19 Avril 2012
( La campagne électorale n'a pas été conduite par les partis d'opposition au président sortant, avec les ingrédients habituels de cet
évènement peu banal, mais avec une HAINE, surprenante, et qui a passé la mesure. EB ).
Nous avons tous nos raisons particulières de choisir ou d'exclure tel ou tel candidat. Je comprend qu'on puisse opter pour d'autres candidats que le mien. En choisissant Nicolas Sarkozy, dès le premier tour, j'ai proposé des analyses, qui se veulent raisonnables, et des prises de position d'hommes politiques, de journalistes ou d'écrivains, qui m'ont paru valables.
Le débat reste ouvert, et le résultat, quel qu'il soit ne nous mettra pas d'accord avec les partisans de Hollande, de Mélenchon, d'Efa Choly, et des autres.
Il faut souhaiter que nos dissentiments ne débouchent pas sur une guerre civile, ce qui est tout de même improbable dans ce vieux pays cultivé qu'est la France.
Mais, alors que nous approchons du premier tour, qui en Outre mer aura lieu samedi prochain, je voudrais dire l'une de mes raisons de militer encore, et encore, pour le président sortant. Cette raison, elle m'est totalement commune avec celle alléguée en fin de son article de Valeurs actuelles, que je cite intégralement, par l'écrivain Denis Tillinac:
Pour Tillinac, tout n'est pas permis, même dans cette foire d'empoigne qu'est une campagne politique. Il y a un minimum de décence, de réserve, et d'honneur à respecter dans le débat contradictoire.
Les sages de la Grèce antique, parlaient avec effroi, de l'Hubris, de la démesure qui s'empare parfois des collectivités humaines, et les conduit au pire, plus bas que la bête. Je crains que le ton des adversaires de M. Sarkozy n'ait dépassé depuis longtemps les limites de la mesure.
E.Boulogne.
Cette conclusion que j'adopte et admire, la voici :
« (… ) En votant dimanche pour Sarkozy, j’aurai en mémoire l’inénarrable vindicte donc il aura été l’objet, jour après jour, avec une indécence, une incivilité sans commune mesure avec l’exercice légitime de la critique d’un exécutif tout aussi légitime.
Rien n’aura manqué, pour l’humilier autant que pour l’abattre, y compris des considérants sournoisement xénophobes et antisémites (il n’est pas « enraciné », etc.). En sorte que son éventuelle défaite ne sera pas une victoire de la gauche, minoritaire dans ce pays, mais de la haine inoculée par des Torquemada de basses eaux avec l’absurde complicité de Marine Le Pen, de Bayrou, de Villepin, de Dupont-Aignan et consorts. Je voterai Sarko par cohérence politique certes, mais aussi par réflexe de solidarité avec un homme seul et vulnérable traqué par une meute sans foi ni loi ».
Le choix de Denis Tillinac.
De façon encore discrète et polie, mais avec une charge croissante d’ironie, les politiques s’avisent de renvoyer dans leurs cordes des “journalistes” indûment sanctuarisés par la fiction de leur neutralité. Jusqu’alors, seul Le Pen, eu égard à sa diabolisation, osait prendre de front ces agents d’influence déguisés tantôt en “experts”, tantôt en “observateurs” et dont tout Paris connaît les sympathies partisanes.
Plus récemment, Bayrou ouvrit avec d’infinies précautions la boîte de Pandore et Sarkozy, avec de moindres précautions, a fini par lancer quelques Scud dans le sillage de son apostrophe à Joffrin, lors d’une conférence de presse à l’Élysée au début de son quinquennat. Laurent Joffrin, personnalité au demeurant fort estimable, illustre à merveille l’équivoque de ces “journalistes” du sérail parisianiste au service militant d’une idéologie. C’est son droit, mais dans un débat avec un politique, il doit être perçu et traité comme tel, et non “respecté” comme s’il incarnait la Vérité, la Probité, le Savoir, la Raison et autre gros mots armés d’une majuscule. Pujadas, animateur non moins estimable, qui, la semaine dernière, orchestrait une séquence de la campagne télévisuelle avec deux acolytes, n’est pas neutre non plus.
Nul ne l’ignore dans ce “milieu” où une loi non écrite protège quelques mandarins, présume leur “compétence” et impose une approche monochrome des réalités, car depuis la création de Libé, il y a presque un demi-siècle, les journalistes français sont très majoritairement taillés dans le même patron mental. Les temps ont changé, les esprits peu à peu s’affranchissent de certaines crédulités et subodorent certaines opacités.
Exit l’immunité des éminences du petit écran, du micro et des bulletins paroissiaux majeurs (l’Obs, le Monde, Télérama, Libé, etc.) : des sondages révèlent avec insistance que l’opinion les suspecte de partialité et de mauvaise foi. Elle les prend pour ce qu’ils sont et se régale quand ils se font moucher. À ce jeu somme toute démocratique, Mélenchon excelle.
La trotskiste Arthaud a beau faire tourner mécaniquement son moulin à prières, elle m’a comblé d’aise en remballant jeudi dernier des procureurs pleins de mépris durant le petit quart d’heure qui lui fut consenti par la loi. Qui avait choisi ses interlocuteurs et selon quels critères ? Le téléspectateur est en droit d’exiger la levée des masques, et cette exigence se perçoit de plus en plus clairement chez le citoyen de base, las d’être pris pour un cave. Pour une fois, les moeurs évoluent dans un sens favorable à la libre aération des neurones.
Les politiques sont rarement courageux. Ils ont une peur enfantine des miroirs déformants que leur tend le système médiatique, comme on refile des cacahuètes à des singes pour qu’ils s’adonnent à des singeries. Ils s’exécutent encore, mais commencent à s’apercevoir que le pouvoir de ce système repose surtout sur leur lâcheté et à se dire qu’un miroir, ça se brise si on le caillasse. Dont acte : leur début de révolte, encore que très pusillanime, annonce peut-être la fin du règne en vase clos d’une coterie irresponsable.
Le débat public sera plus sain lorsque, dans la sphère audiovisuelle, chaque présentateur, chaque animateur, chaque commentateur sera sommé d’afficher sa couleur, comme le font par exemple Naulleau et Zemmour.
Ça n’empêchera pas la gente journalistique d’être de gauche à 80 %, voire à 99 % dans les médias publics et à 101 % à France Culture. Mais au moins l’opinion saura de quel catéchisme procèdent les sermons des uns, les “questions” faussement candides des autres.
En votant dimanche pour Sarkozy, j’aurai en mémoire l’inénarrable vindicte donc il aura été l’objet, jour après jour, avec une indécence, une incivilité sans commune mesure avec l’exercice légitime de la critique d’un exécutif tout aussi légitime.
Rien n’aura manqué, pour l’humilier autant que pour l’abattre, y compris des considérants sournoisement xénophobes et antisémites (il n’est pas « enraciné », etc.). En sorte que son éventuelle défaite ne sera pas une victoire de la gauche, minoritaire dans ce pays, mais de la haine inoculée par des Torquemada de basses eaux avec l’absurde complicité de Marine Le Pen, de Bayrou, de Villepin, de Dupont-Aignan et consorts. Je voterai Sarko par cohérence politique certes, mais aussi par réflexe de solidarité avec un homme seul et vulnérable traqué par une meute sans foi ni loi.
Denis Tillinac