5 Juillet 2011
( Pendant les mois de juillet et d'août, Le Scrutateur n'arrête pas sa parution. Mais le rythme de publication sera moins soutenu : 3 ou 4 articles par semaine, au lieu d'une dizaine en temps normal. Bonnes vacances ).
La Guadeloupe à l'horizon 2020 : Des ménages plus petits et plus vieux
par DOLTO.
L'INSEE vient de publier une « projection de population à l'horizon 2020/2040 » . Dans ce document, les statisticiens tentent de décrire ce que sera la démographie et la structure des ménages de
la Guadeloupe dans les 30 prochaines années. Le troisième âge et les personnes seules vont exploser.
Faudra-t-il rebaptiser l'île aux belles eaux en « l'île aux maisons de retraite » , « l'île aux cheveux blancs » ou « l'île aux ti vieux » ?
La question risque de se poser rapidement à en croire la projection de population réalisée par l'INSEE (Institut national de statistiques et d'études économiques). Pour la réaliser, les
statisticiens ont pris le pari que les tendances observées actuellement concernant la fécondité, la mortalité ou le solde migratoire vont continuer sur leurs lancées.
Objectif de l'étude : savoir à quoi s'attendre pour mieux s'y préparer.
Le résultat est étonnant et loin d'être réconfortant.
Si globalement la population de l'île va peu grossir, elle va surtout vieillir. Transformer les écoles en maisons de retraite va être un secteur porteur et les marchands de bonbons feraient bien
de s'orienter vers la pharmacie.
La conséquence du croisement de trois facteurs.
D'abord le solde naturel. « D'ici 2030, le nombre de décès devrait dépasser celui des naissances » annonce l'INSEE.
Pour compenser cette perte, la Guadeloupe devrait compter sur son solde migratoire, c'est-à-dire sur la différence entre le nombre de personnes qui quittent l'île et le nombre de celles qui y
arrivent. Un chiffre qui est actuellement négatif mais devrait devenir positif dès 2020.
Problème, si elle permet de maintenir les effectifs, la migration accélère le rythme du vieillissement de la population. « En effet, la région continuera à être attractive pour les personnes aux
âges de la retraite. Dans le même temps, les jeunes de 18 à 30 ans seraient beaucoup plus nombreux à quitter la Guadeloupe qu'à s'y installer » précise l'INSEE.
D’ici 10 ans, La Guadeloupe comptera près de 50.000 ménages supplémentaires qu’il faudra loger. Si la construction de 4.000 logements par an d’ici 2020 semble nécessaire pour héberger ces
nouveaux ménages, l’analyse de leurs caractéristiques permettra de mieux adapter l’offre de logement.
Des ménages plus petits
Depuis plusieurs années, le nombre moyen de personnes qui vivent dans un ménage diminue. Il ne sera plus que de 2,7 en 2020, ce qui était le niveau de la France métropolitaine en 1990. Le
vieillissement de la population et les changements de modes de vie (vivre seul, en couple, en famille monoparentale…) en sont la cause.
Plus de personnes seules, surtout des femmes
En 2020, les ménages de personnes vivant seules augmenteront massivement, principalement en raison de la forte augmentation des divorces et du vieillissement de la population. Ils représenteront
32 % des ménages alors qu’ils ne sont que 25 % en 2007 et n’étaient que 19 % en 1990. La Guadeloupe se rapprochera ainsi de la France métropolitaine d’aujourd’hui où 33 % des ménages sont
composés d’une seule personne.
Plus de la moitié des personnes seules supplémentaires auront plus de 60 ans et les deux tiers d’entre elles seront des femmes.
Le modèle familial s’effrite
En 2020, les couples avec enfant(s) ne représenteront plus que 27 % des ménages, soit autant qu’en France métropolitaine aujourd’hui. Alors qu’en 1990, la moitié des ménages de la Guadeloupe
étaient des couples avec enfant(s).
Le vieillissement de la population et le changement des modes de vie expliquent ce recul.
Les couples avec enfants vieillissent et deviennent des couples sans enfants qui représenteront en 2020 un ménage sur cinq. Les jeunes couples auront moins d’enfants et un peu plus tard.
La vie de couple attire également moins les jeunes. En 2020, 26 % des moins de 30 ans vivront en couple contre 40 % en 2007.
Toujours 30 % de ménages monoparentaux
En 2020, les ménages monoparentaux seront presque aussi nombreux que les couples sans enfants. Cependant, leur part parmi les ménages augmentera et se stabilisera à 30 %.
À La Guadeloupe, le nombre de familles monoparentales est important (3 ménages sur cinq). Dans 90 % des cas, il s’agit d’une mère avec enfant(s). En France métropolitaine, les ménages
monoparentaux sont beaucoup moins fréquents (un sur douze).
En conclusion , ce qu'il faut retenir, c'est d'abord un ralentissement de plus en plus marqué de la croissance de la population et, à partir
de 2030-2035, une diminution de cette population. C'est ensuite un vieillissement accéléré de la population. L'âge moyen va augmenter de 10 ans dans les 30 prochaines années ce qui est un
phénomène tout à fait spectaculaire. C'est enfin une émigration de plus en plus forte des jeunes de moins de 20 ans et des adultes de moins de 30 ans conjuguée à une immigration de plus en plus
importante des personnes de plus de 60 ans EN PROVENANCE DE METROPOLE.
La conséquence globale, c'est un vieillissement de la population. Mais il faut aussi comprendre qu'avec le départ à la retraite des générations issues du baby-boom, il va y avoir une
déstabilisation du marché de l'emploi. Très rapidement, c'est-à-dire d'ici 5 à 10 ans, près de 30 000 personnes partiront à la retraite et contrairement à ce qu'on pourrait imaginer le
remplacement par des personnes au chômage n'est pas mécanique. A la clé, une perte de chiffre d'affaire global donc une déstabilisation du modèle économique et surtout de la structure
familiale.
DOLTO