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1 Novembre 2009
La lecture de la lettre de Guy Môquet est une insulte à sa mémoire.
C'est avec un grand plaisir que le Scrutateur publie ce bel article du brillant publiciste, Philipp, qu'il a bien voulu nous envoyer.
Philipp a bien raison de rappeler la très grande complexité des quatre années d'occupation de notre pays par les Allemands, de 1940 à 1944.
Non seulement il y eut les collaborateurs, des gens de droite et de gauche (par exemple le tristement célèbre Marcel Déat), mais aussi des communistes.
Le PCF (Parti communiste français) fut un parti collabo de 1939 (Pacte germano soviétique ),à 1941, (rupture de ce pacte), mais par la suite le PCF lutta officiellement pour la libération du
sol, mais aussi pour l'instauraton du communisme en France à la libération. Un communisme, qui outre son caractère intrinsèquement pervers ( dixit le pape Pie XI ), était à l'époque sous le
coupe de Staline, un des dictateurs les plus sanglants de l'histoire. Le livre dont on voit, ci-contre la photographie de couverture , de Jean-Marc Berlière et François Liaigre, souligne le
malentendu qui trouble encore nombre de Français, abusés par l' enseignement d'une histoire "officielle" ( Le PCF n'hésitant pas liquider les "traîtres", les personnes qu'il
appelait ainsi, le plus souvent ceelles qui, jusqu'en son propre sein, après la guerre, risquaient de s'opposer à son projet de maîtrise totalitaire sur la France).
Guy Mocquet, jeune adolescent de 17 ans luttait, lui, avec pureté, (loin de ces embrouilles), pour la France, et ce qu'il pensait être la justice.
Comme le dit Philipp, il est navrant de voir que se perpétuent, encore aujourd'hui, des manipulations des faits, et de sa propre lettre, qui n'honorent pas leurs auteurs.
Edouard Boulogne).
Depuis la décision prise unilatéralement par Nicolas Sarkozy en 2007 d’imposer la lecture de la Lettre du jeune Guy Môquet à tous
les élèves de France, un débat n’a pas cessé d’agiter certains historiens sur le bien fondé de cette lecture.
On peut dans un premier temps s’interroger sur l’opportunité et la légitimité de cette obligation faite pour le seul bon plaisir d’un Prince Président peu enclin à consulter avant de décider
mais surtout on doit s’interroger sur le choix de cette lecture et sur sa réalité historique.
Il est certainement utile de lire quelques textes édifiants à nos adolescents pour leur apporter des éléments de réflexions et d’humanité. La notion philosophique d’Humanité est certainement ce qui manque le plus à notre monde individualiste, outrageusement matérialiste, balayé par un flot d’informations trop rapides et trop envahissantes pour être digérées et comprises.
Et pourquoi pas quelques rappels des notions de civisme, de politesse, de courtoisie puisque tous ces éléments pourtant bien indispensables à la vie collective sont oubliées par beaucoup d’adultes bien incapables ensuite de donner la moindre éducation à leurs rejetons rapidement ingérables.
Mais la lettre de Guy Môquet NON !
Ce n’est pas que la missive de ce pauvre jeune homme aux portes de la mort ne soit pas éminemment respectable, profondément
touchante et chargée d’une émotion sincère et puissante. Personne ne peut nier avoir été sensible à ce petit message plein de tendresse délicate, de belle force de caractère, de résignation
terrible. Personne d’ailleurs ne peut aborder ce qui touche à la Mort avec légèreté. C’est un sujet qui hante l’esprit de l’Homme, le bouleverse, le tenaille de peur irraisonnée, le terrasse
d’angoisses sombres et misérables.
La connaissance de la Mort est sans doute l’élément qui devrait rendre l’Homme plus …. Humain et intelligent car cela devrait nous permettre de tout relativiser et de toujours rechercher le
meilleur et le plus intelligent pour l’Humanité.
Las, l’Homme sait qu’il va mourir mais cela n’empêche pas une bonne partie de l’Humanité d’avoir le plus profond mépris pour la Vie en général.
« La Vie d’un Homme ne vaut rien mais rien ne vaut la Vie d’un Homme » (André Malraux ).
Donc ce jeune qui sait qu’il va être fusillé est profondément touchant et il n’est pas question ici de porter atteinte à sa mémoire. Bien au contraire, il convient de la respecter et de ne pas accepter d’entendre et de lire n’importe quoi à son sujet !
Car voilà le vrai scandale de cette affaire.
En choisissant la lettre de Guy Môquet, N Sarkozy s’est livré à une véritable attaque de sa mémoire car il a favorisé un terrible mensonge historique que l’on ne peut accepter ni admettre.
La directive ministérielle adressée aux enseignants en début d’année scolaire pour les obliger à lire cette lettre fait mention de « jeune homme tombé sous la barbarie nazie » …
Et c’est là le mensonge, l’horrible détournement de la vérité.
On ne peut nier que ce sont bien les Allemands (le général Stülpnagel) qui ordonnent qu’en représailles à la mort du lieutenant-colonel Holtz, abattu à Nantes par la résistance, on fusille 50
otages. Mais ils n’interviennent en rien dans le choix des 50 malheureux qui vont être victimes de cela.
Le responsable et coupable du choix des futurs fusillés n’est autre que le Ministre de l’Intérieur de Vichy, Pierre Pucheu, un
tenant pur et dur de la collaboration active, un farouche opposant aux communistes de tous bords qu’il poursuit de sa haine féroce et de sa vindicte efficace depuis bien avant la guerre.
Car il faut se souvenir qu’une large partie de la grande bourgeoisie française, animée d’un vif esprit de revanche antisocial depuis le Front Populaire de 1936, est très favorable aux thèses
nazies et anti sémites. « Plutôt Hitler que les Communistes » disait-on dans certains milieux. Pucheu fait partie de ce milieu là et il va appliquer cette théorie violemment
anti Rouge à la lettre. Tous les suppliciés de cette triste affaire de Nantes, sont des militants soit communistes soit syndicalistes. En remplissant sa liste de futurs fusillés Pucheu pensent
d’abord à protéger ceux qu’il considère être comme des bons Français. Il débarrasse le patronat des trublions syndicaux et la terre de ceux qu’il déteste par-dessus tout, les Communistes.
Les Allemands en cette affaire n’ont rien demandé de spécial et n’ont imposé aucun nom. La mort du jeune gamin de 17 ans, Guy Môquet n’est pas liée au fait qu’il fut un héros particulier (on ne
lui en a pas laissé le temps !) mais simplement au fait qu’il était un communiste désigné par un Ministre Français pour mourir sous les balles vengeresses d’un occupant accepté et
ami.
Pire encore pour camoufler cette triste réalité historique, les pontes du ministère ont en 2007 volontairement triché sur le
contenu authentique de cette lettre.
Dans son petit texte adressé à ses parents le jeune garçon a employé tout naturellement le vocabulaire qui était le sien et en bon militant communiste, il a utilisé pour désigner ceux qui
allaient mourir avec lui le terme de « Camarades ». Mais cela n’a pas plu à nos bons menteurs ministériels qui n’ont pas hésité sans aucun remord ni scrupule à manipuler le texte du
jeune garçon.
Les « camarades » ont été changés en « Compagnons » ce qui sonne évidemment mieux à l’oreille de ceux qui veulent faire dire à l’Histoire ce qu’elle n’a jamais
dit !
Guy Môquet est mort parce qu’un Français collaborateur a choisi délibérément qu’il meure !
Et ce n’est du tout ce que l’on raconte aux jeunes à qui on lit sa lettre. Reconnaissons-le c’est cela qui est absolument
inacceptable et indigne de sa mémoire.
Voila pourquoi cette volonté Présidentielle peut paraître particulièrement contestable et déplacée.
Le problème de la France avec cette période est que les Français ne veulent pas dire la vérité telle qu’elle a vraiment été.
Les Français veulent tirer un trait sur l’ombre peu ragoutante de la collaboration qui a terriblement entachée toute la période la guerre.
En fait pendant ces années d’occupation, la population française s’est trouvée devant un terrible dilemme qu’il ne nous appartient pas aujourd’hui de juger.
Il est facile de prétendre 60 ans plus tard que nous aurions fait partie des héros, c’est bien évidemment loin d’être si évident que cela.
Il y eut quelques héros absolument admirables (beaucoup dès 1940 se trouvaient être communistes parce que le Parti Communiste était habitué à la clandestinité et donc rapidement opérationnel
mais certains communistes ont attendu la rupture du Pacte Germano Soviétique pour entrer en Résistance). Les mouvements de Résistance Gaulliste furent bien plus longs à mettre en place. Parmi
ces grands résistants, il y eut les anonymes au courage sans limite, puis les opportunistes d’après le 6 juin 1944. Il y eut et c’est la grande majorité, ceux qui se sont contentés d’essayer de
survivre en sauvant leur peau. Personne ne peut leur en vouloir ni les blâmer. Et il y eut les collaborateurs qui par convictions politiques, haine, lâcheté ou intérêts ont servilement servi la
cause de l’occupant.
Et ils furent nombreux !
Certains mêmes ont fait du zèle et ont largement pactisé avec le diable.
Doit-on rappeler que la tragédie de la Grande Rafle du Vel D’Hiv les 16 et 17 juillet 1942 pendant laquelle 128OO juifs furent arrêtés, fut entièrement organisée par les ministres de Vichy (parmi lesquels un certain René Bousquet…), la Police Française collaboratrice et la Milice alors que les autorités Allemandes n’avaient à l’origine RIEN demandé et furent même « ennuyées « par le nombre de Juifs arrêtés par quelques 3000 policiers français…
La France entre 1940 et 1945 ne fut pas toujours aussi majestueuse et respectable qu’on voudrait bien nous le faire croire. Elle ne
fut pas non plus au centre de cette guerre qu’elle n’a pas su gérer et qu’elle n’a pas gagné même si beaucoup de Français aujourd’hui voudraient bien s’en persuader. Nous n’avons pas été
parfaitement admirables pendant cette triste période.
C’est un fait qu’il faut admettre honnêtement, l’Histoire de France comme celle de tous les pays du monde n’est pas toujours exemplaire ni fabuleuse. Les pays sont comme les Hommes qui les
composent capables du pire comme du meilleur, du plus merveilleux comme du plus abject. C’est un fait que nous ne pouvons occulter si nous voulons avoir de l’Homme une vision juste et
objective. Mentir sur ce point ne sert rien ni personne !
Ce serait sans doute un grand pas vers une vision juste de l’Humanité que de le reconnaître et d’arrêter de se dissimuler derrière des mensonges, des faux héros, de fausses
images.
Voila pourquoi le choix de cette belle et triste lettre du pauvre Guy Môquet ne semble pas très justifié ni très moral. La mémoire du jeune homme est bafouée honteusement par ceux qui veulent exploiter sans vergogne des interprétations tronquées et mensongères.
Pourquoi alors ne pas avoir le courage de lire un texte d’un jeune fellagha algérien mort sous la torture française en 1957 ? La souffrance devant la Mort n’a pas de frontière, pas de drapeau et elle est universelle, éminemment respectable et touchante, terriblement humaine et le faire comprendre serait un acte éducatif majeur.
Pour apprendre aux jeunes à se conduire en Hommes nous ne pouvons accepter d’exploiter le mensonge et c’est le cas en cette affaire
là !
Si nous voulons lire à nos enfants de beaux textes fondateurs, exaltants, porteurs de visions nobles et positives, cela doit être fait avec sincérité et respect. En aucun cas cela ne peut se
faire à partir d’une approche honteuse, irrespectueuse de la mémoire de Celui qui, à quelques heures de la tragédie finale voulait tenter de dire ce qu’il avait de plus sincère au plus profond
de son être en souffrance.
Philipp.