5 Décembre 2013
La nouvelle vient de tomber : M. Mandela est mort.
Ce leader charismatique, et l'Afrique du sud, ont eu dans les trente dernières années deux chances, qu'ils ont su saisir.
On le sait, ce grand pays de la corne sud de l'Afrique, le seul a avoir été géré à l'européenne, et la seule nation du continent à pouvoir être considérée comme une puissance économique de premier ordre, était aussi empêtré dans un système de moins en moins défendable : l'apartheid.
Ce système tentait de se justifier en évoquant le pluralisme sur le territoire de multiples ethnies, toutes immigrées au cours de l'histoire, aux traditions différentes et souvent antagonistes. ( Mandela lui-même appartenait au groupe des Xhosas ). L'apartheid se voulait un statut garantissant la coexistence pacifique de tous ces groupes, mais sous la férule d'une puissante communauté blanche, immigrée, elle aussi, d'origine européenne.
Une telle situation ne pouvait durer, compte tenu de l'évolution des idées, notamment en occident. Et Nelson Mandela se posa en leader d'une coalition des ethnies noires, contre la minorité blanche dominante, pour la suppression de l'apartheid.
Pour parvenir à ses fins le leader Xhosa, s'appuya sur le bloc communiste, moins par adhésion à l'idéologie marxiste-Léniniste ( qui gérait, il ne l'ignorait pas un système d'oppression totalitaire qui n'était pas dans son tempérament ) que par politique, pour peser sur le cours des choses, l'ex URSS ayant de son côté tout intérêt à le soutenir pour faire pièce aux occidentaux, en tentant de contrôler la riche Sud Afrique, qui se trouvait aussi, à la corne de l'Afrique, sur l'une des voies majeures de l'expédition du pétrole vers l'Amérique et l'Europe.
Fin politique, et courageux, M. Mandela dut assumer les conséquences de son engagement : un long emprisonnement. L'une de ses chances ayant été que les méthodes répressives des dirigeants blancs sud africains ne revêtaient pas le caractère expéditif de ses alliés soviétiques.
L'Afrique du sud, eut, disais-je, deux chances, quand il s'avéra que le système de l'apartheid n'était plus tenable.
La première fut le caractère rationnel, et raisonnable de Mandela, son état d'esprit qui était celui d'un homme d'Etat attaché à la recherche de solutions raisonnables, et son indépendance intérieure par rapport à ses passions tout humaines.
La deuxième fut l'effondrement de l'URSS, qui cessait d'être, aux yeux des occidentaux le principe justificatif d'un accommodement avec des alliés sud africains en porte à faux avec l'évolution de leurs propres valeurs.
J'en ajouterai une troisième. C'est l'arrivée au pouvoir en Afrique du sud, à ce moment là d'un chef, issu de la communauté blanche, Frédéric de Klerk. Ce dernier, comme Mandela, était une forte personnalité, inspirée par le souci d'une évolution pacifique dans son pays.
Libéré de l'hypothèque soviétique, rencontrant un Mandela évoluant sur la même longueur d'onde, il fut avec le défunt de ce jour, la grande chance de l'Afrique du sud en 1993. Ces deux hommes reçurent d'ailleurs conjointement le prix Nobel de la paix en cette même année.
( Frédérik de Klerk et Nelson Mandela
).
Mandela, n'exerça pas le pouvoir durant de longues années. Mais il exerçait une influence régulatrice et pacifiante sur un territoire où tous les problèmes sont loin d'avoir été réglés.
L'apartheid, du moins entre noirs et blancs appartient heureusement, aujourd'hui, à l'histoire.
Mais des problèmes d'ordres économiques et sociaux très importants, subsistent et inquiètent les observateurs attentifs.
Ce n'est pas le moment, d'en parler en ce jour de deuil.
Edouard Boulogne.