19 Octobre 2012
( Patrick Buisson ).
Sous le nom de « père Joseph » les historiens ont pris l'habitude de désigner François Leclerc du Tremblay, plus connu sous son nom en religion Père Joseph( 1577 à 1638 à Rueil ), éminence grise du cardinal de Richelieu.
Richelieu était une personnalité de très grande dimension, qui dans la première moitié du XVII ème siècle, après l'assassinat d'Henri IV, redoutait, dans cette période troublée de la régence Marie de Médicis, la disparition de la France par absorption dans la Maison d'Autriche.
Il sut devenir, avec un mélange prodigieux d'intelligence et de fermeté, mâtinée d'un machiavélisme à faire pâlir de jalousie le célèbre Nicolas ( Machiavel ) lui-même, le conseiller constant, et le premier ministre de sa majesté le roi Louis XIII, et préparer le règne de Louis XIV et l'accession de la France au premier rang des puissances européennes, c'est-à-dire, en ce temps là, au premier rang mondial.
Richelieu, comme la plupart des très grandes figures historiques, avait, parmi d'autres, la qualité de savoir s'entourer des conseillers les plus remarquables. Ainsi du père Joseph, aussi discret, et fidèle ( qualité rare en politique ) qu'efficace.
C'est à cette figure du conseiller d'exception, que j'ai pensé en lisant l'article ci-dessous, du Figaro, consacré, toutes choses égales, à Patrick Buisson conseiller de Nicolas Sarkozy dont je ne dirai rien de plus puisque Vincent Trémollet de Villers l'exprime superbement, dans un style enlevé et où la flamme de l'admiration ne parvient pas à se dissimuler.
Que Patrick Buisson soit détesté par la gauche, comment s'en étonner.
Qu'il suscite la moue bilieuse des gens d'une pseudo droite que le scrutateur vomit, ces NKM, Chantal Jouanno, Yves Jego, etc, qui ne les comprendrait. Comme disait Robert de Flers : « pour toux ceux qui n'ont pas réussi, gâcher le bonheur des autres, c'est réussir un peu ». Il y a là quelque chose qui, sans en épuiser le concept, qualifie fort bien l'homme de gauche et son ressort essentiel : le ressentiment.
Pourtant, ce qu'a fait, que projette de continuer à faire M. Buisson, est indispensable aux yeux de ceux qui veulent extirper la France de la fange où la traîne une part non négligeable de ses élites intellectuelles, pas seulement à gauche, hélas! comme l'actualité de ces tristes jours d'octobre nous le rappelle.
C'est par la tête que le poisson pourrit, dit le proverbe. D'où l'utilité d'une profonde réforme intellectuelle et morale.
Patrick Buisson, dont je ne ferai cependant pas un Dieu ( et Dieu le protège de l'Hubris ) l'a compris.
Mais il a grand besoin de susciter des émules. Puisse son exemple rappeler quelques principes élémentaires du succès, et de du renouveau.
Edouard.Boulogne.
Portrait de Patrick Buisson .
À Rome, ce 21 janvier 2012, le jour se lève à peine. Un nuage d'encens flotte dans la nécropole des Papes. Devant la tombe de l'apôtre Pierre, un prélat français prêche sur le martyre de Louis XVI. Une silhouette sombre, le crâne poli comme un procurateur, le visage impassible, écoute. La politique, l'histoire, la tradition se rejoignent: son éminence Patrick Buisson est dans la place. Tout à l'heure, sur ordre du pape Benoît XVI, il sera décoré de l'ordre de Saint-Grégoire-le-Grand. Dans les marbres tourbillonnants de la salle Ducale, au coeur du palais apostolique, la cérémonie se déroulera dans la plus stricte intimité. Cinq ans plus tôt, dans la salle des fêtes de l'Élysée, la République n'avait pas montré la même discrétion. Ce 24 septembre, tout Paris s'était réuni pour applaudir à tout rompre l'homme que Nicolas Sarkozy allait élever au rang de chevalier de la Légion d'honneur, «celui à qui je dois plus qu'à tout autre». Buisson montrait le même visage impassible. Il jubilait pourtant devant ce ballet de ministres, d'éditorialistes, de journalistes qui, pour lui dire deux mots d'admiration, jouaient du coude et de la Weston. Conseiller de l'ombre en 2007, figure centrale du quinquennat qui s'achève, l'homme apparaît toujours en clair obscur.
Dans cette nouvelle campagne, une fois encore, tout clignote dans sa direction: l'appel au peuple par le référendum, c'est lui! Le discours sur l'immigration, c'est encore lui! «Aidez-moi!», ce cri - inspiré du général de Gaulle après le putsch - lancé par Sarkozy à la fin des meetings, c'est toujours lui! Schengen, l'ultimatum, le président des frontières: n'en jetez plus! Le buissonomètre va exploser. La stratégie donne des sueurs froides aux technos, fébriles comme des prix d'excellence à l'entrée d'une maison close. Elle tétanise les chapeaux à plume de la majorité. Mezza voce, les critiques fusent. Deux bons sondages plus tard, son petit téléphone ne cesse plus de vibrer.
Le jeune journaliste(à droite) avec Jean-Claude Godin à Marseille en 1983.
On le croque cruel, maléfique; son nom est enseveli sous les attributs: gourou, stratège, manipulateur; certains même l'appellent Fantômas. Si l'on disperse cependant le nuage d'encens et de soufre derrière lequel il se cache, on découvre un animal politique singulier. «Unique!», affirme Xavier Bertrand. «Du très haut de gamme», avoue un brillant chroniqueur. Buisson, il suffit de dire son nom pour que l'unité de temps infamante - Minute!L'hebdomadaire Minute! - apparaisse, comme le fer rouge sur l'épaule de l'ancien forçat. Apparemment, il s'en moque. «C'était une formidable école de journalisme, explique-t-il. Le journal tirait à l'époque à 200.000 exemplaires. On pouvait y croiser Jacques Perret, Jacques Laurent, Philippe Héduy, Vladimir Volkoff, Roland Laudenbach, A.D.G, Pascal Jardin...»
«Il n'a à rougir d'aucun article, d'aucun mot, s'emballe William Goldnadel, son fantasque avocat. Avoir été stalinien, c'est chic sur un CV. Avoir été à Minute vous poursuit trente ans après!» Michel Field ne goûte pas ce genre de procès. «Si l'on s'y met, on peut aussi exhumer les appels au meurtre lancés par d'anciens maos devenus des mandarins.» «Ce que l'on me reproche, ça n'est pas Minute. C'est d'avoir gardé mon intégrité politique», conclut Buisson.
«Le titre de Péguy qu'il préfère, c'est L'Argent», persiflent parfois ses rivaux avant d'évoquer le contrat signé, sans appel d'offres, entre sa société Publifact et l'Élysée. La Cour des comptes dans un rapport l'avait souligné. Le PS avait réclamé une commission d'enquête. «Un torrent de boue» déversé par jalousie, selon Buisson. Les prix les plus fantasmatiques courent sur ses prestations, rumeur que Le Pen relaye par le baiser qui tue: «C'est le meilleur, mais je n'ai pas de quoi me le payer.» Buisson sourit. Ses conseils à l'Élysée sont facturés, dit-il, 10.000 euros par mois. Il se demande pourquoi on lui reproche son contrat avec le Château quand beaucoup de ses confrères ont profité de la situation pour s'entendre avec d'innombrables institutions publiques. Qui était derrière tout ça? Des conseillers jaloux, des sondeurs envieux? À la place qui est la sienne, il a le choix des ennemis. Il en rigole même quand il lit qu'il fut, du fait de son influence considérable, bombardé à la tête de la chaîne Histoire... quand son nom circulait pour la direction de l'information de LCI.
Un sourire se dessine sur ce visage grave, souvent voilé d'un peu de mélancolie. Patrick Buisson remonte le temps. Son père qui, petit, lui racontait les camelots du roi. «En 1923, quand Célestin Jonnart, un obscur écrivain, avait gagné l'élection à l'Académie face à Charles Maurras, les jeunes de l'Action française avaient promené un âne avec un bicorne d'académicien.» Ce jour de mars 1962 où, dans toutes les écoles de France, les élèves doivent faire une minute de silence en mémoire d'inspecteurs des centres sociaux abattus à Toulon, le 15 mars, par l'OAS. Jeune collégien du lycée Pasteur de Neuilly, il refuse de se lever. «Par souci d'équité.» Rien de tel n'avait été fait pour les victimes du FLN.
Devant sa bibliothèque. Patrick Buisson est passionné par l'histoire des mentalités.
Mai 68, dont il est, malgré lui, l'étincelle qui mit le feu aux poudres. Étudiant à Nanterre, il porte plainte avec Didier Gallot (devenu juge d'instruction) après l'agression de certains des membres de la Fnef (Fédération nationale des étudiants de France) par ceux du Mouvement du 22 mars. La police interpelle un jeune militant: Daniel Cohn-Bendit. Le signal de la révolte étudiante est donné.Mai 68, une genèse? Il y voit plutôt le triomphe des pauvretés de la matière sur les richesses de l'esprit. Le règne de la «jactance» plus que celui de la «jouissance». Un déracinement volontaire qui «fait que l'homme moderne choisit d'appartenir à un groupe national, religieux ou sexuel comme on contracte un forfait temporaire chez le plus avantageux des opérateurs téléphoniques». Tous dévots de la consommation.
«Au fond, explique-t-il, je suis un libertaire. Je ne cesse depuis toujours de combattre les idoles, les sacralités de substitution.» Au profit de ce qui pour lui est sacré: la piété filiale. Parce que «la France, c'est 65 millions de vivants mais aussi 1 milliard de morts, comme aurait pu dire l'un de mes vieux maîtres». D'un coup, il élève légèrement la voix. «Étrange époque qui n'aime rien tant que fusiller les cadavres et bombarder les cimetières. Tout se passe comme si le présent, pour se donner bonne conscience, avait besoin de criminaliser le passé.» Une critique de l'autolâtrie contemporaine que ne renierait pas un Alain Finkielkraut.
Ceux qui le connaissent en témoignent à l'unisson: on le décrit à tort comme un homme de coup, un «siphonneur» des voix du Front national. Il est d'abord un formidable manieur de concepts, un esprit en perpétuel mouvement dont la méditation obsessionnelle a pour objet la permanence des peuples et des choses. Disciple de Philippe Ariès et de Raoul Girardet, passionné par l'histoire des idées, des peuples et des mentalités, Buisson a très tôt exploré une terre jusqu'ici méprisée par la droite: la sociologie. Il en a tiré de saisissants rapprochements. Un sondage qualitatif des quartiers Nord de Marseille le ramène deux siècles plus tôt. Ou une élection plus tard. «Patrick Buisson est un des rares intellectuels de droite», confie Michel Field. «Un intellectuel organique de droite», précise-t-il dans un sourire. Avec Field et Buisson, Gramsci n'est jamais loin. «C'est une des plus brillantes intelligences que je connaisse», conclut «Michel-le-Rouge» quand on évoque «Patrick-le-Blanc». Jean-François Copé ne cache pas son admiration: «C'est un homme du temps long, des permanences.»
Christophe Barbier, qui partage avec lui une passion dévorante pour le théâtre (Buisson est, selon lui, le meilleur biographe de Guitry), ajoute à l'histoire un éclairage géographique. «Buisson, c'est la France de l'Ouest, des traditions, du catholicisme, de la chouannerie quand Guaino serait la France de l'Est, plus tragique, plus républicaine.» Les deux hommes, «racines» du «nénuphar Sarkozy» (Barbier) sont rivaux dans l'influence mais se rejoignent sur les grandes pages du roman national.
Le mot «réac» lui déplaît: tout le monde l'est aujourd'hui. «Droitier» le révolte, il y voit «une paresse de l'esprit». Et entame une longue énumération: l'équilibre des comptes sociaux, la sacralité du pouvoir, la sécurité, l'immigration: est-ce de gauche ou de droite? Trotskiste de droite? Anarchiste de droite conviendrait mieux à celui qui, quand il ne conseille pas le chef de l'État, écoute Léo Ferré, lit Jean-Claude Michéa, peut converser avec Jean-Luc Mélenchon, dont il apprécie le verbe haut et la pensée construite. Raconte sur deux mille pages les dessous chics des années d'occupation. Réalise un remarquable documentaire avec Michel Bouquet sur Jean Anouilh. Un autre avec Lorànt Deutsch sur le Paris de Louis-Ferdinand Céline.
S'il fuit la masse, c'est pour chercher le peuple. «Ce qui anime Patrick», précise Guillaume Peltier, qui a pas mal «buissonné», c'est «la passion du peuple, qui veut reprendre la maîtrise de son destin». Le peuple! Depuis trente ans, au gré des succès et des échecs, il en a fait son obsession. C'est peu dire qu'en 2012, Buisson n'en est pas à son coup d'essai. Il a conseillé Villiers («une intelligence politique exceptionnelle égarée dans un temps populiste»), Madelin, Bayrou, mais c'est avec Nicolas Sarkozy qu'il trouve un candidat qui, en frottant son instinct, ses intuitions contre sa vision, fera des étincelles.
Nicolas Sarkozy présente Patrick Buisson au Pape Benoît XVI le 20 décembre 2007, jours du discours de
Latran.
Les deux hommes se connaissaient, mais la rencontre se solennise en 2004, quand Buisson déjeune à Bercy, par l'entremise de Laurent Solly, chef du cabinet de celui qui est alors ministre des Finances. Il lui prédit que Chirac, pour retrouver la confiance du peuple, fera un référendum sur l'Europe et qu'il le perdra. Un an plus tard, dans le bureau de Nicolas Sarkozy à l'UMP, se déroule la scène devenue célèbre. Buisson prédit une victoire du non à 55%. Il ajoute: «Si je me trompe, je vous demande de ne plus jamais me recevoir.» S'ensuit une relation qui n'a pas fini d'intriguer.
Le peuple! Sur le sujet, Buisson a développé une autorité irrésistible. Il faut dire que l'homme en impose, qu'il assène ses idées avec autorité et une redoutable éloquence. Talent oratoire développé dans le militantisme étudiant, les conférences de rédaction (les anciens de Valeurs actuelles se souviennent de ses shows), puis la télévision, sur LCI. Quand sa haute silhouette déboule dans le salon vert de l'Élysée, avec ce regard concentré sur l'objet de la démonstration, il faut une force de conviction supérieure à la sienne pour l'arrêter. Il s'en trouve peu sous ces lambris. Alternant les concepts intimidants («impensés», «angles morts», «gaz incapacitants»), les formules définitives («Le vote FN était un vote de protestation, il est devenu un vote d'immolation»; «François Hollande est un faux maigre et un vrai mou») et les raccourcis saisissants («Apprenez-leur à aimer la France! Arrêtez votre bovarysme tropical et votre tiers-mondisme sulpicien!» lance-t-il à un Olivier Duhamel médusé pendant les émeutes de 2005), il plane au-dessus de l'auditoire comme l'oiseau de proie, avant de le saisir, d'un coup, de ses griffes.
Depuis sept ans, la magie opère. «Sur une telle durée, on n'est pas dans la prise de guerre», reconnaît Christophe Barbier.Entre les deux tours de 2007, Nicolas Sarkozy invite Buisson au Plaza Athénée pour lui proposer de prendre un bureau à l'Élysée. Il refuse. Invoque sa liberté, persuadé à juste titre que «la distance crée l'influence». DeFrançois Fillon en Alain Juppé, de Xavier Musca en Alain Minc, il n'a cessé depuis d'être l'objet d'une discrète malveillance ou d'une violente hostilité. Mais il n'a jamais perdu son lien avec Nicolas Sarkozy.
Le conseiller est devenu le confident. Ils se voient dans les réunions stratégiques, s'appellent chaque jour, mais s'il est arrivé au conseiller de dîner chez Carla, avec Bernard Kouchner et Christine Ockrent, leurs vies privées restent étanches. Buisson, mondain comme un chartreux, cultive son jardin secret.
En 2009, au soir des élections européennes, Cohn-Bendit cabotine à la télévision: les écologistes sont à 16,2%. Dans le salon vert de l'Élysée,
Nicolas Sarkozy réfléchit à voix haute:
«L'écologie sera l'un des enjeux majeurs de la présidentielle.
- C'est un vote d'élection intermédiaire, s'insurge aussitôt Buisson. Pour le peuple, l'effet de serre sera toujours moins important que
l'immigration et le pouvoir d'achat. Le peuple ne s'intéresse qu'aux sujets régaliens et c'est lui qui élit le Président. L'écologie ne jouera pour rien dans la présidentielle.»
Bingo! Il ne manque que la couleur des lunettes d'Éva Joly.
Le jour de la tragédie de l'école de Toulouse, quand les sirènes de l'antiracisme commencent à sonner, il est le seul à recommander à Nicolas Sarkozy de rester prudent sur le profil du meurtrier. Il en est sûr, ces assassinats de soldats revenus d'Afghanistan, ces crimes antisémites d'une inhumanité glaçante sont le fait d'un djihadiste. Très vite, les faits lui donnent raison. «Une fois de plus, le terrorisme intellectuel a exercé ses ravages, déplore-t-il. Manque de chance, le coupable n'était pas celui qu'on espérait. La déconfiture de l'instance morale composée par la gauche et les médias a eu quelque chose de sidérant. Mais les Français ne sont pas dupes. Après le dénouement, on a surtout compris que la France forte n'était pas qu'un slogan.»
Des conseils à l'action, des mots aux choses, Buisson observe, fasciné, l'énergie, le talent et l'audace du chef de l'État. Il ne le cache pas. Il admire celui qui, selon lui, a rendu à la droite sa substance doctrinale quand le chiraquisme l'avait réduite au frigidaire bien rempli et aux attendrissements médiatiques. «Depuis cinquante ans, notre monde était passé du pourquoi, explique-t-il, au pourquoi pas, qui ouvre les portes à toutes les possibilités consuméristes. Nicolas Sarkozy aura été le président gardien des limites contre les partisans de l'illimitation (euthanasie, mariage gay, adoption par les couples homosexuels, droit de vote des étrangers), plaide Buisson. Aujourd'hui, il est le candidat des frontières.»
«Nicolas Sarkozy, ajoute-t-il, a été l'homme de la restauration de la mémoire nationale. Sous Chirac et Villepin, on n'osait plus célébrer la victoire d'Austerlitz!» Et Buisson d'égrener le chapelet de symboles. Le goupillon: la visite à Saint-Jean-de-Latran et celle au Puy-en-Velay.
Le jour de la décoration d'Hélie Denoix de Saint Marc.
Le sabre: l'hommage aux morts d'Afghanistan dans la cour des Invalides. Le Memorial Day, le 11 novembre, avec l'hommage à tous les soldats morts pour la France. La décoration d'Hélie Denoix de Saint Marc, fait grand-croix de la Légion d'honneur par le chef de l'État. Il s'arrête sur le voyage de Nicolas Sarkozy à Domrémy. Le casque et la croix. Lui que l'on ne voit pas au meeting avait tenu à faire le pèlerinage. Accompagné de Colette Beaune et Philippe Contamine, les deux meilleurs historiens de la Pucelle, le chef de l'État écoute avec passion le récit de l'épopée. Son esprit s'arrête sur les apparitions et leur caractère politique. Dans l'avion Nicolas Sarkozy, méditatif, y revient, à voix haute: «Des récits de visions privées, d'apparitions avec un propos religieux il y en a beaucoup. Mais des apparitions politiques...» Des voix du Ciel à celles des urnes, l'histoire est-elle déjà écrite? L'homme en noir affiche un sourire plein. Son oeil s'allume. Incorrigible, il cite Jeanne d'Arc: «Les hommes d'armes batailleront...» Puis Fantômas se lève d'un trait. Le feuilleton n'est pas terminé.
Par Vincent Tremolet de Villers