15 Décembre 2012
" Faire don de la culture, disait Sy-Exupéry, c'est faire don de la soif".
Il y a quelques mois, je vous avais proposé ce lien précieux, avec le grand LudwigVan B, pour une interprétation publique, en plein air, de la fin de sa IX ème Symphonie.
En ce week-end, je vous la refile, sûr que cette musique vous réconfortera à nouveau, et plaira à nos nombreux nouveaux lecteurs.
A la fin du premier enregistrement , s'offre une palette de liens, tous plus sensationnels les uns que les autres.
Si vous cliquez sur le lien qui renvoie, dans un restaurant ordinaire, à l'hallelujah de Haendel, vous remarquerez peut-être parmi les interprètes, une jeune femme qui ressemble beaucoup à Carla Bruni ( Sarkozy ) La voix cependant nous dissuade d'un jugement hâtif. Non ce n'est pas elle.
J'ai ajouté à ce premier liens quelques autres, que je trouve remarquables, et que je propose à votre sagacité, et, je l'espère, à votre imitation.
Peut-être ne pourrez-vous pas tout écouter en une seule fois. Gardez donc cet article dans vos favoris, et revenez-y, de temps à autre.
E.Boulogne.
( I ) Le grand Ludwig Van...: http://www.youtube.com/watch_popup?v=GBaHPND2QJg&feature=youtu.be
( II ) Pot-pourri d'opera en Espagne : http://www.youtube.com/watch_popup?v=NLjuGPBusxs&vq=medium
( III ) Verdi : Les trompettes d'Aïda, au stade de France en 2010. http://www.youtube.com/watch?v=T12zwYobFKo
( IV ) Verdi : Le choeur des esclaves, dans Nabucco. : http://www.youtube.com/watch?v=vI3q0CxtQpc
( V ) Wagner : Siegfried Idyll : http://www.youtube.com/watch?v=891JUSQplzU
( VI ) Wagner : La marche funèbre du crépuscule des dieux : ( Le chef d'orchestre est, ici, le grand W. Furtwangler ) :
( Anecdotique, mais intéressant. Quand Adolf Hitler mourut, suicidé, dans son bunker de la chancellerie à Berlin, le 30 avril 1945, une bataille acharnée se livrait dans la ville, où rue par rue, maison par maison, les Berlinois, encadrés par les SS résistaient aux forces de l'armée rouge.
Le nouvelle du suicide fut annoncée à la radio. Elle fut immédiatement suivie de la Marche funèbre du crépuscule des dieux de Wagner.
A ce sujet, deux remarques peuvent être faites.
Les nazis avaient le sens du théâtre, et étaient imprégnés d'une idéologie « romantique ». D'où ce goût pour le théâtral. Si l'on imagine le ville en ruines, flamboyant de la lueur des incendies, abasourdie par le bruit des canons, le fracas des bombes, les hurlements de haine, et de douleur des combattants, et en même temps, la diffusion de la Marche funèbre par tout ce qui restait de sono en fonctionnement dans Berlin, on pourrait être tenté de dire que « tout cela, vraiment, avait de la gueule » comme on le dirait d'un film, d'une oeuvre d'art. Mais il ne s'agissait pas d'un film, et les soldats ne se relevaient pas après la mitraille, comme des figurants, de même que les édifices détruits n'étaient pas de carton pâte.
Sur un autre plan, on ne peut que rester pensif devant la perversité des metteurs en scène nazis, qui détournaient un chef d'oeuvre de l'art de sa signification première, qui détournaient, de manière générale la grande culture allemande au profit d'une idéologie criminelle et liberticide.
Je parlais de la perversité du nazisme. Mais les nazis ne furent les seuls à dériver ainsi. Dans les années qui suivirent la prise du pouvoir en Chine, par les communistes, et Mao Tsé Toung, le régime trouva le moyen d' accaparer la quatrième partie de la neuvième symphonie de Beethoven ( voir ci-dessus ) : l'Hymne à la joie, pour en faire le symbole de l'opéra de Pékin. Il y a de la perversité en l'homme, et une certaine vision de la politique tend à pervertir, le meilleur de nous pour l'asservir aux plus viles propagandes. On en trouvera une nouvelle preuve, plus bas, à propos de Dimitri Chostakovich.
( VII ) Chostakovitch : Le chant des forêts ( 3ème partie : Souvenirs du passé ) : http://www.youtube.com/watch?v=KmZJeImdz0g
Dimitri Chostakovitch, grand musicien russe du XX ème siècle n'était pas du tout communiste. Mais il eut la disgrâce de vivre sous le régime soviétique, et dans sa pire période, la stalinienne.
Pour survivre, il dut faire semblant de se soumettre, et exécuta sur commande des oeuvres, dont le célèbre Chant de la terre dont vous pourrez écouter ( ci-dessous ) la 3ème partie.
Je n'ai pu, malheureusement, trouver sur Youtube la quatrième partie, intitulée « les pionniers plantent les arbres ».
Alors que toute la population russe est soumise à l'ordre totalitaire le plus affreux, où la jeunesse est embrigadée, comme naguère la jeunesse allemande sous Hitler, on peut y entendre, comme dans une joyeuse colonie de vacances, des adolescents de 18 ans chanter joyeusement, à l'intention des foules occidentales niaises, comme si le BONHEUR était enfin advenu sur la terre grâce à la révolution.
Pauvre Chostakovitch! Ci-dessous, ce qu'écrivait un commentateur, il y a quelques mois :
Je comprends que le texte, du moins avant qu'il ne soit dé-stalinisée (en supposant qu'il était) était tout à fait flatteuse pour Staline. Peut toutes les russophones confirmer si cette version est toujours un grand amour-fest pour Staline? Shostakvich n'avais pas le choix, soit dit en passant. Au moment de sa vie où il a écrit ce qu'il était sous surveillance très sévère par le régime. Ce projet faisait partie d'essayer de se racheter de quoi survivre en tant qu'artiste et ne pas vivre dans la misère et le silence pour le reste de sa vie.
( VIII ) : Sur la musique.
Pour conclure ce petit concert du week-end, je citerai un texte d'auteur, qui n'est pas, certes, l'un des grands philosophe de la musique ( Platon, Schopenhauer, Nietzsche, Alain, Jankélévitch, ) mais qui, par sa simplicité même, peut être éclairant. Il s'agit de Raymond Colas. J'ai trouvé ce texte dans un livre de Jacques Chancel, en 1988, et le notai aussitôt. Il figure, d'ailleurs, à la lettre M, dans La chrestomathie du Scrutateur.
"Parlons plutôt de la musique. Si nous comprenions ce qu'elle nous cache, nous découvririons peut-être le grand secret de
l'univers. Il est certain que les mouvements cosmiques doivent produire des bruits si continus et si complexes qu'ils contiennent toutes les musiques.
Le musicien est l'apprenti sorcier qui essaie de reconstituer ces images sonores inconnues et tente de faire parler la matière
pour lui trouver son âme. Le trait d'union entre les différentes substances minérales, végétales, animales, mentales et astrales c'est peut-être le langage de la musique. Il existe chez l'homme
un rythme intérieur. Ce rythme intérieur est inné, on ne l'acquiert par aucune étude, il est ineffable et se confond avec la musique même...
Qu'on le veuille ou non, toute vraie musique est toujours métaphysique et c'est l'efficacité métaphysique qui en fait le
véritable prix. La musique approche d'exprimer la spiritualité pure en détruisant la forme visible.
Platon nous dit déjà que la musique ne peut être entendue que de l'endroit où nous l'avons entendue. ... La musique est une région déserte, inconnue, dangereuse même. Elle
dissimule une valeur fondamentale et cela justifie que les hommes s'acharnent à dévoiler son secret avec cet entêtement qui serait grotesque s'il n'était sublime. Que cet espoir soit vain ou non,
la musique est un espoir libérateur....
Dans le domaine musical la qualité essentielle est
certainement l'humilité. Nous devons avant tout ne pas oublier que nous ne sommes qu'une ébauche d'homme en quête de spiritualité, que l'art est notre indispensable mensonge à la transcendance
divine et que le compositeur de musique n'est qu'un élève qui balbutie en essayant d'imiter le créateur cosmique qui, en lui donnant la vie, lui a conféré le sortilège de la
créativité".
Je vous souhaite bonne désaltération.
EB.