Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.
28 Janvier 2014
Dimanche s'est déroulée, à Paris, une manifestation contre la politique débilitante pour la France, du pouvoir politique actuel. En dépit du fait que certains de ceux avec qui je sympathise avaient appelé à y participer, j'avais manifesté mes réticences, à l'instar d'autres amis, plus armés dans leur tête, que dans leurs biceps.
Restaurer une France digne de son histoire, ne sera possible que par une politique pensée, dans la durée.
L'une des forces, de ce que j'appelle la gauche ( par commodité ) est la patience dans l'entreprise de démolition. Ce que j'appelle la droite ( toujours par commodité ) préfère trop souvent les effets, les manifestations musclées, au long travail de sape de leur adversaire. ( http://www.lescrutateur.com/article-etes-vous-de-droite-ou-de-gauche-par-edouard-boulogne-71015124.html ).
C'est ainsi que les lions et les guépards perdent régulièrement du terrain sur les termites ( qu' en Guadeloupe nous appelons les poux de bois ).
C'est pourquoi pour commenter cette manifestation, très bellement nommée Jour de colère, ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Dies_Irae ), j'ai choisi de donner la parole d'abord à Gérard Leclerc, ( voir le premier article ci-dessous ), dont la perspicacité, et la modération sont le plus souvent remarquables.
Ensuite à Eugénie Bastié, du site, souvent intéressant : Le Causeur.
A la suite de ces deux articles j'offre un BONUS aux lecteurs mélomanes du Scrutateur.
Le Dies irae est une prière traditionnelle de l'office des morts chez les catholiques.
J'en propose trois versions. La première, la plus ancienne, est celleen chant grégorien qui date du moyen âge.
Les deux autres, moins sobres, portant la marque de l'époque du romantisme où elles ont été composées, sont extraites des Requiem, respectivement, de Berlioz, et de Verdi.
A mes yeux, cette partie musicale de l'article n'est pas la moins importante.
Dans le désert artistique où nous sommes plongés en Guadeloupe, il serait bien que nos lecteurs, se transforment, unanimement en auditeurs.
Cette musique religieuse, est aussi, simplement une musique de civilisation, à laquelle, hélas!, se substitue, peu à peu le vacarme des radios.
Bonne lecture, bonne écoute, et rangez ces enregistrements parmi vos favoris. Rendre les âmes sensibles au chant grégorien, et à la musique de Verdi, de Berlioz, de Mozart, est bien plus utile pour le salut commun, et celui des âmes, que le vacarmes de slogans disparates.
Edouard Boulogne.
( I ) Jour de colère par Gérard Leclerc.
http://www.france-catholique.fr/Jour-de-colere.html
Jour de colère. La formule est assez belle. Est-elle reprise du Dies irae, l’extraordinaire séquence qui appartenait autrefois à la liturgie des défunts ? Il faut avoir en tête son orchestration grégorienne, pourtant si sobre, pour en percevoir l’ampleur apocalyptique. Dimanche, les choses étaient sérieuses, la colère très réelle. J’espère que la manifestation n’annonçait pas une période de trouble, où le pays se trouverait en pleine convulsion. Ce n’est pas que les motifs soient médiocres, qu’ils ne justifient pas une vraie mobilisation, Si, toutefois, les dirigeants et les participants consentent à séparer le bon grain de l’ivraie. Car il y a eu, dimanche, des choses inacceptables, des slogans odieux, des gestes inadmissibles. Si un discernement n’est pas opéré au plus tôt, les meilleures causes seront compromises ; l’adversaire sera trop heureux de dénoncer ce qui, par ailleurs, correspond tout à fait à ses vœux. L’alliance de l’extrémisme, d’une réelle perversion, et de la caricature poussé à l’extrême des causes légitimes, fournit aux détracteurs les motifs qui permettent tous les amalgames.
J’entends les protestations de ceux qui s’estiment trahis, mais on ne s’improvise pas si facilement interlocuteur sur la scène politique. Il y a des fautes à ne pas commettre, des règles élémentaires de communication à observer. Si le style ludique des immenses rassemblements de la Manif pour tous ne convient pas à certains, il leur faut inventer un autre style, mais rigoureux, des modes d’expression adéquats, sans oublier le recours à un service d’ordre conséquent qui éloigne les fâcheux, les importuns et les provocateurs.
Reste qu’il y a une discussion de fond à mener, notamment avec Béatrice Bourges, qui s’engage dans un « jeûne spirituel » devant l’Assemblée nationale. Je préfère un jeûne spirituel à une grève de la faim, car je ne veux à aucun prix qu’elle compromette sa santé. Mais attention, l’épreuve qu’elle s’impose face au pouvoir légal n’est pas sans risque. Nous ne sommes pas dans l’Inde de Gandhi ou dans l’Afrique du Sud de Mandela. Il faut des moyens proportionnés à la France d’aujourd’hui et à ses institutions.
Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 28 janvier 2014.
( II ) Jour de colère, bêtise grégaire, par Eugénie Bastié.
http://www.causeur.fr/jour-de-colere-betise-gregaire,25991#
Mots-clés : Béatrice Bourges, François Hollande, Jour de colère
« La colère des imbéciles remplit le monde », écrivait Bernanos dans Les Grands Cimetières sous la Lune. Hier, la colère des imbéciles a retenti dans Paris. On pourrait les traiter de fascistes, invoquer le 6 février 1934 et les heures les plus sombres, se boucher le nez devant tant de nauséabonderies. Pourtant, imbécile semble le mot le plus juste pour qualifier la manifestation grotesque et inquiétante qui s’est tenue dimanche après-midi dans les rues de la capitale. « Je ne crois même pas aux relatif bienfait des coalitions d’ignorance et de parti pris », ajoutait l’écrivain catholique. L’ignorance, le parti pris et la bêtise s’étaient bien donné rendez-vous pour une grande « coagulation des colères » (selon la très poétique sémantique du collectif) qui aurait rassemblé 17 000 bilieux selon la police (160 000 selon les organisateurs).
Le défilé n’avait rien à voir avec les masses joyeuses et pacifiques soulevées par la Manif pour tous. Peu de chants, pas d’enfants, beaucoup de sifflements, de hurlements, et une ambiance franchement angoissante, le tout sous une pluie sinistre : il fallait vraiment être très énervé pour marcher jusqu’au bout, de la Bastille aux Invalides.
La cacophonie était aussi idéologique. Des slogans royalistes suivant de près une Marseillaise tonitruante, des drapeaux bretons, corses, occitans, des bonnets rouges et des cols relevés. Parmi les slogans du cru, le révolutionnaire : « monarchie populaire, ni droite ni gauche », le très classique « juifs hors de France » et le plus atypique mais non moins discriminant « socialistes pédophiles », scandés par des groupes divers unis seulement par leur détestation viscérale du président français, rebaptisé « braguette ouverte » à la tribune à cause de ses frasques sexuelles.
Des Hommen enchaînés torse-poil sous la pluie côtoyant des ananas plantés au bout de pique, des entrepreneurs fâchés avec la fiscalité, des quenelliers altermondialistes suivis de catholiques intégristes : la grande Pride des mécontents avait des allures de carnaval postmoderne. Muray aurait adoré.
Confusionnisme idéologique, dictature de l’émotion, vulgarité des slogans, cette manifestation, loin d’être réactionnaire, n’était que le pur produit d’une société moderne déboussolée, sans clivages ni repères, sans projet idéologique alternatif cohérent (contrairement aux troupes de la Manif pour tous qui défendaient un projet de société).
Comme la convergence des luttes à l’extrême gauche unit militants LGBT et femmes voilées dans un même combat contre l’ennemi imaginaire fasciste, la « coagulation des colères », chez cette droite-là, rassemble des combats qui n’ont rien à voir contre un ennemi tout aussi fantasmé, le hollandisme.
À cet égard, les vociférations de Béatrice Bourges sont aussi stériles que les trémolos hesseliens, car la colère, comme l’indignation, la bile comme la bonne conscience ne sont que les deux faces d’une même médaille, celle de la réduction de la politique au primitivisme de l’émotion.
*Photo : URMAN LIONEL/SIPA. 00674246_000027.
BONUS :
Paroles du Dies irae, en latin et en français.
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( A ) Dies irae en CHANT GREGORIEN.
http://www.youtube.com/watch?v=Dlr90NLDp-0
( B ) Dies irae du Requiem de Berlioz.
http://www.youtube.com/watch?v=4Ob4YhzKVyc
( C ) : Dies irae du Requiem de Verdi. ( superbe direction de Herbert Von Karayan ).