25 Novembre 2012
Que l'animateur de ce blog soit un homme de droite, cela ne fait aucun doute. Et pourtant je considère que les hommes de gauche, même ceux qui m'exaspèrent le plus, sont des compatriotes. Des hommes que je combats, sans ( aucun ) doute , avec force, avec virulence parfois, mais enfin ce sont des compatriotes. Sur le même bateau nous sommes embarqués. Face aux crises, morales, financières, face aux catastrophes – climatiques ou autres – nous sommes embarqués. Si le navire coule, nous coulons ensemble.
Oui! Il faut raison garder.
La raison, chacun s'en réclame. Encore faut-il, malgré ses limites, s'y référer autrement qu'en paroles.
C'est pourquoi je n'ai jamais dit que François Hollande n'était pas mon président. Oh certes! Je n'ai pas voté pour lui, et ce que lui et son équipe font depuis juin dernier n'a pas, du tout, mon agrément. Il m'agace, m'exaspère. Mais, il a été régulièrement élu selon les conventions ( la Constitution ) qui règlent nos moeurs, et nous préservent de la totale barbarie, et de la guerre civile inévitable dans un pays sans lois.
C'est pourquoi, hier soir, à la veille du week-end j'écrivais cet article, un brin ironique et pourtant sérieux intitulé : Fillon/Copé, ou Abidjan-sur-Seine.
Imaginons qu'à la présidentielle le résultat final entre N.Sarkozy et François Hollande ait été aussi exigu que celui qui sépare, pour la présidence de l'UMP, M. Fillon de M. Copé.
Cela n'est pas impensable. Que serait alors devenue la France soumise aux appétits et frénésies partisanes.
C'est à cela que je pensais en citant Blaise Pascal ( et ce n'était pas simple érudition littéraire ) pour faire réfléchir ceux qui le peuvent : « Les choses du monde les plus déraisonnables deviennent les plus raisonnables à cause du dérèglement des hommes, qu'y a-t-il de moins raisonnable que de choisir pour gouverner un Etat le premier fils d’une reine? L’on ne choisit pas pour gouverner un bateau celui des voyageurs qui est de meilleure maison, cette loi serait ridicule et injuste, mais parce qu’ils le sont et le seront toujours elle devient raisonnable et juste, car qui choisira-t-on, le plus vertueux et le plus habile ? nous voilà incontinent aux mains ; chacun prétend être ce plus vertueux et ce plus habile ; attachons donc cette qualité à quelque chose d’incontestable ; c’est le fils aîné du roi, cela est net, il n’y a point de disputes. La raison ne peut mieux faire car la guerre civile est le plus grand des maux ».
La crise à l'UMP ce n'est pas la crise de la France, car l'excessif est insignifiant. Mais elle est un révélateur du cancer qui ronge notre pays. Plus que la crise économique ( qui comme les précédentes, celle de 1929 – si longtemps paradigmatique - comme les autres passera, dans cinq ans, dans dix ans ) la vraie crise est spirituelle et morale. Au fond, et le mal touche « la droite » ( ou ce que les médias appellent ainsi ) aussi bien que la gauche, ce dont nous souffrons c'est d'une perte des valeurs essentielles, une disparition du patriotisme, du sentiment d'identité nationale, sans lequel la France est condamnée à disparaître dans un monde ou des identités fortes ( la Chine, maints pays émergents, et les « ennemis de l'intérieur », l'immigration de masse dont les individualités ne sont que des Français de papiers, feront exploser la nation de l'intérieur faute que celle-ci ait eu la vigueur, et la volonté de les assimiler ), la broieront inéluctablement.
A un moment ou la gauche, dans l'erreur, se propose de donner le droit de vote en France aux étrangers, sans discernement , on attendait de l'UMP une autre réponse que celle des divisions de personnes, des ambitions individuelles déchainées. Cela n'est pas sérieux.
Je lis sous le nom d'hommes de droite, supporters de l'UMP, des propos comme celui-ci : « le parti des Fillonnistes est né, aujourd'hui ».
Je m'excuse, mais cela n'est pas sérieux. Ce qui se joue, ce n'est pas un match entre l'OM et le PSG.
Et nous n'allons pas nous livrer à une ridicule troisième mi-temps, avec les saloperies qui trop souvent s'ensuivent.
Ni copéiste, ni filloniste, j'affirme qu'il y a d'autres idéaux plus sérieux à promouvoir et pour lesquelles se battre, voire se sacrifier ( ça c'est autre chose, et je sens que je viens de proférer un infinitif inhabituel en ce temps de matérialisme vulgaire ).
L'UMP va-t-elle se scinder, se suicider? Les égoïsmes vulgaires, et les petites chefferies sont tellement chauffés à blanc qu'il ne faut jurer de rien.
Mais je n'en crois rien. Les députés, les sénateurs, et maints notables, ne voyant dans la structure de leur parti qu'un outil d'auto-conservation pourraient bien se reprendre, et laisser tomber les chefs, qui persévéreraient trop longtemps dans leur névrose d'échec.
A défaut de la France, du Bien Commun national, il y a le « réalisme » des petits chefs de canton.
Fillon aussi bien que Copé feraient bien d'en prendre conscience à temps.
N'est-ce pas ce que suggère au Figaro de ce jour, Christian Jacob :
« Jacob ne croit pas à une scission Interrogé devant la mairie du VIème arrondissement sur l'éventuel départ de fillonistes du groupe qu'il préside - tous les députés devant se déterminer avant le 30 novembre - Christian Jacob a répondu : "ça n'a rien à voir" avec les désordres au sein de l'UMP. "Ce sont deux choses totalement différentes". "L'affiliation à un parti politique, c'est quelque chose que l'on fait tous les ans le 30 novembre", a relevé le député-maire de Provins partisan de Jean-François Copé. "Sur le groupe, je pense que personne n'imagine de créer une scission au sein de l'UMP". "J'ai eu beaucoup de députés, fillonistes, copéistes ou d'autres qui ne s'étaient pas prononcés. Tout le monde voit bien l'intérêt qu'il y a à rassembler, à garder la maison unie", a-t-il insisté. "Le fait de faire un groupe à part n'a pas de sens", a affirmé Christian Jacob ».
Aux Français sincères, mais peut-être un peu naïfs, qu'ils soient de notre bord ( à droite ) ou de gauche, de réfléchir, en se coupant des médias quelques temps, et de s'interroger sur leur personnel politique.
Cette semaine, l'expérience appelle à relativiser le statut d'hommes d'Etat » que trop de monde, trop vite, avait attribué, qui à Copé, qui à Fillon.
Une autre leçon est que le chef à droite qui eut maintenu le couvercle sur la marmite des passions individuelles, c'est Sarkozy. Un Sarkozy, dont je suis loin de faire un modèle, mais dont la personnalité forte, bien conseillée, bien contenue dans une ligne nationale, et, si l'on veut, républicaine, qui seul paraît, en mesure actuellementde réparer les dégâts, et colmater les brèches.
Peut-être est-ce pour cela, que contre lui, s'active la confrérie des fossoyeurs de la France.
Edouard Boulogne.