22 Mai 2012
( Passionnant article de Dolto, qu'il faut lire et relire, lentement. Il nous conduit à réfléchir aux problèmes de notre société, et aux ravages qu'y peuvent perpétrer certaines idéologies à la mode. A la mode et homicides. Les passages soulignés en gras l'ont été par le Scrutateur . EB ).
Le Front National n’a pas le monopole de la tentation xénophobe. Dans ce combat contre l’universalisme mené sous couvert de défense d’une identité culturelle et ethnique, le" sociologue" Franck
Garain hier soir dans une émission télé sur Guadeloupe Première s'est voulu à la pointe du combat pour la préférence régionale des jeunes au niveau de l'emploi dans les entreprises citant
notamment l'exemple de Jarry ou nombre d'entreprises donnent la priorité à des « exogènes » ,au détriment des jeunes Guadeloupéens .
S’associant ainsi aux vieilles rengaines des « nationalistes » et du LKP de 2009 et revendications qui réclament le droit pour les jeunes Guadeloupéens de vivre et de travailler dans
leur pays et d’avoir la priorité sur les emplois qui correspondent à leurs compétences Garain et d'autres ont mis en garde sur les frustrations générées au sein de la jeunesse par une telle
politique de substitution et, fait rare pour être souligné, il a appelé à une radicalisation des Guadeloupéens sur cette question .
En fait , ceux qui pensent à la discrimination positive par la loi , envisagent des mesures contraignantes et argumentent pour que les jeunes Guadeloupéens aient une priorité pour les emplois
aussi bien dans le privé que le public, vu le fort taux de chômage en Guadeloupe.
Sur le principe ,disons le tout net , la question de la priorité des jeunes Guadeloupéens à vivre et travailler au pays n'est pas contestable , mais le problème se pose de savoir si cette
discrimination positive est réaliste dans le nouveau contexte de mondialisation et si elle est faisable et applicable dans la pratique sans susciter en retour des accusations de xénophobie voire
de racisme .
" L’enfer est pavé de bonnes intentions "
Ce travers n'a pas échappé à Didier Payen qui a considéré les propos de Garain
dangereux dans la mesure ou l'on pourrait assister en retour à un effet boomerang pour les Antillais de Métropole ( prés de 600 000 à 800 000 ) : "Puisqu'il en est ainsi alors rentrez chez vous
et prenez votre indépendance !" A noter que de nombreux propos similaires avaient fleuri sur tous les forums de France lors de la crise LKP de 2009 en réaction à la chanson : "La Gwadloup sé tan
nou, la Gwadloup a pa ta yo, yo péké fè sa yo vlé an péyi an nou"
La question est complexe et sensible . En France, la discrimination ( Discrimination et Distinction entre individus ou groupes d’après certains caractères particuliers (sexe, origine...)
aboutissant à une inégalité. à l’embauche est interdite par la loi.
Des initiatives de discrimination positive émergent cependant. Les expériences de discriminations positives émanant des pouvoirs publics se font sur une base territoriale et/ou sociale. C’est le
cas de l’école Sciences-Po qui a créé une voie particulière de recrutement pour les lycéens issus de zone d’éducation prioritaire ou des écoles de police (ouverture en janvier prochain de classes
préparatoires aux concours de commissaires et d’officiers de police pour des élèves retenus selon des critères sociaux et géographiques). En janvier 2006, l’ANPE a mis en place une plateforme
nationale spécifiquement destinée aux jeunes diplômés issus des zones urbaines sensibles ZUS.
Même Marine Le Pen s'est prononcée lors de la dernière campagne électorale des présidentielles en faveur d'une préférence régionale
"exclusivement " pour l'outre-mer. Une vieille revendication des milieux nationalistes des territoires d'outre-mer. Une manière de tenter de s'attirer les bonnes grâces de l'électorat ultramarin
et surtout de gommer les accusations de racisme et de xénophobie qui collent à la peau de son parti.
Marine Le Pen se serait -elle convertie aux idées indépendantistes ou en tout cas régionalistes ? Après la préférence nationale, il y a désormais le concept de préférence régionale au Front
national. C'est la dernière trouvaille de Marine Le Pen qui tente par tous les moyens d'envoyer des signaux à l'électorat ultramarin pour montrer qu'elle est sensible à ses préoccupations
notamment en matière d'emploi, n'hésitant pas à créer une sorte de discrimination positive en sa faveur. Une vieille revendication émanant des milieux nationalistes des départements et des
territoires ultramarins. Invitée sur le plateau de l'émission de Laurent Ruquier "On n'est pas couché", la candidate du Front national a défendu son projet de préférence régionale pensé, a t-elle
souligné, "exclusivement " pour l'outre-mer.
Un slogan de campagne
"Je pense que quand on est Martiniquais, Guadeloupéen, Réunionnais, Calédonien... il est évident que l'on doit pouvoir accéder à l'emploi en priorité par rapport à ceux qui viennent de métropole,
sauf à s'expatrier à 10 000 ou 15 000 kilomètres", a plaidé la candidate frontiste face à Audrey Pulvar qui lui reprochait son concept de préférence nationale, coupable de créer "deux catégories
de citoyens", selon la chroniqueuse. L'occasion d'une passe-d'armes à fleurets mouchetés entre la journaliste martiniquaise et la présidente du FN qui s'est fait un plaisir de rappeler à celle-ci
le passé indépendantiste de son père, Marc Pulvar, signataire d'un manifeste pour la "Martinique aux Martiniquais". L'arroseuse arrosée ? Marine Le Pen ou l'art de reprendre à son compte un
concept en vogue à une certaine époque dans certains milieux nationalistes des territoires d'outre-mer et en faire presque un slogan de campagne qui peut être porteur dans certaines strates de la
population ultramarine. De là à penser qu'indépendantistes et Marine Le Pen, mêmes combats, il n'y a qu'un pas que certains seraient déjà prêts à franchir. A moins que la candidate du FN se soit
tout simplement rendue à l'évidence et n'ait fait que reprendre à son compte une idée qui paraît frappée de bon sens pour des territoires, dont le taux de chômage des jeunes frôle les 50% de
chômage.
Un autre point de vue semble intéressant à analyser à savoir celui de
Anne-Marie Le Pourhiet,( qui a vécu et enseigné aux Antilles ) professeur de droit public à l’Université Rennes-I, qui se livre dans un entretien à l'Observatoire du communautarisme à une
dénonciation en règle des principes de la discrimination positive et du règne du politiquement correct qui pèse chaque jour davantage sur le débat public.
[Anne-Marie Le Pourhiet : « Le terme de discrimination lui-même est aujourd’hui tellement galvaudé qu’on ne sait plus du tout de quoi l’on parle. Il paraît donc nécessaire de « déconstruire
» un peu notre sujet ».
B[OC : Vous avez vécu aux Antilles : quelle est votre expérience des politiques de discrimination positive là-bas ?]b
- Il n’y a pas officiellement de politique de discrimination positive dans les DOM puisque, contrairement aux collectivités de l’article 74 (ex-TOM), ils sont soumis au principe de l’assimilation
juridique simplement « adaptée ». Il y a néanmoins des méthodes de recrutement qui aboutissent de facto à une préférence autochtone : par exemple si on déconcentre le recrutement de certains
fonctionnaires territoriaux en organisant les concours sur place, il est évident que des candidats métropolitains ne vont pas faire le voyage et que ce système privilégie partout, mais surtout
dans les collectivités insulaires, le recrutement local.
Mais on trouve cependant aux Antilles et en Guyane, à la différence de la Réunion où ne sévit pas cette mentalité, le même comportement « nationaliste » qu’en Corse qui aboutit à une
discrimination positive de fait dans tous les domaines. Du point de vue économique, on connaît d’abord les privilèges fiscaux, sociaux et salariaux
délirants aux effets pervers inouïs mais qu’on ne parvient pas à supprimer puisqu’ils sont considérés comme des « droits acquis » intouchables par des syndicats qui se disent indépendantistes
mais dont le comportement infantile plombe l’économie de leur région et l’enfonce définitivement dans la dépendance. On retrouve la même spirale
qu’en Corse, dans le Mezzogiorno italien et, maintenant aussi, dans les länder d’Allemagne de l’Est qui vivent sous perfusion et dont la population s’aigrit d’un système de transferts censé lui
profiter mais qui l’installe durablement dans l’assistanat et le ressentiment. Du point de vue ethnique la « préférence nationale » est également revendiquée aux Antilles et en Guyane et le «
modèle » calédonien a fait des envieux. En tout état de cause la racialisation des rapports sociaux et professionnels est omniprésente et
délibérément entretenue car elle permet des chantages efficaces. En métropole des militants antillais se plaignent des « écrans pâles » mais en
Martinique, le personnel de RFO n’hésite pas à se mettre en grève pour protester contre la nomination d’un directeur blanc. La vulgate habituelle consiste à dénoncer le fait que les magistrats et
les hauts fonctionnaires de l’Etat sont majoritairement métropolitains en faisant semblant d’imputer cela à la « persistance d’une situation coloniale » alors qu’il s’agit évidemment des
conséquences quantitatives d’une simple logique minoritaire. Dès lors que le personnel de direction de l’administration d’Etat est recruté par concours nationaux et que la mobilité est une
condition essentielle de l’impartialité et de la qualité du service, il est inévitable que les préfets, recteurs et directeurs de services soient essentiellement métropolitains. Cela résulte du
caractère unitaire de l’Etat français et n’a rien à voir avec le colonialisme. J’ajoute que bon nombre de hauts fonctionnaires et magistrats
antillo-guyanais ne souhaitent nullement être affectés dans leur région d’origine par crainte des pressions du milieu local mais aussi par préférence pour l’horizon et l’esprit continentaux plus
larges. Dans l’enseignement supérieur la préférence raciale joue depuis longtemps dans le recrutement et la promotion des enseignants-chercheurs et
le résultat est regrettable. Alors que l’université de la Réunion s’en sort plutôt bien grâce à un esprit d’ouverture, l’université des Antilles et de la Guyane a raté ses ambitions. Par exemple,
le président de l’université de la Réunion peut parfaitement être métropolitain alors que c’est impensable aux Antilles où on préférera avoir comme doyen de faculté un assistant « local » non
docteur à la légitimité scientifique absolument nulle plutôt que d’avoir un doyen blanc aux titres reconnus. Pour le contingent local de promotion
des maîtres de conférences et des professeurs, on assiste parfois à des situations ubuesques : sera promu un professeur « local » non agrégé dont les publications se résument à quelques articles
sans intérêt dans une revue locale ou même dans France-Antilles tandis qu’un professeur agrégé métropolitain au CV exemplaire devra renoncer …Cela
n’a heureusement pas de conséquence personnelle grave dans la mesure ou la majorité des promotions est bien assurée au niveau national mais cela discrédite totalement l’établissement ainsi voué à
végéter scientifiquement. J’ai vu le conseil d’administration de l’Université re fuser d’entériner le recrutement d’un très bon maître de conférences métropolitain pour réserver le poste à la
promotion ultérieure d’un candidat local dont aucune université métropolitaine n’aurait voulu. L’« antillanisation » du corps enseignant est désormais ouvertement prêchée par certains de mes
anciens collègues. Le problème est que lorsqu’une institution commence à faire passer le mérite au second plan elle recrute des médiocres qui ne supportent pas, ensuite, de voir arriver des
meilleurs de telle sorte que le pli s’installe durablement et qu’on ne peut plus remonter la pente. Même entre deux candidats locaux on préférera, au
bout du compte, choisir le moins bon pour qu’il ne fasse pas d’ombre et la rivalité devient plus aiguë encore à l’intérieur même du milieu local.Quand le mérite s’efface, il ne reste plus que l’arbitraire et la « tête du client » c’est à dire la loi de la jungle et le ridicule. Les spécialistes de sciences des
organisations analysent très bien ces phénomènes psychologiques à l’œuvre dans les ressources humaines et devraient s’emparer davantage de l’audit des discriminations positives. Le problème est
que le sujet est tabou et que personne n’ose vraiment l’affronter.
On parle aussi souvent du racisme des Corses à l’égard des continentaux et des
maghrébins mais on retrouve le même aux Antilles à l’égard des Métropolitains, des Haïtiens ou des Saint-Luciens et je ne parle pas de la campagne antisémite effroyable qui s’est développée il y
a quelques années dans un journal martiniquais auquel collaborent les principaux apôtres de la « créolité ». La « concurrence des victimes » sévit
partout.
B[OC : Le dernier concept à la mode est celui de « diversité ». S’oppose t-il celui d’ « assimilation » qui semble être devenu un véritable tabou
?]b
B[AMLP :]b J’ai déjà indiqué auparavant que la diversité est simplement devenue le faux nez de la discrimination positive. Ce terme n’a pas d’autre fonction que de camoufler la politique de passe-droit généralisé qui se met en place. Mais en lui-même, il ne signifie absolument rien, c’est un
slogan débile.
J’avais pu vérifier en 1996 aux Antilles, lors de l’anniversaire de la loi de départementalisation, combien le mot « assimilation » était curieusement devenu imprononçable. C’est un repoussoir
absolu pour la doctrine multiculturaliste mais je constate cependant que ce terme est encore largement revendiqué à la Réunion … autre mentalité. J’approuve personnellement le mouvement de
Nicolas Dupont-Aignan, Debout la République, qui aborde cette question de façon très décomplexée en utilisant
délibérément le terme d’assimilation au lieu et place de celui d’intégration.
Le fait que la composition de diverses instances (Parlement, médias, etc.) ne reflète pas les proportions en vigueur dans la société est présenté
comme un signe de discrimination. Ernest Renan appelait ce genre de comptabilité de la « zoologie » et y voyait un « retour au droit des orangs-outans », rappelle Anne-Marie Le Pourhiet. « Depuis
quand l’entreprise, les médias, l’armée ou l’administration ont-ils vocation à représenter le sexe, la couleur de peau ou les mœurs de leurs clients ou usagers ? », s’exclame-t-elle (Le Débat,
mars-avril 2001).
"Je crains que la nouvelle idéologie qui nous submerge nous apporte davantage « d’indigènes de la République » schizophrènes, pétris de bêtise et professionnels du ressentiment que de citoyens
dignes de ce nom et bien dans leur peau. Je ne suis guère optimiste."
Une autre thèse prévaut à savoir la discrimination positive, une politique anti-républicaine et victimiste , Le passé d’une illusion
!
Le concept de discrimination positive s’inspire des politiques d’« affirmative action » instaurées à partir des années 1960 aux Etats-Unis d’Amérique dans la foulée de la lutte des Noirs pour
l’égalité des droits. L’Affirmative Action, destinée à lutter contre les discriminations, instaure alors diverses mesures de « discrimination inverse » consistant à attribuer des droits
supplémentaires spécifiques aux personnes relevant de minorités ethniques auparavant victimes d’inégalités. A leur profit, des quotas sont imposés dans le recrutement pour des emplois privés et
publics, des bonifications de barème sont accordés à l’entrée de l’enseignement supérieur, une part des commandes publiques est réservée à leurs entreprises, etc.
LE TERREAU IDÉOLOGIQUE DE LA DISCRIMINATION POSITIVE : LE VICTIMISME AU SERVICE DU COMMUNAUTARISME
La discrimination positive participe d’une politique communautariste en ce qu’elle fait primer une appartenance à un groupe au détriment des qualités propres de la personne, ses talents, sa
responsabilité et son libre arbitre.
Les revendications de discrimination positive relèvent moins de la lutte contre les discriminations ou de la défense des « identités culturelles
» que d’une stratégie opportuniste d’obtention de passe-droits, de privilèges et de pouvoirs.
La stratégie victimiste n’est pas nouvelle ; la nouveauté est qu’en ce qui concerne certains groupes, les pouvoirs publics et la plupart des intellectuels la prennent pour argent comptant. Ils
cèdent à une culpabilisation issue d’une idéologie « post-marxiste » qui analyse les rapports sociaux en termes de dominants/dominés. « Dans l’humanisme, c’est l’homme qui est la mesure de toute
chose ; dans le victimisme, c’est la victime » (G. Erner). Le politique doit montrer qu’il a le monopole du cœur, selon la célèbre formule giscardienne. « La société des victimes reconfigure
notre conscience sociale, la pratique du droit et le fonctionnement de nos institutions. […] Le consensus compassionnel en vient à constituer une
menace pour les valeurs républicaines. »
• Une fois que les « représentants » d’une « communauté » ont associé celle-ci au statut de victime, la deuxième étape consiste à transformer en
droit n’importe quelle revendication, de telle sorte que toute contestation soit condamnée. La victimisation devient le levier d’une bataille
politique et sociale pour obtenir des dispositions spécifiques, voire pour conquérir le pouvoir.
La discrimination positive se traduit par l’attribution de passe-droits aux membres de catégories ethnico-culturelles ou sexuelles au nom de la «
réparation » des injustices (persécutions, colonisation, discriminations) dont ils seraient ou ont été victimes. L’idéal républicain d’assimilation
est présenté, dans une conception ethnique de la nation, comme un processus proche de l’ethnocide culturel, dont auraient été victimes « les Bretons », « les Alsaciens », « les Corses », etc. «
Les immigrés » et « les populations d’outre-mer » auraient été victimes successivement de la colonisation et du racisme ; tous ces « dominés » mériteraient des compensations sous forme de
privilèges divers et variés. On voit fleurir les demandes de réparation, qui émanent non plus seulement de ceux qui ont eu à souffrir d’un préjudice
mais aussi de leurs descendants, comme si la souffrance pouvait s’hériter et donner droit à réparation.
Pourtant, comme le relève le philosophe Christian Godin (Marianne, 13 jan. 2007), « il n’y avait pas que des esclaves parmi les ancêtres des immigrés africains mais aussi des rois trafiquants
d’esclaves ». Olivier Pétré-Grenouilleau, le meilleur spécialiste français de l’histoire de l’esclavage, a été l’objet d’une campagne de calomnies de
la part de groupuscules communautaristes, pour avoir rappelé que la traite « négrière » n’avait pas été une exclusivité européenne : il y eut aussi des traites musulmane et intra-africaine, d’une
importance numérique comparable.
De même, « préférer recruter un chômeur français à un étranger est révélateur d’une “xénophobie populiste” mais réserver les emplois et professions des collectivités d’Outre-Mer aux autochtones
est une judicieuse prise en compte de la “situation de l’emploi local” » .
Se développe une concurrence sur le thème de la communauté la plus maltraitée.
Mais les pouvoirs publics ont porté de très graves coups de canif dans le principe d’égalité des droits.
Appelé à interpréter la Loi fondamentale, le Conseil constitutionnel a affirmé que « le principe d’égalité ne s’oppose pas à ce que le législateur règle de façon différente des situations
différentes, ni à ce qu’il déroge à l’égalité pour des raisons d’intérêt général pourvu que, dans l’un et l’autre cas, la différence de traitement qui en résulte soit en rapport avec l’objet de
la loi qui l’établit » et qu’elle se fonde sur des « critères objectifs et rationnels ». Donc le juge constitutionnel se fie à l’intention affichée
par le législateur, en oubliant que l’enfer est pavé de bonnes intentions.
Certes, quand les contribuables n’acquittent pas le même impôt, quels que soient leurs charges ou leurs revenus, l’inégalité n’est guère contestable.
Mais le Conseil constitutionnel a introduit l’incertitude par des décisions qui peuvent apparaître comme contradictoires.
D’un côté, il a expliqué que ces « principes constitutionnels s’opposent à toute division par catégories des électeurs ou des éligibles ». Il a
donc invalidé les quotas par sexe dans les élections.
De l’autre, il a, en 2000, laissé passer une remise de dettes sociales et fiscales à toutes les entreprises des départements d’outre-mer.
De leur côté, les parlementaires (droite et gauche confondues) ont révisé la Constitution pour permettre d’imposer la « préférence locale » dans certaines collectivités d’outre-mer ( Nouvelle
Calédonie ou Polynésie ) et en Corse, ainsi que la parité femme-homme (égale représentation dans des institutions), etc.
. La « discrimination positive » (oxymore) alimente la discrimination
La discrimination positive relève aussi d’un processus d’exclusion, tandis qu’elle enferme ses supposés bénéficiaires dans leur “déterminisme”.
. S’il « n’y a pas assez de », c’est qu’il « y a trop de »......? comme cela a été dit explicitement ou implicitement lors de la crise de 2009 ( nou et yo )
• Avec la discrimination positive, l’interdiction de « discriminer » se contredit elle-même en imposant la discrimination du moment qu’elle bénéficie aux « opprimés » supposés , etc.
Or, « dès lors qu’est introduite une discrimination, elle sera toujours positive pour celui qui en bénéficie et négative pour celui qu’elle exclut »
(Anne-Marie Le Pourhiet, (Le Débat, mars-avril 2001)). Il n’y a pas, en réalité, de discrimination positive ou de discrimination négative, il n’y a
que des discriminations.
De la même façon que s’il y a victime, il y a un bourreau, dire « il n’y a pas assez de » revient à dire « il y a trop de ». La banalisation du comptage catégoriel justifie ainsi des démarches
telles que celle de Domota, qui en 2009, faisait scandale en s’offusquant que tous les participants représentant l'Etat et le patronat de la réunion du World Trade Center à Jarry étaient
blancs.
Ou celle de Georges Frêche, président (PS) du conseil régional de Languedoc-Roussillon, quand il s’étonne de la sur représentation des Noirs dans l’équipe de France de football.
Quand l’Institut d’Etudes Politiques de Paris (Sciences Po) ménage un recrutement sur dossier pour une fraction choisie de la population, il élimine d’autres jeunes relevant eux du droit commun
du concours.
• En minimisant les talents et le mérite au profit d’autres critères, la discrimination « positive » suggère pour le sens commun que ses
bénéficiaires sont moins compétents. D’où, logiquement, l’idée selon laquelle on est moins compétent quand on est noir, femme, etc. (comme on a pu l’observer avec l’Affirmative Action aux
Etats-Unis d’Amérique.) Donc la discrimination positive alimente les aprioris racistes, sexistes, bref, les réflexes qu’elle est censée combattre.
Recevant les patrons des chaînes publiques de télévision, le 22 novembre 2005, le président de la République Jacques Chirac s’est opposé aux quotas, car c’est « un système qui a pour résultat de
montrer du doigt celui qui en bénéficie et d’être difficilement explicable à celui qui en est exclu » (Le Monde, 24 nov. 2005).
Valider l’origine ethnique comme un des critères d’accès a certains droits est précisément la revendication de base des racistes. Au nom du « droit à la différence », on établit une différence
des droits. On reconnaît aisément des théories « différencialistes » popularisées à partir des années 1970 par les courants « nationalistes » en Guadeloupe voulant combattre
l'assimilation voulu par la départementalisation.
La discrimination positive, en créant des inégalités au bénéfice de certains, et en identifiant par leur appartenance à un groupe « identitaire » les bénéficiaires de ces inégalités, les incite à
se replier sur cette « identité ». Ainsi, aux Etats-Unis d’Amérique, l’Affirmative Action n’a fait que renforcer les revendications d’appartenance ethnique. « Si elle a favorisé la promotion de
quelques-uns, elle a desséré encore plus un lien social fragilisé » (Alain-Gérard Slama, Pouvoirs, nov. 2004). L’Affirmative Action a conforté les communautés dans leurs particularismes, au lieu
de les intégrer.
La discrimination positive est donc particulièrement pernicieuse à long terme puisqu’elle agit chez l’individu comme un dissolvant des concepts de citoyenneté et de l’intérêt général , tout en
propageant des tensions raciales au sein d'une société multiraciale comme c'est le cas en Guadeloupe .
La revendication de « discriminations positives » relève -t -elle d’une lutte contre l’injustice, ou d'une stratégies de leaders populistes plus
ou moins représentatifs aspirant à accroître leur pouvoir idéologique sur le peuple.
La « discrimination positive » ne permet pas de lutter contre les discriminations. Au contraire, elle les alimente. Le principal effet de la « discrimination positive » est de légitimer la
discrimination et de jeter aux oubliettes l’égalité des droits, principe républicain fondamental. Loin d’intégrer, elle fait éclater la société. Elle ne répare pas la « panne » de l’« ascenseur
social » mais met en panne la République et menace la cohésion sociale .
L’échec avéré des politiques fondées sur l’égalité des chances et la méritocratie est un prétexte pour mettre en pièce l’idéal républicain lui-même. On jette le bébé (la République) avec l’eau du
bain (les manquements dans l’application des principes républicains). Or, la discrimination positive ne change rien à la discrimination. Elle en assure au contraire la pérennité. Elle est un
cache-misère qui évite de s’attaquer en profondeur aux racines de l’inégalité des chances.
Faire prévaloir la mobilité et la responsabilité
Hannah Arendt (Essai sur la Révolution) écrivait : « La pitié prise comme ressort de la vertu s’est avérée posséder un potentiel de cruauté supérieur à celui de la cruauté elle-même. »
Il est évidemment plus difficile à des enfants d’immigrés de réussir rapidement dans la société d’accueil qu’à des nationaux de souche. Mais ce handicap naturel est aggravé par le culte de la
différence « multiculturalisme » ou le « relativisme culturel ». .
Un certain populisme syndical d'extrême gauche, mais aussi des pans entiers du système scolaire, incitent notamment les plus jeunes à refuser les valeurs et les règles de vie communes et
alimentent une méfiance croissante du reste de la société. Méfiance que l’on qualifie à tort de racisme puisque ce qui est en cause n’est pas l’origine mais le comportement.
Certes , On est toujours plus heureux de travailler dans sa région d'origine mais, la mobilité des jeunes Guadeloupéens dans d'autres pays à l'instar des jeunes Grecs et Espagnols confrontés à la
crise de la zone euro peut-être aussi source d'enrichissement .
(Sur fond de situation économique et sociale désastreuse. En Espagne et en Grèce , plus de 50 % des jeunes sont au chômage, les diplômés contraints de s'exiler.)
La Guadeloupe n'est pas isolée du monde comme veulent le faire croire certains esprits chimériques qui vivent en dehors des réalités du monde actuel .
Depuis bientôt trente ans, le marché du travail en Guadeloupe est peu accueillant pour les jeunes , du fait de l'étroitesse du marché , de l'absence d'investissement dans de grands projets de
développement avec le recul des politiques publiques .
La menace du déclassement social est une réalité pour les Guadeloupéens et notamment les jeunes qui sont sortis de formation en période de
mauvaise conjoncture économique, comme en 2009. Mais pour les années à venir le pessimisme n'est pas à exclure , alors reste le passage en France
Métropolitaine ou l'expatriation à l'étranger . Nécessité fait loi comme le montre l'exemple des jeunes Espagnols ou Grecs : "Partir, partir , partir au plus vite : Après les Grecs le refrain
amer des jeunes Espagnols."
Elle dit, dans un sourire pâle et un français timide : « Je pense... J'espère que je reviendrai en Espagne. » Paola Serrano, 33 ans, est architecte. Depuis juillet, elle est au chômage.
Elle ne s'en sort qu'avec l'aide de sa mère et quelques cours particuliers dispensés au noir. « La bulle immobilière a explosé. Il n'y a plus de travail dans le bâtiment. Il n'y en a plus en
architecture. Il me restait deux solutions : changer de métier ou changer de pays. Mais même comme serveuse, on ne veut pas de moi. »
Elle a fini par choisir le départ, a balancé entre l'Allemand et le Français. Et puis elle s'est dit que notre langue était plus facile à apprendre, qu'il y avait davantage de pays dans le monde
à la parler, comme le Québec au Canada ou la Suisse. Alors, depuis janvier, Paola suit les cours intensifs de l'Alliance française, à Valence. Elle n'est pas la seule. On s'y presse. Objectif
départ.
Tous ces jeunes prennent le taureau par les cornes. Mais, comme Maité Garcia, 24 ans, diplômée en journalisme, ils cachent de moins en moins leur frustration. Et même leur colère. « Je suis
indignée. Regardez cette banque (Bankia, NDLR) mal gérée, renflouée par l'argent public. Et son directeur qui démissionne avec des indemnités, gronde-t-elle. Avant cette crise, tout était ouvert,
tout était possible. Le problème, c'était de choisir. Aujourd'hui, il n'y a plus qu'une porte ouverte. Ça ne me plaît pas, mais il faut y aller. »
Sa mère est femme au foyer. Son père, ingénieur dans une multinationale, a vu son salaire et ses conditions de travail se dégrader. Tous les deux l'encouragent à partir. Maité pense à Montréal,
essaie de positiver : « J'ai déjà vécu huit mois en Argentine. Alors oui, partir c'est connaître d'autres gens. Devenir utile. »
Joana Milian s'exilera en Suisse au début juillet. Un stage de six mois à Genève, rémunéré. Le pied à l'étrier. Joana est également architecte. « Tous mes amis sont déjà partis. En Suisse, au
Mexique, au Brésil, en Allemagne. » Elle-même, à 27 ans, a beaucoup bougé : stages à Budapest, Mexico, Bologne. « Mais c'est la première fois que je pars sans savoir quand je pourrai rentrer. »
Elle soupire : « Ce n'est pas juste. Nous sommes la première génération à être autant diplômée. Et tout cet investissement, c'est l'étranger qui va en profiter. » (Ouest-France)
Aussi est-il temps de réhabiliter la notion de responsabilité et d'ouverture à l'autre , devenue tabou en Guadeloupe du fait de l’imprégnation
de la société guadeloupéenne par le populisme et la victimisation (« je n’ai aucune part dans ce qui m’arrive car cela est dû à mon appartenance communautaire de descendant d'esclave et d'ancien
colonisé »).
Conclusion :
Le premier objectif de nos politiques en Guadeloupe, c'est de s'adapter pour faire face aux défis que nous impose la conjugaison des crises économiques et sociales. J'irais même au delà en disant
qu'à mes yeux nous ne sommes pas dans une crise mais dans un changement de monde ( une mutation ), et que ce changement de monde mérite des réponses urgentes et innovantes de la part du conseil
régional pour aider les jeunes à s'expatrier dans de bonnes conditions en France Métropolitaine et surtout à l'étranger ( je pense aux USA et au CANADA ) ET SI POSSIBLE DANS NOTRE ENVIRONNEMENT
GEOGRAPHIQUE ;
Je suis convaincu qu'il faut faire confiance à la société sans imposer des règles qui risquent de se retourner contre nous , sans sombrer dans l'extrême pessimisme , le repli sur soi , et je
crois aux vertus du dialogue et de l'échange, ainsi qu'à la capacité de nos jeunes concitoyens Guadeloupéens de s'ouvrir sur le monde sans tomber dans le piège de l'ostracisme des populistes.
DOLTO