30 Juillet 2013
( Lénis Blanche, prof de philo, animant ses élèves de terminales, au lycée de Cannes, dans un débat socratique ).
Lénis Blanche est un Guadeloupéen, né en 1905, au Lamentin, dont le père avait été maire. Elève très brillant, il réussit au difficile concours de l'Ecole Normale Supérieure de la rue d'Ulm à Paris, et sera, plus tard professeur de philosophie aux lycées Carnot et Gerville-Réache à Pointe-à-Pitre et à Basse Terre, avant d'être nommé au principal Lycée de Cannes.
Formidable intellectuel, M. Blanche est cependant méconnu dans son île natale. J'ai interrogé , ou conversé avec de très nombreux Guadeloupéens ( au cours des trente cinq dernières années ), de tous milieux sociaux, et qui, par leur âge avaient été à même d'apprécier ( en bien ou en mal ) les activités de notre compatriote. Et même avec un réparateur de pneus, dans un quartier de Pointe-à-Pitre, qui n'existe plus, où se dressait « L'Oeuvre », ( une institution de bienfaisance ), et qui se trouvait à l'emplacement actuel de la Résidence Vitaline Boisneuf. Témoignages unanimes de respect ou d'admiration. Chose curieuse, les « intellectuels » ( noter que parmi mes témoins il y avait des gens instruits, des médecins, des avocats, des chefs d'entreprises, mais les « intellectuels!!! …....c'est autre chose, is not it ! ) sont réservés, voire malveillants. Les moins hypocrites gardent de Conrard le silence prudent.
Les deux liens intitulés « Lénis par lui-même » vous feront, peut-être comprendre pourquoi.
Il arrive que d'être trop brillant vous attire quelque jalousie. La Bruyère, Jean de la Fontaine ont parfaitement expliqué pourquoi.
Depuis plusieurs années, j'ai entrepris de réhabiliter M. Blanche dans son pays antillais. Notamment en publiant certains de ses écrits, qu'il a eu la bonté de me communiquer à l'époque en 1979 et au début des années 80, à l'époque où nous entretenions une correspondance assez dense.
Ceux qui voudront les lire n'aurons qu'à les rechercher sur le Scrutateur en tapant Lénis Blanche, dans l'onglet « Rechercher un article », dans le blog. J'en ai encore plusieurs autres en réserve.
Ce soir vous en trouverez trois, ci-dessous. ( en « liens » ).
Mais l'objet de cette communication, le 30 juillet 2013, est la publication d'un poème de notre ami. M.Blanche écrivit cette oeuvre, pour s'amuser. Il était jeune alors, et parla donc....d'amour.
Jolie bluette, ma foi. Les plus savants y rechercheront les influences littéraires. Celle de la préciosité ( courant littéraire du XVII ème siècle y perce, à mon avis ), et aussi, ici et là, celle des poètes parnassiens du XIX ème. Lénis était né, ne l'oublions pas en 1905 ).
Mais l'auteur s'amuse visiblement.
Je me trompe peut-être, mais le sujet, pour qui veut développer les symboles sous-jacents, est, par delà une pudeur de surface, un peu coquin.
Que peut bien être cet arc ( pour un amoureux ) si bien tendu, et presque douloureusement?
Que peuvent être ces « jeux de l'enfant ( un adolescent, visiblement ), et ce « sang » qui « saute au bas du « marbre », si dur?
Soyons sérieux. Mais pas trop. Rire, ou sourire, est le propre de l'homme.
Pardonnera-t-on au poète ce néologisme « d'indulge ».
Que ne pardonnerait-on pas à un homme d'esprit?
Le Scrutateur.
Lénis par lui-même ( I ) : http://www.lescrutateur.com/article-13030762.html
Lénis par lui-même ( II ) : http://www.lescrutateur.com/article-13031849.html
Des nouvelles de Lénis Blanche, par sa famille : http://www.lescrutateur.com/article-des-nouvelles-de-la-famille-de-lenis-blanche-106281797.html
EFFETS DE LUNE
Un sourire innombrable meurt
Au creux des lames que soulève
Et berce au gré de son humeur
L'astre qui plane sur ton rêve,
Cependant qu'un immense pleur
Etend sur l'onde sa pâleur,
S'irise, meurt et naît sans trêve
Au creux des lames que soulève
Et berce au creux de ton humeur
L'astre qui plane sur son rêve.
II
L'Amour est, cette nuit, las de tendre son arc.
Il sent venir la crampe en ses muscles de pierre;
Pourquoi ne pas quitter la pose et, dans le parc,
S'évader un instant des morsures du lierre?
Opaline, la lune indulge à son caprice.
La pénombre est légère et le gazon tentant.
Son cœur rompt à grands coups le silence complice
Que versent les Dieux bons sur les jeux de l'enfant.
Le sang dore déjà la fleur de sa patine.
Il s'anime au sommet de son piédestal
Et puis, sans ménager sa personne divine
II saute à bas du marbre au risque d'avoir mal.