28 Février 2013
Dans son article d'un quotidien local, un indiscret ami ( de...très longue date ) m'apprend que notre ministre Victorin Lurel s'est fendu d'un vibrant éloge de Stéphane Hessel. L'homme de « Sous le vent » évidemment, vu ses ambitions électorales, et son « enracinement » socialiste, ne pouvait se tenir à l'écart du grand souffle flagorneur de celui qu'on encense, surtout depuis hier, au-delà de ce que peut supporter un homme de goût.
L'homme à la fois des Vieux-Habitants et de....la rue Oudinot, aurait même ajouté de M. Hessel : « Son regard sur le monde, à la fois impertinent et pourtant si pertinent, sa voix forte et claire, manqueront assurément beaucoup au débat public. ». Voilà qui est fortement dit, et rappelle que s'il avait opté pour un autre de ses possibles M. Lurel eut pu être un homme de lettres.
« L'impertinence si pertinente » attribuée à la mouche du coche de l' « indignation » nous offre un petit parfum moliéresque titillant, vous savez, ce si beau distique trissotinien du Misanthrope : (….) « Belle Philis, on désespère, Alors qu'on espère toujours ».
Oh, oui! Ouiii ! On n'en peut plus, on pâme, on se meurt de plaisir. Oh, oui! En vérité !
Me divertirais-je à vos dépends, monsieur le ministre? Un peu, oui, pourquoi cacherais-je ce petit plaisir par une hypocrisie politicienne que je ne saurais avoir, ayant depuis longtemps, pour des raisons qui ne sont pas toutes dicibles, - mais sont une chance à mes yeux, - répudié toute tentation politichienne.
Un peu seulement, car tempéré par la part d'estime pour l'autre vous-même que vous dissimulez derrière le masque « porteur » ( actuellement ! ) de l'homme politique ( je peux à l'occasion tremper ma plume dans un bocal de miel ) socialo-écolo-gaucho, et que vous rejetterez, quand le temps aura buriné vos traits, et libéré l'homme nouveau, non point l'homo novus des vieux Romains, mais le jaillissant et pur Anthropos ( l'Homme du grec ancien ) le seul dont je puisse parler en ces temps de la montée vers Pâques, à cet homme, vous, dont je ne partage pas présentement certaines options fondamentales ( avouées ), mais que je ne méprise pas ( euphémisme mon cher Victorin ), comme j'ai déjà eu l'occasion de vous le dire, ici même, il y a un an, en cette tribune du Scrutateur.
Mais, porter aux nues, un Hessel, vous l'auteur d'une Lettre ouverte à nos compatriotes de l'hexagone, qui, malgré toutes mes réserves, vaut cent fois mieux que le petit libelle du « regretté » défunt ( et vous le savez ). Oh, non! Oh, non! Que nenni!
Mais il faut, n'est-ce pas, tenir compte des maîtres de manège. Je vous comprends, je vous comprend. Et quand j'aurai, un jour, le plaisir ( je l'espère partagé ) de vous rencontrer, j'essayerai d'arborer le masque, sinon bienveillant, du moins neutralisé, qu'attendait de ses amis, ce vieil anticlérical de Voltaire, quand ils le verraient parader en tête d'une procession religieuse, pour des motifs que nous comprenons ( pour ma part sans les partager ) l'un et l'autre.
Oui, les choses sont ce qu'elles sont. Vous avez lu le vieux Rabelais et vous avez retenu, et tiré la leçon du lucide et si cruel adage qu'il énonce en son Vème livre : « Amys, vous noterez que par le monde il y a beaucoup plus de couillons que d'hommes, et ce vous soubvienne ! ».
Oooh, je vous comprend, je vous comprend !
Mais comme nous sommes au temps de la montée vers Pâques, et que je vous aime bien ( Malgré....Censuré par LS ) je vous rappellerai cet autre texte, dont je n'aurai pas l'outrecuidance de vous indiquer l'auteur, dont vous avez certainement gardé l'enseignement, assurément transmis par ce « potomitan » solide, votre maman, que vous avez eu la douleur de perdre récemment, ce texte où il est question d'un jeûneur divin qui répondit, comme vous savez au Tentateur qui lui offrait tous les royaumes de ce monde, contre une trahison de l'essentiel.
Ah! Victorin, Victorin! Comme je vous voudrais raisonnable.
Retraité, aujourd'hui, de l'éducation nationale, mais nullement indifférent aux turpitudes du monde, ni à ses pulsations d'espérances vitales, j'observe, chaque jour que Dieu fait, du haut de ma Tour, non point d'ivoire, mais d'attentive scrutation, les agissements des uns et des autres, leurs faits et leurs méfaits.
Souvent aussi comme le vieux Montaigne en sa « librairie », je me détourne de la vanité des agitations du forum.
J'ouvre alors tel ou ou tel vieux livre de sapience, plus ou moins oublié.
Hier soir, c'était Descartes. Lettre à la princesse Elizabeth de Bohème ( mai 1646 ) : « On a rarement à traiter avec des personnes parfaitement raisonnables ».
M.Lurel, M; Lurel, Victorin, Victorin, comme je vous voudrais raisonnable !
Edouard Boulogne.
( De là où je suis désormais, tout cet encens me gongle plus qu'il ne m'amuse. Cela n'est pas l'enfer, mais, peut-être le purgatoire
).