10 Février 2013
Comme le démontre Denis Tillinac dans un article vraiment excellent de Valeurs Actuelles, la mainmise de la gauche sur la presque totalité des médias est un grave danger pour ce que l'on appelle la démocratie. Cette mainmise a largement concouru à l'élection de Hollande et des idéologues qui l'entourent, l'inspirent, et au besoin le « recadrent ». Au risque de voir s'installer en France, le totalitarisme le plus redoutable qui soit, celui qui ne règne pas par la terreur sur les corps, mais celui qui pénètre les âmes, les rend abouliques, et les transforment en esclaves volontaires. Le contraire de tout véritable humanisme. Ce totalitarisme doux, émollient, et tranquille que prophétisait jadis Alexis de Tocqueville.
Le Scrutateur.
( Ci-dessus : Milliardaire arrogant et méprisant,Pierre Bergé le principal actionnaire du journal Le Monde est aussi l'un des maîtres de la caste des pourrisseurs de la société française ).
http://www.valeursactuelles.com/temps-m%C3%A9pris20130205.html
Le temps du mépris, par Denis Tillinac.
Hollande serait bien inspiré de calmer ses partisans quand ils en rajoutent dans l’arrogance…
La houle que lève dans les consciences la perspective du mariage homosexuel révèle la persistance d’une fracture profonde au sein du peuple français. Les aléas de l’Histoire l’ont parfois transcendée (Napoléon, de Gaulle), des idées ont pu virer de bord (libéralisme, colonialisme, écologie), mais foncièrement le paysage mental reste traversé par une frontière idéologique.
À gauche, un credo invariable : le “progrès” doit accoucher à terme d’une société où l’“égalité”, confondue avec l’équivalence, aura anéanti l’altérité des racines, des genres, des imaginaires en proscrivant la hiérarchie des affects, des sentiments et des aspirations. À cet égard, la revendication du mariage homosexuel et de la procréation par tierce personne ou par assistanat de la technique rejoint très logiquement le droit de vote aux étrangers : plus de filiation, plus de patrie, rien que des individus passibles des mêmes droits, “citoyens” anonymes d’un espace aléatoire car dépourvu de frontières historiques, culturelles ou mentales.
Ainsi s’achemine-t-on vers ce “Meilleur des mondes” prophétisé par Huxley, songe fou des Lumières qui inspira à Robespierre ses fantasmes de culte “citoyen”, aux socialistes utopiques (Fourier, Considérant, Saint-Simon, etc.) leurs lubies collectivistes. La gauche “sociétale” contemporaine s’inscrit dans cette vision dénoncée par Régis Debray dans son remarquable Éloge des frontières, qui vise au tarissement des sources de la civilisation occidentale, depuis OEdipe et Moïse jusqu’à Werther. Plus d’intériorité, plus d’Iseult, d’Esméralda ou de môme Piaf : transparence et androgynat. Plus de “discrimination” entre un idéal et une pulsion. Dans “le Meilleur des mondes” gaucho-bobo, nul ne doit se prévaloir avec fierté d’une ascendance, d’un héritage, d’une affinité élective. Cosmopolitisme égalitaire, apologie des marges, récusation des normes : tout se vaut, tout s’équivaut à l’étal d’un amoralisme vaguement compassionnel.
L’appellation “droite” est si mal contrôlée par des politiciens captifs de cette idéologie qu’on hésite à l’utiliser pour définir le camp du refus. Celui de l’autre France. Elle existe. Elle résiste. Elle est haïe par les intellos et les médias, comme le prouve le débat sur le “mariage pour tous”. Haïe : le mot est faible ; une propagande sans équivalent depuis les années 1950, où régnait par la terreur le stalinisme intellectuel, s’emploie à l’humilier, à la marginaliser, à la démoraliser. Elle encaisse. Comme elle n’a pas de relais, on ignore qu’elle est majoritaire dans le secret des consciences. Comme elle tient ses positions dans le peuple et les classes moyennes, la caste dirigeante la décrète “populiste”, avec le mépris du nanti pour les gens de peu. Comme elle a gardé des attaches avec le fond de catholicité sans lequel nous serions totalement orphelins, on la harcèle en sortant des greniers l’arsenal de l’anticléricalisme le plus éculé. La gauche voudrait qu’elle soit ultra pour la commodité de sa diabolisation. Or elle ne l’est pas. Elle s’en tient à quelques évidences dictées par le bon sens et l’instinct de survie : un homme n’est pas une femme, un couple n’est pas une paire, un peuple n’est pas un agrégat, un avenir est cautionné par une mémoire, une tradition n’est pas une en trave, une religion est plus qu’une opinion, une civilisation implique des fondations ainsi qu’une architecture spirituelle, morale et esthétique. Rien de plus.
Pour cette France invisible, mais ni insensible ni résignée, le projet implicite de la gauche est tout simplement un cauchemar. Elle ne veut à aucun prix devenir ce « chien crevé au fil de l’eau », image par quoi Bernanos définissait la soumission “moderne” aux délires “progressistes”. Elle est patiente, elle a des réserves d’ironie, mais tôt ou tard elle s’insurgera si on continue à l’agresser, et les jacqueries des âmes sont plus dangereuses pour les puissances établies que les admonestations syndicales ou les brames médiatiques. Hollande serait bien inspiré de calmer ses partisans quand ils en rajoutent dans le mépris et l’arrogance, ça pourrait mal se terminer. Les politiciens officiellement de droite seront balayés s’ils continuent leur mi-chèvre mi-chou au lieu de prendre en compte la juste colère de leur électorat naturel. À bons entendeurs…
Denis Tillinac.