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Le Scrutateur.

Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.

Figure : Le décès de Jean-François Rozan.

Jean-François Rozan est mort.

C'était un lascar.

Bien sûr j'entends ce mot au sens numéro 2 retenu par le dictionnaire Robert : « 

Homme malin, ou qui fait le malin (avec une nuance d'admiration ou de réprobation amusée) ».

Je n'entreprendrai pas de résumer la vie de cet homme, que je ne connais pour ses premières décennies que par le récit qu'il en a fait, tout à fait dans sa manière, tonitruante, et un rien provocatrice.

Pour ce qu'on en a dit, depuis hier soir, concernant la période guadeloupéenne ( à partir de la fin des années 1970 ) il est vrai que M. Rozan a contribué aux côtés de M. Lucien Bernier, ancien maire de Saint François ( et bien d'autres choses ), et de M. Amédée Huyghes-Despointes le « hobereau » comme disait J-F R ).

Oui, avec ces deux là, à leur côté, leur faisant bénéficier de son expérience internationale, il contribua à faire passer la commune de Saint François du statut de petit port de péche, voisin de l'usine Sainte-Marthe, à celui de ville balnéaire, dotée d'un casino ( évidemment ) d'un terrain de golf qui eut son heure de gloire, d'hôtels multiples, dont le sien, luxueux qui se targuait d'avoir reçu d'éminentes personnalités, dont quatre chefs d'Etat réunis en conférence internationale : MM. Giscard d'Estaing, Jimmy Carter, le chancelier Allemand Schmidt, le premier ministre britannique Callaghan.

Quelques années après, J-F Rozan, par goût des situations difficiles, par intérêt aussi, se trouva mêlé aux évènements graves qui secouèrent la Guadeloupe, et l'affrontèrent à un terrorisme, que les guadeloupéens de ces années là n'ont point oublié.

Je ne m'appesantirai pas sur le rôle, alors, de J-F R, parce que l'heure de « l'histoire » n'est pas encore venue, ( dégagée des passions partisanes ) et aussi parce que je n'ai pas l'intention de mener une polémique post mortem avec quelqu'un qui ne peut plus se défendre.

Toujours est-il que le propriétaire de l'Hôtel du Hamak, fut en relation étroite avec les indépendantistes des années 80, et les terroristes.

Sa version, est qu'il réussit à les « modérer », à éviter le pire, y compris l'assassinat de quelqu'un qui n'était pas encore connu sous le nom du Scrutateur. ( voir photographie ci-dessous où ledit scrutateur est désigné sous le nom « du plus faucon de tous les faucons », ( sic ), alors que je jouais, dans la même partie, un rôle différent du sien ( tel qu'il le proclame ).

Je ne m'appesantirai pas sur ces évènements, puisqu'ici, il s'agit pour moi, non de polémiquer, mais seulement de rendre hommage sans concession toutefois à la mode bénévolente des éloges mortuaires, dont notre défunt n'était pas, semble-t-il particulièrement friand.

Pour ceux que cela pourrait intéresser, je reproduirai ici quelques unes des passes d'armes que nous échangeâmes en 1987.

J-F Rozan disposait, alors, sur RCI d'une chronique hebdomadaire où la propagande indépendantiste roulait à ras bord ( du moins pour la vitrine ).

Une veille de Noël, tôt le matin j'entendis ( et enregistrai, je possède toujours l'enregistrement ) une chronique pour le moins choquante, que je reproduis ci-dessous ( les passages soulignés, en gras, l'ont été par LS ) :

 

EXTRAIT DE LA CHRONIQUE DE J.F. ROZAN DU 21 DECEMBRE 87

 

Extrait de la tribune, sur Radio-Caraïbe Internationale (RCI), le dimanche 21 décembre 1986 de M. Jean-François Rozan, directeur de l'hôtel de luxe «le Hamak» en Guade­loupe et représentant, habituel, du syndicat des hôteliers dans le dépar­tement.

 

« Adolescent, je me précipitais au pied de toutes les chaires ; j'allais partout: à la synagogue, à la mos­quée au temps du Ramadan, à l'église russe chaque fois que s'y donnait la somptueuse liturgie d'un enterrement,... à la cathédrale pour Noël. Les prêtres alors, étaient sou­vent imprécateurs, qui crachaient le feu. Si j'étais sûr que Monseigneur Cabo, Mercredi soir, monte en chaire pour vociférer contre les «fidèles infi­dèles, les mal-axes, les voués à Luci­fer», je serais recroquevillé tout petit au pied de son escalier.

De toutes façons c'est connu, je suis un maniaque des trêves, de tou­tes les trêves ; c'est insolite, car il faut se battre beaucoup plus dure­ment pour pousser à la trêve que pour pousser à la guerre ou à la répression.

Ici Noël ? C'est aussi insolite. Tout le monde est désemparé les gens de passage et même ceux d'ici !... Tout

le «monde» vient du froid. L'imagerie de Noël est bafouée : y a pas de flo­cons, y a pas de frimas, y a pas de fourrures... C'est pas Noël, quoi !... Aliénation quand tu nous tiens...

Pourtant, Noël en Guadeloupe c'est comme en Galilée : la nuit chaude, une case dans un bourg, deux vaches, trois cabris et les rois-'mages ; qui sont nègres pour donner raison à Sheik Anta Diop. On n'a jamais vu cette nuit-là tomber la neige ou les confettis !

A deux pas du lac Tibériade à deux pas aussi du Mont Tabor, une jeune fille plutôt benête, au point de s'être fait engrosser sans le savoir par un vieux paysan juif un peu cochon, a mis bas le plus grand résistant de tous les temps. Ce méchant môme, en prenant de l'âge, acquit de lui-même et de ses potes - Touchez pas à ses potes !- une certaine vision de sa terre ancestrale. Accédant à la rai­son, il entre de plain-pied dans la déraison ; son «Monde» alentour se mit à virevolter.

Son «Monde» où les Romains fai­saient leur Loi. Pas durement, puisqu'ils distribuaient les victuailles et qu'on roulait en char tiré par à peine un ou deux chevaux -pas sept ou onze-comme les nôtres- et qu'on

était bien protégé, par les centurions qui maintenaient l'ordre et répri­maient à peine.

Où les femmes, celles qui étaient belles surtout, participaient aux fêtes et, il y avait des sous quand même, étaient ornées de rutilants bijoux et parées de fringants atours. Le grand Chef avait même dépêché comme gouverneur un guerroyeur très intel­ligent qui avait, très vite, compris des tas de choses mais qui, après tout, était là pour faire la politique au nom de quoi on lui fait traverser la mer.

Jésus -puisqu'à l'approche de la trentaine, tout le monde se mit à l'appeler «Jésus» - décida avec sa petite bande de copains qu'il était vraiment pas bien dans sa peau ; avec tous ces Romains qui adminis­traient et réglementaient sans bien comprendre les gens de Galilée, avec leurs centurions et avec leurs chars. Il faut dire qu'il y avait aussi les per­cepteurs qui poussaient la bille un peu loin, car on avait beau trimer dur, on ne parvenait jamais a tout leur payer.

Et Jésus se mit à foutre le bordel partout ! Pas méchamment d'ail­leurs, c'était là sa force et son crime : Jésus était résistant, pas terroriste.

Il se répandait dans le peuple pour lui dire que son salut ne viendrait que de lui-même ; qu'il devait s'écarter des piliers craquelés qui ne soute­naient plus le temple (j'aime bien cette expression, j'en radote : cela fait la 3e fois en un mois que je l'uti­lise) ; qu'il devait refuser ces lois venues d'ailleurs, qui n'étaient pas dictées par son Dieu, Jésus disait: «soyez sobres, soyez vous-mêmes, écartez-vous de la tentation».

On comprend bien ces choses chez nous ; c'est comme la médita­tion transcendantale... ou les témoins de Jéhovah : vachement subversif ! Parce que ça peut faire prendre pour des rigolos, ceux qui

veulent qu'on les prenne au sérieux. C'est comme ça qu'avec 120 000 palestiniens inscrits sur les listes, il n'y en eut que 40 000 qui allèrent aux urnes.

La fin, tout le monde la connaît.

Comme Jésus foutait vraiment le bordel dans les esprits, on lui a percé des trous aux quatre coins et on l'a fait sécher comme un hareng ; une pute à ses pieds et deux loubards, à bâbord et à tribord. On ne l'aurait pas tué peut-être, s'il avait lui-même tué ; mais son crime était plus grave : il avait colporté la vérité !

Et une fois que Jésus le Juif, fut bien enterré, ceux qui l'avaient trucidé, décidèrent que, pou ries servir, il deviendrait le fils de Dieu. Ils s'approprièrent, sans bien la com­prendre, la foi de ce juif résistant et -c'est logique- se mirent à persécuter, siècle après siècle, les autres juifs et les autres résistants.

C'est comme ça que s'écrit l'his­toire...

Comme pour «Noël» on fait la trêve et qu'on ne doit pas parler de politi­que, il fallait bien, pour «Noël», que je raconte une histoire...).

 

Jean-François ROZAN.

 

Rozan m'agaçait souvent par ses diatribes. Mais nous vivons dans un pays de libertés, notamment d'expression. Je répondais comme je pouvais assez souvent. Cette fois, je trouvai qu'il avait passé la mesure, à cause principalement des passages soulignés. Je publiai par écrit sa chronique, et appelai à pétitionner pour réclamer de RCI la suppression de la chronique, ou au moins une réponse circonstanciée sur les ondes de je me chargerais, mais qui me fut refusée.

En une dizaine de jours, la pétition rassembla plus de quatre mille cinq cents signatures.

M. Rozan manqua de s'en étrangler. Il me répondit un autre dimanche sur RCI. Voici le texte de cette nouvelle chronique, suivi de ma seconde réponse.

Je publie ces textes, sans animosité post mortem contre mon antagoniste, parce que cette polémique sortit de l'ordinaire de ce genre littéraire ( du moins en Guadeloupe ) et de part et d'autre.

 

 

La réplique de J-F Rozan :

 

LES DIFFAMATIONS DE ROZAN ET NOTRE REPONSE

TRIBUNE DE

M. JEAN-FRANÇOIS

ROZAN

LE DIMANCHE

1" FEVRIER

SUR R.C.I.

Je n'étais pas à Eboli ; mais Jésus, chaque fois que je l'ai rencontré, m'a dit à l'oreille que l'homme doit savoir gravir les chemins escarpés, impas­sible et sans haine sous les crachats. Alors que nul n'attende que je réponde ici aux huit pages de cra­chats que m'a jetées M. Edouard Boulogne. La justice est là, pour juger et condamner. (1)

Mais sur un point, je ne peux gar­der le silence : M. Boulogne, pour mobiliser, s'est fait faussaire, truque mes mots ; pour ameuter, il coupe, tronque, fabrique un indécent col­lage (2). Pire encore, il écorche le cœur des croyants. C'est à eux, à eux seuls que je dois une réponse.

J'aurais aimé qu'il se souvienne de St-Thomas et qu'avant de juger, il demande des preuves. Les voici, avec respect.

Je n'ai jamais traité les fidèles de mal-axes, de voués à Lucifer, tout le contraire. Qu'ai-je dit ?

«Dans mon enfance, les prédica­teurs étaient souvent imprécateurs. Si j'étais sûr que Monseigneur Cabo, mercredi soir, la messe de Noël, allait vociférer contre les fidèles infi­dèles, les malaxer,- les vouera Luci-

fer, lui Mgr Cabo, je serais là, recro­quevillé tout petit au pied de son escalier». Recroquevillé tout petit, moi fidèle infidèle, pour qu'il me malaxe et me voue à Lucifer, toni­truant Don Camillo invectivant Pep-pone. M. Boulogne n'a pas d'excuse d'avoir ainsi truqué mon texte, car c'est moi qui lui ait communiqué le texte intégral, commençant par les mots : il est né le divin enfant. (3)

Benête, la Vierge Marie ? Mais voyons, M. Boulogne qui est profes­seur de philosophie, devrait le savoir! Le mot, qui vient de «beneite», est synonyme de benoît, qui veut aussi dire bénit avec un t, consacré.

Beneite, benoît, bénit, benêt ; les épîtres de 1545 en consacrent le sens. Benoît que tous les premiers Papes ont choisi comme prénom, car n'est-ce pas le Christ qui a dit : «Heureux les simples d'esprit, que les portes du Royaume leur soient ouvertes». «Encore qu'il n'ait pas dit les simples d'esprit ; il a dit, ce qui est mieux» les simples en esprit. Mais même lui, on déforme ce qu'il a dit.

Et l'autre pucelle, Jeanne, lâchée comme Jésus par les bourgeois, ne l'a-t-on pas glorifiée d'être simple d'esprit, benoîte, benête ? (4)

Et surtout, surtout, pour croire et faire croire au miracle immaculé, pour devenir par lui la mère de tous les chrétiens, ne faut-il pas baigner dans la simplicité bénite ?

Aussi je n'ai jamais dit «a mis bas d'un sale môme», quelle horreur! J'ai dit, oui, «a mis bas du plus grand résistant de tous les temps». (5)

Mais la jeune paysanne partu-riante sur les fagots qu'elle partage avec la vache et l'âne dans l'étable, la crèche de toutes nos enfances, renierait-elle d'avoir, dans sa sub­lime innocence, enfanté comme on le fait par la nature, dans une étable, du plus grand résistant de tous les temps ? N'est-il pas là, le miracle ?

Croit-on que les mots d'alors étaient ceux d'aujourd'hui ? Et encore aujourd'hui d'ailleurs, à la campagne, chez les gens simples, la jeune paysanne est grosse, pas enceinte ; grosse selon la loi de la nature. Ceux qui parlent d'obstétri­que, d'anesthésiste, de masque, de professeur de gymnastique, de crè­mes et d'onguents s'en offusquent ; moi pas. Il n'y a pas de simplicité en esprit qui s'éloigne de la nature : l'étable, c'est l'imagerie choisie par la chrétienté, il faut bien la cibler. (6)

Et plus loin que M. Boulogne pro­fane aussi dans ce qu'il m'en fait dire, le cantique à la solitude du Christ, l'accablant isolement sur la colline ; lâché par les marchands et les bourgeois et les usiniers d'alors, tapis au loin dans leur honte, sou­tenu du seul ami, Jean le fidèle et de la pécheresse, sans honte, elle, de son passé. Moi qui use des mots qui claquent, voulait-on que je dise «péripatéticienne» ? (7)

 

Et des deux loubards incrédules, ses copains en communion de tor­ture. Comme sont ses copains par le monde et par les siècles, tous ceux 'qui ont connu la torture, quelle que soit leur race, ou leur couleur.

Ils savaient, eux quatre qui l'accompagnaient au pied de la col­line, que si on le perçait aux quatre coins, si on le faisait sécher au soleil (autre mot tronqué par M. Boulogne) comme un hareng, c'est qu'il avait commis le pire des cri­mes : il avait colporté la Vérité. Je n'ai fait moi, le jourde Noël, que col­porter les deux images sacrées que l'Eglise a choisi de graver depuis vingt siècles dans la mémoire et le cœur des hommes : lorsque tout a commencé, la simplicité bénite dans l'étable, la vache, l'âne, la botte de foin ; et lorsque tout a fini pour que tout puisse vraiment commencer, l'élévation par la solitude infinie avec, pour seuls compagnons, l'ami fidèle, la pécheresse et les malfrats. Deux images, deux symboles, quatre acteurs : message éternel.

M. Boulogne n'était pas non plus à Eboli, mais il n'a pas dû souvent depuis rencontrer le Christ, sinon il saurait que les épines et les trous et l'isolement ineffable, ont été accepté par le Christ sous les cra­chats, pour qu'après lui, à partir de lui, l'Homme ne soit plus jamais lâche ou... faussaire. Grâce à M. Boulogne, j'ai pu deux fois célébrer Noël. On devrait faire ça plus sou­vent. Justice et Paix : on comprendra que je veuille cette semaine rester auprès de l'Eglise.

Justice et Paix, c'est le nom donné par le Vatican à la Commission Pon­tificale présidée par Mgr Etchegar-ray, qui vient, heureuse coïncidence, de décréter l'encyclique de 30 pages, intitulée : «une approche éthique au service de la commu­nauté humaine». L'encyclique me confirme, cette semaine, la main de Dieu peut-être, dans mes convic­tions militantes.

Combien de fois sur cette antenne, n'ai-je pas tempêté contre l'irrespon­sabilité de nos dirigeants et de nos banquiers, face au drame du tiers-monde ? Sur l'égoïsme des riches face à l'endettement des pauvres ?

Et voilà que l'encyclique de Jan­vier 1987 fustige le fond monétaire international, prône le démantelle-ment de tous les protectionnismes, exige que l'on valorise les matières premières de ceux qui n'ont qu'elles pour survivre. L'encyclique alerte sur les erreurs et les abus des gouver­nants, les inculpe carrément de cor­ruption, de spéculation monétaire, de fuite de capitaux, de bakchich dans l'attribution des contrats,

Je n'invente rien ; ce résumé est fidèle. L'encyclique résulte des dis­cussions engagées au sein de l'Eglise il y a un an, lors de la Confé­rence des évêques brésiliens sur -écoutez bien- la théologie de la libé­ration. Le Vatican n'y est pas allé avec le dos de la cuillère. Il a même fallu que, mardi dernier, Mgr Etche-garray nuance les critiques et les attaques de l'encyclique. Même Rozan n'aurait pas osé dire ce qui y est contenu !

Ce qui est extraordinaire, c'est qu'il n'y ait pas une ligne de l'ency­clique qui ne puisse s'appliquer ici. Je suggère à M. Boulogne, sans per­sifler, qu'il serait de salut public pour nous (et moi, ça m'éviterait bien des chroniques), , que le prochain numéro de Guadeloupe 2000 repro­duise, sans la déformer bien sûr, «Justice et Paix» l'encyclique du Vatican. (8)

Mais M. Boulogne ne le fera pas, car il est trop occupé à renier le Vati­can, à refuser la modernité de l'Eglise, à réfuter la loi de ses Souve­rains.

Je n'ai pas, moi qui ne donne pas dans le délit d'opinion, à contester son droit de soutenir tous azimuts le schismatique Mgr. Lefebvre mais je dois, pour conclure cette chronique, rendue trop longue par les circons­tances, remercier Dieu d'être venu cette semaine à mon secours une deuxième fois.

Mgr Lefebvre, vendredi, vient d'affirmer qu'il refuse la réconcilia­tion avec Rome qui lui avait, une fois de plus, tendu la main.

Mgr Lefebvre, dont M. Boulogne est l'apôtre guadeloupéen, dénonce la rencontre interreligieuse d'Assise qu'il estime être, je le cite, : «un scandale et un blasphème public» Je peux donc en toute sérénité m'aligner, moi, scandaleux et blas­phémateur, sur les Princes qui, à Assise, ont oeuvré pour la modernité de l'Eglise ; je suis en bonne compa­gnie.

 

Jean-François ROZAN

 

 

Réponse d'Edouard

Boulogne.

 

REPONSES A J.F. ROZAN

 

1. En effet et nous allons voir.

2. La seule réponse à cette accusa­tion de fabrication de faux était la rediffusion sur R.C.I de la causerie «sur Noël» du sieur Rozan. J'en pos­sède évidemment l'enregistrement. On sait que R,C.I s'y est refusé.

«

3. Rozan ne m'a jamais communiqué aucun texte. D'abord parce que je ne lui ai rien demandé, ensuite parce qu'il n'est pas assez sot pour attirer de lui-même mon attention (j'aurais pu en effet ne pas être à l'écoute de R.C.I le dimanche 21 décembre) sur son incontinence verbale et ses obs­cénités radiophoniques. Le texte publié dans Guadeloupe 2000 est la reproduction exacte des propos pro­férés ce matin là à deux détails près : les dix premières secondes de la causerie (le temps d'aller de ma cui­sine où je faisais du café jusqu'au magnétophone) et une erreur de transcription «les mais axés, les voués à Lucifer», au lieu de «les malaxer, les vouera...». Tout le reste est conforme. Je suggère à nos lec­teurs d'exiger de R.C.I la rediffusion de la cassette. Chiche !

4. Rozan veut jouer au plus fin, en recourant pour se sortir du mauvais pas où il s'est mis, à d'aventureuses acrobaties étymologiques.

S'il est vrai que «benêt» vient de .l'ancien participe passé «benoit» ou «beneit» (du latin benedictus = dire du bien), il est non moins certain que le sens de ce mot évolua très tôt pour prendre l'acception ironique et pé-jorative qu'on lui connaît de nos jours. J.F.R cite les épîtres de 1545. Mais dès cette époque le flottement du sens est perceptible... Le poète Marot en 1530 utilise l'expression populaire «benest» pour désigner un demeuré, un imbécile. Au 17ème siècle, le sens moderne est acquit. Molière dans «Les femmes savantes» (1673) fait dire à Clitandre :

«Son monsieur Trissotin me cha­grine, m'assomme. Et j'enrage de voir qu'elle estime un tel homme. Qu'elle nous mette au rang des grands et beaux esprits «un benêt dont partout on siffle les écrits. Un pédant...» etc.

Aujourd'hui, le petit Larousse est bien net : «Benêt = niais, dadais, sot».

D'ailleurs que disait Rozan le 21 décembre dernier de la vierge Marie : «Une jeune fille plutôt benête, au point de s'être fait engrosser sans le savoir par un vieux paysan juif un peu cochon, a mis bas...... etc.

Voilà qui est clair. On comprend pourquoi Rozan et ses amis de l'U.P.L.G. sont pour un usage de plus en plus exclusif du patois créole, y compris dans l'enseignement. Ces messieurs pourraient ainsi nous faire accroître ce qu'ils veulent. Les Qua­deloupéens cependant ne sont pas aussi benêts qu'ils le pensent.

5. Guadeloupe 2000 reproduisant l'étrange homélie de ce non moins étrange Révérend Rozan ne lui a jamais prêté l'expression de «sale môme» mais de «méchant môme». Dans Guadeloupe 2000 n° 119, page

6, 2ème colonne on lit (Rozan dixit) : «... a mis bas le plus grand résistant de tous les temps. Ce méchant môme...» etc.

Alors Rozan ! qui donc triche, tru­que, tronque, triture, trahit, dupe, berne, fraude, blouse, pipe, carotte, fausse et mystifie ? Qui donc ?

6. Quelle piété soudaine chez J.F.R. Notre numéro 119 aurait-il été le chemin de Damas de notre homme ?

Ne fermons aucune porte. Mais n'oublions pas Tartuffe... ou Rami-nagrobis.

De toute façon, pour nous, en Guadeloupe, «engrosser» est péjora­tif, et «mettre bas» se dit des vaches, des juments, des lapines, pas d'une femme, encore moins de la vierge Marie.

7. J'hésitais le mois dernier. La «pute» de J.F. Rozan était-ce la vierge Marie ? ou Sainte Marie-Madeleine ? ou une autre encore ? Dans St-Jean par exemple nous lisons : «Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère, la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie Magdala, Voyant sa mère et près d'elle le disciple qu'il aimait, Jésus dit à sa mère : «Femme, voici

ton fils». Puis il dit au disciple : «Voici ta mère». A partir de cette heure, le disciple la prit chez lui». (Jean : 19, 25-27). Cette fois le prédicateur dominical se fait plus précis : la femme visée est Marie-Madeleine. Lui qui aime les «mots qui claquent» ne pouvait tout de même pas dire péripatéticienne. Il en convient : «pute» exprimait bien sa pensée.

Ni l'un, ni l'autre cher Rozan. Quand le mois dernier, exaspéré par votre logorrhée, je vous ai traité de voyou ou de salaud, vous qui n'êtes ni fils de Dieu, ni vierge, vous l'avez pris de haut, parlant des crachats que je vous aurais jetés.

Je le constate, il y a des claques qui brûlent, et que vous n'appréciez pas du tout. Comme c'est humain ! Et puis, puisque vous admirez les étymologies, il en a une qui n'a pas changé et reste constante depuis l'antiquité : «pute» en effet vient de putere : puer. Un mot qui claque étrangement. Ne trouvez vous pas ?Bien entendu Guadeloupe 2000 parlera de Justice et paix, comme nous le faisons pour toutes les ency­cliques pontificales et les documents d'Eglise.

'II y a quelque temps j'ai même parlé de l'encyclique de Jean-Paul II sur le travail humain (Laborem exer-cens) sur R.F.O-Guadeloupe dans l'émission religieuse du dimanche et durant 3 semaines, en compagnie des pères Hamot et Gillot. Me voici donc bien à l'aise pour réduire à néant les sous-entendus du blasphé-mateurJ.F. Rozan. Il faut toutefois, ici encore, souligner le cynisme de cet incroyant notoire (pour lui le Christ n'est pas fils de Dieu et n'est qu'une invention des chrétiens persécuteurs de juifs) qui prétend jouer au père de l'Eglise.

9 Le diable est dit-on le prince du mensonge. Force est de constater que Rozan, qui ment sur ce point, comme sur tant d'autres, le fait cependant maladroitement et n'est qu'un diablotin.

Au sujet de Mgr Lefebvre j'ai eu plus d'une fois l'occasion de m'expliquer dans Guadeloupe 2000 et ailleurs. Il y a un an et demi j'ai déploré un excès de sévérité à son égard de la hiérarchie de l'Eglise en Guadeloupe. En effet à l'heure où à

Assise par exemple, autour du pape se réunissent des sensibilités reli­gieuses aussi diverses que celles du protestantisme, de l'hindouisme, des indiens Sioux, etc, pourquoi ne réserver l'anathème qu'à un vieil évêque qui, indiscipliné et maladroit n'en est pas moins fidèle à la foi de son baptême et d'ailleurs pose de vraies questions ? Aussi bien ce n'est pas Jean Paul II qui lui jette l'anathème, multipliant au contraire les tentatives de rapprochement dont il faut espérer que Monseigneur Lefebvre bien conseillé finira par les entendre.

Car depuis quelque temps l'Eglise catholique, à son sommet, a com­mencé de redresser la barre, un moment déréglé par des éléments troubles. En tout cas je remercie monsieur Rozan de m'avoir conduit à rappeler ma fidélité au trône de St-Pierre et à son représentant en Gua­deloupe Monseigneur Cabo.

Jean-François Rozan termine sa médiocre tentative de justification du fer février en prétendant s'aligner sur ces princes religieux, réunis à Assise. Je suis disait-il, en bonne compagnie».

Je ne suis pas certain que la réci­proque soit vraie.

 

Edouard Boulogne.

 

Voici chers lecteurs, les éléments d'une polémique qui ne déplut à aucun des antagonistes, ( sauf sur la question du fond ), car le flamboiement des épées est une joie quand l'adversaire est de bonne pointure. .

La dernière fois que je vis M. Rozan, c'était à RFO en 2006, à l'occasion d'une table ronde sur le soixantième anniversaire de la départementalisation. Arrivés tous les deux à l'heure ( donc en avance dans notre pays de Guadeloupe ) nous eûmes le temps « d'échanger » comme on dit.

Je le revois, mi figue, mi raisin, de sa voix grave, plutôt rauque, me disant : «  vous ne devriez pas me poursuivre de votre ire. Car c'est moi qui ait convaincu ...R, de vous rayer de la liste de ceux qui devaient être assassinés en 1986, où vous figuriez en tête ».

Sur le même ton, je l'en remerciai.

Les vrais polémistes, même de bords opposés, ont parfois de ces pudeurs!

J'aime à croire que J-F R, là où il est a trouvé la paix. Que des casinos y rallient des « joueurs » de bords jadis opposés, qui aux résultats ne versent plus, parfois, de larmes de sang, parce tout, là-bas est gratuit, absous, excusé, pardonné.

 

Le Scrutateur.

 

 

Figure : Le décès de Jean-François Rozan.
Figure : Le décès de Jean-François Rozan.
Figure : Le décès de Jean-François Rozan.
Figure : Le décès de Jean-François Rozan.
Figure : Le décès de Jean-François Rozan.
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P
visiblement c'était un sacré numéro
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