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Le Scrutateur.

Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.

Morale à l'école : ou le Buzz sur Guadeloupe 1 ère, par Edouard Boulogne.

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Hier soir, ( merc 15 mai ) sur Guadeloupe 1 ère, dans l'émission « le Buzz », court débat sur le projet du ministre Peillon concernant la réintroduction de « la morale à l'école ».

Emission médiocre, non du fait de Laetitia Bruhlé, l'animatrice, mais de l'étendue du sujet, inabordable en 20 minutes, et aussi des deux participants, incapables de s'élever à la hauteur de la question posée.

Des deux participants?

En fait surtout de l'un d'entre eux, jeune professeur, métropolitain, militant syndicaliste; et gauchiste avéré ( chevelu, certes, mais bien inférieur, à cet égard, à ses modèles soixante-huitards ), un certain Marceau que son homologue de l'an II ( de la République ) n'eut certainement pas accueilli au sein de la glorieuse phalange que l'on sait.

Le deuxième intervenant, un Guadeloupéen, médecin de son état ( M. Baron, je crois ) et président d'une fédération guadeloupéenne de parents d'élèves.

D'emblée la « discussion » prend un tour polémique. Notre gaucho, conteste le projet du ministre Peillon. A ses yeux manifestement, on veut, par le biais de cette « morale » asservir encore davantage l'esprit des jeunes enfants, en les émasculant ( spirituellement, si j'ose dire! Venant d'un tel « penseur »! ), en les persuadant que « se bien tenir », « ne pas voler », etc, est le bien, alors qu'il s'agit de les faire marcher au pas d'une société abêtie par une société répressive au service du grand capital.

Mélenchon aurait été content.

M.Baron, à juste titre n'est pas d'accord. Il récuse, en particulier au moyen d'un petit sourire ironique qui ne le quitte jamais, ( sauf sur la fin où il se craquelle, quand pour une fois, il est mis en difficulté. Il se fend alors d'une petite phrase lapidaire, et bien rodée, mais pour une fois fort réjouissante : «  Vous parlez, dit-il au chevelu, métropolitain, de ce que vous ne connaissez pas, à savoir notre volonté, en Guadeloupe dans cette île où vous n'êtes pas né ( lol! ), d'une certaine dignité – dignyté a pep gwadloup! - qui fut la nôtre et qui est en train de disparaître ! ». Bien envoyé! ) et qui en dit long sur la pensée de l'immense majorité, sans doute, des auditeurs ( et la mienne! ).

Le docteur Baron fait aussi quelques remarques, très justifiées sur ces enseignants, toujours prêts à dénoncer, le manque de moyens alloués à l'éducation nationale, aux classes surchargées, responsables, selon eux, des dérives juvéniles, mais qui ne s'interrogent jamais sur leurs responsabilités personnelles, leur manque de sérieux, et peut-être de vraie moralité.

Donc, sur ces points là, avantage certain au docteur Baron.

Mais, de part et d'autres, sur le contenu de cette morale, rien de bien sérieux

Il fut un temps où l'essentiel du contenu éthique de l'enseignement ne passait pas par les quelques préceptes énoncés dans les « cours de morale » tel qu'on les voit en actes dans la célèbre pièce de Marcel Pagnol : Topaze.

C'est le comportement quotidien, et rigoureux, et chaleureux ( dans la sévérité juste ), et exigeant pour les élèves, mais d'abord des instituteurs pour eux-mêmes, qui en était la base. Ainsi que l'humanisme mis à la portée des enfants par l'étude à la fois consciencieuse et ludique d'un La Fontaine, d'un Molière, d'un Hugo, qui en était la base.

Que reste-t-il de tout cela aujourd'hui?

D'autre part, on voit mal ce qui sépare les deux protagonistes coléreux ( d'hier soir ).

Car enfin ces deux messieurs semblaient d'accord pour reconnaître – en s'en réjouissant - que la morale « laïque » de Jules Ferry, ( l'adjectif est le terme le plus important du débat ) était bien la volonté farouche de détruire toute trace de morale « religieuse » dans l'enseignement français (Cf notre article :http://www.lescrutateur.com/article-quand-le-reverend-maitre-vincent-peillon-ses-pompes-ses-oeuvres-jette-le-masque-par-edouard-bo-117394191.html ).

Or pour Marceau, « tout le monde est d'accord, Voler, c'est mal, tuer, c'est mal ».

 

Ne serait-ce pas parce que le message mosaïque ( de Moïse ) prétend se réclamer d'une dictée divine, sur le mont Sinaï. Où il est dit aussi, « Tu aimeras Dieu », « tu aimeras ton prochain », et aussi ( aïe, aïe, aïe ! ) « Tu ne commettras pas l'adultère », etc.

C'est bien la référence transcendante à Dieu, qui révulse nos « moralistes au p'tit pied ».

Telles sont les préjugés « logés » par on ( ne ) sait qui dans leurs consciences, qui turlupine nos bons amis.

Dès lors, Marceau! pourquoi contester Peillon, votre soi-disant ennemi?

: La Révolution française n'est pas terminée (Seuil, 2008), écrit ce dernier ) « La révolution française est l'irruption dans le temps de quelque chose qui n'appartient pas au temps, c'est un commencement absolu, c'est la présence et l'incarnation d'un sens, d'une régénération et d'une expiation du peuple français. 1789, l'année sans pareille, est celle del'engendrement par un brusque saut de l'histoire d'un homme nouveau. La révolution est un événement méta-historique, c'est-à-direun événement religieux.La révolution implique l'oubli total de ce qui précède la révolution. Et doncl'école a un rôle fondamental, puisque l'école doit dépouiller l'enfant de toutes ses attaches pré-républicaines pour l'élever jusqu'à devenir citoyen.Et c'est bien une nouvelle naissance, unetranssubstantiationqui opère dans l'école et par l'école, cette nouvelle église avec son nouveau clergé, sa nouvelle liturgie, ses nouvelles tables de la loi. »

J'en demande pardon à M. Baron, auquel j'ai trouvé quelques circonstances atténuantes dans ses propos d'hier, mais la question est là, et l'on ne fera pas l'économie d'une réflexion sérieuse à ce sujet.

La morale à l'école, bien enseignée, est redevenue un impératif de salut public. Je la voudrais laïque, c'est-à-dire, tolérante, car de nature philosophique, ouverte à la recherche du fondement des choses, mais non intolérante et laïciste.

L'émission a souffert d'un manque de clarté réciproque sur les arrière-fonds de la pensée des interlocuteurs.

On avait l'impression, parfois que ceux-ci, le sachant, ne le sachant pas, tombaient sous le coup de cette remarque de Louis de Bonald : « On connait des hommes qui seraient moins alarmés d'une invasion de barbares que de la résurrection d'un ordre religieux ».

 

Edouard Boulogne.

 

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C
<br /> L'évocation de la morale est loin d'être anodine,surtout si elle est qualifiée de "laïque" par le ministre de l'éducation nationale. Dans un ancien Larousse, on trouve la<br /> définition : "science qui enseigne les règles à suivre pour faire le bien et éviter le mal". Alors se pose la question des fondements d'une telle morale: qui dira ce qui est bien et ce qui est<br /> mal? Les lois ?<br /> <br /> <br /> Mais ceux qui les font aujourd'hui n'ont-ils pas dit à l'opposition "vous avez juridiquement tort, parce que vous êtes politiquement minoritaires"? Le rapporteur de la loi sur le mariage<br /> n'a-t-il pas laissé entendre qu'une loi n'est que l'expression momentanée d'un rapport de force? Comment alors imposer de telles "valeurs" si ce n'est par une dérive totalitaire de l'état ?<br /> <br /> <br /> En 1984,le slogan : à école publique fonds publics, à écoles privées fonds privés, niait que tout fond public est éminemment privé puisque contribution des français par l'impôt à la vie de<br /> la nation. Allons nous devoir distinguer maintenant une "morale privée" fondée sur une vérité transcendante, d'une "morale laïque," à géométrie variable ? <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br />
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