27 Avril 2012
( Une veste pour Villepin ).
( Belle exécution capitale du félon Villepin, par notre ami André Derviche ).
Dominique de Villepin est tellement prévisible qu'aucun bookmaker ne pourrait gagner un penny grâce à lui.
Après une fausse vraie campagne (ou une vraie fausse campagne, comme on voudra), après avoir refusé de récolter ses 500 signatures (après tout, Monsieur Cheminade aurait très bien pu lui en rétrocéder quelques-unes, entre anciens condisciples de l'ÉNA) alors que Monsieur Dupont-Aignan s'est donné le mal d'en recueillir 708.
Avec Dominique de Villepin, les choses sont toujours courues d'avance. Ainsi, dès l'annonce de son entrée en "campagne", tout le monde savait que Dominique de Villepin ferait le coup des 500 parrainages pour la bonne raison qu'il n'en voulait à aucun prix. Son registre n'est pas celui-là. Et puis, pour pouvoir désigner un bourreau, il faut être en mesure de se poser en victime. Mauvaise pioche, donc, pour les rares bookmakers qui auraient eu l'imprudence de prendre des paris, puisque le seul combat que livre - et avec quelle fougue - le Lord Byron du XVIIe arrondissement est de projeter sa belle image de rebelle pur sur le mur blanc de la démocratie. Son arme favorite ? Les poubelles de sa haine, de sa rancoeur et de sa jalousie qu'il s'évertue à déverser sur Nicolas Sarkozy parce que celui-ci a conquis de haute lutte - et en le privant de quelques-unes de ses illusions - le trône de la République dont Villepin se voudrait l'héritier, sur sa belle gueule, sur son bagou et sur son mépris pour le populo qu'il persiste pourtant à enivrer de ses discours enflammés, au lyrisme certain, à la forme enchanteresse, mais à la pertinence tellement absente qu'ils sont aussi auréolés d'une résonnance presque comique, hélas ! pour lui.
Dans la projection du film de leurs vies respectives, Dominique Strauss-Kahn et Dominique de Villepin se seraient bien vus, l'un pour faire de l'Élysée un bordel privé, l'autre pour donner à sa particule une noblesse toute républicaine - la seule qui compte, évidemment - en "locataires de l'Élysée" (pour sacrifier à cette expression parfaitement idiote dont se régale une presse étouffée par la novlangue, encore que, dans le cas de Dominique de Villepin, l'intéressé aurait été prêt à payer - en félonie - le loyer le plus élevé qui soit, ne serait-ce que pour pouvoir draper son bonheur d'être dans le manteau du sacre républicain sans passer par la case des urnes, comme chacun a eu l'occasion de le remarquer depuis que Villepin est entré en politique). La roche Tarpéïenne, comme chacun sait, est proche du capitole, et, la grosse pomme est mauvaise pour pour la réputation des icônes françaises, surtout quand elles sont de gauche et surtout quand humeurs et sensualité désordonnée font partie du paquetage. Dominique Strauss-Kahn en a fait les frais. Ainsi, à défaut d'être l'hôte de l'Élysée a-t-il été celui de Rikers Island, puis d'un petit palais à TreBeCa, quartier chic de la Grosse Pomme. L'autre Dominique - SK également (mais Sarkozy Killer, celui-là - est comme son homologue en dominiquerie un grand "séducteur". D'une sensualité également exacerbée, cela va de soi. Car ce Casanova est littéralement séduit par l'objet de sa séduction qui n'est autre que lui-même. L'objet de son désir étant à portée de main, Dominique de Villepin ne sait qu'inventer pour nourrir, renouveler, et étonner celui-ci. La passion le ronge, la passion l'épuise. les choses étaient tellement plus simples quand il était l'hôte de l'Élysée sans en être l'hôte. Mais, depuis la retraite de Corrèze - entendez par là depuis qu'un certain Chirac est allé profiter des largesses de la famille Hariri et non plus de celles de la République -, ce grand et beau garçon de Dominique de Villepin est livré à lui-même, et à ses amours qui ne font qu'un. Le voici désormais comme un escargot sans coquille - certains prétendent qu'il se prendrait même pour une limace - voire comme un Diogène, qui n'aurait de ce dernier que certaines manières de se tenir en public, en particulier d'aboyer son cynisme et de répéter « Ôte-toi de mon soleil ». Or, ce n'est pas à Alexandre-le- grand, mais à Nicolas-le-président, car Diogène de Villepin est convaincu que le président Sarkozy l'a privé de son soleil.
Hé oui ! Le fond du problème est que Dominique de Villepin est un personnage solaire et même assez hélio-centrique. Aussi, Sarkozy lui fait-il de l'ombre ? Il en prend ombrage. C'est aussi simple que ça : le cri de la gargouille est un cri de douleur. Car, privée de soleil, la plante se meurt. Alors, dans sa quête de soleil, elle se laisse aller à tous les excès. Au risque de griller, mais qu'importe. À défaut d'être le "locataire de l'Élysée", il faut bien payer le loyer du tonneau, n'est-ce pas ?
Boire ou aboyer, Dominique de Villepin a choisi. Le tonneau est vide, mais le chien en a fait sa niche. Et il a trouvé une occupation : mordre les mollets de Nicolas Sarkozy. Pour assurer sa prise, il s'était mis en embuscade, et puis, au moment où les enjeux sont le plus critique pour le pays, le voici, la bave à la commissure des lèvres, se déclarant "effrayé par la campagne de Nicolas Sarkozy". On l'aurait parié évidemment.
Mais, ce que même les bookmakers ignorent, c'est que ce matin, en vidant sa poubelle, Dominique de Villepin ne grognait pas : il ronronnait, paraît-il. Allez savoir pourquoi ?
Et les psychiatres de conclure: Dominique de Villepin fait don de son image à la France.
Peut-être les Français espèrent-ils, à l'issue de cette campagne, du pain et des jeux ? Eh bien, aujourd'hui, ils ont du vil et du Villepin.
Mais pour ce qui est de la surprise, Dominique de Villepin pourra repasser. Et il va repasser : les bookmakers sont unanimes.
André Derviche