8 Septembre 2011
Mouloud Ben Sarkoussy, le chargé de mission de l'Elysée pour la défense des intérêts français en Lybie, libérée par son peuple, avec le concours des alliés français et britanniques ).
Le conflit en Lybie, est, nous dit-on, sur le point de s'achever, et nous assisterions au triomphe complet de la démocratie.
Wait and see !
Il va falloir reconstruire maintenant nous dit-on. Espérons qu'il n'y aura pas trop de mauvaises surprises à venir. Car il n'est pas dit que tous les indignés lybiens soient de purs démocrates au sens où l'entendent les énarques parisiens qui nous dirigent, au premier rang desquels se trouve M. Alain Juppé ( l'homme pour qui « le pape Benoit XVI commence à sérieusement poser problème » ( sic).
Toutefois Français et Britanniques escomptent bien tirer quelques avantages de leurs sacrifices financiers dans cette opération militaire.
Ce ne serait que justice.
Voici ce qu'en dit François d'Orcival dans un récent éditorial de Valeurs Actuelles.
Le Scrutateur.
« (…..) En diplomatie, tous les signes comptent : la date choisie pour cette conférence coïncide avec l’anniversaire de la prise du pouvoir du colonel Kadhafi par un coup d’État militaire le 1er septembre 1969 ; quant au lieu de cette réunion, l’Élysée, c’est aussi celui où, le samedi 19 mars dernier, les alliés de la coalition approuvèrent le lancement des raids de bombardement contre les blindés du “guide”. Nos avions étaient déjà au large des côtes libyennes.
Et pourtant il a fallu qu’Alain Juppé le rappelle : « C’est nous, la France et la Grande-Bretagne, qui avons fait le job. C’est clair. » (Le Parisien du 27 août.) Pourquoi a-t-il dû mettre les points sur les i ? Parce que le premier à avoir célébré la victoire, quelques heures après la chute de Tripoli, par une déclaration à la radio puis à la télévision, n’était autre que Barack Obama, celui qui s’était associé à reculons à l’opération et n’avait pris part aux raids offensifs que durant les deux premières semaines – ce qui pouvait laisser penser à Kadhafi que le jeu était encore ouvert.
Le Wall Street Journal avait alors condamné l’attitude hésitante d’Obama : « Les pères fondateurs de l’Amérique ont remis les pouvoirs de commandant en chef au président parce qu’ils voulaient que la guerre fût conduite avec détermination, discipline et pleine conscience de l’intérêt national. » Et le quotidien, exprimant le point de vue d’une bonne partie de l’opinion, concluait : maintenant que la guerre est engagée, « M. Obama doit faire de la défense des intérêts américains sa priorité », en hâtant la chute du régime Kadhafi. Barack Obama s’est sûrement souvenu de la remarque en revendiquant aussi vite une victoire acquise, selon lui, « grâce à la puissance de feu américaine » (sic).
Les Américains, comme les Anglais, n’ont pas les scrupules et la pudeur des Français à affirmer que leur politique étrangère, et militaire, vise à défendre des intérêts diplomatiques, stratégiques, commerciaux. Les Français se cachent derrière les impératifs de la morale universelle, des droits de l’homme, etc. Ainsi, quand le président de la République déroula un épais tapis rouge devant le colonel Kadhafi à Paris, on lui fit le procès de vendre son âme.
On a su par la suite que deux pays européens avaient très fortement accru leurs exportations en Libye en 2010 par rapport à 2009 : la France, de 71 %, à 6,6 milliards de dollars, et l’Espagne, de 43 %, à 4 milliards de dollars, alors que les ventes de l’Italie (premier fournisseur des Libyens) et de l’Allemagne stagnaient voire même reculaient. Explication : Kadhafi avait été reçu avec le même faste à Paris et à Madrid. Ces exportations supplémentaires ont fourni du travail et des emplois aux Français. Était-ce condamnable ? Fallait-il pour autant oublier les humeurs et les provocations du “guide” durant sa visite, sa manière d’humilier la France ? Les États ont ceci de particulier qu’ils ont une longue mémoire : ces humiliations, il vient d’en payer le prix.
Le président de la République a agi avec la détermination que l’opinion américaine réclamait au président des États-Unis. Il a préservé les Libyens tyrannisés du bain de sang que leur promettait Kadhafi, il a dissuadé des centaines de milliers de réfugiés de traverser la Méditerranée pour gagner notre continent, il a permis l’arrivée au pouvoir de nouvelles équipes dans un pays où l’influence française était négligeable, il a montré que l’Orient pouvait encore avoir besoin de l’Occident. On verra l’accueil qui lui sera réservé quand il ira sur place. (…...).
François d'Orcival.