19 Septembre 2013
L'échec total du parti au pouvoir, cette gauche arrogante et subtilement totalitaire, les disputes insanes de la « droite « de gouvernement » ( comme elle s'appelle ), plus préoccupée de querelles de boutiquiers qui la divisent, et l'affaiblissent, tout cela dynamise Marine Le Pen et son FN.
Dans l'article qui suit, du Boulevard Voltaire, Christophe Servan met le doigt sur le point faible ( le talon d'Achille ) du programme du FN : son volet économique.
Le Scrutateur ne soutient pas de parti. Nous sommes libres de toute sujétion, uniquement préoccupés de ce qui pourrait redresser la France et lui rendre son rang international. Parce que libre, nous nous sommes toujours refusés à condamner le FN, même au temps de Jean-Marie Le Pen.
A plus forte raison, nous pensons que la rénovation conduite par Marine rend possible une élection de l'actuelle leader du FN, au point que, le cas échéant, je pourrais voter pour la candidate de ce parti, bien que ne l'ayant encore jamais fait.
Sous réserve de certaines corrections de sa politique actuelle ( 19/09/2013 ), sur lesquelles l'article de Christophe Servan met, me semble-t-il justement l'accent.
Le Scrutateur.
Si la diabolisation a été l’arme systématiquement employée pour faire barrage au FN du temps de Jean-Marie Le Pen, il est plus que vraisemblable que, contre sa fille, le PS comme l’UMP concentrent très rapidement leur tir sur le volet économique de son programme. Et plus particulièrement contre son projet d’abandonner la monnaie unique car, comme l’a parfaitement résumé Éric Heyer, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), « toute discussion sur le chiffrage des mesures [du FN] est balayée par cette sortie de l’euro qui nous amènerait à changer complètement de logiciel et dont on ignore ce qu’elle coûterait, à la centaine de milliards près ».
Sans même aborder les conséquences politiques d’une telle décision, et bien que l’échec de la zone euro soit désormais un diagnostic largement partagé, Eric Heyer, et avec lui l’écrasante majorité de ses confrères considèrent qu’en sortir serait pire encore.
Imaginons-nous en effet au soir d’une qualification de Marine Le Pen pour le second tour de la présidentielle de 2017 avec des chances de l’emporter. Comment donc réagiraient les investisseurs ?
Répondre à cette question est plus facile qu’il n’y paraît car nous pouvons nous appuyer sur les précédents grecs et italiens en en multipliant les effets par deux ou par quatre. Dès l’ouverture à Tokyo, soit au milieu de la nuit à Paris, c’est un véritable tsunami d’ordres de ventes d’obligations d’État françaises, mais aussi espagnoles et italiennes qui déferle sur le marché. Provoquant simultanément, en l’espace de quelques heures, une chute brutale de l’euro et une hausse vertigineuse des taux d’intérêt.
À l’ouverture de la Bourse de Paris, c’est au tour du CAC 40 de partir en vrille. À la mi-journée, le Mécanisme européen de stabilité (MES), seul acheteur sur le marché, a probablement épuisé toutes ses cartouches. Acculés, Merkel, Hollande, Draghi et Lagarde sont alors contraints d’adopter la seule solution qui finit par s’imposer : c’est l’Allemagne, en cas de victoire de Marine Le Pen, qui sortirait de l’euro (quitte à y revenir plus tard avec une parité réévaluée). Une solution qu’ils conviennent de tenir secrète jusqu’au lendemain du second tour. Dans les jours suivants, effrayés, les électeurs frontistes font marche arrière et Marine Le Pen s’effondre dans les sondages. Le dimanche suivant, elle est battue à plate couture.
La présidente du FN a parfaitement raison de vouloir redonner à la France son indépendance monétaire. C’est une mesure économiquement rationnelle et parfaitement cohérente avec un programme politique fondé sur la restauration de la souveraineté nationale. Mais elle a commis une erreur capitale. Elle a oublié cette loi d’airain qui remonte aux temps du roi Philippe le Bel qui veut que, lorsque l’on s’apprête à affronter les puissances de l’argent, il ne faut jamais dire à l’avance ce que l’on veut faire et même ne pas hésiter à dire le contraire. Il lui reste trois années pour faire profil bas sur cette question. C’est la survie de sa formation politique qui en dépend.