Les militants UMP sont-ils des Français comme les autres ? Au vu du résultat du duel entre François Fillon et Jean-François Copé, la question mérite d’être posée. Non que les adhérents de l’UMP ne soient pas des citoyens à part entière et parfaitement estimables. Mais quel que soit le nom de l’heureux élu qui sorte de la désormais fameuse Cocoe, une certitude s’impose d’ores et déjà : marquée par la poussée de Jean-François Copé, qui flirte avec le seuil des 50 % des voix, et par la percée de la motion La Droite forte de Guillaume Peltier, ce scrutin illustre la nette droitisation du parti. ( La droitisation de l'UMP? Peut-être les personnes qui lisent le N O pour savoir vers quel candidat de droite porter leurs suffrages seront-elles impressionnées? . On notera que Guillaume Peltier, jeune et talentueux leader qui est à l'origine du mouvement La droite forte, est voué aux gémonies.
Sur Facebook, de jeunes militants de droite, ( et j'écris l'adjectif sans guillemets, car je les estime ) partisans de Fillon, s'en sont pris à Peltier. Ils s'inquiètaient des relents dangereux de cette expression. Je n'ai pu m'empêcher de leur demander s'ils préféraient une droite faible! Il faut faire attention, à cette façon subtile de suggérer qu'une droite affirmée est une droite « brune » ( c'est-à-dire nazie ou nazifiante ) comme le clame la gauche.
Qu'elle le fasse, c'est peut-être de bonne guerre. Mais qu'on se laisse prendre à cette propagande de caniveau pourrait justifier ce que disait, jadis, Guy Mollet : « la droite française est la plus bête du monde ).
De dénonciation du "racisme anti-blanc" en défense du pain au chocolat contre les assauts des enfants musulmans, l’UMP n’en finit plus de se radicaliser jusqu’à piétiner allègrement les plates-bandes lepénistes. ( Attention! Le FN est-il un parti politique, régulier, ayant pignon sur rue. A-t-il réuni aux présidentielles et aux législatives, entre 15 à 20% d'électeurs, de citoyens français? Comment, et pourquoi ces 20% devraient-ils être marginalisés. Au nom de quoi devrait-on s'interdire de parler avec eux, de tenir compte de leurs avis, de passer avec eux des accords électoraux? Au nom de quoi? Mais au nom de la gauche, qui interdisant ces accords démocratiques, s'assure, tout en étant minoritaire dans le pays, le contrôle de tous les leviers de pouvoir ). Comme un ultime legs du sarkozysme dernière période, ( je n'ai pas le souvenir d'un moment où la gauche ait crédité Sarkozy de quoi que ce soit de positif ) cette folle campagne présidentielle qui a vu l’ancien chef de l’Etat résumer l’ensemble de son projet à la seule défense d’une "identité nationale" prétendument ( prétendûment ? ) menacée par les ravages conjoints de l’immigration et de la mondialisation.
Reprise par Jean-François Copé, et concoctée par la même éminence grise, l’incontournable Patrick Buisson, ( Buisson est l'un des rares hommes de droite dans la France actuelle a avoir une pensée philosophique et politique structurée. D'où sa stigmatisation par les bobos du N O ) cette stratégie d'hystérisation, qui a été défaite dans le pays lors de la présidentielle puis des législatives, a donc été validée par les adhérents UMP. Au passage, ceux-là sont allés jusqu'à tourner le dos à l’homme de droite le plus populaire du pays, François Fillon ! ( le NO Filloniste?!!! Incidemment le N O torpille l'ancien premier ministre auprès des copéistes. L'éloge est empoisonné. Mais seuls les naïfs s'y laisseront prendre ).
Il n’est pas anodin de voir les militants d’un parti manifester un tel enthousiasme pour un champion, en l’occurrence Jean-François Copé, à ce point rejeté par l’ensemble de l’opinion, et cela même au sein de son camp. ( En 2007, après l'élection de Nicolas Sarkozy, nette et sans bavures, je n'ai pas le souvenir d'un tel enthousiasme du N O pour l'opinion. Au surplus, et même quand on est vainqueur, il faut raison garder. L'opinion n'a rien d'un critère absolu de vérité. Je me référerai à une déclaration de Victor Hugo, écrivain républicain pur sucre : « Faites déclarer par sept millions cinq cent mille voix que deux et deux font cinq ( ….) faites le déclarer par huit millions, dix millions, cent millions de voix, deux et deux n'en feront pas moins quatre. La vérité morale n'est pas plus à la merci d'un vote que la vérité algébrique ». ) Rappelons qu'auprès de l’ensemble des électeurs de droite, le député-maire de Meaux est devancé de 20 à 30 points dans toutes les enquêtes par l’ancien Premier ministre. Certes, officiellement, il ne s’agissait pas encore de désigner un candidat à la présidentielle.
C’est pourtant bel et bien le premier opposant au président de la République François Hollande, celui qui doit incarner l’alternative pour l’ensemble du pays, que la droite choisissait avec ce vote. En accordant un tel score à Jean-François Copé et aux idées qu'il défend, les adhérents de l’UMP semblent donc peu à peu décrocher de l’évolution du reste de la société française. Leur virulente hostilité au mariage homosexuel, mesure pourtant plébiscitée par l’opinion, en est l’un des indices récents les plus significatifs...( Encore l'opinion! Mais non seulement l'opinion est train de basculer sur ces questions, et les socialistes refusent précautionneusement tout referendum, mais je renvoie à Victor Hugo. Voir plus haut ).
Un peu comme si les électeurs de gauche s’étaient fait plaisir en désignant Arnaud Montebourg comme candidat à la présidentielle pour faire vibrer des convictions garanties 100 % à gauche, sans mesurer que François Hollande apparaissait comme le mieux placé pour battre Nicolas Sarkozy.
Au total, le risque est grand de voir le principal parti de droite, chauffé à blanc par ses mauvais démons, tourner le dos aux attentes de ses électeurs. ( Les gens du N O sont athées. Mais ils n'en sont pas moins les exorcistes des « démons » de la droite, dont ils prétendent avoir le monopole de la désignation, pour une bonne chasse aux sorcières, pour de bons pogroms à l'encontre des bons français qui ne pensent pas comme eux ). Ce divorce croissant entre des militants radicalisés et des électeurs de centre-droit plus sensibles au rassemblement sera sans doute moins simple à résorber que la rupture entre Copé et Fillon. Voilà qui devrait réjouir François Hollande ou Jean-Louis Borloo qui lorgnent avec envie sur cet électorat modéré délaissé. ( bref! Vive les irrésolus, les couilles molles, les vieilles loutres du genre de Roselyne Bachelot ).