Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.
22 Mars 2010
Régionales : A la Réunion.
Je ne saurais mieux faire pour informer les lecteurs du Scrutateur que de publier la lettre de mon ami de jeunesse,
Réunionais, mais qui fit une partie de sa scolarité secondaire au lycée Carnot de Pointe-à-Pitre. Je conserve à cette lettre son caractère simple et familier qui en fait le prix. L'auteur a une
sensibilité de gauche; mais il est à la fois, et inséparablement Français et Réunionais, tout comme, étant de droite, je suis inséparablement Français et Guadeloupéen. Bernard nous envoie en
annexe à sa lettre un article paru dans son département de l'océan indien.
Merci, Bernard, ami, et cher vieux compère, des renseignements que tu nous apportes, et de ton amitié.
Edouard Boulogne.
Très Cher Compère ,
Le tombeur de Vergès , avait défait Paul Vergès aux dernières législatives par
60% contre 40% des voix . D'où son nom à l'assemblée Nationale de " tombeur de Vergès " . A mon dernier
passage , je m'étais confié à Louis, en présentant Paul Vergès comme un " homme d'affaires" et non plus
comme un communiste . (...) . Sa liste comportait peu de membres du PCR . Sur les 11 élus
hier, il y a 2 hommes de gauche ( dont Vergès lui-même ). Les structures vont changer au PCR et
ses membres trouveront de nouveaux leaders : je pense à Huguette Bello , c'est mon avis. ( Voir le
mail : "la Passionara de la Réunion" ) . La gauche est majoritaire à la Réunion ( à 54% )
dans cet élection , c'est le staff de Vergès qui a pris un coup de bois sur la tête , et
le soir des négociations avec les socialistes il faisait déjà imprimer sa liste et ses
professions de foi avec Thien Ah Khoon (TAK) sur la liste . Cet ex maire du Tampon a écrasé
les femmes de l'UFR , et est , le seul Maire ayant deroulé le tapis rouge de la mairie à J-M
Le Pen . Les socialiste faisaient
liste commune avec l'alliance en 1998 , et pendant toute la mandature ils étaient cantonnés dans un petit
bureau sans téléphone avec 6 chaises . Geste méprisant, et tout s'explique quand on sait qu'il fallait marcher
au pas à la Région . L'entêtement du vieux lion a fait le reste . Enfin dans sa campagne
il a trouvé les opposants ( socialistes entre autres ) "ennemis" de l'économie à propos du tram train , et
ceux qui veulent discuter de la maison de civilisation , " veulent faire un crime contre les Réunionnais
". Pour Paul Vergès cette élection devait n'être qu'une simple formalités et l'incertitude était dans l'ampleur
de la victoire . A force de couper les ailes à ceux qui avaient quelques vélléités dans son camp ,
il s'est retrouvé bien seul . Pour finir, il est bon de savoir que le 11ème et dernier élu de
l'Alliance est TAK et que le 23ème est non élu , c'est Pierre Vergès( le fils ) . Il était à
ce rang , car il était assez impopulaire , il fallait le cacher ; mais en cas de
succès il était destiné à la plus haute fonction .
Je suis très près de l'article ci-dessous , j'approuve : sauf "le titre" . La
droite ( qu'on disait la plus bête du monde ) a trouvé son leader : c'est sûr .
Didier Robert n'a rien d'un Debré car il est Sarkozyste, bien qu'il a pris les fonctions de
maire du Tampon avec l'assentiment de TAK . Il était l'adjoint de TAK avant les déboires juridiques de TAK . Didier
Robert ( 45 ans ) est issu d'une famille modeste , cCest un "petit blanc" des hauts du Tampon . Son métier : cadre
territorial, ex- directeur de cabinet de Alain Bénard ex- maire UMP de St Paul . Sarko a aussitôt appeler "Didier" hier
soir, pour le féliciter et lui accorder toutes facilités du gouvernement pour réaliser ses projets . A la Réunion il
y aura des grands travaux , Bus en site propre dans toutes les communes ,et préférence au Sud de la
Réunion qui est en retard de développement par rapport au Nord et à l'Ouest . D'où un projet d'aéroport
international à Pierrefond.
Et puis un ordinateur portable pour tous ceux qui rentrent en seconde !!! ......... Jean-Louis Lagourgue maire
de Ste Marie sur la liste de l'UMP Robert briguait la présidence et il faisait grise mine hier car
depuis quelques jours Didier a choisi in fine de prendre la Région ( choix pour cause de cumul des
mandats : il est député-maire ).Il quitte la mairie .
Il est certain que l'ambiance à la région sera un peu plus apaisée et que toute la
Réunion y trouvera son compte ; dans les mois à venir , toutes les formations politiques sans exceptions vont
se restructurer . Même à l'UMP : exit les vieux croûtons du passé . Au PS il y en a qui ne tiendront
pas la route .Il y aura 36 nouvelles têtes à la Région sur 45 conseillers . Didier Robert voulait un
changement à la Région et beaucoup de Réunionnais aussi . Didier Robert est jeune, il présente bien ( certaines
diront beau) il est dynamique et c'est un Réunionnais entouré de Réunionnais . On s'attend à une
politique plus proche du citoyen . Bon vent à la nouvelle équipe .
BONNE LECTURE : BERNARD
PS : En Gwada le discours d'investiture de Lurel , c'est du petit lait . Un bel espoir pour faire
démarrer nos frères guadeloupéens .
---------------------------------------------------------------------- FIN
Le sondage Ipsos/Journal de l’île que nous publiions en exclusivité, samedi, avait vu juste en donnant le résultat sorti des urnes, hier soir, à savoir grosso modo 45% des suffrages en faveur de Didier Robert, tête de la liste "La Réunion en confiance" contre 35% à Paul Vergès de l’Alliance et 18% au socialiste Michel Vergoz de "l’Union fait la Réunion". Les urnes ont tranché. Le verdict populaire est tombé. Vox populi, vox Déi. Didier Robert signe une victoire sans appel. Dès ce vendredi, la Région Réunion aura une nouvelle majorité et un nouveau président. Un jeune président de droite qui a vaincu le PCR et son chef charismatique. Une droite qui retrouve en Didier Robert un capitaine. Marchera-t-il dans les pas de Michel Debré, leader incontestable de la droite locale de 1963 à 1986 ? Il est encore trop tôt pour le dire. Mais le cheminement du député-maire du Tampon se veut prometteur, car l’élu UMP réussit avec panache là où ses aînés ont lamentablement échoué. Didier Robert a éliminé de la scène politique non pas un élu quelconque, mais Paul Vergès en personne, considéré tant par la gauche que la droite nationale comme le "pape" de la politique locale, presqu’un véritable thaumaturge au palmarès époustouflant. Un élu qui a quasiment détenu tous les mandats politiques, du conseiller régional au député européen en passant par celui de maire, de président de Région, de sénateur... Une vraie force de la nature qui se croyait politiquement irrésistible et invincible. Un mythe qui s’écroule donc alors que, paradoxalement, la gauche sort majoritaire des urnes si l’on additionne les voix de l’Alliance et celles du Parti socialiste. Soit 30 000 voix de plus que la droite.
Mais cette gauche locale paye plein tarif sa désunion. Avec cette cinglante et historique défaite de Paul Vergès aux régionales, une page politique de la Réunion se tourne donc. C’est la fin d’un règne pour le leader du Parti communiste réunionnais qui a été directement ou indirectement au pouvoir de la Région depuis 1983. Le combat de trop pour le président de l’Alliance. Lui qui, à 85 ans, voulait faire de ce scrutin un baroud d’honneur se voit contraint aujourd’hui de sortir par la petite porte, par la fenêtre même tant son score est dérisoire par rapport à la place de choix qu’il a toujours occupée sur l’échiquier politique local depuis soixante ans. Paul Vergès a été battu par un jeune élu de 40 ans son cadet, celui-là même qui l’avait laminé, il y a trois ans, lors des législatives de juin 2007 dans la troisième circonscription. Un véritable séisme politique pour la dynastie Vergès, mais également pour le PCR qui va devoir se reconstruire s’il souhaite, à l’occasion des cantonales de 2011, parfaire son leadership à gauche, face notamment au PS local considéré comme un "traître" pour reprendre l’expression employée, hier soir, par Paul Vergès, le patriarche déchu. Mais cet échec aux régionales, le patron de l’Alliance, qui feint aujourd’hui d’être le martyr du PS, le doit sans doute à lui-même, à son excès de confiance mâtiné d’une certaine arrogance, lui qui avait parlé de "péripétie" et qui s’était déjà autoproclamé grand vainqueur avant même le premier tour du scrutin. Autrefois idolâtré, Paul Vergès se voit aujourd’hui répudié par les siens. Par Huguette Bello et par les militants de base qui lui reprochent entre autres son mauvais casting avec le divers-droite André Thien-Ah-Koon.
Vergès ne fait même plus aujourd’hui le plein des voix dans les bastions du communisme. Les couloirs feutrés et les lambris dorés du pouvoir l’ont manifestement coupé du terrain. Sans compter, depuis 1998, cette "zigzagomanie" qu’il a érigée en gouvernance en butinant un coup à droite, un coup à gauche, souvent du côté de la société civile mais très rarement au sein du PCR, son parti, sur lequel il avait bâti son empire politique. De même, son obstination à soutenir coûte que coûte le tram-train et la Maison des civilisations, ces deux projets pharaoniques qu’il avait placés au centre de la campagne électorale ont incontestablement contribué à sa défaite. La population dont 52% vivent en dessous du seuil de pauvreté réclamait surtout "l’urgence sociale". Une page se tourne. À gauche, entre le PCR et le PS plus que jamais en guerre ouverte. Une page se tourne pour Paul Vergès et son parti. La fin d’une époque. Une autre s’ouvre à droite. À la Région et à la Réunion. En éliminant le responsable de l’Alliance, Didier Robert renverse la dynastie Vergès et inscrit ainsi son nom dans l’histoire politique de l’île. L’icône de la droite locale, qui a essentiellement mené un combat d’homme pour ne pas dire une bataille inter-générationnelle remporte brillamment une élection non pas de projet mais de rejet, celui d’un nom, celui de Vergès, usé par le pouvoir. Didier Robert ex-maire du Tampon sera désormais député et président du conseil régional. Et pourquoi pas ministre, dans le cadre d’un remaniement avant la présidentielle de 2012 ?
Dans cette France régionale rose et dans ce contexte économique et social morose, Nicolas Sarkozy a besoin des jeunes gagnants qui incarnent le renouveau et la positive attitude. À moins que le chef de l’Etat attende de le voir à l’œuvre à la Région. Et à la tête de la droite locale, qui a besoin de se reconstruire solidement afin de conforter ses positions aux cantonales de 2011 ainsi qu’à toutes les autres échéances à venir d’ici à 2014, date de la mise en place de la nouvelle assemblée territoriale. Didier Robert a réussi à tourner la page, il lui reste maintenant "à réussir la Réunion du changement et à réussir la Réunion en confiance".
Yves Mont-Rouge