27 Décembre 2012
Hier, j'ouvrais le Scrutateur ( il l'est d'ailleurs en permanence à tous les gens bien élevés ) aux lecteurs qui voudraient exprimer leurs avis sur le Projet Guadeloupéen de Société ( ou désigné comme tel ).
Le Parti Chrétien Démocrate a envoyé un communiqué. Et monsieur Claude Houël nous fait parvenir son intéressant point de vue, fondé, notamment, sur une une expérience du terrain. EB.
un commentaire vient d'être posté par Claude HOUËLsur l'article Le « Projet guadeloupéen » en débat, demain, devant le « Congrès des élus »., sur votre blog Le Scrutateur.
Extrait du commentaire:
Le PGS n’a pas eu le succès qu’il aurait , peut-être ,mérité ,les débats n’ayant pas attiré les foules, loin s’en faut.
Ses initiateurs doivent donc faire avec et en tirer des conclusions partielles.
La répartition sociologique des participants aux débats aurait probablement démontré la sur - représentation de nos intellectuels
progressistes.
Pour autant elles ont le mérite d’exister et ne sont pas inintéressantes car elles montrent les profondes mutations de notre société et les
raisons d’espérer.
Concernant les problèmes de la fraternité et de l’identité , l’analyse et les conclusions devraient être nuancées.
Les mutations indiquées sont universelles et pas spécifiques et le remplacement de la solidarité par l’individualisme constaté partout.
Il ne faut ,par contre , jamais perdre de vue qu’il existe bien des spécificités liées à l’insularité , que l’on retrouve sur d’autres îles
françaises ,et pas seulement en Corse , sur lesquelles
le questionnement sur l’identité ou la méfiance vis à vis de l’autre sont plus ancrées.
Pour vivre en Guadeloupe depuis 53 ans et bien que n’y étant pas né, j’ai pu voir évoluer notre société avec un œil différent et avoir le sentiment
que les choses ne sont pas aussi négatives que
l’on se complait à le dire, et que les raisons d’espérer existent bel et bien.
Mon expérience relative à l’identité est à ce sujet révélatrice et pas forcement inédite :
Ayant usé mes fonds de culotte sur les bancs de Gerville Réache ,Carnot ,Baimbridge puis Vizioz je me suis rapidement senti Guadeloupéens ,
conforté en cela par mes amis, de toutes couleurs confondues.
Cette certitude a été ébranlée en mai 67 par les manifestations qui ont revêtues , fait occulté, un caractère racial marqué .
J’ai porté cette interrogation de longues années jusqu’au jour où les pendules ont été remises à l’heure , de manière inattendue.
A titre de chef d’entreprise j’ai organisé ma première NAO (négociation annuelle obligatoire) avec mes deux délégués…UGTG.
La première revendication avancée était de privilégier l’embauche locale, bien que souscrivant sans problème à cette « revendication »
j’ai voulu pousser mes interlocuteurs dans leurs retranchements en leur demandant de me préciser si mes enfants étaient « autorisés » à travailler dans
l’entreprise, avec les compétences requises.
La réponse a définitivement effacé mes doutes : Il n’y avait aucun problème pour mes interlocuteurs , car mes enfants , nés en Guadeloupe
étaient donc guadeloupéens ainsi que moi même qui a
choisi de passer ma vie ici en y risquent quelques capitaux !
Bien que ne faisant pas d’angélisme et ne tirant pas de conclusion hâtive d’une expérience personnelle cela m’a conforté dans l’idée que les
clivages de la société n’étaient pas toujours là où
l’on croyait.
Une seconde expérience m’a montré que la revendication identitaire basée sur une histoire douloureuse était loin d’être la préoccupation première
des guadeloupéens.
Ayant été amené à coacher des demandeurs d’emploi, de toute origine sociale, et abordant avec eux tous les thèmes possibles, j’ai rapidement
constaté que leur souci premier était le retour à une
activité et pas seulement du point de vue économique, bien avant des considérations jugées intellectuelles.
Contrairement à un autre lieu commun j’ai aussi constaté qu’il n’y avait aucune prédisposition du guadeloupéen à fuir le travail et à se
complaire dans l’assistanat.
Tout cela pour dire qu’il faudra beaucoup ,de mon point de vue , nuancer les conclusions qui serviront de base au PGS si on veut que ce projet
emporte l’adhésion du plus grand nombre.