16 Avril 2012
Le Front national (FN) mise sur une défaite de Nicolas Sarkozy le 6 mai. A Marine Le Pen de donner le coup de grâce qui sanctionnerait l'échec de la stratégie du président sortant pour attirer à lui une large majorité de l'électorat frontiste, pense-t-on sur cette rive-là du Styx.
C'est exactement ce qu'il ne faut pas faire.
Le Front national aurait-il d'autres ambitions - et surtout d'autres objectifs - que les intérêts de la France ?
Car, que l'on n'aime ou n'aime pas Sarkozy, une chose est avérée : la démagogie et le cynisme de Groland - et donc sa toxicité en termes de présidence de la République - ne font aucun doute. Celui-ci, pour "changer de destin" - ce sont ses propres mots - est prêt à mettre le feu à la France pour en faire son p'tit barbecue personnel. Que ce soit en parfaite connaissance de cause (et dans la plus totale indifférence pour le sort des populations concernées pourvu que sa soif de grandeur soit - enfin ! - assurée, lui qui attend son tour depuis si longtemps), c'est plus qu'une certitude, c'est un plan.
Ce n'est pas que Sarkozy soit meilleur, c'est que Groland est pire. C'est ce qu'il faut retenir, et c'est la raison pour laquelle - la politique du pire devant être bannie - pour tout électeur qui aurait le moindre respect pour la France (et à plus forte raison s'il l'aime), il ne saurait être question - dans la configuration actuelle - de prévoir de voter autrement que pour Sarkozy à partir du 23 avril.
Évidemment, si l'on considère comme relevant de l'intérêt de la France que Aubry, Fabius, Moscovici et Sapin montent en première ligne dans la conduite des affaires nationales, cela peut-être une simple faute d'appréciation. Mais ce peut aussi être la manifestation d'une tactique de la terre brûlée, qui n'est pas à l'honneur de ceux qui spéculent sur la descente aux enfers d'une France, qui, dans un monde particulièrement tourmenté n'a guère besoin de tomber plus bas que bas.
Le triomphe des démagogies est passager, les ruines sont éternelles, écrivit Charles Péguy. La tentation de rosser Sarkozy (électoralement) est évidemment une démangeaison. Cependant, le naufrage de la France est un drame, et y concourir de manière aussi active qu'en votant Groland est plus qu'une erreur : c'est un crime.
Et, ce que nous venons de dire pour Marine Le Pen vaut aussi, hélas! pour François Bayrou.
Ce dernier, plus modéré que madame Le Pen, adopte une politique qui lui ressemble aussi, par ses conséquences.
Et c'est très dommage. François Bayrou, qui ne manque pas d'envergure, et de talent, voit douloureusement le temps passer, et diminuer ses chances d'accéder, à des responsabilités politiques importantes, voire au pouvoir suprême. Il est permis de s'interroger sur le point de savoir s'il n'a pas une part de responsabilité personnelle dans l'érosion actuelle de son audience, au moins en termes de sondages d'opinion.
Les huit à neuf pour cent d'électeurs qui l'ont quitté par rapport à ses résultats en 2007, ne seraient-ils pas une part importante de son électorat traditionnel « de droite » , qui déplore la primauté dans les calculs de leur leader de l'ambition personnelle, et qui, à défaut d'avoir, pour l'instant rejoint Hollande ou Sarkozy, flottent, dans la masse des indécis, qui décideront le 6 mai du résultat final.
Là aussi, on est tenté de dire à M. Bayrou, parodiant Talleyrand : « pire qu'un crime, une faute ».
Le Scrutateur.