17 Mai 2013
( Cet extrait d'une première page de France-Antilles demeure le symbole de la vie quotidienne de la Guadeloupe des années 80 ).
Un ami Facebook écrit ce qui suit, et m'adresse ce document conservé par l'INA, qui est tout à fait intéressant, et qu'il faut voir.
Je le ferai suivre d'un commentaire, qui situe l'émission dans son contexte, et de quelques documents d'archives qui méritent eux aussi d'être médités. E.Boulogne.
Le commentaire de l'ami Facebook :
« Fidotiger a écrit : « j'ai pris un temps a écouté, j'ai été surpris parfois Edouard Boulogne, les années passe le verbe reste encore haut, j'ai entraperçu aussi l'hypocrisie, de personne prétendu indépendantiste
qui de leur vie ont réussi grâce au colonialiste qu'ils attaquaient.
dire les chose sans en avoir et en porter sentiments profonds est tel une barge en dérive ou un drapeau qui s'agite au bout des doigts mais que le
vent peinerait a faire virevolter tant la nature et ses sentiments sont absent....
en 1985 l'indépendance n'était qu'un traitre mot de notre pays aujourd'hui peut être sera t'il sauve conduis ,n'oublions pas qui nous sommes avant
d'être les autres ....avant d'être nos hôtes.... »
http://www.ina.fr/video/CAB85108193
Commentaire du Scrutateur :
La Guadeloupe fut l'objet d'une violente tentative de déstabilisation terroriste, particulièrement durant les années 1980 à 1986.
Parmi les forces qui s'évertuèrent, au nom de leurs fantasmes d'une Guadeloupe « nègre », opprimée par le colonialisme français, il y eut l'UPLG ( Union pour la Libération de la Guadeloupe ), le MPGI ( Mouvement pour une Guadeloupe indépendante ) et l'ARC ( Alliance Révolutionnaire Caraïbe, du sieur Luc Reinette ).
Ces organisations, surtout la seconde, se lancèrent dans le terrorisme. Elles se livraient à des attentats contre les biens, mais aussi contre les personnes. Il y eut des blessés, mais aussi des morts et le journaliste François-Xavier Guilherm dans son livre Indépendances créoles ( éditions Jasor ) raconte une partie de ces évènements.
Je les ai vécu de l'intérieur, si l'on peut dire, ayant été au premier rang de la résistance à cette chienlit sanguinolente en ma qualité de président de l'Association Guadeloupe 2000, et de directeur de la publication qui portait ce titre.
A partir de 1986, ces messieurs se rendirent compte que leur entreprise était vouée à l'échec, la population guadeloupéenne se refusant à les suivre.
Nous allions passer de l'ère Luc Reinette, [ qui emprisonné pour ses crimes et délits revendiqués, mais libéré par « l'Etat colonial », retrouvait son poste de direction dans une sté d'HLM, et continuait à parader, « ludion dérisoire » sous les regards bienveillants des caméras de l'hexagone bobo, et de certains des Antilles, acquis à la nouvelle tactique déstabilisatrice, celle de la « résistance économique » ( c'est-à-dire de la destruction de l'économie ) et de l'action « kyltirelle » ( bourrage de crâne intégral et répétitif ) ] à l'ère Domota.
Pour en revenir à l'émission ci-dessus ( document INA ) je me souviens fort bien de son tournage.
Tout y est pervers. D'abord le langage, « piégeux », même et surtout quand il paraît le plus innocent.
Ainsi le journaliste interroge un jeune « maquisard ». Il le traite d'insoumis.
Insoumis étaient les résistants pendant la guerre de 1940. Insoumis est un terme, aujourd'hui, généralement chargé de positivité.
Son antonyme est « soumis », synonyme d'esclave. Soumis ( donc esclaves ! ) seraient donc la majorité des Guadeloupéens qui se sentent et se veulent Français. Et voilà pourquoi votre fille est muette : « le colonialisme, le colonialisme vous dis-je »!
Ah! ces bobos !!!
Tout est à l'avenant. Ces messieurs avaient su trouver les « insoumis » maquisards ( !!! ) là où ils étaient censés se cacher, alors que les représentants de l'Etat, les RG, etc, prétendaient qu'ils étaient in-trou-va-bles!
Or les « journalistes »avaient su les trouver. Ce qui supposait que soit la police était moins futée que nos folliculaires, soit que ces « journalistes » aient été de mèche avec les terroristes.
Je posai la question à mon inquisiteur. Il sourit, un peu jaune, et éluda.
Ou encore, on alla trouver M. Cazalan, qui tint les propos que vous avez entendus. M.Cazalan était, de l'avis de tous (y compris de son personnel agricole ) un homme très sympathique mais un peu tout fou, un peu hâbleur, et tout à fait porté à dire, un peu n'importe quoi, pour faire l'important.
Son laïus ne trompa personne, même s'il agaça les membres de sa famille, pour des raisons évidentes.
Les folliculaires avaient en lui, trouvé « leur homme », à destination du public métropolitain. Paix à son âme.
Et moi, pourquoi vinrent-ils me voir, et m'interviewer pendant plus d'une heure?
Sans doute parce qu'on leur avait dit que j'étais « d'extrême droite », maurrassien, raciste etc, et.... crime affreux : « béké »! ( horresco referens! ), et qu'ils espéraient m'arracher quelque propos scandaleux, racistes, de nature à déclencher dans la presse métropolitaine le fracs droit de l'hommiste et indigné qu'on devine. Ils en furent pour leurs frais.
Car je ne suis pas d'extrême droite, sauf pour les menteurs, et de pittoresques zigotos, qui n'en croient pas un mot, mais se servent de ces qualificatifs pour se poser en "humanistes", et pouvoir porter beau.
Et je ne suis pas « béké » ( mais je n'ai rien contre les békés dont tous ceux que je connais sont gens estimables ), étant Guadeloupéen. Le terme béké s'applique aux blancs de la Martinique, les blancs de la Guadeloupe sont dits des « blancs pays », ou « blancs créoles ».
Allez faire entrer ces distinctions, qui ont leur importance puisque renvoyant à des histoires qui ne sont pas tout à fait identiques (entre Guadeloupe et Martinique ), dans des caboches de bobos-gauchos qui ont quitté Paris en sachant déjà ce qu'ils diraient à leur retour, en coupant, tranchant, trichant, avec les images et les mots, pour complaire à leurs maîtres, les commanditaires de l'émission.
Je me souviens encore de la première question qui me fut posée : « M. Boulogne, vous êtes un béké. Que pensez-vous des nègres, ».
C'est beau comme question, isn't it? C'est aimable. C'est ...professionnel??? Really?
Ma réponse ( et je revois encore son visage, d'abord étonné, puis estomaqué. Il n'insista d'ailleurs pas, passant à une autre question ), ma réponse donc fut, je l'ai en tête au mot près : « Voici bien, monsieur, une question typique de journaliste parisien de gauche, ignorant tout de la Guadeloupe, mais sachant bien les effets qu'il doit produire dans l'émission qu'on lui a commandée.
Nous les blancs créoles, nous sommes ici, pour certains, depuis trois siècles et demi. A une autre époque, dans un contexte socio-économique, et dans un espace mental tout à fait différent de celui d'aujourd'hui, nous avons entretenu avec les noirs des relations déséquilibrées en notre faveur, - l'esclavage si vous préférez, - qui, actuellement fait rougir tout le monde, et d'abord nous. Mais les relations des hommes de races différentes dans l'univers des plantations ne fut pas seulement celui du fouet sur les dos des esclaves. La vie ne se passait pas à cette occupation rédhibitoire. Avec les esclaves, et eux avec nous, et bientôt avec les indiens, qui depuis 1853 sont aussi partie prenante, nous avons vécu, dans l'affrontement commun...avec les phénomènes naturels, avec les épidémies, qui frappaient indifféremment les uns et les autres, et aussi, les enfants « batards » comme on disait, des uns avec les autres, et dont la santé les angoissaient aussi, ensemble. Car la population, si métissée que vous voyez aujourd'hui, n'est pas née du seul viol, ni même principalement. Elle est aussi le fruit de l'amour d'hommes et de femmes, blancs et noirs, comme il pouvait l'être, dans l'ambiance du temps. Monsieur, nous nous sommes aimés aussi, et je ne fais de sentimentalisme, et sur tous les plans, nous nous connaissons intimement, et jusqu'à nos odeurs les plus intimes. Et aujourd'hui, quand il nous arrive de nous affronter, et de nous jeter à la figure des choses pas très aimables, nous nous comprenons infiniment mieux que vous ne nous comprendrez jamais ».
Le monsieur, sans insister passa à une autre question. De toutes ces questions une seule fut retenue, celle dont vous avez entendu la réponse. Pourquoi? Parce que, s'agissant de l'action terroriste, ma voix, mon timbre s'étaient durcis? Probablement. L'image de l'extrémiste de droite, pouvait devenir crédible, même si je ne le crois pas. Mais...quand on veut tuer son chien.....!
Voici, lecteurs, ces quelques points d'histoire récente, que je remercie mon jeune ami de facebook Fidotiger KinGwada de m'avoir permis de faire.
Edouard Boulogne.
Documents :
( I ) Un condamné à mort, ( moi ), s'est échappé.
Luc Reinette, finit par être arrêté, grâce à l'action intelligente et ferme du préfet Yves Bonnet, et avec l'aide, semble t-il de quelques hommes de l'ombre, et même du camp des séparatistes, exaspérés, dit-on, par l'autoritarisme du conducator, et son arrogance ( sa légèreté aussi ). Certains membres de son organisation se caractérisèrent aussi par leur inconsistance. Durant le temps ( trop bref ) où Luc fut emprisonné, les murs de Pointe-à-Pitre furent recouverts de slogans comme "Lagé Lik". Ces gens, ardents partisans de la langue créole, ne s'étaient même pas apercus qu'ils parlaient en Gaélic.
Je fus condamné à mort par eux. Des avertissements nombreux me vinrent des Renseignements généraux, de la DST, de personnalités aussi, tel feu le docteur Hélène ( ancien maire du Gosier ), et de Lucette Michaux-Chevry ( par un intermédiaire ).
Je recevais des menaces par téléphone, par écrits ( ceux-là je les ai conservé ).
Durant ces années là un personnage curieux faisait parler de lui en Guadeloupe. Il s'agit de l'hotelier bien connu Jean-François Rozan.
Il semblait faire bon ménage avec les séparatistes, et avec L. Reinette en particulier. Et j'eus donc à rompre quelques lances avec lui, sur lesquelles je ne m'attarderai pas aujourd'hui. ( ce sera peut-être pour mes Mémoires, si j'ai le temps de les écrire ).
En 2006, à l'occasion d'une émission commémorative du soixantième anniverssaire de la départementalisation, sur RFO-Guadeloupe ( et Martinique ) je le rencontrai avec les deux autres personnalités qui intervenaient, ce soir là : Lucette Michaux-Chevry, et Roland Thésauros ( ancien de l'UPLG ).
J-F Rozan, en aparté, me dit : " vous avez eu tort de vous en prendre à moi, car je vous ai sauvé la vie". (sic ). Il me raconta ce qu'il dit dans la page de ses Mémoires d'avant la nuit, page 163, page que voici, où je suis désigné comme "le plus faucon de tous les faucons". Pauvre de moi. Il est vrai que M. Rozan est une personnalité complexe, haute en couleurs, et attachante :
Luc Reinette s'agite toujours. Cette photographie récente le montre, raide comme une saillie, plein de l'image qu'il a de lui-même, et qui pour le populo, dont je suis, évoque les gardiens de camps des années les plus sombres de notre histoire.
( III ) Un article de Valeurs actuelles en 1989 :
( IV ) Une photo au lancement de mon livre France, Garde-nous, dans un sympatique restaurant antillais, à Paris, près de l'opéra bastille en février 1989 :
( Il reste quelques exemplaires disponibles de cet ouvrage à la librairie Boutique de la presse ( Jarry ).