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24 Janvier 2010
La Réunion a bien de la chance.
( Notre correspondant à la Réunion nous adresse cet article paru dans Le journal de lîle, qui montre a quel point la classe politique
de notre souer réunionnaise est bien plus mure et responsable que les nôtres en Guadeloupe, en Martinique, et en Guyane. Le Scrutateur).
Article sur le Journal de l'Ile :
Qui, en 2010, pourrait bien encore faire campagne sur la peur du "largage" ? L’argument, qui a essentiellement servi la droite pendant deux décennies, a été épuisé par trois événements essentiels de la politique réunionnaise, survenus en début de décennie 2000 : le débat sur la bidépartementalisation et l’amendement Virapoullé... et la bise de Paul Vergès et Jean-Louis Debré. La bidep, c’est la grande affaire de l’année 2000. L’idée est portée par le gouvernement Jospin, soutenue par quatre députés sur cinq (les trois de gauche et André Thien-Ah-Koon), même si la question de la "frontière" nord-sud divise le camp de gauche : le PCR milite pour une département du Sud qui incluerait le Port et la Possession, idée que ne partage pas le PS. Le ministre Queyranne, en tout cas, montre la détermination de l’Etat, prêt à "couper" l’île avant 2001. Dans la rue, pourtant, l’affaire est mal engagée : le 15 mars 2000, près de deux fois plus d’"anti-bidep" défilent à Saint-Denis que de "pro" à Saint-Pierre. Les sondages montrent une Réunion sudiste plutôt favorable et une Réunion nordiste plutôt hostile. Le gouvernement repousse d’un an son entrée en vigueur : ce sera finalement pour janvier 2002. Mais sur le terrain, le slogan "Coupe pas nous", lancé par Jean-Paul Virapoullé, fait fureur. Le maire de Saint-André surfe sur son thème de prédilection : le maintien de la France "dans le droit commun".
"L’aventure institutionnelle"
Sous pression, les cinq députés, le 16 novembre 2000, demandent le retrait du projet. Ce sera effectif le 17 avril 2001, un mois après un sondage dévastateur publié par le Jir (deux Réunionnais sur trois sont hostiles) et des élections municipales et cantonales catastrophiques pour la gauche pro-biedep. Avec l’amendement Virapoullé, politique et symbolique s’entremêlent. Nous sommes au coeur du projet de décentralisation Raffarin, qui propose à l’outre-mer des "adaptations législatives" possibles pour les collectivités locales dans certains domaines. Ces "lois-pays", la droite locale n’en veut pas, craignant encore une fois "l’aventure institutionnelle". A l’arraché, et malgré une ministre de l’outre-mer (Brigitte Girardin) en colère contre lui, Jean-Paul Virapoullé fera voter son amendement au Sénat le 6 novembre 2002, désolidarisant la Réunion des quatre autres Dom. Le message est reçu ici comme à Paris : plus départementaliste que la Réunion, c’est impossible. Paul Vergès lui-même enregistre le message. L’ancien chantre de l’autonomie, puis de l’Assemblée unique, sera l’auteur d’un geste symboliquement lourd de sens : la bise à Jean-Louis Debré, président de l’Assemblée nationale (et surtout fils de Michel Debré, l’adversaire de toujours du PCR). Nous sommes le 16 mars 2006, la départementalisation fête ses 60 ans. Ne restera plus à la droite, une fois revenue aux affaires, de retourner le débat institutionnel dans un sens totalement imprévisible dix ans plus tôt : c’est elle qui propose aujourd’hui à l’outre-mer de choisir son propre statut.