25 Mars 2011
Les cantonales vues par Rama Yade et Olivier Ferrand.
Tout à l'heure ( 12h30, ce vendredi 25 mars ) un petit débat sur les partis politiques en France après les dernières élections cantonales.
C'était dans l'émission hebdomadaire Think tank, animée par Romain Hussenot.
Rien de vraiment passionnant dans ce débat, si ce n'est la maestria incontestable des deux débaters : une excellente Rama Yade, égale à elle-même, c'est-à-dire ne doutant de rien ( et après tout pourquoi pas; et son minois reste aussi frais et charmant que lors de ses débuts il y a quatre ans ); et le non moins sûr de lui-même Olivier Ferrand, président fondateur du think tank ( c'est-à-dire comité d'experts, ou société de pensée, mais en anglais c'est tellement plus tendance! ) : Terra Nova.
Ce jeune homme est plutôt sympathique, cheveux courts non crasseux, pas de piercing, pas de tatouage ( visible). Une petite note, cependant qui peut en agacer quelques-uns, cet imperceptible petit sourire, qui ne quitte notre éliacin en aucune circonstance, indice d'une estime de soi en béton armé.
Mais Rama ne semble pas s'en formaliser, et peut-être même aime-t-elle ça.
Quant à moi, la dégustation de mon Talisker m'emplit toujours d'une indulgence ( presque ) infinie, et parfois coupable.
Nos deux trentenaires occupent le terrain, bavardent, jaspinent, jabotent, dégoisent, à qui mieux mieux.
Les 55% de l'abstention en métropole s'expliquent par la faillite de la classe politique. Depuis trente ans, énonce Olivier, ( c'est-à-dire pratiquement son âge, et l'arrivée au pouvoir des socialistes! ), tous les programmes de gouvernement sont restés inopérants face à la crise, face aux besoins sociaux.
Ni la gauche, ni la droite n'ont trouvé de solutions. C'est pourquoi une frange grossissante de Français tend à rejoindre les extrêmes, et d'abord le Front National.
Et Rama, opine, mignardement.
Il faut tenir compte aussi, que depuis 20 ans le parti communiste ne possède plus les populations ouvrières, les comités d'ouvriers, tenus par le PCF, n'existent plus ( et le petit sourire imperturbable du penseur Olivier ne permet pas de savoir s'il le regrette ou non), et les populations livrées à elle-mêmes, soit vont à la pèche, soit votent Marine Le Pen ( sourire toujours, mais avec une imperceptible crispation douloureuse).
( C'est alors que la pensée se fissura, que le sourire se crispa en douloureux rictus!).
Et puis, le Front National est en train de changer. Marine n'est pas Jean-Marie. La fille à dépouillé son parti des manières un peu grivoises du vieux soudard, son père.
Elle a gardé un fond idéologique de droite, qui était celui des bonnes vieilles droites européennes du temps des de Gaulle et des Churchill, et qu'a perdu la droite actuelle, guère différente au fond de la gauche de gouvernement ( une des causes, avait-il dit un moment avant, du dégoût actuel de l'électorat qui n'aurait plus d'alternative ). Mais en même temps, elle a récupéré nombre des valeurs de l'ancienne gauche substantielle, elle ( Marine ) est en train de reconstruire dans les banlieues , dans les campagnes et autres zones à l'abandon de notre pays, les structures d'accueil et d'encadrement que le PCF n'a pas pu conserver.
Olivier Ferrand, au vu de ce qu'il avait dit précédemment aurait pu s'en réjouir.
Mais, non. Brusquement le sourire, sans disparaître, devient souffrant, carrément rictus.
Sous la douleur, le raisonnement du penseur s'égare.
« Là est le réel danger » s'exclame t-il. Mais danger pour qui? Pour la France, son peuple, dont Marine, dans son hypothèse, serait en train de devenir la nouvelle image du POLITIQUE tel qu'on regrette qu'il s'efface devant des politiciens de 15ème ordre, des Aubry, des Royal, des Bayrou, des Fillon, des Strauss-Kahn, et autre Laurent Fabius?
Pour la France, donc? Ou pour la Gauche?
M.Ferrand s'est trahi. Pour ce jeune homme de la gauche des beaux quartiers, puisque Marine Le Pen est en train de réconcilier ce qu'avait ( selon lui ) d'excellent le PCF, et la droite classique d'il y a trente ans, il devrait y avoir de la joie à voir s'éloigner ( selon lui ) le danger fasciste ( il a même dit néo-nazi !!! ). Quitte en homme de gauche à se situer , sans faux semblant, dans un horizon d'alternance républicaine entre des familles politiques, différant sur les moyens, lui, se situant résolument dans ladite gauche « républicaine ».
Mais, non, il préfère retomber dans la dénonciation mécanique du nazisme à nos portes.
On ne l'a pas, peut-être, remarqué, mais, fine mouche Rama Yade, sourire coquin, s'exclame alors : « c'est exactement ce qu'il faut dire pour renforcer encore le vote de l'électorat en faveur du FN. Car les gens n'aiment pas qu'on leur dise qu'ils se sont trompés, ni ce qu'il faut qu'ils fassent ».
Bravo Rama!
Marc Decap.