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Le Scrutateur.

Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.

Lire Sophocle aujourd'hui, avec Jacques Jouanna, par Edouard Boulogne.

Lire Sophocle, aujourd'hui, avec Jacques Jouanna.

 

 

img003.jpg ( Jacques Jouanna, en 1960-61, avec une classe de première du Lycée Carnot de Pointe-à-Pitre).

 

 

 

J'ai lu pour la première fois l'Antigone de Sophocle, en 1965, en livre de poche, dans une traduction, il me semble, de Paul Mazon. Je l'ai relue en 1994, quand l'éditeur J-C Lattès publia le script de la remarquable émission télévisée Océaniques, sous le titre Dialogues (sur le mythe d'Antigone et le sacrifice d'Abraham), entre Pierre Boutang et Georges Steiner.



img006.jpg


Je viens de la lire une troisième fois dans la matinée d'hier, dans la traduction, cette fois, de Jean Grosjean, dans la Bibliothèque de la Pléïade.

Et cette relecture, annonciatrice d'un retour vers d'autres pièces du grand Tragique, m'a été suggérée par la méditation, en cours, du livre très remarquable de Jacques Jouanna sur Sophocle ( Fayard ).  


img004.jpg


J'ai connu Jacques Jouanna, quand, jeune agrégé de lettres classiques, il commençait sa carrière au vieux lycée Carnot de Pointe-à-Pitre, en 1960.

Sérieux, brillant encore davantage, il enseignait alors le français, le latin, et le grec ancien, sa spécialité. Nous le soupçonnions de parler le grec, dans l'intimité, avec son épouse, autre jeune agrégée.


Discret, il avait laissé échapper pourtant une confidence. Sa thèse de doctorat qu'il méditait déjà, porterait sur le vieil Hyppocrate, père de la médecine occidentale.


Et puis, M.Jouanna disparut quelque temps de notre horizon, sans qu'on l'oublia. Même ses « mauvais » élèves l'avaient admiré.


En 1994, je découvris son Hyppocrate, publié déjà par Fayard.

Je fis aussi la connaissance d'un de ses anciens étudiants à l'Université de Strasbourg, professeur de lettres en Guadeloupe, un africain qui en gardait, lui aussi, un souvenir prégnant.


Jacques Jouanna a eu la carrière qu'il méritait : professeur à la Sorbonne, biographe, mais aussi traducteur, éditeur et commentateur d'Hyppocrate, membre de l'Institut ( à l'Académie des inscriptions et Belles-Lettres), etc.


Jouanna_spip.jpg (M le professeur à la Sorbonne, et membre de l'Institut).



Et voici cette biographie, mieux, cette Somme sur Sophocle, que j'évoquais plus haut, où l'auteur rend le plus rigoureux, et le plus bel hommage au « monstre sacré » que fut Sophocle.

Mieux qu'une biographie, en effet, car J.Jouanna ne se contente pas de rapporter les évènements d'une vie, qui, en définitive compte moins que l'oeuvre, d'un des fondateurs de la culture occidentale. Ce Sophoclede Jouanna deviendra indispensable, non seulement aux professeurs et aux spécialistes, mais à tous ceux qui ne renoncent pas à sauver l'humanisme, au meilleur sens du terme, dans un monde où il reçoit les coups les plus rudes des nouveaux barbares que nous voyons à l'oeuvre non seulement dans les médias de la « société des loisirs », mais à l'intérieur même de l'institution scolaire et universitaire.


Grand merci donc à Jacques Jouanna pour ce combat qu'il mène, avec des armes de lumière, pour que vive l'esprit de Sophocle, pour que ne soit point oublié, ou renié le message d'Antigone à Créon :


« Je ne pense pas que tes décrets soient assez forts

pour que toi, mortel, tu puisses passer outre

aux lois non écrites et immuables des dieux.

Elles n'existent d'aujourd'hui ni d'hier mais de toujours;

personne ne sait quand elles sont apparues ».

(…...).

Et si je te semble avoir agi en folle,

peut-être suis-je accusée de folie par un fou ».


Edouard Boulogne



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