28 Septembre 2011
L'inculture de la classe médiatique qui est censée informer les auditeurs, téléspectateurs et lecteurs français est sans bornes. On nous dit que c'est la première fois, sous la cinquième république, que le Sénat sera de gauche, et son président un homme de gauche.
Cette page rappellera une vérité élémentaire. M.Gaston Monnerville, un antillais, né en Guyane, présida de longues années l'institution sénatoriale.
Il est vrai que M. Monnerville avait l'amour sincère de la France, et qu'il ne patrôna pas les errements d'une gauche post soixanthuitarde dont les turpitudes sont en train de détruire les fondements même de la France, et même de la république.
Le scrutateur;
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Gaston Monnerville
est né le 2 janvier 1897 à Cayenne. Excellent élève du collège de Cayenne, il est reçu, en 1912, au concours des Bourses métropolitaines et vient à Toulouse pour y achever, au Lycée
Pierre de Fermat (Hôtel Bemuy), ses études secondaires comme boursier du Gouvernement.
Etudiant aux facultés de Lettres et de Droit de Toulouse, il passe à la fois sa licence ès lettres et sa licence en droit avec félicitations du jury. C'est également avec félicitations du jury qu'il est reçu, en 1921, docteur en droit, après avoir soutenu une thèse sur "L'Enrichissement sans cause". Celle-ci est honorée d'une souscription du ministère de l'Instruction Publique et primée, la même année, au concours des Thèses. Dès 1918, Gaston Monnerville s'inscrit au barreau de Toulouse. Reçu, en 1921, au concours des Secrétaires de la Conférence, il obtient la médaille d'Or "Alexandre FOURTANIER " qui récompense l'un des meilleurs Secrétaires. A ce titre, il prononce, à une séance solennelle de rentrée, un discours remarqué sur "La Critique et le Droit de Réponse". Gaston Monnerville quitte Toulouse et s'inscrit, en 1921, au barreau de Paris. Il entre bientôt au cabinet d'un célèbre avocat et homme d'Etat, César Campinchi, dont il sera, pendant huit ans, le principal collaborateur. En 1923, il est reçu au concours des Secrétaires de la Conférence des Avocats, à la Cour d'Appel de Paris. En 1927, il est élu Président de ]'Union des Jeunes Avocats.
Gaston Monnerville
plaide plusieurs grands procès. Et surtout, il s'illustre, à l'âge de 34 ans, en 1931, dans l'affaire " Galmot ". Inculpés
après l'émeute provoquée en 1928 par la fraude électorale et par la mort suspecte de Jean Galmot, quatorze Guyanais sont traduits devant la Cour d'Assises de Nantes. Avec Fourny, Zévaes
et Henri Torres, G. Monnerville assure leur défense. Sa plaidoirie produit un effet considérable sur les jurés qui se prononcent pour l'acquittement.
En 1939, Gaston
Monnerville est un parlementaire âgé de plus de quarante ans et d'apres les termes de la loi sur la Nation en temps de guerre, il n'est pas mobilisable. Avec quatre de ses collègues, il
fait prendre un décret-loi, signé Daladier, qui prévoit une exception et, aussitôt, il s'engage dans la Marine. Il sert, comme "Officier de Justice", sur le cuirassé
"Provence", dont la croisière de guerre se termine tragiquement à Mers-el-Kebir. En 1945, le Gouvernement provisoire de la République appelle le Président G. Monnerville à la présidence de la Commission chargée de préparer le futur statut politique des Territoires d'Outre-Mer. C'est de cette Commission qu'est sorti le cadre constitutionnel de l'Union Française et, pour la première fois dans l'histoire, la représentation au Parlement de toutes les populations de l'Outre-Mer français.
Elu pour la
troisième fois député de la Guyane à l'Assemblée Constituante, le 21 octobre 1945, son mandat est renouvelé le 2 juin suivant, à la deuxième Assemblée Nationale Constituante.
En septembre 1962,
Gaston MONNERVILLE est au premier rang de ceux qui s'opposent au référendum instituant l'élection du Président de la République au suffrage universel. Il est réélu Président du Sénat le 2
octobre 1962 et encore le 2 octobre 1965. Gaston Monnerville a été aussi le délègué de la France en 1937 à la Conférence du Pacifique, puis en 1946 à l'Assemblée des Nations Unies. Le Président de la République et le Gouvernement lui demandèrent, en 1980, de représenter la France en Haïti à l'occasion du bicentenaire de sa capitale et lui confièrent, en 1957, une importante mission diplomatique en Amérique latine. Sa longue expérience de la vie politique et du droit constitutionnel le mena tout naturellement au Conseil Constitutionnel où Alain Poher, son successeur à la présidence du Sénat, le nomme en mars 1974, et où il siégea jusqu'en mars 1983. Gaston Monnerville était également un écrivain réputé à qui l'on doit, outre de nombreuses études et articles politiques concernant les institutions démocratiques et parlementaires en général, diverses oeuvres importantes. En mai 1968, il publie un ouvrage sur Georges Clémenceau. Puis viennent, en avril 1975, un premier volume de souvenirs : " Témoignage ", " De la France Equinoxiale au Palais du Luxembourg ", bientôt suivi, en avril 1980, d'un second " Vingt-deux ans de Présidence ".
Gaston MONNERVILLE décède le 7 novembre 1991. Le 24 février 1950, visite en Guyane de M. Le Président du Conseil de la République, M. Gaston Monnerville Extrait de l'article du journal "Paralleles 5" d'avril 1950 :
24 février, 18
heures 45 : le magnifique aérodrome de Cayenne Rochambeau connaît une animation inaccoutumée. Une à une, des voilures arrivent qui se rangent suivant les consignes des gendarmes et des
policiers. Près de la piste un détachement dle la Compagnie de la Guyane a formé les faisceaux. M. le Préfet de la Guyane et Madame Robert VIGNON, M. le Président du Conseil Général,
Maire de Cayenne, et Madame BOUDINOT, entourés des membres du Conseil Général, de ceux de la Municipalité, de toutes les Autorités, des Maires et représentants de plusieurs communes
rurales sont venus accueillir à leur descente d'avion le Président du Conseil de la République et Madame MONNERVILLE.
Le groupe imposant des officiels se place perpendiculairement aux troupes. Le troisième côté du rectangle est garni de la fraîche cohorte des enfants des écoles et d'un groupe charmant de jeunes femmes créoles en costume du pays. Un ronronnement lointain qui bien vite s'emplifit, des lumières vertes et rouges qui s'ajoutent aux étoiles et que rapproche chaque seconde, un long glissement souple sur le terrain : l'avion est là. Le Président et Madame Monnerville, qu'accompagnent M. QUINTARD chef de cabinet et M. André MONNERVILLE descendent de l'appareil, tandis que retentissent les accents de la Marseillaise. Puis le Préfet et le Président du Conseil Général présentent au Président Monnerville chacune des personnalités ; enfin une charmante Marianne remet au Président une gerbe de fleurs, et c'est avec une pointe d'humour et d'émotion que celui-ci l'embrasse comme le symbole même de la France sur notre vieille terre de Guyane. Dans la foule, des cris de joie éclatent un peu partout à l'adresse de l'illustre visiteur qui est un enfant du terroir : né à Cayenne, le Président Monnerville fit de brillantes éludes au Collège de cette ville, puis il obtint une bourse pour le lycée Bernuy de Toulouse, où il passa son baccalauréat. Poursuivant ses études, il fut étudiant en Droit et passa son doctorat à l'Université de Toulouse. Il s'inscrivit au Barreau de cette ville en 1918, puis au Barreau de Paris en 1921 : c'est là qu'il obtint la charge particulièrement enviée et recherchée de Secrétaire à la Conférence du stage, place que les initiés savent réservée aux sujets les plus brillants et les plus dignes. Cette brillante carrière d'avocat devait préparer M. Monnerville à la vie politique : il fut élu pour la première fois au Parlement français en 1932. En 1933, il fut élu Vice-président du parti Radical-Socialiste dont M. Edouard Herriot, Président de la première chambre du Parlement français était alors -comme il est encore - le Président. En 1937, le Président Monnerville est Sous-Secrétaire d'Etat aux Colonies et il fait partie de la délégation française à la Conférence du Pacifique qui eut lieu Bruxelles cette même année après l'invasion de la Chine par les armées japonaises. Après avoir servi dans la Marine pendant la guerre, il ne se résigne. pas à la défaite (provisoire), mais se joint au Mouvement de Résistance, et, là aussi, se distingue. Le Président Monnerville représente ensuite la France à la première session des Nations Unies à Londres en 1946 et est élu, en décembre de la même année, Vice-Président du Conseil de la République qui venait d'être formé. En mars 1947, il devient le Président de cette Assemblée et a été depuis constamment réélu à ce siège. Quelques instant plus tard, après qu'on eût passé en revue la troupe qui rendait les honneurs, le Président et Madame Monnerville saluèrent la foule venue les accueillir et montèrent dans les voitures qui leur étaient réservées ; spectacle inoubliable, fuyant le double phare tournant de l'aéroport, une caravane de plus de trente voitures suivait, eu l'illuminant de ses feux, la roule de rouge latérite qui saignait sur la brousse dans la nuit tropicale. Dès les faubourgs, la foule se pressait sur le passage du cortège irréel. l'accueil des Guyanais alla jusqu'au cœur du Président qui, du balcon de la Préfecture, sut le dire à la population en termes émouvants et directs. Vivats et chansons fusèrent de toutes parts jusqu'à une heure avancée.
A son retour à
Cayenne, un déjeuner était offert par le Conseil Général au Président ; à l'issue de ce banquet, une foule nombreuse massée sous les fenêtres attendait l'heure habituelle des
allocutions……… …….. Le Président Monnerville et les autorités devant le Monument aux Morts Le Président salue ses compatriotes avant d'embarquer |