Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.
21 Septembre 2011
(Dessin de Pancho, dans France Antilles.)
« Plusieurs jeunes, dont des élèves, ont saccagé, hier, le Lycée Bertène-Juminer. Ils protestent contre le port des cheveux courts au sein de l'établissement. Les gendarmes ont du intervenir. Les cours devraient reprendre vendredi « sous certaines conditions ». ( in Dom-Actu du 21 septembre 2011 ).
La commune du Lamentin a été, hier, l'objet de désordres, et de violences, sans commune mesure avec l'objet du mécontentement des jeunes fauteurs de trouble ( non pas LES élèves, mais DES élèves, renforcés par DES étudiants membres d'un mouvement « Les rebelles ».
Vitrines brisées, personnes de la commune, et de l'établissement scolaire prises à partie, etc.
Tous ceux qui observent le déroulement de la vie scolaire, du moins dans les établissements d'enseignement public, s'inquiètent de la dégradation de la situation chez les jeunes ( voir notamment l'article paru ici même sous la signature de Dolto : http://www.lescrutateur.com/article-la-violence-des-jeunes-en-guadeloupe-par-dolto-55225708.html ).
Tenue vestimentaire négligée, voire provocante, harcèlement du corps professoral par des adolescents irascibles, souvent avec la complicité de leurs parents, peu d'ardeur au travail, conçu comme un pensum; tout cela culminant dans des bouffées quasi délirantes comme celle d'hier au Lamentin.
Le but de ce court article n'est pas de donner dans les poncifs sur « la jeunesse d'aujourd'hui qui ne serait plus ce qu'elle était » etc, etc.
Il n'est pas de sonner le tocsin, comme si l'heure était arrivée de l'Apocalypse;
Mais ces faits sont des conséquences d'une ambiance générale où nous avons tous notre part.
La vérité est que ces jeunes perdus (ils ne le sont pas tous, mais tous sont menacés par une pourriture que personne n'ose nommer, peut-être parce que beaucoup, s'y sont habitués, et s'en réclament, idéologiquement, sans même en avoir conscience ) sont le reflet d'une société fille de l'anarchique idéologie de mai 68 ( à laquelle nous allons consacrer bientôt un ou deux articles ).
« Il est interdit d'interdire » lisait-on sur les murs de la Sorbonne en 1968.
Nous y sommes, exigez une tenue correcte de vos élèves et vous serez traité de réactionnaire, fasciste, ringard, que sais-je?
D'ailleurs, les parents de nos ados, et leurs professeurs eux-mêmes, quel exemple donnent-ils? Il ne me semble pas que ce soit le bon. Il est vrai que ces parents ou profs sont au maximum quinquagénaires, c'est à dire fils et filles de mai 68. comment pourraient-ils exiger quoique ce soit de leurs petits, quand ils sont incapables, très souvent de se l'imposer à eux-mêmes?
Un gouvernement a t-il la velléité d'imposer chaque jour, une leçon de morale comme cela se fit autrefois, et même naguère? Aussitôt des syndicats d'enseignants se dressent pour dénoncer les arrières pensées dominatrices de ce qu'ils appellent « l'ordre bourgeois ».
Ce rappel d'évidence palpables me vaudra d'être traité de réactionnaire. Mais pour un comme moi, qui s'en fout ro-ya-le-ment, combien vont s'écraser? Vivons nous dans une société du courage? Il me semble que la réponse va de soi, et que la préciser serait pléonasmique.
« Jouissez sans entraves », « Sous les pavés, la plage ». Encore deux slogans soixante-huitards.
Ce sont ceux qui sont à l'oeuvre dans nos écoles, et dans la société tout entière.
Ceux qui se plaignent et geignent ne sont pas des gens honnêtes, car quand on sème le vent, il faut s'attendre à la tempête.
Pourquoi les jeunes, d'ailleurs, se mettraient-ils martel en tête quand on laisse filer les choses, quand on n'appelle plus à assumer les conséquences des ses démissions, de sa paresse, de son impéritie?
Je me souviens d'une jeune fille, de mes élèves, qui, en 2005, après que je lui eus reprochée, à elle, et à plusieurs autres le manque de travail, d'efforts : « A ce compte là, vous n'aurez pas votre bac ».
« Nous l'aurons,monsieur, nous l'aurons! »me répondit-elle, sur un ton proche de l'exaspération.
Et, de fait! D'ailleurs, nos Lamentinois turbulents, d'hier, ils l'auront aussi.
La réussite au bac va devenir un droit, et pour les correcteurs d'examen « un devoir citoyen ».
La »citoyenneté » dont se gargarisent tous les jours les imbéciles ( et les politiciens, de droite et de gauche, qui eux ne sont pas tous des crétins, mais, assurément des démagogues irresponsables ) , est en train de devenir l'exigence de faire tout, et n'importe quoi, sans assumer les conséquences.
( Un type d'ouvrage qui ne s'adresse pas seulement à des profs, de toutes les disciplines, à tous les niveaux, mais aux parents - ce qui suppose un effort pour
s'informer, se former, car sans FORME comment pourrait-on former"?- à tous les éducateurs ).
Je relisais récemment un petit ouvrage de Georgette J.J Bernard sur La méthode Montessori ( éditions Desclée de Brouwer ) .
L'auteur cite Maria Montessori, notamment ce passage, qui date de 1957, et qui pourtant est à dix-mille lieues de nos pédagogues, ou pédagogistes actuels : « La discipline est la règle de toutes les choses supérieures. Mais il faut être supérieur soi-même pour la posséder. Ce n'est pas en édictant des lois qu'on peut donner la vue aux aveugles. L'ordre et la religion ne s'enseignent pas par les armes. On ne peut pas préparer un peuple à l'ordre en obligeant les petits enfants à obéir aveuglément, mais en leur enseignant à s'élever au-dessus d'eux-mêmes ».
Évidemment, si nous devions nous livrer à une étude critique approfondie de ce texte, nous pourrions trouver matière à le contester sur tel ou tel point.
Mais quelle distance avec les miasmes idéologiques de la société actuelle et de son école.
En quelques lignes Montessori prononce des mots d'une importance majeure, mais qui sont réactionnaires pour les maîtres d'oeuvre du marasme dans lequel nous barbotons : « discipline », « êtres supérieur », « ordre et religion » ( horresco referens!!!) « s'élever au-dessus de soi ».
La grande pédagogue italienne, une « femme de gauche » pourtant à son époque, serait, par ce recours à la notion « d'ordre » comme concept central d'une assomption positive de l'être individuel, ou social, comme une infâme réactionnaire.
Peu importe les insultes des tourbes anarchistes.
Lecteurs amis, êtes-vous disposés à vous informer, à agir concrètement contre les agents de décadence? Alors faites-le. Sinon cessez de geindre.
Une occasion prochaine, en 2012, de donner un avertissement : ne votez pas simplement « utile », ou par habitude. Donnez vos suffrages à ceux qui montreront des convictions vraies, et qui diront ce que vous pensez, non pour les bateleurs, de quelque bord qu'ils soient.
Par exemple à propos de ce dont je viens de vous entretenir.
Edouard Boulogne.
BONUS :
Un texte d'actualité de Platon.
Lorsqu'un Etat démocratique dévoré d'une soif ardente de liberté,est gouverné par de mauvais échansons qui la lui versent toute pure et la lui font boire jusqu'à l'ivresse,alors,si les gouvernants ne portent pas la complaisance jusqu'à lui donner de la liberté tant qu'il veut, il les accuse et les châtie sous prétexte que ce sont des traîtres qui aspirent à l'oligarchie. Il traite avec le dernier mépris ceux qui ont encore du respect et de la soumission pour les magistrats; il leur reproche qu'ils sont des gens de rien,des esclaves volontaires(.....). Se peut-il que dans un pareil Etat la liberté ne s'étende pas à tout? L'esprit de liberté pénètre dans l'intérieur des familles, les pères s'accoutumant à traiter leurs enfants comme leurs égaux,et même à les craindre,les enfants s'égalant à leurs pères et n'ayant pour eux ni crainte ni respect. Il pénètre dans l'éducation, les maîtres craignant et ménageant leurs disciples, et ceux-ci se moquant de leurs maîtres et de leurs gouverneurs. Il s'étend aux relations de mari à femme et de femme à époux. Il s'étend en vérité jusqu'aux animaux : les chevaux et les ânes accoutumés à marcher tête levée et sans se gêner heurtent tous ceux qu'ils rencontrent si on ne leur cède le passage.
PLATON.