24 Novembre 2012
( De Fillon ou de Copé, qui l'emportera? Ne voulant de mal à personne, je lui souhaite un autre sort que celui de Laurent Gbagbo, ci-contre. Mais il y a des enfers intérieurs, quand l'amour propre prend la main ).
La semaine dernière madame Lucette Michaux-Chevry, s'exprimait sur Guadeloupe 1ère. Un moment, parlant de François Fillon, elle déclara, en substance, « François Fillon, dont je ne vois pas en quoi il m'est supérieur ».
Sur le moment je restai dans l'expectative? Que voulait-elle exactement dire?
Maintenant, après la guéguerre Fillon/Copé, qui ravit le petit monde bruyant et futile du microcosme, je comprends mieux.
Ne nous « fillons » pas aux apparences. Les « grands » sont ce que nous sommes. En Guadeloupe comme ailleurs.
Cette bisbille « uaimepéiste » ( comme dirait M. Gauding, le maire de Marseille ) n'est pas foncièrement différente des combinaisons de feu Fernand Balin à l'Anse-Bertrand dans les années 1950, ou de celles de Paul Lacavé à Capesterre-Belle-Eau, dans les années 60, ce Paulo, à qui Camille Jabbour décerna l'Oscar de la fraude électorale, bien méritée par ce maire communiste guadeloupéen.
Et comment ne pas évoquer l'opposition plus musclée entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, tout récemment en Côte d'Ivoire, pour la possession du pouvoir, cet os à moelle, dont la possession semble être le Saint-Graal des politiciens ordinaires, c'est-à-dire de 99, 99% de ces messieurs?
A cet égard, la querelle d'Atrides entre les frères François pourrait être baptisée « Abidjan-sur-Seine ».
C'est ainsi que les choses se passent depuis qu'il y a des hommes.
Ici ou là quelques figures de proue, exceptionnelles, sauvent la mise, stoppent la décadence, avant que le cours normal des choses, c'est à dire la mé-dio-cri-té, s'impose, au premier plan.
Et c'est alors que le salut s'opère, ou se prépare, par le courage et l'action obstinée de ceux, qui, plus désintéressés dans la société civile ( pour reprendre la formule chère à l'un de mes amis, philosophe ) travaillent obstinément au maintien des quelques repères, et conditions d'action du leader attendu.
Une chose est certaine, quand le général de Gaulle mourut, dans la solitude altière d'un paladin victime de l'ingratitude des peuples, André Malraux lui consacra un livre Les chênes qu'on abat, relatant la dernière rencontre entre cet écrivain et son grand homme. Il y résumait leur exceptionnel échange intellectuel de ce jour mémorable. Et tout jeune d'exception, c'est à dire désireux d'agir pour une autre fin que sa seule gloriole personnelle, devrait lire l'ouvrage et le mettre à son chevet, pour s'en imprégner de la substance.
En exergue de son opus, Malraux avait placé ce distique de Victor Hugo :
« Oh! Quel farouche bruit font dans le crépuscule
Les chênes qu'on abat pour le bûcher d'Hercule! ».
Je ne voudrais être méchant ni pour Fillon, ni pour Copé, qui tous deux viennent de donner leur mesure. Tout le monde ne peut-être le paladin des temps difficiles.
Mais, vraiment, imagine-t'on, si malheur plus grand devait leur arriver, un Alain Duhamel, increvable chroniqueur des politiciens ordinaires, de droite ou de gauche, écrivassier avide de nos turpitudes républicaines depuis 40 ans, placer l'opuscule sous ce patronage hugolien?
Sans rire?
Edouard Boulogne.