30 Juin 2011
La politique va son train. Et ce train, est celui, comme depuis toujours, du conformisme le plus répugnant. Un conformisme malin, qui a plus d'un tour dans son sac. Chacun s'imagine être ( et moi-même sûrement, plus que je ne le crois ) l'anticonformiste qui voit simple et clair. Cela ne va pas sans situations, parfois cocasses, quand dans l'espace dévolu à un meeting, de droite, ou de gauche, tous ces anticonformistes claquent ensemble des mains, jappent ensemble, exterminent de concert, symboliquement l'autre abhorré ( faute, mais ils ne le savent pas, de pouvoir le faire réellement, physiquement ).
Les partis sont la forme « civilisée », des bandes et des hordes, qui chassent en meutes. »Les animaux lâches vont en troupes. Le lion va seul dans le désert » dit à peu près le poète.
Je n'ai jamais pu m'inscrire dans un parti. Même avant de connaître mon cher Paul Valéry, je pressentais, et vivais, son bel aphorisme : « Pour adhérer, il n'y a que les huîtres et les sots »!
Ce qui m'intrigue, ces jours-ci, c'est l'étrange agglomérat des partis ou des hordes contre Nicolas Sarkozy.
Oh!Je ne suis pas un admirateur de Sarkozy. Je suis de cette génération qui a connu Charles de Gaulle ( sans « adhérer » pour pour autant), je l'ai lu, médité. Cela m'a rendu très difficile en matière d'admiration politique. La comparaison fut accablante pour Giscard d'Estaing et Chirac.
Elle m'interdit tout sarkozisme primaire et partisan.
Mon esprit critique toutefois m'interdit formellement de me joindre à la sorte de chasse à l'homme à laquelle il se trouve livré, en France, aujourd'hui.
Un homme de lettres, écrivait il y a quelques années que « la polémique de droite est une polémique d'humeur, qui s'en prend aux personnes, tandis que la polémique de gauche serait une polémique d'idées » (sic).
S'il en était ainsi, il faudrait admettre que plus de 80% des Français d'aujourd'hui seraient de droite, et même »d'extrême droite ».
Je dois le dire, je suis fatigué de ces attaques ad hominem, de ces courriels sur « le nain », sur le « gnome », etc.
Et si nous changions un peu de refrain.
Si je sais pour qui je ne voterai pas à l'élection présidentielle (pour des raisons politiques et philosophiques, et non des antipathies personnelles ), je ne sais pas encore à qui ira mon suffrage personnel. Je n'exclus pas que ce soit pour Marine Le Pen ( je n'ai pas dit « Marine » comme les innocents de sa horde qui ont l'illusion qu'elle n'est pas une femme politique, avec tout ce que cet adjectif signifie d'ambiguïtés multiples, et la prennent pour une copine). Seuls les manipulateurs de gauche font semblant de croire, pour rendre toute alliance de droite au second tour impossible avec le FN, et s'assureraient ainsi une victoire impossible autrement, que ce parti est l'analogue d'un parti fascite ou neonazi..
Mais je pourrais voter pour N.Sarkozi. Pourquoi pas.
La politique de ce dernier n'est pas irréprochable, il s'en faut, au regard de mes principes politiques. Mais elle n'est pas non plus « le mal absolu » que nous présentent ses adversaires, et nombres d'inconscients, prisonniers de leurs humeurs.
Dès l'époque du grand de Gaulle, sa façon détestable de régler la question algérienne m'a enseigné qu'en politique on ne choisit jamais entre le Bien et le Mal, entre le Bon et le Mauvais, mais entre un mal et un pire.
C'est cela que je voulais exprimer à ceux qui me font l'honneur de lire cette tribune du Scrutateur, et qui m'a conduit à publier, en complément à cet article cette chronique Denis Tillinac, parue dans un numéro récent de Valeurs Actuelles.
Bonne lecture, et bonne journée du premier juillet.
Edouard Boulogne.
« Un ami m’a fait admettre dans un club d’intellos parisiens. Profil type : chercheur au CNRS. Autant dire que je suis le seul réac. Périodiquement, les membres se réunissent autour d’un invité qui répond aux questions. La semaine dernière, c’était Hollande. Le “off” étant de rigueur, je tairai l’intitulé du club, l’identité de son président, la teneur des propos de Hollande et l’impression qu’il a faite sur les participants. Ce qui m’a marqué, c’est la vacuité, le désarroi, l’accablement même de ces consciences de gauche.
La plupart ont un passé militant. Tous vouent à Sarkozy une haine primordiale, mais dépourvue de tonicité car leurs âmes sont mortes, ça se lisait sur les visages. Le monde a trop changé, plus rien ne colle avec leur grille idéologique, ils ne savent plus quoi penser de l’Europe, de la mondialisation, de l’État, de l’écologie, des identités, de la décentralisation. Les socialistes européens (Grèce, Espagne, etc.) prennent l’eau, les prolos sont lepénistes, les révoltés du monde arabe ne sont ni marxistes, ni djihadistes, ils réclament la démocratie “bourgeoise” et l’art de vivre qui va avec. Pauvres intellos postmodernes ! Il leur reste le “sociétal”, mais ils savent bien qu’on n’allume pas de vraies étoiles dans le ciel des idées politiques en promettant la dépénalisation du cannabis, le mariage des homos et autres supplétifs bobos.
Jamais je n’avais perçu à ce point que la pensée de gauche, dominante en France depuis la Libération, encore majoritaire sous le septennat de Chirac avec la métamorphose des communistes en altermondialistes et des trotskistes en écolos, est cliniquement morte. Les malheureux s’agrippent comme des naufragés à des lambeaux de pathos – la “solidarité”, le “vivre ensemble”, le “sens du collectif”. En les voyant si accablés, des scènes du film de Sautet Vincent, François, Paul et les autres me revenaient en mémoire. C’est une bande de copains vieillissants et enclins par le fait aux sentimentalités de facture nostalgique. Épouse d’un chirurgien beau et friqué, Piccoli en l’occurrence, Marie Dubois couchaille avec des petits mecs. Ils sont moins riches, moins ils sont “vivants”, comme les amants de Marie Dubois dans le film. En sortant de la réunion, j’avais envie de téléphoner à Sarko pour lui dire qu’un boulevard s’ouvre à lui. Il a de gros défauts mais lui aussi, il est “vivant” et ça peut faire la différence. (...) »
(…) Pour lire la suite voir le lien : http://www.valeursactuelles.com/notre-opinion/notre-opinion/tristes-comme-gauche20110623.html