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26 Mai 2011
J'étais, hier 25 mai, l'invité, grâce à l'une de mes anciennes élèves, qui en est membre, de l'association Civisme et démocratie ( CIDEM). Invité donc à participer à un séminaire de réflexion qui a duré deux jours, dans les locaux de l'université à St-Claude ( Guadeloupe ) sur le thème général : Participation et engagement vers une citoyenneté active. Plus de cent vingt jeunes de 18 à 25 ans étaient présents, venus en cars de toutes les communes de la Guadeloupe.
Cette population était partagée en six groupes de travail.
L'atelier où je devais prendre la parole et échanger concentrait son attention sur le thème :
« La jeunesse des Antilles : Artisan de demain
Que représente votre culture pour vous ? Quel sentiment en avez-vous au quotidien ?
Le patrimoine culturel : comment le valoriser ?
Quel avenir pour le patrimoine culturel de vôtre île ?
Le développement du territoire ou le développement durable du territoire : quelle prise en
compte des questions environnementales et de biodiversité ? Quel engagement des jeunes ? Quel investissement des jeunes dans le développement
durable du territoire ? »
La première partie de ce thème s'est taillée la part du lion en un peu plus de deux heures d'échanges.
Des échanges à la fois passionnés, et courtois, et qui auraient surpris ceux qui se font une idée de la jeunesse guadeloupéenne conforme à l'image délibérément faussée qu'en donnent les grands médias locaux, et notamment Guadeloupe 1ère, qui, tous les jours, sous tous les prétextes, notamment dans ses émissions dites culturelles ou de proximité, se font l'écho des indépendantistes guadeloupéens.
Le public était pourtant composé de jeunes de milieux populaires. Nous n'étions que deux « blancs », un animateur métropolitain de passage, et moi, le blanc créole.
Les principaux sujets ont été évoqués. L'identité culturelle, le statut du créole, l'esclavage, le racisme, les rapports entre blancs et noirs, les blancs créoles,etc.
« Nous sommes Guadeloupéens, mais la France est aussi notre pays » ont dit plusieurs sans rencontrer de contradicteurs.
Un jeune à propos de l'esclavage a dit, ( il l'a dit en créole ) suscitant une approbation quasi générale : « Nos ancêtres ont été esclaves, mais mon dos n'a jamais subi le fouet. Je crois qu'il faut en finir avec ça ».
Les échanges ont eu lieu aussi bien en Français qu'en créole, sans jamais l'ombre d'une provocation.
J'ai sur le créole apporté quelques informations, et précisions de nature historique, et recommandé la sûre documentation que représentent les travaux de Guy et Marie-Christine Hazaël-Massieux.
J'ai un peu parlé aussi des blancs créoles, de leur guadeloupéanité entière, de leur rôle décisif dans la construction, dès l'origine, de notre pays sans tenter de dissimuler la part d'ombre de leur activité dans des temps déjà anciens, qui s'éloignent, qu'il ne faut pas oublier, mais qui doit être comprise dans une perspective historique objective, et non bêtement politicienne et revancharde.
C'est d'ailleurs à mon interview sur « Les blancs créoles de la Guadeloupe, ( dans le journal le Mika Déchaîné, et que l'on peut trouver dans les archives du Scrutateur ) que je dois d'avoir été invité par le CIDEM, comme on me l'a précisé.
Dans l'assistance il y avait deux ou trois personnes plus âgées, notamment une dame d'une cinquantaine d'années, qui s'est dite « à moitié rasta », suscitant quelques sourires, et même quelques horions bienveillants, qui a souhaité davantage de rencontres des blancs pays avec le reste de la population dans des réunions de ce genre. Ces rencontres étant trop rares à ses yeux.
Je garde de cette rencontre et de ces échanges, la certitude qu'il y a un abîme entre cette jeunesse, dont je ne veux pourtant pas faire un portrait idyllique qui serait excessif, et le discours haineux, pontifiant, prétentieux des « zintellectuels » qui tiennent le haut du pavé en Guadeloupe, et de ce « syndicalisme » révolutionnaire qui nous tanne, et qui sous prétexte de commémorations historiques sapent le moral de la Guadeloupe, et hypothèquent son avenir.
Edouard Boulogne.