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Le Scrutateur.

Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.

Le drapeau de mon enfance, par Yves Bonnet.

Le drapeau de mon enfance.

 

Yves-BONNET-DSCN1834-a

 

 

 

 

 

Cohésion Sociale et Libertés Républicaines
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Il a manqué à léquipe  France un drapeau!

 

Le voici :

 

                                    Le drapeau de mon enfance

 

 

 

          Il était une fois un vieux monsieur qui avait coutume de promener son chien afin de lui permettre de soulager sa vessie de vieux toutou et qui pieusement l'amenait au pied d'un beau platane dont l'écorce grisonnante comme les cheveux du vieux monsieur se détachait par plaques longues et fines . Tout le monde connaissait le vieux monsieur car c'était lui qui portait le drapeau des anciens combattants de la guerre de 1870 quand la commune célébrait la résistance héroïque de ses habitants d'alors aux soldats prussiens et le sacrifice des francs-tireurs qui s'étaient faits tuer pour rien puisque la guerre était finie et que le gouvernement avait accepté d'abandonner l'Alsace et la Lorraine à l'empereur d'Allemagne . C'était un peu ridicule de porter encore ce drapeau délavé devant la République en pierre qui ouvrait toute grande la bouche pour crier des commandements que personne n'entendait et brandissait un glaive qui ne s'abattait jamais . On le disait au vieux monsieur qui répondait alors doucement : « Rien n'est inutile quand on respecte ceux qui ont sauvé notre honneur , avec leurs mains nues pour toute défense » . Et il ajoutait , plus bas encore , « mon grand-père y était et c'est lui qui a sauvé le drapeau en s'enroulant dedans ; les Prussiens n'ont pas voulu le fusiller comme les autres et lui ont présenté les armes en le laissant partir » . Bien entendu , beaucoup pensaient que le vieux monsieur était un peu gâteux mais comme on l'aimait bien , on le laissait porter son drapeau .

         Cela a duré jusqu'à ce jour d'octobre où il faisait si froid que les enfants des écoles avaient été dispensés de la corvée du défilé ; mais le vieux monsieur était là , raide dans le courant d'air qui balayait la place et , me semble-t-il , faisait frissonner la République et trembler son glaive . Au moment de sonner « aux morts » , tous les drapeaux s'inclinèrent devant la longue liste des gamins de vingt ans , morts à l'âge où leurs arrière-petits enfants embrassent les filles , ce qui est normal , boivent , ce qui l'est moins , ou fument des pétards , ce qui ne l'est pas du tout . Tous les drapeaux s'inclinèrent , tous sauf un , celui de la guerre de 1870 qui restait bien droit , fier et claquant dans la bise venue de l'est . Les regards se portèrent alors vers le vieux monsieur qui ne bougeait pas . Quelqu'un s'approcha pour lui parler à l'oreille et lui demander de baisser son drapeau . Il le frôla d'un peu trop près sans doute car le miniscule souffle de son déplacement fit lentement vaciller le vieux monsieur qui , d'un coup , tomba de tout son long . Le vieux monsieur  était mort et le sourire qu'il portait sur ses lèvres disait son bonheur d'avoir pu jusqu'au bout de sa route porter le drapeau de son grand-père . On l'enterra avec le drapeau enroulé autour de lui et cette fois tous les enfants des écoles vinrent chanter autour du cercueil .

 

 

                      Yves Bonnet

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