11 Août 2012
( Unis pour "le changement statutaire", les chefs n'en pensent pas moins déjà à l'éventuel "partage des dépouilles". D'où ce baisser, qui rappelle une coutume d'une célèbre secte d'île méditérannéenne. Cette photo, empruntée au Magazine DOM-Hebdo, emprunte à la veine publicitaire de la marque Beneton et a procédé à ce montage où Alfred Marie-Jeanne t Serge Letchimy échangent le baiser de la mort. God save the Martinique! ).
La réalité est ce qu'elle est. Le réel ne se laisse pas violenter sans conséquences. Et celles-ci sont parfois cruelles. La Guadeloupe, la Martinique ne sont pas Cuba, ou la Jamaïque, ne serait-ce que parce que les puissances colonisatrices du passé n'opérèrent pas de la même manière, selon les mêmes méthodes, ni dans le même esprit.
L'Angleterre, par exemple, ne considérait pas les indigènes, ni d'ailleurs les esclaves, de la même façon, surtout à partir des abolitions de l'esclavage. Pour elle, les « natives » étaient d'une autre nature que les sujets de sa gracieuse majesté. La France, qu'on le regrette ou non, fut, surtout après 1848, assimilatrice.
Sa tendance fut, de conduire les esclaves libérés et surtout leurs descendants à la pleine citoyenneté française.
Ainsi, « les choses étant ce qu'elles sont » comme aimait à dire le général de Gaulle, Guadeloupe, Guyane, Martinique sont créations et oeuvres françaises, provinces de la grande nation, consacrées par l'histoire ( cette seconde nature ) et par la volonté constamment réaffirmée ( et vécue ) de leurs habitants.
Ceux qui refusent le réel existent, ce sont nos « indépendantistes ». A défaut de positivité, ils possèdent un pouvoir de nuire. Depuis longtemps ils fondent leurs entreprises destabilisatrices, et faute de mieux, sur un racisme de type noiriste ( Voir ce mot dans les archives du Scrutateur ).
La France disent ces petits maîtres est un pays de blancs. Or les Antilles sont peuplées en majorité de noirs. Donc... CQFD.
Le peuple s'amuse. Il a un certain sens des réalités, même si parfois, il joue, et fait un peu « chanter les élites économiques, et politique ( au plan national ) pour améliorer son quotidien.
Que celui qui n'a jamais péché lui jette la première pierre!
Faute de pouvoir passer en force, les « petits maîtres », biaisent et louvoient.
Leur actuelle tactique est « l'évolution institutionnelle », ou « une autonomie plus grande dans le cadre de la nation française ».
Jusqu'à présent ces thèmes n'ont pas trompé grand monde dans les populations.
Ces messieurs, qui, il faut le reconnaître, ont su avec beaucoup d'habileté, et la complicité de certains milieux métropolitains ( de droite comme de gauche, pour des motifs qui ne convergent pas toujours ) occuper des postes clefs, dans l'éducation nationale, les médias, le secteur « culturel », comptent sur le temps pour procéder à un détricotage de l'histoire. Mao Tsé Toung, par la « révolution culturelle » avait entrepris cette oeuvre gigantesque de détricoter la nature historique prodigieuse qu'est la Chine multimillénaire. Ceci au profit des nouveaux mandarins du parti communiste chinois. Ce fut un gigantesque échec.
Nos Maos aux petits pieds ( mais qui se les imaginent grands ! ) nourrissent ce projet pour nous, ici.
C'est l'explication du battage fait à propos de nos cultures locales, le Ka, le créole, etc ( que l'on ne méprise nullement en dénonçant l'instrumentalisation politique subversive qui en est faite ) dont nous rebattent les oreilles les TV-radio, syndicats, groupuscules du séparatisme.
Il n'est pas certains que les antillais français soient tous bien conscients du travail de taupes qui s'attache à les détruire en les dénaturant.
Cette prise de conscience est une des tâches que se sont fixées les collaborateurs du Scrutateur.
L'article que nous publions aujourd'hui est de monsieur Yves-Léopold Monthieux. Il est paru sur le site martiniquais Politiques Publiques.
Il est intéressant, et montre les premiers résultats de la politique menée à la Martinique, par les « petits maîtres » dont nous parlions
ci-dessus, qui procèdent à petits pas.
Puissent-ils rencontrer dans l'île soeur l'opposition organisée qui urge ( mais qui tarde hélas! à se montrer, comme le remarquait déjà, il y a
quelques mois, dans un autre article du même site, M. Monthieux.
Puisse aussi prendre une conscience encore plus résolue des périls qui nous menacent, une conscience définitive, M. Victorin Lurel, dont l'envol politique, il ne doit jamais l'oublier est lié au référendum de 2003, où les Guadeloupéens répondirent par un NON massif aux visées séparatistes des homologues des Letchimy et autres Marie-Jeanne (dont les oppositions apparentes, entre eux, sont surtout des oppositions de personnes qui pensent déjà au partage des dépouilles après « le changement de statut » ).
Edouard Boulogne.
http://www.politiques-publiques.com/Ils-ont-encaye-la-Martinique.html
Publié le 07/08/2012
Ils ont encayé la Martinique.
Par Yves-Léopold Monthieux
Ainsi donc, deux ans après son arrivée à la région, la nouvelle équipe d’Ensemble pour une Martinique nouvelle (EPMN) vient, par la bouche de son président, de déclarer la Martinique en situation de péril économique et social. Ainsi donc, Serge Lechimy vient d’interpeler l’Europe par la voie du Forum des Régions ultrapériphériques (RUP) sur la situation alarmante du chômage à la Martinique et plus particulièrement chez les jeunes. Il lui faudrait, dit-il, un moratoire européen dérogatoire. Les scénarios catastrophes commencent et on ne peut mieux dire que la page des « 5000 emplois » est définitivement tournée. Bref, la Martinique est encayée : le président de la région ne dit pas autre chose.
Continuité alimentaire plutôt que territoriale
Ainsi sort du chapeau une nouvelle formule, inconnue de la science politique et de l’économie. C’est très endogène, très martiniquais, très césairien : c’est le « je lance le mot ..., il fera son chemin ». C’est aussi marie-jeannien : c’est le « je vais désencayer », le « je vais palantcher ». On le sait, les slogans et les bons mots n’ont pas guéri les maux de la Martinique. Ils les ont aggravés parce qu’ils ont permis de jeter de la poudre aux yeux de la population. Même l’usage du mot « responsable » est devenu irresponsable, comme l’est aussi le mot « spécialiste ». Alors que notre département-région est au plus mal et que la Martinique s’est installée dans une régression durable, voilà que nous sommes renvoyés à nos dictionnaires pour comprendre la doctrine du « protectionnisme incubateur » qu’au nom des martiniquais il est demandé à l’Europe. Au repli identitaire devrait s’ajouter le repli dans nos frontières, lesquelles ne seraient ouvertes qu’aux concours financiers de l’Etat français et de l’Europe. Ce ne serait plus la continuité territoriale mais la continuité financière.
Une suite de postures et de contre postures prétendument progressistes
Tout entier consacrées à la question statutaire toujours non résolue, les intelligences martiniquaises n’ont pas su simplement maintenir la situation économique au niveau déjà faible de 1981. Or l’histoire du statut est celle d’une suite de postures et de contre postures. Derrière l’arbre alibi de la-droite-qui-fait-peur s’est cultivée à gauche une vraie forêt de conservatismes. La Martinique s’est perdue dans un débat institutionnel qui se résume aujourd’hui à la rivalité entre deux clans, deux hommes. En 1981, ce fut le moratoire. En 2012 c’est encore le moratoire : il dure depuis 30 ans. Il a sans cesse été condamné par le clan d’en face. Mais condamner n’est pas combattre et ledit clan ira au-delà d’un moratoire : en 1998, ce dernier s’alliera tout simplement aux départementalistes. En 2003, il donne un coup d’accélérateur en obtenant son premier référendum. C’est alors le coup de frein du clan moratoire avec le non au « chatt’en sac ». Décembre 2008 : nouvelle accélération d’AMJ qui obtient son second référendum, suicidaire, le 10 janvier 2010. Deux mois plus tard, aux régionales, le PPM réussit à inverser le jeu grâce au référendum de rattrapage du 24 janvier 2010 que lui a offert l’Elysée. Le clan vainqueur gagne en audace. Il n’a plus peur du « 74 », reprend l’idée d’une 3ème voie et propose même un nouveau congrès. C’est alors le MIM qui « fait derrière », s’érigeant en grand démocrate défenseur du choix de l’électeur : le rejet de l’article 74.
Des élus favorables à un statut de la Saint Glinglin
Malgré cette inversion de postures, on se retrouve ensemble à l’Elysée pour écrire la nouvelle constitution du pays. Est-ce l’intérêt des martiniquais, tout à coup révélé ? Est-ce l’apparition d’une menace, enfin reconnue ? Juste que le suffrage universel a modifié les cartes, inversé l’ordre de ceux qui avancent et ceux qui freinent. Mais les deux clans découvrent aujourd’hui qu’ils ont mis au jour un monstre statutaire qui pourrait enfanter un véritable dictateur institutionnel. Plus personne ne parle de débat de trop, c’est plutôt le contraire qui ressort des résultats aux législatives. Le machin ne serait plus la priorité de nos princes, aucun prétendant n’étant assuré d’en prendre les commandes. Le nouveau ministre des DOM, Victorin Lurel, voudra-t-il secouer l’immobilisme ? Celui qui a dit trouver dans le projet martiniquais « une odeur de largage », voudra-t-il faire avancer un dossier qui pourrait lui retourner au visage en Guadeloupe ? En tout cas, sans provoquer la moindre réaction ni dans un clan ni dans l’autre, il annonce que la date d’effet de la nouvelle collectivité sera repoussée. Pourquoi pas jusqu’à la St Glinglin, se demandent aussitôt les conseillers généraux qu’on avait obligés à voter à main levée ? Sous la peur – oui, M. Boukman -, « à portée de calottes », disait-on alors.
Le retour du SMA et d’un Bumidom sauvage, bien plus injuste
Le nouveau moratoire de dix ans devrait se juxtaposer au précédent, qui ne finit pas de finir depuis plus de 30 ans. Le vocable « désencayage » s’est révélé infécond et, 15 ans après, le déterminant « encayé » prend toute sa dimension. Au plan institutionnel, la Martinique est prise entre deux vitesses : elle n’est déjà plus un département et ne sait toujours pas ce qu’elle sera. Au plan économique et de l’emploi, elle est plus encayée que jamais et les nationalistes qui la dirigent auront du mal en l’en sortir dans l’honneur : cinquante ans après la création du SMA tant décriée du général Némo, la région du PPM and Co fait ce que le RDMIM avait fait trois ans plus tôt : appeler l’ « armée coloniale » à la rescousse. Ce n’est pas très glorieux, on n’est plus au temps où des cailloux étaient lancés en direction des défilés militaires du 14 juillet. Par ailleurs, un Bumidom sauvage s’organise, bien plus injuste que celui qu’avait créé Michel Debré, en 1962. Ce sont les martiniquais les mieux formés (pas seulement des géniteurs !) qui s’en vont tandis que les plus nécessiteux de nos jeunes gens, invités par leurs élus à rester au pays, encombrent les listes de l’ANPE et les rubriques de la délinquance. Et voilà qu’on en appelle à une Europe permissive, loin de l’Europe du loup et loin déjà du je-ne-demande-rien. Oui, nous sommes en présence d’un résultat, le résultat d’une politique de repli qui augure mal un éventuel nouveau repli.
27 juillet 2012
* Encayé et désencayer sont des mots créoles utilisés en Martinique dans les milieux de la pêche. Ils viennent de « cayes », nom donné aux écueils auxquels viennent parfois s’accrocher les filets ou autres instruments de pêche. Embourbé et désembourber pourraient être les mots équivalents (NDLA).