12 Juin 2012
Le siège de La Rochelle
S’il est un siège qui fait du bruit – et Richelieu, cette fois, n’y est pour rien – c’est bien celui de La Rochelle. Plus précisément, celui de la première circonscription de Charente Maritime. Qu’en adviendra-t-il dimanche prochain ? Dieu seul le sait, même s’il est possible que le diable s’en doute un peu. En attendant, carpe diem.
Savourons chaque molécule de cette circonstance du plus haut comique que l’on pourrait croire imaginée par Molière en personne, tant tout y est plus vrai que vrai. Dans le désastre qui menace la France, si, comme ce n’est pas impossible, la gauche rafle la mise, c’est une nouvelle plutôt réjouissante. Elle ne guérit personne, mais elle distrait tout le monde. C’est déjà ça. Il arrive en effet que dans les pires épreuves surgisse une petite consolation. Et même si un dessert parfait ne parvient jamais à faire oublier un très mauvais repas, il y apporte une touche de douceur bienvenue : quelle rigolade ! Du mécanique plaqué sur du vivant. Pourvu que l’héroïque Farloni – et Dieu sait ce que, en coulisse, “on” doit lui proposer : peut-être cela se chiffre-t-il en millions d’euros – ne se laisse pas émouvoir par le chant des Sirènes venues de la terre ferme ; sirènes de pompiers pourrait-on dire dans l’occurrence de cette farce grolandaise.
Tout ce qui est excessif est insignifiant. Et cette inénarrable Ségolène incarne tous les excès. On la dit même assez parente de Caligula, cette Ségolène-là. Attendons ! Attendons ! Jouissons de l’heure fugitive car l’éphémère est la règle. Espérons aussi, car le sort a parfois d’étranges complices. Comme il nous faut nous accommoder des joies autant que des peines, cueillons vite cette rose de la vie avant que celle-ci ne perde son charme, qui tient autant à sa robe qu’à son parfum. Et si, dans le désordre de nos émotions vulgaires quoique légitimes, nous nous sommes laissés sournoisement envahir par la plus urticante curiosité, nous n’avons pas eu le temps de nous dessécher : de quelle manière les contrariétés de madame de Pompadour affectent-elles madame du Barry, nous demandions-nous ? Eh bien la réponse – enfin ! une réponse – est arrivée ce matin, par la magie des ondes, pour nous inviter à penser que nous n’étions peut-être pas les plus émoustillés par cette drôle de guerre. L’actuelle première dame de Hollande a “fait” l’actualité, ce matin sur le dos, si l’on peut dire, de l’ancienne en rajoutant une touche supplémentaire de mécanique sur le vivant – et tellement vivant que le registre des péchés capitaux s’ouvre devant nos yeux. Est-ce pour gagner notre cœur qu’elle a ainsi versé sa petite obole à notre distraction au point que nous serions sur le point d’oublier la gravité du sort que ces gens-là réservent à la France que nous chérissons ? Aujourd’hui, à défaut de panem, nous avons au moins au moins eu notre ration de circences.
Entre la Royale et la Présidentielle – enfin ! la “connaissance” du Président, comme on a dit lorsque le président Félix Faure passa si brutalement de l’état de très chaud a celui de complètement froid – ce n’est pas vraiment l’amour fou. C’est du moins ce que dit la rumeur, premier média de France. Comme quoi, le partage des mêmes valeurs n’est pas forcément un lien si solide que ça. Il se dit même que les concubines du pacha se haïssent, ce qui a de quoi étonner, car les socialistes passent leur temps à dire qu’ils aiment leur prochain, et que c’est même l’un des fondamentaux de leur propension au partage et à la redistribution des richesses, comme on a pu le voir avec Dominique Strauss-Kahn qu’une stupide erreur d’interprétation a éloigné de l’affection de ses pairs, car chez les socialistes, amour rime avec toujours, comme prochain rime avec machin. Et tandis que Ségolène peine, Valérie rit, croit-on savoir, comme pour nous inviter à penser que, sur le registre des célèbres valeurs socialistes, l’amour du prochain n’est pas l’amour des anciennes, ou des ex comme l’on préfère.
Ainsi court le bruit que l’actuelle première dame de Hollande aurait envoyé au concurrent de celle qu’elle a remplacé dans les draps du pacha un message des plus amicaux, ce qui semblerait confirmer que la complicité entre les concubines les plus célèbres de France est aussi introuvable qu’un œuf de cochon. François Hollande, qui est un homme de consensus autant que de concubinage viendra à bout de cette situation, n’en doutons pas. N’est-il pas transcourants ? Après avoir embobiné des millions de français, comment ne viendrait-il pas à bout de cette épique rivalité entre le passé et le présent ? En attendant le pacha est rattrapé par son passé et le naufrage de la Royale sera peut-être la première épreuve de son règne. De l’ire de l’une à l’ironie de l’autre, le coup de tabac de La Rochelle risque de devenir tempête sous sa propre couette. Un peu à la manière de Pearl Harbour, l’offensive a surpris tout le monde, mais la guerre des concubines est bel et bien déclarée, or l’article 16 de la Constitution ne prévoit pas une telle éventualité. Cette guerre-là, bien que domaine réservé du chef de l’Etat, est par définition le théâtre d’opérations sur lesquelles il est loin de disposer des pleins pouvoirs.
Maîtresse Ségolène se voyait donc déjà au perchoir, fromage valant indemnité de licenciement par les bonnes grâces de Hollande. Quatre beaux enfants, et tant de bons moments, ne valent-ils pas quelque substantielle pension ? Eh bien comme dans toutes les affaires privées de ce bon monsieur Hollande, la République était chargée d’y pourvoir. Mais voici que Trierweiler rime avec Twitter, et patatras : les cornes se mettent à pousser de tous les côtés. Il fallait bien qu’elle mette son p’tit grain de sel, celle-là. À plus forte raison pour assaisonner la Ségolène.
Pauvre Ségolène, déjà tellement sujette à la paranoïa ! Sans compter que Stalinette et la mère Pétard – entendre par-là Martine Aubry qu’elle hait et Cécile Duflot qu’elle ignore – débarquent à La Rochelle, pour prêter main forte à leur amie Ségolène. C’est d’ailleurs ce que fit, il n’y a pas si longtemps, Martine Aubry à Montpellier : elle voulait alors imposer sa candidate contre un dissident local qu’il s’agissait de mater. Les amis de feu Georges Frêche en rient encore, et ils ne sont pas les seuls. Évidemment, Olivier Farloni n’est pas Georges Frêche, mais l’horoscope de Ségolène qui, il y a cinq ans lui faisaient miroiter le statut si convoité de première dame de France (sans s’encombrer de François Hollande, en plus), n’en est pas plus rassurant pour autant. Pour obscurcir le ciel de Ségolène, rien de tel que tous ces concours de bonne volonté ! Elle a beau se prévaloir du soutien du Président de la République en personne, elle n’en est pas moins humiliée par la première Dame de Hollande.
Alors sur qui va-t-elle passer ses nerfs, d’après vous ?
La première chose qu’elle reprochera au pacha, c’est son inaction. Et ce reproche aura un petit air de déjà entendu : « Le point faible de François Hollande, c'est l'inaction, reprendra Ségolène. Est-ce que les Français peuvent citer une seule chose qu'il aurait réalisée en trente ans de vie politique ? Une seule ? Pas même foutu de gérer ses concubines, ce molasson. » Et Fançois Hollande aura beau rétorquer que sa douce colombe ne lui en avait jamais fait grief tout le temps qu’ils roucoulaient de conserve, elle lui rétorquera qu’il n’était pas, alors, président de la République, et qu’il aurait pu avoir gagné en autorité sur les femmes puisqu’il avait pris du galon.
Comme personne ne sait de quoi demain est fait, faisons un rêve. Imaginons que ce Vaudeville, en plus de nous régaler, montre aux Français la face à peine cachée de la farce quotidienne de ces autorités qui entendent incarner la France et les Français : quel spectacle ! Ségolène-Perrette, de son perchoir déchu, et l’omniprésent renard nous enseignant – contrairement à ce que prétend Rousseau – que tout socialiste vit aux dépens de celui qui l’écoute. Les Français devraient s’en rendre compte : toute l’imposture, toute la gloutonnerie du pouvoir, et tout le mépris pour les raisonnements les plus élémentaires s’étalent devant leurs yeux, or bien peu s’en rendent compte. Est-ce parce qu’ils ne veulent pas voir ?
Poursuivons notre rêve : imaginons Ségolène battue. Réjouissante perspective, car un peu de justice et une petite dose de morale élémentaire n’ont jamais fait de mal à personne sur la place publique. Et encore moins à Ségolène : de telles circonstances l’arrachant à ses délires dominateurs la rendraient peut-être meilleure.
La leçon de ce truculent siège de La Rochelle est la suivante : et si nous cessions de nous laisser faire ?
La confiscation de la démocratie, des institutions et de la souveraineté par des apparatchiks, ça suffit, non ?
Pendant que nous avons encore le choix, votons donc pour que cessent petits jeux et petits caprices des petits princes et petites princesses de la République. Votons pour qui nous voulons. Profitons-en pour dire adieu au sans-gêne qu’incarnent Ségolène et ses clones.
Alexis Céron, le 12 juin 2012