, les voisins, voisines, petits et petites de nos villes et de nos villages.
Et si, non plus l'abstraction « du MIGRANT », mais le concret de l'être charnel de notre "tribu" devait être lésé, gravement lésé, par l'afflux massif de migrants par centaines de mille, non plus des migrants idéaux, fruits de notre imagination travaillée par les propagandes, mais des migrants concrets, nullement gentils, faibles et désireux de s'intégrer, mais fiers, et conquérants : Allah akbar!
Nous en sommes là, VS ( votre Sainteté ) en ce point où, injustement peut-être ( sans doute ) quelques-uns d'entre nous se demandent si vous n'êtes pas vous-même abusé, enivré moins de l'amour de nos frères, que de l'amour de frères imaginés, et de l'amour un peu narcissique de vous même, ou de l'image de vous que l'on vous projette sur les écrans de la subversion, celle du « pape cool », et comme si la grâce qui est censée vous inspirer, suffisante en une théologie abstraite, ne suffisait pas, en réalité, comme l'écrivit jadis, autrement, un insolent polémiste, qu'en tant que jésuite vous ne pouvez pas ne pas connaître, un certain Blaise Pascal.
Oh! VS, il faut s'ouvrir pleinement à la grâce, suffisante, pour résister aux mirages des artificiers de la mort, analogues, ou associés à ceux si joliment dénoncés dans le film Matrix, libérateur et magnifique de Larry et Andy Wachowski, qui ne peut suppléer à, mais tout de même compléter une lecture sérieuse, et bien dirigée de nos Evangiles.
Oh! Votre Sainteté, prenez soin de vos ouailles, - de nous, des pauvres, des petits, - pas seulement de celles qui semblent seules avoir la cote en ces temps-ci, parce qu'elles viennent de loin, que la connaissance que nous en avons est en grande partie imaginaire et subtilement suggérée.
Suggérée comme presque tout en occident, par des médias nihilistes.
Voyez par exemple comment une image, une seule image, celle du petit Aylan mort noyé, de son petit cadavre, émouvant, c'est vrai, pour des chrétiens, ou d'anciens chrétiens qui le sont encore sans savoir d'où leur vient cette sensibilité particulière, comment donc, une seule image a suffi à détourner, des populations entières, du sens le plus élémentaire des réalités.
Or, sur le drame épouvantable, à nos yeux du petit garçon des informations ont exfiltré, qui donnent à réfléchir, mais ne sont pas répercutées par les menteurs, qui savent ce qu'ils font. Ce qui me donne l'envie, à laquelle je résiste, VS, de dire parodiant qui vous savez : « ne leur pardonnons pas, car ils savent ce qu'ils font »!
Voici l'une de ces exfiltrations :
Le père du petit Aylan était-il le passeur ?
« La photo du petit Aylan, retrouvé mort noyé sur une plage turque, a ému le monde entier. Le témoignage de son père est remis en cause par l'autre famille qui était à bord de l'embarcation. [NB : j'ai remplacé l'article initial par un autre, plus complet.]
"Le père du petit Aylan, retrouvé mort échoué sur une plage de Bodrum, dans le sud-ouest de la Turquie, et dont l'image a ému le monde entier, est-il responsable de la mort de son fils ? C'est ce qu'affirme une survivante du drame. Selon elle, Abdallah Kurdi était en fait un passeur.
Zainab Abbas, originaire d'Irak, a raconté à la chaîne de télévision australienne SkyNews qu'Abdallah Kurdi a manoeuvré le bateau tout au long du voyage pour arriver en Turquie. Elle précise qu'Abdallah Kurdi lui avait d'ailleurs été présenté comme étant le capitaine du bateau et c'est à lui qu'elle a versé l'argent pour la traversée.
Zainab Abbas raconte également qu'il conduisait trop vite et que tout le monde sur le bateau n'avait pas de gilets de sauvetage. « Il est devenu fou », se souvient-elle dans The Sydney Morning Herald, et son mari aurait d'ailleurs demandé à Abdallah Kurdi de ralentir.
La survivante rapporte même que ce dernier, au moment du naufrage et alors que tout le monde s'était retrouvé à l'eau, l'aurait implorée de ne pas le dénoncer : « J'ai déjà perdu ma femme et mes enfants, s'il vous plaît, ne dites rien à la police », aurait-il demandé.
Zainab Abbas a perdu deux enfants dans cette traversée périlleuse. [...]
Abdallah Kurdi s'est défendu dans les colonnes du Wall Street Journal, en maintenant sa version des faits selon laquelle il aurait pris les commandes du bateau après la fuite du capitaine pris de panique."
L'AFP a consacré une dépêche à l'enterrement des enfants Abbas, sans mentionner les accusations de leur mère contre M. Kurdi. ».
Voici, Votre Sainteté, ce que je voulais vous dire en cette supplique, humble, mais chrétienne, et donc dépouillée d'artifices, avec toute la déférence que je dois à votre position, et toute l'amitié fraternelle, et respectueuse, que je vous dois en tant que frère chrétien.
Soyez assuré de mon respect, et de ma prière attentive et fervente, pour que vous puissiez accomplir votre tâche si utile et difficile, mais nécessaire, de gardien du troupeau.
Daigne votre Sainteté m'accorder, vu l'intention bonne qui est la mienne, Sa Bénédiction Apostolique, et les grâces permettant la continuation de mes activités de Scrutateur à Son service, pour le service de Dieu, pour le maintien sur la terre, des conditions de survie active et bienfaisante, des Hommes de Bonne Volonté.
Le Scrutateur.
La fameuse photo du petit Aylan, a servi de moyen de subversion ( voir cans l'article ci-dessus. Son efficacité est partiellement dû à un détournement du SCRé qui subsiste encore dans l'âme européenne, devant la violation de certaines valeurs fondamentales. Ce troième cliché, montre ce qu'en fait Charlie-Hebdo, et explique qu'à aucun moment, en janvier 2015, Le Scrutateur n'a souscrit au "Je suis Charlie" de cette lèpre de la conscience.