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2 Juillet 2017
Certains mots ont en nous une résonance étrange. Par exemple, et dès l'enfance, ceux de « secret » et de « complot ». Innombrables sont les romans, les bandes dessinées destinées à l'enfance ( mais pas seulement ) qui portent ce titre Le secret de la montagne noire, ou Le secret de Ker Aven, etc.
Il en est de même pour le complot. De mystérieux conspirateurs sont sensés se réunir en quelque lieu...secret pour conspirer. Les jésuites, les Francs maçons, l'Opus dei, les …..Juifs ( !! ) fourbissent leurs armes pour asservir les esprits, poursuivre des fins peu avouables.
Il y a quelques années, un roman à succès américain Le Da Vinci code, plaçait une congrégation catholique l'Opus dei, précisément, au coeur d'une conspiration diabolique et meurtrière qui devait ( entre autres choses) faire disparaître les preuves que Sainte Marie Madeleine avait été la maîtresse du Christ dont elle aurait eu plusieurs enfants. J'ai vu des personnes mures, en principes dotées d'une certaine instruction adhérer à cette thèse avec une ardeur aussi exceptionnelle que « naïve » et suspecte. C'est que nous sommes volontiers enclins à clouer au pilori ceux que nous n'aimons pas.
En politique, certains adoptent pour les mêmes raisons, et souvent par paresse intellectuelle, la croyance selon laquelle des groupes de financiers sont à la manoeuvre pour prendre la direction du monde, par des moyens fort peu...catholiques ( dira le catholique que je suis ).
Il y a une hygiène de l'esprit à observer pour ne pas donner tête baissée dans n'importe quelle fumeuse hypothèse.
La revue Hérodote.net publie un article utile sur ce sujet, que je reproduis à votre intention.
Cela dit, s'il ne faut pas voir des complots partout, il ne faut pas non plus croire aveuglément ceux qui démystifient à tour de bras, et avec une telle vigueur qu'on est en droit de les soupçonner d'avoir quelque chose à cacher sur leurs activités.
Car évidemment, les hommes cherchent à influer sur les autres. Les plus doués regroupent autour d'eux d'autres moins doués et plus crédules pour les faire servir à leurs ambitions. Ce n'est pas le raisonnement et l'argumentation qui sont la base de leur projet mais la persuasion clandestine, l'action psychologique subreptice. L'action politique est au coeur de tels projets. Et sans adhérer à l'idée du « complot » tel qu'en parle la revue Hérodote, sans se représenter les complots selon l'imagerie naïve des journaux d'enfants ( voir l'image, ci-contre, extraite d'une aventure de Tintin ), il faut être conscient que certains nous voient comme de bonnes poires manipulables à leurs profit. S'il ne faut pas voir des complots partout, on peut admettre cependant que des puissances financières colossales, de garndes banques d'affaires aux moyens énormes peuvent mener des actions concertées, des lobbies d'influence. Et le nier ne serait plus une marque d'intelligence mais de... niaiserie.
Des chefs d'entreprises de grandes dimensions, des partis politiques, cherchent à nous influencer, à nous enrégimenter. Ils sont, comme la Franc-Maçonnerie ( où le « secret » joue un rôle important dans leurs statuts ), - et n'en déplaise à la revue Hérodote, - à l'origine de groupes d'influence, qui pour ne point porter sur le crane de cagoules comme dans Les cigares du pharaon, n'en cherchent pas moins à nous « posséder » en des lieux où ils placent leurs agents d'influence, comme dans les médias par exemple.
En être conscients n'est pas être crédules, et obsédés des théories dite du complot. C'est tout simplement développer, entretenir l'esprit critique indispensable dans une société civilisée.
J'ai choisi quelques images pour illustrer l'article. Notamment des pages d'ouvrages qui traitent profondément de la question.
Par exemple des pages de l'illustre écrivain et journaliste Jean-François Revel dans son livre La connaissance inutile, ou encore de ce grand professeur à Sciences-Po, Raoul Girardet, dont l'ouvrageMythes et mythologies politiques ( P-U-F ) consacre son premier chapitre au sujet qui nous intéresse, sous le titre La conspiration.
Le Scrutateur.
https://www.herodote.net/histoire/synthese.php?ID=2121&ID_dossier=468
Y aurait-il un mouvement de panique face au complotisme ? Gouvernement et médias, qui s'estiment légitimes pour transmettre l'information, voient leur crédibilité battue en brèche par des thèses fantaisistes sur tout et n'importe quoi. Comment faire pour retrouver cette capacité à informer l'opinion, voire à la manipuler, sans laquelle le pouvoir politique entre en déliquescence?
Depuis les attentats de 2015 et l'accélération des départs de jeunes pour ledjihad, le gouvernement français multiplie les initiatives : colloque organisé par l'Éducation nationale sur le thème, « Comment faire face au complotisme ? », campagne avec le youtubeur Kevin Razy, création d'une page web « on te manipule.fr », séminaire du SIG (Service d'information gouvernementale). Même chose en Belgique et dans les démocraties menacées par le terrorisme.
Le complotisme ou « théorie du complot » semble en recrudescence depuis les attentats du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center et le Pentagone.
Une recrudescence qui coïncide avec la guerre déclenchée par les islamistes radicaux contre le reste du monde, mais aussi avec l'explosion d'Internet et des réseaux sociaux, le tout sur fond de crise économique (crise boursière en 2000, crise des subprimes en 2008). Les réseaux jouent un rôle d'accélérateur en mettant quasi instantanément à la disposition des foules des informations qui, auparavant, auraient été diffusées lentement et sous le manteau.
La crise économique, en multipliant les déçus du système, contribue à la perte de crédibilité des experts et amène à chercher ailleurs que dans la vérité officielle l'explication des événements.
Ainsi, jamais aucun avion ne se serait écrasé sur le World Trade Center et sur le Pentagone. Ils auraient été dynamités par la CIA et le Shin Beth dans le but de s'emparer du pétrole du Moyen Orient et de pousser l'Occident à entrer en guerre contre les musulmans.
Les attentats de Paris et de Bruxelles ne seraient que la suite logique de ce vaste complot américano sioniste, appuyé par ses vassaux occidentaux contre l'Islam en général, et les Arabes en particulier.
L'on croit également pouvoir affirmer que le parcours de la manifestation du 11 janvier 2015 reproduit la carte de l'État d'Israël, comme si les véritables instigateurs des attentats avaient voulu signer leur forfait ?
La démarche complotiste est toujours la même : tous les faits ont une cause humaine, même les plus naturels : un tsunami sera ainsi attribué à une expérimentation d'armes nouvelles plutôt qu'au mouvement imprévisible des plaques tectoniques. Les gouvernements et ceux qui les manipulent cachent toujours les vraies causes, la plupart du temps inavouables. Leur intention est toujours mauvaise.
Ainsi l'épidémie du virus Zika qui se répand en Amérique Latine serait en réalité le résultat d'une guerre bactériologique menée par les États-Unis pour stopper l'immigration chez eux et consolider leur domination sur le continent.
Enfin, tous ces complots sont l'œuvre d'un petit groupe secret qui aspire à gouverner le monde et à réduire les individus en esclavage : Trilatérale, francs-maçons, Juifs, complexe militaro-industriel américain, grand capital, extra-terrestres reptiliens…
Ceux qui propagent ces fadaises énoncent des faits jamais vérifiés dont la seule accumulation vaut preuve. Ils soulignent des coïncidences « étranges » qui n'en sont pas car, pour un complotiste, rien n'est jamais dû au hasard.
Ils chargent leurs contradicteurs de prouver qu'ils ont tort et dénoncent comme imposteurs et liés au complot ceux qui nient leurs thèses : puisqu'ils nient avec une telle véhémence, c'est bien la preuve que c'est vrai, expliquait Hitler dans Mein Kampf à propos du prétendu complot juif révélé dans Le Protocole des Sages de Sion, un faux fabriqué par des policiers tsaristes.
Car si le complotisme est particulièrement vigoureux à l'ère de l'Internet, c'est un phénomène aussi vieux que l'histoire humaine. Lorsqu'en l'an 64 de notre ère, Rome est détruite par un incendie, le peuple commence par accuser l'empereur Néron d'avoir voulu détruire la ville. Celui-ci retourne la vindicte populaire contre les chrétiens.
Ni lui, ni ceux qu'il a livrés au supplice n'étaient coupables, mais il fallait, à la fois donner du sens à l'événement que la seule insalubrité de la ville eut pu expliquer, et canaliser la soif de vengeance de la foule.
De ce moment-là, autour de la Méditerranée, à chaque crise, les Juifs vont être désignés comme le « peuple comploteur » par excellence. Ainsi sont-ils massacrés avec l'aval du roi de France en 1321, sous l'accusation d'avoir empoisonné les puits et les fontaines avec le concours des lépreux, en vue de dominer le monde !
C'est le phénomène du bouc émissaire, théorisé par René Girard dans son ouvrage La violence et le Sacré : chargé de tous les péchés de la société, il est sacrifié pour permettre, par un effet de catharsis, de canaliser la violence inhérente aux sociétés humaines. C'est en substituant le tous contre un au tous contre tous que l'humanité peut, selon lui, échapper à la pente naturelle de son autodestruction.
Le malheur, c'est que dans l'histoire occidentale, ce « un » fut souvent collectif. De Néron à nos jours, ce furent presque toujours les Juifs, solidaires, discrets, travailleurs et efficaces. Autant de caractéristiques propres à susciter inquiétude et jalousie.
Cette constante de l'Histoire ne s'explique pas seulement par la sociologie des foules et leur prétendue tendance naturelle à s'entretuer. Il n'y aurait pas autant de complotisme s'il n'y avait tant de complots inventés par les États. Les gouvernements ont beau jeu de s'étonner de ne plus être crus après avoir tant menti.
De la conjuration de Catilina à Rome en 63 av. J.-C. au vrai-faux coup d'État d'Alger du 13 mai 1958, en passant par le « Popish Plot » de 1678 à Londres par lequel les monarchistes font croire à un complot catholique contre le roi, l'Histoire est tissée de vrais et faux complots qui visent à la conquête du pouvoir ou l'élimination des opposants.
Comment être surpris que les Américains soient la cible de tous les soupçons quand le secrétaire d'État de George Bush, Enoch Powel, brandit en pleine séance du Conseil de Sécurité de l'Onu une fiole censée contenir de l'anthrax, preuve forgée de toute pièce pour convaincre l'opinion mondiale de la possession d'armes bactériologiques par l'Irak ?
Cet énorme mensonge d'État, si dramatique dans ses conséquences, n'est pas le premier (...).