- Réponse du conseil d’état : commentaire de Joseph Virrassamy
Posté par evolutionmartinique le 10 août 2010
Il y a quelques mois, sur ce même blog, j’avais tenu à rendre compte aux martiniquais de mes démarches auprès 1)du Conseil Constitutionnel
(CC) et 2)du Conseil d’Etat(CE). Je viens à nouveau leur donner les résultats de mes démarches/
1) Pour ce qui concerne la question posée au CC, dite QPC (Question Prioritaire de Constitutionalité) j’ai été recalé pour une question de
nature juridique, donc étrangère à la question posée. A savoir qu’une QPC suppose un conflit entre une loi ordinaire et une disposition de niveau constitutionnel. Ce qui n’était pas le cas de
la situation dont je me plaignais.Mais j’avais bon espoir - et c’était là le côté tactique de ma QPC - que cette QPC ne resterait pas sans effet sur l’examen au fond devant le
CE.
2)Pour l’action devant le CE, vous lirez en pièce jointe l’arrêt rendu. Une lecture attentive de cet arrêt donne ceci:
a) le CE certes, n’annule pas la consultation comme je l’avais demandé.
b) cependant, le CE reconnait que la question à laquelle les martiniquais ont réellement répondu, est celle de la création d’une assemblée
unique et non pas celle de la création d’une collectivité nouvelle.
c) Pour le CE il n’y a donc pas eu consentement pour substituer Département et Région, c’est à dire les faire disparaître, au bénéfice d’une
nouvelle collectivité.
d) cela signifie que le CE a mis un coup d’arrêt définitif à la transformation de la Martinique en collectivité nouvelle.
e) Donc nous restons dans le droit commun, avec simplement une assemblée Unique et maintien de la Région et du Département. Et de droite à
Gauche cela fait consensus.
Pour ceux qui s’offusqueraient de cette position du CE, je rappelle deux éléments:
1) certes la question posée portait formellement sur la création d”une collectivité nouvelle. Mais dans les faits la consultation a porté sur
l’assemblée Unique . Même à ce jour, quand vous demandez aux gens dans la rue sur quoi portait les consultations de janvier, ils vous répondent “Assemblée Unique”. Et de fait, tous les
politiques qui avaient compris quelque chose à cette consultation, cachaient la collectivité unique derrière l’assemblée Unique.Et nombreux étaient les politiques qui n’avaient rien compris
de ces subtilités et disaient à leurs électeurs de voter OUI à l’Assemblée Unique.
2) Rappelez vous, et si vous ne vous rappelez pas vous pouvez retrouver les traces enregistrées de ce qui suit: Dans la dernière semaine de la
campagne j’avais été interviewvé dans POLITIX à 7h 20 sur RFO. A la suite de ma démonstration réussie en faveur du NON le 24 janvier, Serge LETCHIMY a eu une sorte de droit de réponse puisque
il a obtenu de passer à POLITIX le vendredi, soit deux jours après moi, pour contrer ma prestation. Et de quoi a t-il parlé avec force exemples concrets? Parbleu, uniquement de
l’ASSEMBLEE UNIQUE !!!
Donc, qu’on ne vienne pas dire que le CE a changé la question. Non le CE a parfaitement vu, entendu, compris ce qui s’était passé sur
le terrain, et tous les Martiniquais sont témoins de cela. La consultation a bien porté sur l’ ASSEMBLEE UNIQUE, et c’est ce sur quoi les martiniquais se sont prononcés. Personne ne peut
décemment prétendre le contraire.
Du reste le CE a bien entendu celui qui avait posé la question, c’est à dire le Président de la République soi-même, qui avait annoncé que quel
que soit le vote des Martiniquais et des Guyanais, ces deux régions resteraient des départements.En quelque sorte il condamnait la création d’une collectivité de substitution.
Et savez-vous que le projet de loi voté par le sénat avait déjà exclu la Martinique, le Guyane et mayotte du bénéfice de la prochaine réforme
des collectivités. Savez vous que les dotations (DGF) devront désormais être rétablies pour le Conseil Général et pour le Conseil Réginal et Bercy devra revoir sa copie après cet arrêt du
CE.
Tôt ou tard, les martiniquais se rendront compte au bord de quel gouffre nous venons de passer. Et probablement réfléchiront-ils à deux fois
quand on leur proposera des aventures mal ficelées.
Pour ma part, simple citoyen, j’ai fait avec ténacité, ce que me commandait ma conscience, pour la protection des plus nécessiteux d’entre nous, dans le droit fil de tous mes propos et écrits de la campagne référendaire.
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Ce titre n’est hélas pas une provocation !
Si j’en crois la définition du Larousse, est scandaleux ce qui cause ou est capable de causer du scandale. Et le scandale est l’effet fâcheux, l’indignation produits dans l’opinion publique par un fait, un acte estimé contraire à la morale.
Scandaleux ; il n’y a pas de terme plus approprié pour qualifier le document, que nous publions ci-dessous, et qui est émis par la plus haute instance judiciaire administrative de la France.
Rappelons tout d’abord les faits : ce 24 janvier 2010, les électeurs martiniquais avaient à répondre par Oui ou par Non à la question suivante : « Approuvez-vous la création en Martinique d'une collectivité unique exerçant les compétences dévolues au département et à la région, tout en demeurant régie par l'article 73 de la Constitution ? »
Le citoyen Joseph VIRASSAMY, électeur martiniquais estimant que la question posée était incohérente, eu égard à la Constitution, et que la campagne officielle avait été perturbée par toute une série de faits, introduisait, comme la loi le lui permet, une requête au Conseil d’Etat visant l’annulation de la consultation.
Le 19 juillet 2010, le Conseil d’Etat rendait son arrêt, et concluait au rejet de la protestation de Joseph VIRASSAMY.
Bien des points choquants méritaient pourtant d'être relevés dans cette décision de rejet.
Comment rester crédible en effet, lorsqu'on prétend justifier, par une lecture étriquée du code électoral, le fait que seul le « OUI » ait pu être représenté dans la campagne officielle;
Comment prétendre que les interventions Présidentielles et Ministérielles tendant à faire croire aux électeurs que le nouveau dispositif resterait dans le droit commun institutionnel, n’étaient pas « de nature à altérer la sincérité du scrutin » (sic).
Mais le comble de la confusion est atteint dans le « considérant » suivant :
« …cette circonstance est sans influence sur les résultats de la consultation du 24 janvier 2010, seule en cause dans le présent litige, qui portait sur la création d'une assemblée unique pour le département et la région, demeurant régie par l'article 73 de la Constitution ; »
Oui, vous avez bien lu : le 24 janvier 2010, bien qu’on ait posé aux électeurs la question de la création d’une COLLECTIVITE UNIQUE (véritable OVNI dans l'article 73), l'incohérence et l'ambiguïté de la question posée ainsi que le caractère tendancieux de la campagne électorale ont suffit à faire croire au Conseil d'État qu'il ne s'agissait que d'un vote pour une ASSEMBLEE UNIQUE (préservant les personnalités autonomes du Département et de la Région).
Mieux qu'un jugement favorable à l'annulation, cette erreur grossière dans l'arrêt démontre le climat de confusion régnant lors de cette consultation.
Et l'électeur, dans tout çà? Il lui restait le choix entre l'abstention et le « n'importe quoi ».
Scandaleux, vous dis-je !
Mais nous y reviendrons dans nos prochaines livraisons.
Amédée ADELAIDEPrésident de CSLR
18 août 2010