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11 Novembre 2009
Onze Novembre, fête de la victoire. Hommage au Commandant MORTENOL!
La Guadeloupe et la Martinique ont participé, par le courage et le sang, à la victoire de la France en 1918, à sa libération en 1945. Cette participation aux sanglants combats pour la patrie, fut passionément voulue. Dans sa Petite histoire de la Guadeloupe, ( éditions l'Harmattan ) l'historien Lucien-René Abenon écrit ( p.165 ) :
« L'époque fut encore marquée par la revendication de l'impôt du sang, c'est-à-dire le droit au service militaire. C'était là une aspiration des vieilles colonies qui souhaitaient une assimilation totale avec la métropole. Elle résultait d'un attachement au régime républicain, garant de la liberté et du progrès, et d'une affection très sincère pour la France. Il y avait peut-être aussi un désir d'aventures ultra-marines chez certains jeunes qui souhaitaient échapper à une existence trop monotone.
Le 15 juillet 1889 fut votée une loi étendant le service militaire aux colonies anciennes. Les députés de l'île y avaient pris une part active, encore qu'Alexandre Isaac eût demandé de nombreuses exemptions. A différentes reprises, la loi fut remaniée et elle ne fut appliquée que très tardivement, puisque c'est seulement le 19 octobre 1913, à la veille de la Première Guerre mondiale, qu'eut lieu le premier départ de conscrits pour la métropole. Cela n'avait d'ailleurs pas empêché de nombreux Antillais de servir dans les armées françaises, qu'ils fussent européens d'origine, comme les généraux de La Jaille, de Lanrezac ou de Lacroix ou qu'ils aient appartenu à la population noire, comme le commandant Mortenol ».
Ces faits doivent être rappelé à l'heure où une subversion s'active, émanant de milieux très minoritaires, mais très actifs, s'attache à trafiquer la vérité historique au nom de leurs aberrations idéologiques.
C'est pourquoi Le Scrutateur a voulu aujourd'hui, ce 11 novembre, en commémorant l'armistice de 1918, rendre hommage au commandant Camille Mortenol. Pour ce faire nous reproduisons ci-dessous la notice consacrée à ce grand compatriote, par M.Robert Desgranges, récemment dans on ouvrage Guadeloupéens dignes de mémoire.
Commandant MORTENOL (1859-1930) officier supérieur guadeloupéen :
Un mystère entoure sa naissance. En effet, s'il naît bien le 29 novembre 1859,
à Pointe-à-Pitre, un Sosthène Héliodore Camille Mortenol, né d'André, et de
Julienne Toussaint, sa légitime épouse, son acte de décès a récemment été
retrouvé : il est mort en 1885. Prénoms, date de naissance et filiation sont bien
les mêmes. Il était âgé de 25 ans, voilier de son état, ses père et mère étant déjà
décédés. Or à cette époque, notre « commandant » était militaire en Europe, et
c'est l'identité même qu'il va revendiquer sa vie durant...Accordons lui donc
le bénéfice du doute.
Il se prénommerait donc Sosthène Héliodore Camille, et serait né en 1859, le
29 novembre, dans la maison qui fait l'angle des rues de Nozières et de l'Abbé
Grégoire, à Pointe-à-Pitre. Maison sur laquelle, en 1959, l'édilité a fait apposer
une plaque, pour célébrer le centenaire de sa supposée naissance...
Son père, André, était esclave, et aurait racheté sa liberté, en 1847, à l'âge de
38 ans, choisissant le nom patronymique de Mortenol (ce nom ne pouvait être
celui d'une famille présente dans l'île, car cela était interdit par la loi).
Quoi qu'il en soit, notre « Camille » est élève des Frères de Ploërmel (de la rue
Schoelcher), puis du Collège Diocésain de Basse-Terre. Il présente des dons si
manifestes pour les mathématiques, qu'il obtient une bourse pour poursuivre
ses études au Lycée Montaigne de Bordeaux. Il accède à Polytechnique en
1880, au 8° rang, (cela infirme la légende selon laquelle il en aurait été major,
et que Mac Mahon l'en aurait félicité en disant : « C'est vous le Nègre ?... Eh
bien continuez ! »)... Sorti de l'Ecole, il devient officier de marine.
En 1894, on le retrouve dans le corps expéditionnaire qui, va conquérir l'île de
Madagascar, et la pacifier l'année suivante, sous les ordres de Gallieni. Il a une
conduite exemplaire lors de plusieurs engagements, et est décoré de la Légion
d'Honneur, le 19 août 1895.
Il participera encore à d'autres campagnes coloniales.
En 1914, il est Capitaine de Vaisseau et officier de la Légion d'Honneur.
Gallieni, gouverneur militaire de Paris le prend avec lui, et lui confie, en 1915,
le commandement de l'artillerie du camp retranché, chargée de défendre la
capitale des attaques aériennes (menées par les dirigeables et avions allemands,
qui exerçaient les premiers bombardements nocturnes).
L'Histoire dit qu'il accomplit sa tache avec autorité et compétence et sauva
aussi Paris. Tout comme Gallieni en 1914.
Il est mis à la retraite après le conflit, cumulant les grades de Capitaine de
Vaisseau et de Colonel d'Artillerie. Il est fait, d'autre part, Commandeur de la
Légion d'Honneur... Pour nous il est resté le Commandant Mortenol.
Il vit alors à Paris, où il meurt le 22 décembre 1930.
Une rue de Pointe-à-Pitre (ancienne rue de Turenne) a pris son nom, ainsi que
le quartier de la nouvelle ville où elle conduit. De plus, sa statue en bronze, sur
le quai du Port de Croisière, y accueille les rares touristes... et les fientes des
pigeons... Paris a donné son nom à une impasse proche du Canal Saint-Martin.
Robert Desgranges.