11 Mars 2012
Ceux qui ont choisi, comme moi, de voter pour N.Sarkozy, et qui n'ont plus vingt ans, n'ont sans doute pas sautillé, pendant des heures, et hurlés leur enthousiasme avec une vigueur si sympathique comme les très nombreux jeunes gens qui se pressaient, ce jour, autour de Nicolas Sarkozy.
Il y a déjà longtemps, j'inscrivais sur un de mes carnets, c'était en …..1961, cette pensée de Paul Valéry : « Tout peut être contredit; tout peut-être nié; tout peut être soutenu, maintenu; tout peut-être imité; tout peut être embrouillé...Tout peut être oublié. Ô pauvre Esprit ».
Pensée profonde, et dangereuse, comme tout ce qui est profond. Pensée qui peut conduire au blasement, cette forme lente de la désespérance. Peut-être est-ce cela le vrai vieillissement, ce lent assoupissement de l'âme, que les générations nouvelles ( quand elle ont connu l'enthousiasme et les illusions; mais il y a tant de jeunes vieillards! ) méprisent chez leurs pères. Il leur reste à se colleter avec le temps qui, finalement, met tout le monde d'accord.
Je fus redevable à Valéry de son implacable lucidité. Mais aussi, d'un court texte qu'il écrivit en 1945. Paris venait d'être libéré, la guerre n'était même pas terminée. Notre auteur, très âgé, épuisé, devait mourir un mois plus tard, à peine. Valéry donc écrivait, ( consigné aussi sur mon carnet, que j'ai devant moi avec ses pages jaunies ) : « Que le jour ne luise jamais où le souvenir de ce jour de victoire puisse apporter une amertume et un retour funeste vers la présente joie; que jamais, revivant ce qui est aujourd'hui ne te vienne à l'esprit cette lourde parole : A quoi bon »?
Nous vivons le moment d'une campagne électorale. A droite, comme à gauche, ou au centre, ( où vous voulez ) , les jeunes de 18 et 20 ans, ceux du moins que l'on peut regarder avec sympathie « y croient ».
Le rôle des...moins jeunes est peut-être de tempérer les ardeurs, et les illusions, pour que les désillusions, inévitables, soient moins cruelles.
Mais gare aux « vieux » qui ne prendraient pas à leur compte le Valéry de la fin, de cet homme si prodigieusement intelligent et cultivé, membre éminent de cette grande Seigneurie de l'esprit où il pouvait côtoyer Montaigne et Blaise Pascal, et aussi ( très étonnant chez un homme d'action ) Charles de Gaulle : le Valéry du refus du désabusement et de l'échec.
Quoiqu'il en soit le six mai prochain, rien ne sera réglé, même si nos voeux du moment devaient avoir été comblés.
Rien n'est jamais réglé.
Car la vie n'est qu'un combat, et c'est ainsi qu'elle peut être un accomplissement.
Edouard Boulogne.
( I ) Le grand Rassemblement de Villepinte.
( II ) Sarkozy et la majorité silencieuse.