18 Juin 2012
Le Scrutateur m'ayant désigné pour veiller, ce soir, j'ai donc pris mon courage à deux mains et regardé, sur ordre, l'émission politique de Guadeloupe 1ère : « On en parle »..
Et certes il fallait du courage pour suivre de bout en bout cette enfilade de lieux communs, énoncés le plus souvent sur le ton du plus déplorable des esprits de sérieux, par des gens qui, manifestement, se croient sortis de la cuisse de Jupiter.
On a parlé de la Guadeloupe.
Qu'est-elle?
Quel sera son devenir.
Comment expliquer l'opposition entre le pays réel et le pays légal ( expression forgée au début du XXème siècle par le théoricien politique Charles Maurras, dont les participants, à l'exception d'un seul, qui d'ailleurs sur ce point a gardé un silence prudent, ignoraient probablement jusqu'au patronyme, et que je ne nommerai pas, parce que je l'aime bien et ne voudrais pas lui nuire ).
Deux heures de cacophonie, entrecoupées de quelques moments de bon sens. Par exemple quand M. Davila « s'est lâché » dans de belles envolées, volontairement provocatrices, et dignes du scrutateur, sur le caractère incohérent, schizophrénique de la Guadeloupe actuelle. Davila rejoignait, sans qu'il y ait eu, semble-t-il de concertation préalable, la pochade en images d'Eddy Nedelkowski impitoyable, et amusante, mais excessive, comme toute oeuvre de polémiste, et comme l'a fait justement remarquer une maîtresse d'école présente sur le plateau. Car heureusement la Guadeloupe n'est pas aussi « en souffrance » que l'a dit et répété à satiété un disciple d'Edouard Glissant, triste comme un jour sans pain, et manifestement soucieux de faire partager au plus grand nombre de victimes son vécu intime.
Il y a eu aussi quelques remarques judicieuses de Jacky Dahomay, défendant les intellectuels, pourfendus par d'ardents zélateurs du LKP, comme l'on pouvait s'y attendre, les fascistes n'ayant jamais trop appréciés l'esprit critique.
Pour le reste, Hélas! Hélas! Hélas!
Plus sombre que jamais, le disciple de Glissant, qui devrait méditer Nietzsche, sur l'esprit de joie vraie chez Zarathoustra, et la danse joyeuse par dessus les flots qu'est l'acte de penser, a prétendu que nous ne sortirions pas de notre marasme actuel, sans la constitution du fameux « projet de société » qui est déjà en voie d'élaboration dans le département, sous l'impulsion notamment du conseil régional, ponction faite sur nos budgets citoyens ( cf.les subventions, dont nous aimerions bien savoir le montant, nous les cochons de payeurs ).
Il ne s'est trouvé personne sur le plateau pour faire remarquer à cet éteignoir, que ce n'est pas ainsi, par des artifices « d'intellectuels », que se développent organiquement les sociétés historiques.
Que c'est bien ainsi, en revanche, que se sont « créées » après la révolution française les sociétés les plus artificielles et les plus tyranniques qui aient jamais été, des « intellectuels » prétendant imposer par la force, la terreur et la propagande leurs dangereuses songeries. Je veux parler, entre autres de l'URSS, et de la Chine populaire.
Non personne ne l'a fait remarquer. C'est que comme disait encore Nietzsche « le désert croît ».
En l'occurrence le désert de l'inculture.
Qui en effet avait lu ces philosophes et historiens, ou romanciers réactionnaires et atypiques, mais tellement nécessaires aux hommes libres, les : Maurras, Joseph de Maistre, François Furet, Augustin Cochin, Georges Orwell, Aldous Huxley ( entre autres ).
A vos dictionnaires des noms propres mesdames et messieurs du plateau du morne Bernard!
A la fin de l'émission, je maudissais le scrutateur et ses ordres impératifs.
Mon Dieu, mon Dieu, que d'ennui!
Et me taper ce compte-rendu, quel souci!
Plus que la crainte d'une remontrance, c'est la certitude d'être approuvé, en cas de défaillance, par les gens de Guadeloupe 1ère qui m' a forcé vers mon devoir.
Mais plus heureux que moi ce soir sont les 99 % de téléspectateurs qui ont zappé après trois minutes vers d'autres chaines plus excitantes.
Intérêt du pluralisme télévisuel.
Gérard Vergé-Lauriat.