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1 Novembre 2011
( Scrutateur en rogne ).
Depuis plusieurs semaines, après l'avoir lu, et trouvé de bonne facture, le dernier en date des romans de madame Maryse Condé : En attendant la montée des eaux ( Chez JC Lattès ), je m'apprêtais à lui consacrer un article laudateur et mérité. J'ai déjà célébré les mérites de cet écrivain ( point « vaine », malgré la syntaxe décadente de notre basse époque ), à plusieurs reprises, comme en témoignent les archives du journal Guadeloupe 2000, ou du Scrutateur, ceci malgré nos sensibilités bien différentes sur divers plans.
Et puis les jours passaient, le livre demeurant sur ma table, accentuant de plus en plus ma mauvais conscience.
Certains de ceux qui me connaissent ne manqueront pas d'attribuer cette sécheresse de plume à ces périodiques accès de paresse invincible qui s'emparent de moi en accentuant le vertige de la page blanche comme chez tant de gens de plume.
( Madame Maryse Condé )
Il n'en était rien pourtant. J'étais plutôt retenu par un secret instinct.
L'instinct ne trompe pas toujours. De fait madame Condé, la semaine dernière, sous les ors des palais monarchiques, réquisitionnés par la République, a été décorée de la Croix de Grand Officier du mérite National.
Madame Condé n'aura pas d'article du scrutateur. Non que je lui dénie des mérites ;littéraires avérés, et certains autres, peut-être, dont je ne parlerai pas, car je ne la connais pas en personne.
Mais lors de la fête louangeuse donnée pour l'occasion, entourée de ses amis, Maryse Condé a cru bon de déclarer : « Je suis née indépendantiste, je mourrai indépendantiste. Mais j'aime bien la France... » etc. Merci pour la France !!!
Et moi qui croyait que la croix du mérite national, était une croix du mérite national français.
En un sens, remarquez bien, d'un point de vue mercantile et mondain, elle n'a pas tout à fait tort. Car, dans le domaine littéraire et artistique, dans ce que les esprits légers appellent « le culturel », pour être primé (e), loué (e), chouchouté (e), il convient de cracher dans la soupe.
Madame Condé le sait, n'est pas la seule à le savoir.
Comme disait Fénelon déjà, à la fin du XVII ème siècle, pour être récompensé (e) que faut-il? « des services, des talents? Bah! Soyez d'une coterie ».
Tout est dit, depuis qu'il y a des hommes... et des Français.
Maryse Condé ne me le pardonnera peut-être pas ( quoique très probablement elle s'en...fiche, des hauteurs de l'Olympe où elle plane), je ne suis pas doloriste, et je dis, je lui dis « Basta! ».
( Le dernier en date des romans de Maryse Condé. Une ouvre intéressante, malgré...lisez-le.....si vous voulez ).
Et peut-être ne suis-je pas le seul, si j'en juge par sa plainte de n'être pas appréciée par ses compatriotes guadeloupéens.
C'est peut-être, aussi, la cause du fait que, bien que lisant beaucoup d'ouvrages d'écrivains antillais, j'en écris, et parle finalement assez peu. Et je ne suis certainement pas le seul dans ce cas.
Quand nos compatriotes écrivains accepteront-ils de dissocier leur art (parfois subtil ) de leurs prises de partie politiciennes ( quelles que soient celle-ci? ).
Quand, songeront-ils à plaire à leurs compatriotes des îles, avant que de complaire, non pas aux parisiens, mais aux petites coteries parisiennes d'un quartier de la rive gauche, entre la Seine et le boulevard Saint-Germain?
Telle est la raison de ma lenteur à parler ( et finalement de pas parler ) de la montée des eaux, raison littéraire et morale ( si j'ose me servir de ce mot déplacé ), non raison d'ostracisme personnel.
Faut-il désespérer de voir nos écrivains s'élever à une authentique considération de la nature et de la finalité de l'art?
Il ne faut jamais désespérer. Une nouvelle génération s'annonce. Peut-être sera-t-elle plus libre et plus authentique? Peut-être saura-t-elle se préserver de la capture de ceux de la génération qui passe, dont je dis qu'elle est atteinte du complexe d' Hérode, ce souverain juif du 1er siècle de notre ère, qui voulut égorger Celui dont on disait, dans le peuple, qu'il lui ravirait son trône.
Edouard Boulogne.